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3,86

sur 1183 notes
Pour moi, ce titre évoquait un film avec Jacques Villeret. Un film dont j'avais adoré la fin et tout ce que cela impliquait.
Le livre, tout petit livre de 60 pages, est parfait. Une prise de conscience de la valeur des personnes, ce qui peut se cacher derrière une attitude, un regard ; le bien et le mal n'est pas toujours où on le croit ; la guerre est souvent inhumaine, mais dévoile aussi des comportements admirables et qui forcent le respect dans la plus grande discrétion.
Merci pour ce petit livre qui fait réfléchir à ce que l'humanité peut être...
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Parfois cruel le regard d'un gamin sur ses parents. Tellement rapide et simple de les juger quand on ignore tout de leur passé.

Notre narrateur lui a un père instit. Bon jusque là pas de problème, pas de quoi fouetter un chat ni fesser une vache. 
Oui mais à ses heures perdues, notre instit aime bien se grimer en clown. Et là, moins drôle pour le fiston. Autant ça amuse les petits comme les grands du village, autant lui se carapaterait bien à l'autre bout du monde pour échapper à cette mascarade et cette honte familiale. Un marginal guignolesque dans la famille ça fait désordre, et faut que ça lui tombe dessus.
Jusqu'au jour où le tonton Gaston révèle l'origine des clowneries paternelles.
De ce père-clown à l'image pathétique et pitoyable, dès lors plus question. Fierté et humilité s'imposent devant mon père ce héros.

Roman court à lire d'une traite. Pas de fioritures à l'horizon : comme toujours on va à l'essentiel avec Michel Quint.
Et en si peu de pages, l'auteur réussit un tour de force en parvenant à dépeindre ses quelques personnages en profondeur. Il retrace toute la douceur d'âme dont l'homme est capable, mème dans les périodes les plus sombres de son histoire. Chacun à sa manière est ici un modèle de bravoure, de courage et de grande humanité.

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Les jardins sont effroyables, les grenades sont touchantes, comme le dit Guillaume Apollinaire dans « Les grenadines repentantes ». La grenade « fruit » et la grenade « arme », les jardins douceurs devenus effroyables jardins, quand ils se transforment en fosses et en tranchées. Douceur et douleur cohabitent car « La vie est une grenade ».

Le récit de l’enfance du narrateur, qui ressemble à une fable, est inséré dans une histoire plus grande ; l’évocation du procès de M. Papon. La petite histoire s’insère dans la grande. Une histoire de héros ordinaires et modestes qui ont lutté contre la barbarie.

Une fable avec ce soldat allemand ; Wicki, n’ayant trouvé comme arme, contre la haine et la violence de ses supérieurs, que la dérision. Avec son personnage de clown il proteste et clame sa différence. Il se déclare homme car il fait rire, et le rire est le propre de l’homme. De merveilleuses grimaces plutôt que des grenades.
« Qui fait le clown fait l’homme», rester humain face aux bêtes sauvages, aux barbares, les déstabiliser, les humilier, les singer.

Une fable, car la délivrance des otages est miraculeuse. Elle ajoute deux héros ordinaires à l’histoire ; Nicole et l’électricien de la gare de Douai.

André, Gaston, Emile et Henri, dans la fosse, en-dessous de ce soldat clown, sont d’abord révoltés par son comportement moqueur et déplacé. Puis ils comprennent. Ils comprennent qu’eux aussi sont des hommes, qu’ils ne sont pas des bêtes en train de croupir au fond d’un trou, à la merci des exterminateurs.


La morale de cette fable est qu’il ne faut pas oublier et refuser le manichéisme.

Le narrateur a bien compris cette leçon d’humanité et ce devoir de mémoire. Il a évolué au fil du récit. Le long discours de Gaston le transforme. Il comprend que derrière le personnage de clown de son père, se cache un héros. Un héros qui rend hommage au soldat allemand Wicki. Il reconnait la grandeur des personnages de sa famille. Ce sont des héros, dont la petite histoire s’inclut dans la grande Histoire.

À son tour il fera le clown, pour témoigner en leur nom, pour leur rendre hommage.

« De mon mieux. Je ferai le clown de mon mieux. Et peut-être ainsi je parviendrai à faire l’homme, au nom de tous. Sans blâââgue ! »
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"L'habit ne fait pas le moine"

Professeur de lettres classiques, Michel Quint est connu pour ce très court roman "Effroyables Jardins", sorti en 2000 et adapté au cinéma par Jean Becker en 2003. D'après la préface du livre, le titre est inspiré de Calligrammes, «Et que la grenade est touchante, Dans nos effroyables jardins», de Guillaume Apollinaire. Ayant lu récemment la magnifique nouvelle «Inconnu à cette adresse» de Kathrine Kressman Taylor, je souhaitais poursuivre avec «Effroyables jardins» ces moments de lecture brefs mais o combien forts sur la seconde guerre mondiale.

