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EAN : 9782369902270
160 pages
Editions Ca et Là (23/08/2016)
2.77/5   41 notes
Résumé :
Rosangela souffre du syndrome de la femme parfaite. Cette habitante de Niteroi (Etat de Rio de Janeiro) est une dentiste reconnue, elle a son propre cabinet. Son mari, un cardiologue à succès, a bon caractère et est très amoureux d'elle. Ses enfants préadolescents étudient dans des écoles privées et sont de véritables petites merveilles. Elle a une belle voiture neuve et son compte bancaire est bien rempli... Le seul problème, c'est cette cousine aux magnifiques che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est cette question de la sensation, vous comprenez ?
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première parution date de 2015 au Brésil, et de 2016 en France. Il a été traduit par Marie Zeni et Christine Zonzon. Il a été réalisé par Marcello Quintanilha pour le scénario et les dessins. Il compte cent-cinquante-six pages de bande dessinée, en noir & blanc, avec des nuances de gris.

Le soir, Rosângela, trentenaire, s'est couchée dans le lit conjugal, aux côtés de son mari Mario. Après avoir éteint la lumière, elle repense à cette histoire d'être, d'une certaine manière, supérieure. Non, ce n'est pas ça. En fait, c'est assez difficile à expliquer, parce que cette pensée là… Il ne s'agit pas d'une idée, comme on pourrait dire, tout simplement., Rosângela se sentait supérieure, car ce n'était pas ainsi qu'elle pensait. du moins, on ne peut pas dire qu'elle pensait en ces termes-là. Non, ce n'est pas vraiment cela. C'est pourquoi il est difficile de l'expliquer, ce serait plutôt ? Comment dire ? Plutôt une espèce de sensation, vous comprenez ? Oui… Une espèce de sensation, vous savez ? Disons… Comme si … vous aviez le sentiment de faire partie d'une classe… disons… supérieure. Vous voyez ? Comme si vous apparteniez à un certain milieu social, c'est ce que je veux dire… Ce sont des gens qui vivent dans des conditions particulières, n'est-ce pas ? le genre de personnes dont vous dites : Eh ben ! Pour être à cette place dans la peau de cette personne et vivre de cette façon, consommer, faire des voyages, faire l'amour, il faut appartenir à ce milieu ! Eh bien, c'était plus ou moins cela que Rosângela ressentait.

C'était ce qu'elle ressentait, et, curieusement, elle associait le fait d'être dans la peau d'une de ces personnes-là, dont tout le monde sait qu'elles appartiennent à une classe supérieure, à un moment précis, lorsqu'elle venait juste de faire l'amour avec son mari. Plus encore que lorsqu'elle descendait prendre sa voiture au garage, ou qu'elle laissait les enfants devant le collège, ou qu'elle rejoignait son cabinet. Et si vous pensez que personne ne s'en rendait compte, demandez donc au portier de l'immeuble, qui lui assène tous les matins son Bonjour Dr. Rosângela, demandez donc au gars du parking, demandez à tous ces gens qui regardent sa voiture du coin de l'oeil, sans pouvoir s'acheter la même. Demandez-leur, et vous verrez… C'est plus ou moins comme si vous étiez dans la peau d'une personne à part, qui sait qu'il y a de la misère dans le monde, mais qui… Qui ne peut rien y faire, n'est-ce pas ? C'est embêtant, c'est triste, mais que faire ? Vous avez la chance d'être dans la peau de ce genre de personnes, un point c'est tout. Vous ne pouvez rien y faire, il vous faut donc vivre le mieux possible. La dentiste Rosângela est arrivée dans son cabinet de dentiste. Elle salue son assistante Irma, fait le point sur ses rendez-vous du matin. Elle doit recevoir sa cousine germaine Daniele qui vit dans le quartier populaire de Barreto, celle avec son père alcoolique dont, enfant, elle devait nettoyer le vomi, dont le premier mari lui crachait au visage. Celle qui est si jolie, une beauté incroyable, un sourire extraordinaire.

