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Critique de Fleitour


"Vas t'en ailleurs, ou autre part, ne reste plus dans mes pattes", suggère la maman d'Irène Frain à sa fille. La Famille Frain vivant à Lorient, a placé son ailleurs loin de leur territoire, pour les mois sans r, en Finistère Sud. Pour Irène Frain son ailleurs est là tout prêt en elle tapissant sa mémoire des images du monde et de ses rêves, elle encolle ses murs de ses textes venus d'ailleurs tel celui de l'île Tromelin.
Erri de luca est allé beaucoup plus loin en Argentine à la Place Mayo que hante ces femmes à la recherche de leurs enfants.

Chaque lettre postée à la revue 1 par 9 écrivains, est envoyée de loin, ou d'ici parfois, on peut être ailleurs aussi et ne plus voir le voyageur qui passe, ou l'oublier comme dans la nouvelle de Michel Quint cette jeune étudiante avait même acheté un appartement, elle croyait à l'amour comme cette danseuse de la St Jean, « bercé par des bras audacieux », Jeanne, elle est morte de chagrin.

Si le premier texte De Maupassant est une mise en bouche et une alerte à ceux qui rêvent de paradis artificiels ou planent dans des vapeurs opiacée, les textes reçus sont aussi timbrés d'ailleurs, venant par exemple de ce désert au dessus de Ourzazate, par Tahar ben Jelloun.

Leïla Slimani est allé ailleurs toute petite, au bout de la rue, les soins de son père lui imposait ces vagabondages, puis un jour le papa de Rim lui a lancé des livres de partout comme des bouées, elle a fait le tour du monde et bien plus, dans la neige et le froid sur le traîneau de Tolstoy, ou en avion, à cheval, ou en rêves...

Venue d'ailleurs, Nancy Houston nous dit sa difficulté de se poser, de nommer sa terre, William Boyd celle de danser la Samba, envoûté par un pays si étrange, si noir ou trop coloré, comme Haïti le pays des couleurs maléfiques. La Magie de la peinture Haïtienne est juste déflorée par un Dany Laferrière qui nous cacherais le sens sacré de ces toiles uniques, si pleines de sombres desseins mais « il n'y a pas de vie sans risques ».

Déchiré entre deux femmes Nicolas de Stael renonce à la peinture en se donnant la mort, Picasso renonce à chaque fois à une femme, déchire une vision de la peinture pour en ouvrir une autre, les risques de la vie de peintre, Patrick Grinville nous les fait ressentir avec sa clairvoyance de drogué de couleurs et admirateur de deux grands découvreurs d'ailleurs inachevés.

Entre l'increvable et l'éphémère comme entre ces deux voyants, Marie-Hélène Lafon nous guide dans son bois pour une dernière méditation sur la vie, les saisons, aux contes, aux enfants perdus, à la ville trop trépidante, les chants d'oiseaux ourlent les silences, la nuit se referme, elle se remplit de l'intarissable forêt.

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