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Enrique Vila-Matas (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020928496
252 pages
Seuil (13/03/2008)
3.73/5   138 notes
Résumé :
- Un botaniste amoureux de sa plante carnivore
- Un curé argentin qui a la faculté de se dédoubler dans différents corps :
- Onze écrivains morts que vous n'avez jamais lus :
- Une femme-orange qui se laisse littéralement boire par ses amants ;
- Une société d'esthètes fascinés par les marées noires :
- Des Indiens d'Amazonie qu'aucun linguiste ne comprend ;
- Et l'extraordinaire Pierre Gould qui resurgit sans cesse en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 138 notes
Quelle découverte, pour Horusfonck!
Dire que j'ai apprécié ces nouvelles, est en deçà de ce que je ressent.
Quiriny m'a transporté dans son imaginaire et ses fictions , en digne héritier de Chesterton, Chamber Morrow, Borgès et autres magiciens ... du travail de haute-couture littéraire, à l'esthétique tellement soignée!
Je prendrai pour exemple, cette histoire de plantes carnivores qui me rappelle certaines séquences de L'énigme de l'Atlantide d'E.P. Jacobs ou de Tambo Tabou de Franquin...
Quiriny interroge et effraie, tout en restant urbain et bonhomme. privilège de l'écrivain assuré et déjà affûté.
Quiriny n'omet pas de nous présenter son personnage-clef (fétiche?) Pierre Gould et ses multiples singularités.
Maintenant, je vais chercher les autres bouquins du surdoué Bernard Quiriny!
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Ils rivalisent d'imagination, ces contes, avec un arrière-plan toujours
macabre, mais sans être gore. La funeste réalité est nimbée d'un voile de mots qui la rendent lisibles même pour des âmes sensibles.

Plongez-vous avec des frissons dans cet univers où l'on côtoie un amateur de cocktail agrumes-hémoglobine, un évêque qui éprouve chaque matin des difficultés pour savoir où son âme est allée se nicher, un jeune homme au tympan hypersensible à ce qui peut se dire de lui, ou des collectionneurs de marées noires.

Si les miroirs révèlent des secrets d'alcôves, la musique envahit des territoires qui ne lui sont pas normalement dévolus, au gré de l'imagination d'un créateur d'instrument démoniaque. Avez-vous déjà imaginé l'odeur de chaque note et ainsi quel fumet peut se dégager d'une oeuvre musicale complexe? A moins que la Tour Eiffel ne sache chanter!
Et d'autres surprises sonores vous attendent.

Puis arrivent les histoires de contrats, pour le moins originaux : dirigés contre le commanditaire lui-même, ou visant un enfant diabolique, ils peuvent avoir des effets collatéraux non prévus à la manière d'un battement d'aile de papillon.

Les récits font apparaître un personnage récurrent, Pierre Gould, original qui s'intéresse aux écrivains méconnus , puis se livre dans de très courtes histoires révélant sa personnalité extravagante

Après d'autres nouvelles très inventives, le recueil est clos par un récit botanique qui n'est pas le plus innocent

Le rythme de narration est soutenu, il n'est donc pas possible de s'ennuyer en parcourant l'ouvrage, et l'on passe un bon moment dans des sphères où la fiction et la réalité se mêlent adroitement pour mieux égarer le lecteur en brouillant les repères

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Recueil de contes de Bernard Quirigny. Lettre Q de mon Challenge ABC 2010.

Sanguine : Deux hommes descendus dans le même hôtel se retrouvent un soir autour d'une histoire peu commune, où une femme se dissimule derrière une carapace peu commune. "Un peu de sang dans du jus d'oranges pressées, oui, chaque dimanche depuis 15 ans." (p. 21)

L'épiscopat d'Argentine : Une femme de ménage dans le palais épiscopal d'Argentine s'étonne des allées et venues et des habitudes nocturnes de l'évêque. "Nous avons tous de petits fardeaux à supporter, et celui de l'évêque de San Julian était un corps en trop avec lequel il lui fallait composer." (p. 43)

Qui habet aures... : Édouard Renouvier entend toutes les conversations où il est question de lui et s'emploie à corriger ses erreurs. Mais comment combler une lacune qu'on ne peut pas identifier?