La quatrième de couverture présente Rosângela comme souffrant du syndrome de la femme parfaite : dentiste reconnue, un mari cardiologue à succès très amoureux d'elle, des enfants qui sont de véritables petites merveilles, une belle voiture, un compte bancaire bien rempli… Mais une cousine, pauvre et séparée de son mari, fait preuve d'une tranquillité d'esprit désarmante, dotée d'un sourire toujours éclatant. Une simple histoire de jalousie ? La narration apparaît tout de suite comme très personnelle. Des cases sans bordure, entre quatre et douze par page, avec des dessins naturalistes et descriptifs, et parfois des gros plan ou des contrastes qui aboutissent à une image abstraite si le lecteur la considère détachée des cases la précédant ou la suivant. Un flux de pensées qui n'est pas celui du personnage principal, mais celui du narrateur ou de l'auteur qui n'est pas omniscient. Ses remarques et ses observations oscillent entre des constats sur l'état d'esprit de Rosângela et ses pensées, et des interrogations dessus, comme s'il cherchait à comprendre ses émotions, leurs racines, comme s'il ne savait pas tout d'elle.

Le lecteur se retrouve immédiatement impliqué dans cette vie, dans les émotions de cette femme, vraisemblablement trentenaire qui fait l'objet de l'attention du narrateur qui s'interroge sur elle, tout en racontant son histoire. L'histoire se déroule à Niterói, ville située sur le côté est de l'entrée de la baie de Guanabara, face à Rio de Janeiro. Son nom est mentionné et Rosângela évoque d'autres villes et quartiers à proximité, pour souligner qu'elle a la chance d'habiter dans une zone privilégiée. On la voit emprunter le pont Rio-Niterói long de treize kilomètres, qui traverse ladite baie. de manière incidente, sans que la narration y fasse référence explicitement ou ne commente, certaines cases montrent des rues, des façades d'immeuble, les plages, les vagues de l'océan, avec ou sans êtres humains se livrant à leurs occupations. C'est une particularité narrative de cette bande dessinée que d'avoir parfois des cases qui ne se rattachent pas au sujet des réflexions du narrateur sur son personnage, mais qui viennent montrer le lieu, ou bien associer un lieu du quotidien de Rosângela, apportant un élément de sa vie. L'auteur montre ainsi de nombreux éléments de la vie de tous les jours de cette femme : le tableau de bord de sa voiture, sa chambre à coucher, la salle d'attente de son cabinet de dentiste, l'ascenseur qui y mène, un train sur la voie ferrée qui traverse le quartier où vit sa cousine germaine, son premier cabinet avenue Amaral Peixoto que lui avait offert son père, les immeubles le long de la baie vus depuis la mer, son fauteuil de dentiste avec les appareils, le salon de tante Bel avec son canapé très ordinaire recouvert d'un tissu pour le protéger, la mer venant lécher la base du rocher d'Itapuca pendant la marée, la grande salle de réception d'un appartement luxueux des amis de son mari, des immeubles d'autre partie de la ville, les lumières de la ville de nuit, des zones piétonnes, etc.

En plus de la diversité des lieux montrés au fil de l'eau, l'artiste se focalise parfois sur un détail, un gros plan : la plaque du cabinet dentaire, l'eau qui s'écoule dans un lavabo, une main sur laquelle on enfile un gant, le motif géométrique du plafonnier, une dentition, un lustre monumental dans un centre commercial, le motif du revêtement d'un trottoir, le chiffre d'un jour sur un calendrier, etc. Ces moments peuvent aussi bien correspondre à une vue subjective, ce sur quoi se concentre le regard Rosângela à ce moment-là, qu'un souvenir fugace dans son esprit. de temps à autre, ces images deviennent des très gros plans, sortant un détail d'une case vue précédemment, pour donner une figure abstraite qui ne fait sens que rattachée à la case ou à la séquence d'origine. Une forme conceptuelle comme si le réel perdait son sens pour ne plus être qu'un ressenti esthétique fugace. Ces caractéristiques de la narration visuelle génèrent un effet parfois sensoriel, parfois émotionnel, connectant ainsi directement le lecteur aux sens de la protagoniste. L'effet peut s'avérer d'autant plus troublant que les brèves cellules de texte déroulent une idée parallèle. le lecteur se met alors à imaginer, ou plutôt à ressentir la connexion qu'il peut y avoir, soit directe les images fournissant le contexte du flux de pensées qui sont influencées inconsciemment par le lieu ou l'action, soit à retardement quand le souvenir revient par un mécanisme d'association sensoriel ou émotionnel, du grand art.

