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Citations sur Apaise le temps (54)

Et puis il voit frémir les lèvres de Rosa, il rosit, il a compris, elle le piège, mais si elle croit le battre en marivaudage, elle se fout le doigt dans l’œil, lui ses leçons d'amour il les a prises en plein chapitres.
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Tout le monde, pas que les immigrés, s'occupe de sa personne, pas des autres, même pas de ses petits. Ça s'appelle la misère, monsieur. Et c'est des catastrophes à venir, pas d'études, pas de boulot pour les gamins ni les parents, pas de bonheur. Sauf la télé. Mais personne baisse les bras : on n'a plus que de la mémoire, on est des gens sans destin écrit d'avance. Et même si on avait : on est illetrés, on saurait pas le lire...
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Bien sûr il va falloir continuer à vivre à contre-jour, regarder les fantômes en face. Mais ensemble.
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Mais sa vraie patrie est ici, au creux de la librairie, blotti entre les bouquins comme une fleur séchée entre deux pages. C'est ici qu'on lui a reconnu le statut d'être humain, et à cause de l'hostilité qu'il ressent sitôt qu'il n'est pas ici, dans la maison des livres, les autres sont clairement divisés, bons ou méchants. (p. 15-16)
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Il parlait de la sorte, George, disait que les guerres sont finies et que les livres sont comme des amis communs à tous les hommes, des lieux où faire la paix. Des lieux d’égalité possible si on sait lire. (p.11)
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Saïd a soixante-sept ans et il est lent. Depuis toujours, depuis son arrivée de Kabylie en 61. À son rythme de vie, d’appréhension du cours de l’univers, on devrait estimer son âge réel à la moitié. À franchement parler, il s’est même arrêté avant cette moitié du chemin. En dedans Saïd n’a jamais dépassé la prime adolescence.
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                  VI


   L'apéritif, Abdel le prend avec Rosa dans le jardin
hirsute de la grande maison, au bord de Tourcoing. Abdel
a mené sa petite Clio à travers des quartiers autrefois
ouvriers, interlopes, d'habitat séculaire à l'agonie, à
économie parallèle, avec mille petits commerces de
débrouille, où croisent des autos hors de prix, où paradent
des filles et des types dorés sur tranche, où toute librairie
serait un casus belli. Seuls les poussettes des trop jeunes
mères provoquent des encombrements. Tous deux n'ont
pas commenté, ils savent les trafics, l'islamogangstérisme
souterrain et puissant, et le grand banditisme, la délin-
quance nue, sans idéologie aucune, le territoire dont on
dit qu'il ne s'est pas remis de la guerre des cafés, avec
pourtant, comme un défi, le Centre Chorégraphique
National respecté parce que réputé pas dangereux.
Danser ne serait pas penser. Et ici penser est une faute,
un oubli de l'instant de survie.

p.60

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La culture n'est même plus un lieu d'affrontement social ou ethnique. Chacun chez soi, à sa place vide. (p. 53)
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Julie, sa femme, c’était Gabrielle Fontan, une vieille actrice musaraigne oublié de tous, maigre à trouer ses gilets, riquiqui à se cacher derrière ses deux mains ouvertes, frisottée et l’œil vache, et cette voix de ragoteuse de palier, à vous râper l’âme. Plus personne ne connaît cette actrice. Plus personne ne connaît personne. Chacun pour soi. Moi je me souviens d’elle, sans honte aucune, autant que de Marilyn.
(p. 12)
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Abdel a eu des parents miraculeux, mais il était l'Arabe blond, ni baptisé, ni fils d'Allah, mécréant, et il a vécu son enfance comme une monstruosité, et pire encore parce qu'il a dépassé la honte par les succès scolaires. Crachats et taloches, pas de Facebook à l'époque Dieu merci mais la guerre des pupitres, la guerre des chiottes, des couloirs, des cartables, des petites amies impossibles, des méprisantes qui inventaient des histoires d'exhibitionnisme, qu'il leur montrait sa queue toute petite et ça lui valait des tannées par les valeureux mecs de ces gamines ratées, la guerre de celles qui s'en prenaient plein la gueule de lui tenir la main et qui le répudiaient comme une épouse de douzième rang.
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