Michel Quint a écrit cet ouvrage en réaction à l'irruption d'un clown au Palais de justice de Bordeaux lors du fameux procès de Maurice Papon. Secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944, Papon a été condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité pour des actes commis sous l'occupation allemande. Soit 44 ans plus tard !

L'histoire présente ainsi un jeune garçon qui maudit son père, pourtant très respecté dans son village. Son père, instituteur la journée, se produit régulièrement en public déguisé en clown. le jeune garçon, méprisant ses numéros de clown, sa voiture ringarde et toutes sortes d'habitudes de son père, va complètement changer d'opinion à l'égard de celui-ci. En effet, son oncle Gaston va lui raconter cet incroyable récit de sur leur arrestation commune par les allemands après un acte de résistance consistant à faire exploser un transformateur électrique durant la guerre. Je vous laisse découvrir ce texte très court mais lumineux.

Pour les plus sceptiques, j'avoue que Michel Quint rédige la première partie de son roman avec une syntaxe et un vocabulaire très soutenus. J''ai dû relire les premiers passages plusieurs fois afin de pouvoir les assimiler complètement. Ensuite, l'auteur se met dans la peau de Gaston et change de style du tout au tout. Certaines fautes de grammaire, avec des « qui » en-veux-tu-en-voilà, sont mêmes volontairement choquantes pour le lecteur (je suppose ou je l'espère !) pour accentuer le coté rustre de Gaston.

Si l'on s'en tient au récit, j'ai évidemment beaucoup aimé l'épisode raconté par Gaston sur leur arrestation durant la Seconde Guerre mondiale. Une histoire pleine d'émotions, parfois drôle et particulièrement touchante, surtout lorsque l'on sait que l'auteur souhaite rendre hommage à son grand-père, à son père et au fameux soldat allemand Bernhard Wiki. A découvrir absolument comme "La liste de Schindler", démontrant ainsi que certains allemands ont bravé avec courage le fanatisme de l'époque.


PS : le deuxième volet qui fait suite à « Effroyables Jardins » est sorti sous le titre "Aimer à peine".
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Notre narrateur en a par-dessus la casquette : son père, l'instituteur, passe son temps à parcourir les rues et les manifestations déguisé en clown ; il n'est même pas drôle, ne semble même pas y prendre plaisir, et pourtant, toujours ce nez rouge et ses chaussures trop grandes. Et puis, les repas habituels avec le copain Gaston et sa femme Nicole, qui tirent le diable par la queue et s'embrassent comme s'ils venaient de se rencontrer... Non, ce n'est juste plus possible !
Sauf que les apparences sont parfois trompeuses. C'est le fameux Gaston qui va nous raconter l'histoire qu'il leur est arrivé ! En ce temps-là, c'était la guerre, sous le gouvernement de Vichy. Pour se faire mousser un peu devant les filles, Gaston et le père du narrateur rejoignent la résistance et font sauter un bâtiment. Ni une, ni deux, les voilà au fond d'un trou humide avec d'autres occupants. Les militaires allemands sont clairs : le coupable se dénonce, ou les têtes tomberont !

"Effroyables jardins" c'est une toute petite histoire de la grande histoire (enfin, celle avec un grand H) qu'on lit d'une traite. En quelques pages, Michel Quint nous dresse les portraits très réussis de deux gars gentils mais un peu couillons qui vont se retrouver "sans l'avoir cherché", ou du moins anticipé, à une situation dramatique. Comme un monologue "à la Pennac", avec des belles envolées gouailleuses, ce livre est une très jolie leçon d'humanité, et je ne doute pas que notre narrateur sortira de cette aventure comme nous : un peu moins arrogant, un peu moins méprisant. "Effroyables jardins", c'est un hommage à la vie et aux hommes, un court ouvrage intelligent dont il serait dommage de se passer !
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Je viens de relire ce livre, dans l'impression de ne pas m'en être imprégnée assez lors de ma première lecture il y a quelques semaines. Quel titre magnifique, tiré du poème d'Apollinaire « Les grenadines repentantes » (Calligrammes): « Et que la grenade est touchante, Dans nos effroyables jardins ». Un jeune garçon, honteux de son père instituteur qui se déguise dans ses temps libres en clown auguste, entraînant toute sa famille avec lui dans ses déplacements, se voit raconter un épisode de la jeunesse de ce dernier, alors dans la Résistance, qui l'amènera à changer profondément son regard. Ce court roman de moins de cent pages m'a beaucoup touchée, et m'a laissée à la fin la vue brouillée, émue de tout cet amour.
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En peu de pages, Michel Quint nous offre le livre de tous les courages... de ceux qui se taisent lorsque le danger est passé.
A quoi riment ces clowneries dont l'enfant, dans sa compréhensible incompréhension, a honte?
Quand le moment viendra et que l' enfant sera en âge de comprendre, l'un des protagoniste d'un épisode survenu pendant la guerre lui racontera. Lui dira quand, au fond d'un trou...
Après son père, l'enfant revêtira une fois adulte - et pour une occasion exceptionnelle - le costume du clown.
Bien peu de pages, mais suffisamment pour qu'une ritournelle de clown nous habite la mémoire.
Alors, merci Monsieur Quint.
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« le manichéisme en histoire est une sottise ». Effroyables jardins, qui renvoie au poème d'Apollinaire, Les Grenadines repentantes : « En est-il donc deux dans Grenade Qui pleurent sur ton seul péché Ici l'on jette la grenade Qui se change en un oeuf coché Puisqu'il en naît des coqs Infante Entends-les chanter leurs dédains Et que la grenade est touchante Dans nos effroyables jardins », en est une épatante illustration.