La qualité narrative fait de cette histoire banale tout autre chose qu'une télénovela produite industriellement au kilomètre. La banalité de la trajectoire de vie de Rosângela acquiert une profondeur extraordinaire, parfois sociologique, parfois émotionnelle, toujours personnelle. Certes les circonstances de sa naissance l'ont gâtée : parents aimants, attentionnés, financièrement à l'aise, bonne éducation, réussite scolaire, mariage très heureux avec un époux très attentionné, enfants agréables réussissant bien, confort matériel, réussite professionnelle, personnes à qui se comparer, dans son milieu social, mais aussi sa cousine germaine, sa tante et son oncle d'un milieu nettement moins favorisé, avec une histoire personnelle nettement moins heureuse (père alcoolique, mari méprisant, pas d'enfant). Rosângela sait qu'elle bénéficie d'une situation enviable, nettement meilleure que l'écrasante majorité de la population. Elle a conscience d'être regardée comme un modèle de bonheur, plus admirée qu'enviée. Au fil du récit, l'auteur aborde d'autres thèmes : une sensation de manque indéfinissable, une commisération de circonstance pour sa cousine germaine (pas vraiment de la peine, certainement pas de la jalousie), une forme d'injustice existentielle (le bon caractère et le plaisir de vivre évident de sa cousine, qu'y a-t-il dans son sourire ?), une interrogation sur ce qu'elle pourrait devoir d'une certaine manière (car elle n'a rien fait pour mériter tout ça, en fait si elle a mené sa vie en s'investissant pour construire cette forme de bonheur), une question de mérite… L'auteur ne se montre pas méchant avec son personnage, il fait tout pour se montrer le plus empathique possible pour la comprendre, ce qui incite tout naturellement le lecteur à faire de même. Soit il a développé de solides convictions sur le sens de la vie, et il n'éprouve alors aucune difficulté à se positionner par rapport à Rosângela, à trancher sur la nature de son mal-être. Soit il est plus dans l'empathie et il l'accompagne dans cette recherche de ce qui ne va pas, ce qui fait défaut, ce qui gêne, ce qui ne fait pas sens dans sa situation comparée au parcours de sa cousine Daniele. Au départ, il attend alors une sorte de révélation. Mais le récit s'avère beaucoup plus habile que cela, impliquant le lecteur tout en douceur dans la vie intérieure de la protagoniste, sans bulles de pensée. La compréhension ne se produit pas sous forme de révélation, mais en éprouvant ses ressentis. Aussi fort et intense qu'habile et élégant.

Une couverture peu parlante, un titre cryptique, une histoire banale de mère ayant tout réussi. Une narration personnelle faite de petites cases ouvertes, parfois en panoramique sur la largeur de la page, semblant très descriptives et très factuelles, tout en faisant ressentir l'état d'esprit de Rosângela de manière aussi douce qu'efficace. le suspense se révèle d'ordre psychologique, voire existentiel, tout en sourdine, alors que le lecteur s'installe dans le quotidien de la protagoniste à Niterói, en profitant de son confort matériel. Une incroyable aventure dans le monde intérieur d'une femme, sans avoir accès à ses pensées. Extraordinaire.
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Je n'ai pas du tout accrocher à ce roman graphique.
Construction compliquée, graphisme qui ne me touche pas, bref je suis passée à côté
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Après « Tungstène » – Fauve d'Or du polar au festival d'Angoulême 2016 – Marcello Quintanilha propose un nouveau one-shot qui se déroule au Brésil mais, cette-fois, parmi les classes supérieures de ce pays aux inégalités si criantes.

Ce thriller psychologique invite à suivre les pensées de Rosângela, une femme qui a tout pour être heureuse : un compte en banque bien rempli, une belle voiture, une famille de rêve, une enfance souriante et un cabinet de dentiste (offert par son père) dans un quartier chic de la ville. Tout l'opposé de sa cousine : pauvre, sans emploi, divorcée, un père alcoolique, un quartier sordide… mais une joie de vivre et un sourire à toute épreuve. C'est d'ailleurs ce sourire radieux qui va finir par obnubiler Rosângela, au point de remettre en cause son propre bonheur et sombrer dans une dépression qui s'intensifie chaque fois qu'elle pense à sa cousine.