Quelques écrivains, tous morts : Florilège d'auteurs inconnus et morts. "J'ai découvert grâce à Pierre Gould un grand nombre d'écrivains méconnus, littérateurs de l'ombre ignorés par les faiseurs d'anthologie." (p. 57)

Quiproquopolis (Comment parlent les Yapous) : "Le yapou n'est pas une langue de poètes, c'est une langue de boute-en-train. [...] le quiproquo et le malentendu sont, avec la guerre tribale et l'anthropophagie, les quatre piliers de la société yapou." (p. 70)

Marées noires : Les membres de la SCMN, Société des Connaisseurs de Marées Noires, se ruent sur les plages souillées par les catastrophes pétrolières. "Après avoir recouvert quelques kilomètres de côte, le pétrole s'oxyde au contact de l'air et se disperse dans la mer. Parfois, des écologistes et bien-pensants le récupèrent à la pelle et détruisent sans vergogne ces couches gluantes d'un noir parfait qui nous ravissent, nous autres gens de goût." (p. 85)

Mélanges amoureux : Édouard Renouvier (encore lui) jongle entre une épouse et trois maîtresses. Dans la chambre d'hôtel qu'il loue à l'année, les miroirs dévoilent ses secrets. En réalité, les miroirs se souviennent toujours de ceux qui se sont reflétés en eux.

Chroniques musicales d'Europe et d'ailleurs : Gaudi et son gaudiophone, Yoshi Murakami et son projet fou de faire vibrer la tour Eiffel, Eduardo Morrant et ses compositions impossibles à jouer, une mélodie audible sur une mince portion de terre en Colombie Britannique, un "traité de musicologie odoriférante" (p. 123), un pianiste qui a oublié comment jouer, tout cela donne à la musique un caractère improbable voire impossible.

Souvenirs d'un tueur à gages : Qu'il s'agisse d'exécuter un homme d'affaires qui s'ennuie, d'abattre un homme à la place d'un autre, de détruire le diable, d'aider un peintre à effectuer son ultime autoportrait, de choisir entre les explosifs ou le poison, la vie d'un tueur à gages n'est pas banale.

Le carnet : Un "écrivain en devenir" (p. 149) qui manque cruellement d'imagination rêve de dérober le carnet de notes d'un écrivain prolifique. Mais si ce carnet ne tenait pas toutes ses promesses?

Extraordinaire Pierre Gould : La vie de Pierre Gould est loufoque, pleine de rêves et de projets. " Trois projets signés Pierre Gould: un annuaire permanent des donneurs de leçons rédigé en équipe et actualisé chaque mois, qui recenserait tous les pédants, cuistres et pontifiants sévissants dans les journaux et sur les ondes; un guide des écrivains surestimés, stigmatisant quelques littérateurs morts ou vivants, à la mesure de leur réputation; une anthologie des jurisprudences gondolantes qui rassembleraient les cas les plus curieux dont ont eu à connaître les juridictions judiciaires et administratives, au cours du dernier siècle." (p. 165-166)

L'oiseau rare : Jacques Armand est un artiste réputé pour ses oeufs peints, oeufs d'oiseaux ou de poissons. Dans sa production, un oeuf reste mystérieux: on ne sait pas quelle espèce l'a pondu.

Une beuverie pour toujours : Dans les pays de l'Est, il existe un breuvage, le zveck, réclamé à cor et à cris par les ivrognes. "Le zveck, c'est une beuverie pour toujours." (p. 197)

Conte carnivore : "La puissance destructive du monde végétal a toujours été pour Latourelle l'objet d'un vif intérêt." (p. 207) le botaniste est passionné par la Dionaea Muscipula, la plus dangereuse des plantes carnivores. "Leurs machoires sont comme des mécanismes d'acier, prêts à broyer tout ce qui passe à leur portée." (p. 214-215)

Ce recueil est délicieux et se dévore à toute allure! La boulimie littéraire, ça existe! Les textes sont très bien écrits, fulgurants et grinçants. À lire Bernard Quirigny, on se dit que l'homme est son propre chasseur et sa propre proie.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Contes Carnivores de Bernard Quiriny : "si ces faits stupéfiants sont réels, je vais devenir fou. S'ils sont imaginaires, je le suis déjà, p17."