Un fils d'instituteur, honteux des exhibitions de clown amateur de son père et de la médiocrité de sa famille, apprend de la bouche de son oncle un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui lui dévoile la véritable raison de cette curieuse vocation. Pour le garçon, c'est une révélation ; les héros et les lâches ne sont pas ceux qu'il a imaginés.

Une formidable histoire, tendre et comique, émouvante et grave - inspirée à Michel Quint par l'irruption pendant le procès Papon d'un clown au palais de justice de Bordeaux - qui est un singulier et bel hommage à son grand-père, mineur de fond, ancien combattant de Verdun, et à son père professeur et ancien résistant.
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Dans la liste « pépites de récit court », de Fanny 1980, proposition de paroles :


Petit livre d'un lillois, devenu célèbre pour ces 62 pages, dont le titre est inspiré des Calligrammes d'Apollinaire :
« Et que la grenade est touchante,
Dans nos effroyables jardins “.

Un clown est apparu au procès de Papon au tribunal de Bordeaux.
Lois de Vichy :
17 juillet 40 concerne l'accès aux emplois dans les administrations publiques
23 juillet 40 déchéance de la nationalité à l'égard des Français qui ont quitté la France
3 octobre 40: statut des juifs
4 octobre 40 : relative aux ressortissants étrangers de race juive
14 aout 41: exécution des terroristes et des communistes
6 juin 42 : interdiction aux juifs d'exercer la profession de comédien.

« je ne suis pas juif, je ne suis pas comédien. Mais. »
Voilà, ce mais de Michel Quint suffit.

Parmi les comédiens, les clowns lui semblent d'une tristesse infinie « des désirs de larmes et de déchirants désespoirs, de cuisantes douleurs, et des hontes de paria »
Il a toujours eu honte de son père, déguisé en auguste pour les fêtes, il a détesté les grotesques, il ne rit pas devant les clowns, au contraire, il en perçoit le côté tragique, il ressent aussi l'obligation morale, comme une repentance ou un hommage ….. que son père a cru bon de respecter .
Jusqu'à la révélation de son oncle: voulant faire les malins , devant les maguettes, les deux frères se sont vantés d'appartenir à la résistance. Et sont passés à l'acte.
Les schleus les prennent comme otages, ils comprennent c't'encrinquage de terreur quand ils sont au fond d'un trou, prisonniers, dans un effroyable jardin et peuvent imaginer recevoir les grenades d'Apollinaire « des rebusilleries, des repensées, à tourner fou », sauf qu'ils choisissent de ne pas grognouter dans le noir ni de se gâter la digestion à bertonner .
Car ils ont mangé, au fond de leur trou. le Fritz qui les garde leur a fait un numéro de jonglage avec des tartines de pâté, enveloppées de papier journal : Cafougnette, histoires que tous les enfants du Nord ont entendu ; je ne résiste pas à vous en citer une :

Cafougnette est en train de sculpter une statue de Sainte-Barbe.
Un de ses camarades s'approche et le regarde faire.
- Ch'est du boulot, hein !
- Mais nan, innochint, ch'est du quêne !
Allez , une autre :
Un de ses amis vient le rejoindre et dit :
- Alors Cafougnette ! J'ai chu que t'femme cha n'allot pas tros fort ! Commint qu'all'va ?
Et Cafougnette, montrant le corbillard :
- Comme té vos... Tout duch'mint !



Ils vont mourir, ces niquedouilles, et l'on rit pourtant, comme eux, comme si le tragique avait toujours un lien avec le comique, comme les clowns tristes et pourtant faisant rire.
Après ce court récit pépitant, un ton particulier, un vocabulaire deuch Nord, une humanité profonde, Michel Quint a beaucoup écrit, cependant je ne connais que ce livre de lui.
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Quant Lucien apprend la vérité sur l'histoire de son père et de son oncle, anciens résistants, il change son regard sur cet homme digne. de son déguisement de clown qu'il sort tous les dimanches, Lucien comprendra toute la portée et la force des rires...
Michel Quint nous livre ici un court récit émouvant, sur le devoir de mémoire, le respect de la dignité et l'amour de son prochain. Je porterais à jamais un autre regard sur les nez rouges !!!
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