Malgré une vie de rêve, cette femme qui a tout pour être comblée, tombe progressivement dans une spirale autodestructrice. le lecteur suit donc la lente descente aux enfers de cette héroïne qui perd progressivement pied. le portrait dressé par Marcello Quintanilha se situe à la limite de l'étude psychiatrique et la narration en voix-off permet de suivre le cheminement mental de cette femme au plus près. le procédé narratif peut surprendre au début, mais le fait d'entrer dans le cerveau de Rosângela afin d'y capter ses émotions à haute voix s'avère toutefois d'une efficacité rare. Cette petite voix qui la fait douter de tout prend progressivement le dessus et la fait chavirer dans une folie particulièrement destructrice. Son dessin noir et blanc, d'un trait fin et réaliste, accompagne d'ailleurs avec brio ce ballet de sentiments.

Très bon !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Nous suivons le parcours de Rosangela, issue d'une famille huppée qui lui a aidé à ouvrir son cabinet de dentiste. Rosangela semble assez heureuse, un mari Mario, deux enfants mais finalement tout est peu-être plus fragile qu'elle ne le croit.
Le sourire de sa cousine, son bonheur, sa beauté vont être un révélateur pour elle. Pourtant issue d'une société moins aisée son bonheur semble ternir la vie de Rosangela.
Livre très bien écrit. le dessin peut être quelque peu déroutant au départ mais il nous fait bien entrer dans les obsessions, les angoisses de son héroine.
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On suit l'histoire de Rosangela qui travaille comme dentiste, à une vie de mère (deux enfants) et un mari amoureux et en réussite professionnel. Tout pour se sentir mieux que les autres.
Elle compare sa vie avec sa cousine ....elle entre dans une profonde dépression (genre crise de la quarantaine). Une remise en questions de sa vie de femme, de famille, qui l'amène vers de nouveaux sentiers (drogue, sexe, ...).
Une Bd très bien construite on retrouve le talent Quintanilha mais j'ai eu du mal sur la psychologie de Rose.
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critiques presse (2)
BoDoi
24 août 2016
Quintanilha réussit son coup en ne lâchant pas d’une semelle son héroïne, éreintant le lecteur happé de force dans cette spirale psychotique, dessiné d’un trait fin, mouvant mais réaliste, au noir et blanc glaçant.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
16 août 2016
Glacial malgré le climat, Talc de verre se démarque par la précision et la rigueur de ses observations. Avec ce titre, Marcello Quintanilha démontre toute la richesse de son talent de conteur.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir éteint la lumière, Rosângela repensa à cette histoire d’être, d’une certaine manière, supérieure. Non, ce n’est pas ça. En fait, c’est assez difficile à expliquer, parce que cette pensée là… Il ne s’agit pas d’une idée, comme on pourrait dire, tout simplement., Rosângela se sentait supérieure, car ce n’était pas ainsi qu’elle pensait. Du moins, on ne peut pas dire qu’elle pensait en ces termes-là. Non, ce n’est pas vraiment cela. C’est pourquoi il m’est difficile de l’expliquer, ce serait plutôt ? Comment vous dire ? Plutôt une espèce de sensation, vous comprenez ? Oui… Une espèce de sensation, vous savez ? Disons… Comme si … Vous aviez le sentiment de faire partie d’une classe… disons… supérieure. Vous voyez ? Comme si vous apparteniez à un certain milieu social, c’est ce que je veux dire… Ce sont des gens qui vivent dans des conditions particulières, n’est-ce pas ? Le genre de personnes dont vous dites : Eh ben ! Pour être à cette place dans la peau de cette personne et vivre de cette façon, consommer, faire des voyages, faire l’amour, il faut appartenir à ce milieu ! Eh bien, c’était plus ou moins cela que Rosângela ressentait. C’était ce qu’elle ressentait, et, curieusement, elle associait le fait d’être dans la peau d’une de ces personnes-là, dont tout le monde sait qu’elles appartiennent à une classe supérieure, à un moment précis, lorsqu’elle venait juste de faire l’amour avec son mari. Plus encore que lorsqu’elle descendait prendre sa voiture au garage, ou qu’elle laissait les enfants devant le collège, ou qu’elle rejoignait son cabinet. Et si vous pensez que personne ne s’en rendait compte, demandez donc au portier de l’immeuble, qui lui assène tous les matins son Bonjour Dr. Rosângela, demandez donc au gars du parking, demandez à tous ces gens qui regardent sa voiture du coin de l’œil, sans pouvoir s’acheter la même. Demandez-leur, et vous verrez… C’est plus ou moins comme si vous étiez dans la peau d’une personne à part, qui sait qu’il y a de la misère dans le monde, mais qui… Qui ne peut rien y faire, n’est-ce pas ? C’est embêtant, c’est triste, mais que faire ? Vous avez la chance d’être dans la peau de ce genre de personnes, un point c’est tout. Vous ne pouvez rien y faire, il vous faut donc vivre le mieux possible.
