Contes Carnivores de
Bernard Quiriny : "si ces faits stupéfiants sont réels, je vais devenir fou. S'ils sont imaginaires, je le suis déjà, p17."
Cette phrase affichée en prologue, est une sorte d'avertissement au lecteur, ainsi bien alerté, celui-ci va pouvoir en toute innocence déguster l'apéritif de la 1ère nouvelle, fait de jus d'orange rehaussé d'un peu de sang,.
Pour ce banquet 5ème république, 12 plats et un dessert, il lui fallait trouver les meilleurs chefs, pour mourir de plaisir à chaque recette.
Or, Bernard Quériny s'ennuie dans son job à Chronic'Art, pour donner un peu de tranchant à ses nouvelles, il eu l'idée de susciter des vocations artistiques d'assassins, des vocations estimables « d'esthètes » en meurtres, donc des gens utiles travaillant à l'ombre de la poésie et des bons sentiments.
Les souvenirs d'un tueur à gages illustrent la beauté formelle de certains crimes, "de ce chef d'oeuvre, autoportrait, je ne pouvais leur révéler que j'en étais, le co-auteur".
Les assassins se succèdent, mais pas seulement, Bernard Quériny nous joue des intermèdes musicaux étranges, à se laisser berner par des légendes joyeuses et improbables, comme les recherches sur les parfums que dégagent certaines musiques, le quatuor à corde de Debussy en sol mineur imprégné, par exemple des odeurs de chêne et de mousse.
Ainsi de marées noires (via l' association des amoureux des pâtissons et des bulles de mazouts), en quiproquopolis parlé par les Yapous, ce voyage extraordinaire où le dévoué Pierre Gould nous accompagne , on finit le périple par ces plantes gloutonnes, joyaux de terreurs, les préférées parait-il de Bernard Quériny.
Bernard Quériny a choisi comme titre, à son carnet de voyage, «
Contes carnivores », en hommage à Latourelle immense botaniste qui le premier à identifié et mis en valeur ces plantes carnivores capables de dévorer insectes ou petits animaux, broyés et digérés à l'ombre de leurs pétales meurtrières.
Ce festin meurtrier en 14 tableaux se termine par la disparition brutale du chercheur point d'orgue à tous les mystères encore non élucidés, comme en échos aux travaux de
Enrique Vila-Matas sur
L Histoire générale du vide (auteur de la préface).
Petit opuscule à emporter en voyage, au cas où vous trouviez un oeuf peint par Armand, ou une plante farouche ou une étrange musique au parfum indélicat...
Ce petit cadeau revigorant devrait vous faire des nombreux amis(es).