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EAN : 9782358721615
180 pages
La Fabrique éditions (09/03/2018)
3.38/5   12 notes
Résumé :
Une lecture de Proust, Baudelaire et Nerval

Prenons trois monuments : Proust, Baudelaire, Nerval. Et prenons, dans ces trois monuments, le plus parfaitement monumental et délicat : Marcel Proust.
Essayons de comprendre comment cette admiration, sous couvert de nous donner Proust, dans un même mouvement nous le retire, nous en prive.
Voyons comment et pourquoi Proust, en son temps, dans Contre Sainte-Beuve, régla violemment leur compte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'aime bien sortir de temps en temps de mes habitudes, de mes certitudes, de mon confort mental.
L'occasion m'en a été donnée par un proche qui m'a prêté, sachant mon affection pour l'oeuvre de Proust, ce petit livre.
Ne connaissant pas l'auteure, j'ai lu un peu de sa biographie sur l'incontournable Wikipedia, qui m'a appris qu'il s'agit d'une « poète, écrivaine et enseignante « et plus loin, « fortement engagée à l'extrême gauche ». Ça ne m'a pas étonné venant de mon proche, qui est resté politiquement « rouge », alors que moi, en vieillissant, je suis plutôt devenu « rose pâle ».
J'étais donc un peu dubitatif, un peu inquiet de ce que l'auteure dirait de ces auteurs (Proust, Baudelaire, Nerval) que j'admire, mais au final, j'ai bien apprécié le contenu de ce livre.

C'est un livre court qui a la particularité de présenter d'abord 100 pages écrites par l'auteure, puis 4 textes passionnants du « Contre Sainte-Beuve » de Proust, un livre que je connais bien.
Vous me direz, elle ne se fatigue pas, Nathalie Quintane, d'écrire un livre à moitié, et de laisser le reste aux soins du cher Marcel.
Et pourtant, à la lumière de ce qu'elle a commenté, j'ai relu avec un autre regard tous les textes de Proust, et compris qu'elle avait raison: combien Proust est bien plus exigeant, plus subversif même, que l'image d'homosexuel des salons parisiens qu'on lui donne souvent de nos jours. Et combien il est plus important de lire Proust, comme d'ailleurs de lire Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire, etc…, que de s'appesantir de façon voyeuriste et fausse sur leurs vies (un spécialiste de ce mauvais goût est Jean Teulé) car ce qui compte, c'est le génie de leurs oeuvres.

Nathalie Quintane étrille ainsi toutes celles et tous ceux qui, à notre époque, refont avec Proust ce que faisait Sainte-Beuve, avec « sa méthode Sainte-Beuve » qui était de considérer que la clé de compréhension de l'oeuvre d'un écrivain est dans la connaissance approfondie de sa vie d'homme. Cette approche est critiquée sévèrement par Proust qui considère au contraire que l'écrivain emploie son moi profond pour écrire ses oeuvres, et que rien de sa vie « mondaine » ne pourra en rendre compte.
Or, Quintane nous livre un florilège de ce que des soi-disant proustiens médiatiques viennent dire à la télé,ou dans d'autres médias. C'est particulièrement drôle, et un certain nombre de nos grandes têtes littéraires en prennent pour leur grade (ainsi en est-il des Enthoven père et fils ou de notre académicien Antoine Compagnon, avec sa longue narration des hésitations de Proust sur le format du porte-plume qu'il compte offrir ).
Et l'auteure de s'insurger sur l'image lisse, bourgeoise que l'on veut donner de Proust, alors que, et je partage son avis sur ce point, Proust n'est pas un auteur gentil, son acuité psychologique lui fait très souvent être féroce avec les travers de celles et ceux qu'il dépeint.
Et sa réflexion permanente sur l'identité va beaucoup plus loin que sa « surface » d'homosexuel à laquelle certains s'attachent.
Mais de là à en faire un auteur révolutionnaire, comme le fait Quintane, c'est sans doute beaucoup. Et de postuler que tout ce qu'écrit un auteur a forcément une portée politique, j'ai un peu de mal à suivre. Chez Proust, à mon humble avis, la question de l'esthétique, de l'art, est essentielle. Et je ne suis pas à même de juger si les références aux auteurs contemporains, tel Rancière, sont fondées,
L'auteure poursuit son « Ultra-Proust » en élargissant son propos à Baudelaire, puis à Nerval, qui sont les deux poètes auxquels Proust a consacré une étude magistrale, ces textes du « Contre Sainte Beuve étant reproduits in extenso dans la deuxième partie du livre.
Elle va au-delà d'un simple commentaire des textes de Proust. Cela m'a paru un peu hors sujet, mais très instructif sur l'oeuvre de Baudelaire (son analyse des rapports entre les Petits poèmes en prose et les Fleurs du mal, formidable), mais surtout de Nerval. J'y ai compris chez lui l'influence des romantiques allemands. Sa mise en perspective des oeuvres en prose et des Chimères est magistrale.

Bref, malgré ses excès, et une certaine forme de radicalité, ce petit livre m'a agréablement surpris par sa qualité.
Et le fait que pour une écrivaine ou un écrivain, ce qui compte, c'est son oeuvre, et non les petites anecdotes à propos de sa vie, je ne peux qu'être d'accord.
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Regards-croisés Québec-France Diffusion de la lecture-rencontre entre Alain Farah (Québec) et Nathalie Quintane (France).
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