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Sa cousine… La cousine de Barreto. Vous savez, cette cousine de Barreto ? Elles avaient à peu près le même âge. Et elle, si aimable et tranquille, pouvait dire que la situation de sa cousine lui faisait de la peine. Une situation difficile, car l’oncle Wagner avait toujours beaucoup bu. Imaginez une petite fille qui devient une jeune fille et commence à flirter. Et, un jour sur deux, elle doit supporter son père bourré. Un jour sur deux, elle doit nettoyer son vomi par terre. Imaginez ce que c’est d’entendre à tout bout de champ son père dire à sa mère : Allez-vous faire foutre, toi et ta fille ! Et la fille, c’est vous. Imaginez. Il arrive un moment où vous ne pensez plus qu’à une chose : vous marier. Disparaître ! Parce que vous vous jurez que vous n’allez plus supporter tout ça comme votre mère l’a supporté. C’est pour ça que, elle, si calme, bienveillante et tranquille, pouvait dire que sa cousine lui faisait de la peine, voilà ! Enfin, de la peine, euh, non : pas au point qu’elle pouvait dire qu’elle avait de la peine. Mais c’était quand même un sentiment suffisamment fort (même si elle ne le disait pas, même si elle ne le pensait pas en ces termes) pour qu’un certain goût amer, un petit pincement au cœur, qui semblait dire que si au moins sa cousine n’était pas si jolie, ce sentiment serait beaucoup plus intense. Même si ce goût n’était pas si amer, ni son cœur si serré, Rosângela avait de la peine pour sa cousine, quoi qu’on entende par là. Maintenant, imaginez quelqu’un qui pense à tout ça, sans y penser. C’est cette question de la sensation, vous comprenez ?
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Pauvre fille, il y a des gens qui n’ont vraiment pas de chance, pensa Rosângela. Il y a des gens qui… On ne peut pas se mettre dans la peau d’autrui. Imaginez, vous vous mariez pour ne plus avoir à nettoyer le vomi de votre père et vous finissez par essuyer ce que votre mari vous crache en pleine figure. Vous vous rendez compte ? Ça n’arrive pas à tout le monde, hein ? Imaginez-vous déménager constamment, et à chaque fois, les voisins se rendent tout de suite compte que c’est vous, le couple qui se dispute tout le temps. Que c’est vous qui faites tout ce grabuge. Imaginez. N’importe qui se sentirait rabaissé, n’est-ce pas ?
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Seulement après un gros effort pour décoder, pour déchiffrer ce que signifiait tout ce bruit. Voilà : imaginez que ce fil est une phrase. Et là c’est la même phrase, superposée plusieurs fois, comme si les fils venaient de différentes bobines, je veux dire de haut-parleurs. Maintenant, imaginez un tas de fils sortant de différents haut-parleurs, enfin je veux dire des bobines, chacune ayant sa propre durée, soit en avance, soit en retard par rapport aux émissions antérieures ou postérieures. Qui serait capable de comprendre ce qui se dit là ? Qui ?
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C’était le sourire ! Le sourire ! Mon dieu, c’était ce sourire qui faisait disparaître son statut social. Non ! Pas disparaître. Disparaître n’est pas le mot juste. C’était plutôt comme si ce statut n’avait jamais existé. Comme si, durant toutes ces années, Rosângela s’était accrochée à une fausse sensation, et brusquement, elle se rendait compte que sa situation sociale, qui l’avait toujours mise dans une position, disons, de supériorité, n’était soudain plus rien.
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Vidéo de Marcello Quintanilha
Le dessinateur brésilien Marcello Quintanilha revient sur son travail, sa préférence pour une expérience graphique et visuelle toujours renouvelée. Il parle de son adaptation de L'Athénée, un classique de la littérature brésilienne. Propos enregistrés sur le SoBD, en décembre 2017.
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