Cette phrase affichée en prologue, est une sorte d'avertissement au lecteur, ainsi bien alerté, celui-ci va pouvoir en toute innocence déguster l'apéritif de la 1ère nouvelle, fait de jus d'orange rehaussé d'un peu de sang,.

Pour ce banquet 5ème république, 12 plats et un dessert, il lui fallait trouver les meilleurs chefs, pour mourir de plaisir à chaque recette.

Or, Bernard Quériny s'ennuie dans son job à Chronic'Art, pour donner un peu de tranchant à ses nouvelles, il eu l'idée de susciter des vocations artistiques d'assassins, des vocations estimables « d'esthètes » en meurtres, donc des gens utiles travaillant à l'ombre de la poésie et des bons sentiments.
Les souvenirs d'un tueur à gages illustrent la beauté formelle de certains crimes, "de ce chef d'oeuvre, autoportrait, je ne pouvais leur révéler que j'en étais, le co-auteur".


Les assassins se succèdent, mais pas seulement, Bernard Quériny nous joue des intermèdes musicaux étranges, à se laisser berner par des légendes joyeuses et improbables, comme les recherches sur les parfums que dégagent certaines musiques, le quatuor à corde de Debussy en sol mineur imprégné, par exemple des odeurs de chêne et de mousse.

Ainsi de marées noires (via l' association des amoureux des pâtissons et des bulles de mazouts), en quiproquopolis parlé par les Yapous, ce voyage extraordinaire où le dévoué Pierre Gould nous accompagne , on finit le périple par ces plantes gloutonnes, joyaux de terreurs, les préférées parait-il de Bernard Quériny.
Bernard Quériny a choisi comme titre, à son carnet de voyage, « Contes carnivores », en hommage à Latourelle immense botaniste qui le premier à identifié et mis en valeur ces plantes carnivores capables de dévorer insectes ou petits animaux, broyés et digérés à l'ombre de leurs pétales meurtrières.


Ce festin meurtrier en 14 tableaux se termine par la disparition brutale du chercheur point d'orgue à tous les mystères encore non élucidés, comme en échos aux travaux de Enrique Vila-Matas sur L Histoire générale du vide (auteur de la préface).

Petit opuscule à emporter en voyage, au cas où vous trouviez un oeuf peint par Armand, ou une plante farouche ou une étrange musique au parfum indélicat...
Ce petit cadeau revigorant devrait vous faire des nombreux amis(es).


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Bernard Quiriny nous offre avec Contes carnivores un recueil de quatorze nouvelles plus ou moins fantastiques et de thèmes différents avec deux personnages qui apparaissent chacun dans deux nouvelles : Renouvier (Qui habet aures et Mélanges amoureux) et Pierre Gould (Marées noires et Extraordinaire Pierre Gould).

Ces nouvelles, subtiles et bien écrites, nous font découvrir une galerie de personnages étranges avec des univers délicieusement décalés, le tout avec un brin d'humour et parfois même d'humour noir. L'auteur a réellement beaucoup d'imagination, jusque dans la description de personnages soi-disant célèbres qui sont tellement bien construits qu'on en vient à se demander s'ils n'ont pas réellement existé (Quelques écrivains, tous morts et Chroniques musicales d'Europe et d'ailleurs).

J'ai apprécié la plupart des nouvelles, sauf Sanguine. Je ne saurai pas vraiment expliquer pourquoi mais la description de cet homme qui pèle une femme puis la boit avec une paille jusqu'à la dernière goutte m'a mise mal à l'aise.
La nouvelle Marées noires, elle, m'a plutôt laissée indifférente et je pense être passée à côté du propos.
Quant à la nouvelle le carnet, c'est celle que j'ai trouvé la moins originale ayant compris presque dès le début de quoi il retournait...

Par contre, j'ai beaucoup apprécié la nouvelle Mélanges amoureux et surtout la chute que je n'avais pas vu venir... Originale également la nouvelle Souvenirs d'un tueur à gages, même si tous les souvenirs ne présentent pas le même intérêt....

Ce qui fait l'intérêt de ce recueil, d'après moi, en plus de l'originalité des histoires, c'est le style différent de chaque nouvelle : parfois une histoire racontée par l'auteur, parfois une histoire racontée par un narrateur, un récit introduit par une tierce personne (Une beuverie pour toujours), un échange de lettres (Conte carnivore), un récit de voyage (Quiproquopolis),...

