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Critique de ODP31


ODP31
11 février 2022
Un pensum pour mon 200ème billet ?
Ce n'est pas le genre de la maison. Je préfère les écrivains qui allument les incendies à ceux qui soufflent les bougies avant minuit. Rien de mieux qu'un baron excentrique pour trinquer à la santé de Babélio.
Dans le genre perché, d'Handrax n'a pas grand-chose à envier au baron de Calvino. Un bonhomme qui organise des diners de sosies, qui envoie des cartes postales de chez lui sur les lieux de vacances de ses proches, qui randonne à reculons quand une antenne ou un panneau gâche la balade, qui fait cohabiter sa femme et sa maîtresse dans les deux ailes de son manoir ou qui collectionne les anecdotes, les maisons en ruine et les trains électriques, mérite le détour par les routes sinueuses de l'esprit. le baron ne fuit que deux choses : le travail et le conformisme. Il y a pire comme allergies.
C'est en s'intéressant à un ancêtre du baron, un peintre méconnu dont les tableaux sortent rarement des réserves de musées de province que le narrateur fait la rencontre de sa vie et se transforme en scribe dévoué.
Bernard Quiriny devrait vérifier son ADN. A coup sûr, Marcel Aymé et Jules Renard ont fertilisé son arbre généalogique.
Ses récits ne tournent pas autour de son nombril ou d'autres recoins scabreux de son anatomie. Il préfère, comme ses aieux de plume, consacrer son oeuvre à l'ironie du monde.
Jusqu'ici, j'avais trouvé les nouvelles de cet auteur meilleures que ses romans. Son inspiration débridée s'exprimait mieux en quelques pages, ses histoires manquaient un peu d'endurance à mon goût. Je ne peux d'ailleurs que conseiller la lecture de ses "histoires assassines", de ses "contes carnivores" ou de sa "collection particulière".
Avec ce livre, Bernard Quiriny a trouvé la formule magique. Il parvient à greffer ce qui aurait pu constituer une farandole de nouvelles disparates, à un personnage farfelu, chainon manquant de son imagination.
Cette histoire, pleine comme la malle d'une famille de quintuplés dans le désordre, n'est pas seulement drôle : elle transpire d'amitié, la liberté en bandoulière et fuit la modernité dans la campagne de l'Allier. Faut y aller.
Comme il ne fait rien comme les autres, Bernard Quiriny publie en même temps les « Carnets Secrets » d'Archibald D'Handrax, ceux que le narrateur aurait trouvé chez le baron après sa mort, compilation d'aphorismes, de pensées décalées… du genre :
« Ecrivains. Il se forçait à écrire tous les jours, n'importe quoi, pour ne pas laisser la chance de faire un chef-d'oeuvre par accident. »
Si les personnages se mettent à écrire des livres en même temps que leurs auteurs, ma bibliothèque va rendre l'âme au diable.
Un plein d'idées folles.
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