Si je devais donner mes nouvelles préférées je pense qu'il s'agirait de L'épiscopat d'Argentine et de Mélanges amoureux, de par leur originalité, leur construction et la chute inattendue.

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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les Yapous sont une société de poètes-nés, qui ont inventé le surréalisme avant l'heure et font des cadavres exquis chaque fois qu'ils ouvrent la bouche. Tandis que nous autres Occidentaux, avec nos contes et nos poèmes, tentons de rendre du mystère à notre monde désenchanté, eux baignent naturellement dans l'invention littéraire - probablement ne s'en rendent-ils d'ailleurs pas compte, puisqu'ils ont toujours vécu comme ça.
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"Sur la scène s'étalait un monstre improbable et fabuleux; c'était une sculpture colossale et hétéroclite, composée des matériaux les plus divers - des bois de plusieurs sortes, de la ferraille et des tuyaux en caoutchouc; il y avait deux bassines remplies d'eau claire, des cordes tendues comme sous les voiles d'un galion, des plaques de cuivre disposées en spirale et une batterie d'accessoires tout à fait indescriptible. [...] Près de moi, un confrère se demanda en quels termes il allait pouvoir décrire dans son papier du lendemain le mammouth inerte qui attirait tous les regards" (Seuil, p.120)
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Les lumières s'éteignirent, et la première image fut projetée sur l'écran. Elle montrait la fumée photographiée depuis l'hélicoptère : un gigantesque champignon noir, fort impressionnant. On vit ensuite le pétrolier aux différents moments de son naufrage, puis l'immense coulée qui s'échappait de ses cuves et s'étendait dans la mer. Les sociétaires s'extasiaient comme des amateurs de peinture devant un ciel d'orage du Greco. Philippe commentait ses clichés, racontant ses impressions à la vue de ces scènes de désolation. Vinrent ensuite les photos prises depuis la côte, lors de l'arrivée de la nappe de fioul. Si on pouvait encore supporter les images aériennes, relativement abstraites, celles-là étaient si révulsives qu'elles vous retournaient l'estomac : des galettes de pétrole collées sur les rochers comme des bubons fuligineux, des oiseaux englués jusqu'au bec, des autochtones qui tentaient pathétiquement de ramasser le pétrole avec leurs râteaux, et même un petit garçon égaré, les pieds dans le fioul, tenant dans sa main une galette collante qu'il observait avec dégoût, sans savoir s'il devait la jeter au loin ou la garder pour ne rien ajouter à la désolation générale - c'était révoltant.
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Pierre Gould écrivit un roman intitulé" Histoire d'un dormeur" qui était selon lui le lipogramme le plus contraignant du monde : il s'était interdit toutes les lettres de l'alphabet, sauf le z. Cela donnait : "Zzzzz, zzzz,zzzz" et ainsi de suite sur trois cents pages
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Un puissant parfum d'orange envahit la pièce. Parfois, elle avait un geignement langoureux ; je pense qu'elle prenait plaisir à cette mise à nu et que la sensation de sa seconde peau se décollant de la première la transportait.
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En une fable contemporaine irrésistible de brio littéraire et philosophique, l'écrivain Bernard Quiriny raconte la pensée libérale, ses fondements, ses développements, son histoire, à travers les débats d'un club imaginaire dont on rêverait de pousser les portes.
Ils aiment la liberté, la propriété privée, l'égalité des droits. Ils se méfient de l'État, du pouvoir, des impôts. Ils détestent qu'on leur dise quoi penser ou comment mener leur vie. Ils ne sont pas d'accord sur tout mais se retrouvent sur l'essentiel. Constant, Stuart Mill, Smith, Say, Tocqueville, Sieyès ou Hayek : ce sont les libéraux, ces penseurs parfois présentés comme des épouvantails, sans qu'on prenne toujours la peine de les lire.
Avec style et humour, Bernard Quiriny explore les oeuvres des grands auteurs et montre comment les débats d'hier continuent d'influencer ceux d'aujourd'hui. Un panorama complet, accessible à tous. Une grande fresque qui se déploie avec élégance. Un éloge de cette denrée fragile et précieuse, la liberté.
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