Contes d'amour, de folie et de mort

Le titre résume très bien à lui tout seul le recueil de nouvelles qui sont des contes qui parlent de mort, de folie et d'amour à peu près à part égale.

J'ai été dans l'ensemble déçue par cette lecture même si certains contes m'ont vraiment intéressée et embarquée, ceux en particuliers qui traitent de folie et de fantastique. J'essayerai donc de relire des contes plus en adéquation avec ces thèmes. Mais les nouvelles vraiment fantastiques étaient assez peu développées et se finissent trop vite à mon goût. L'intensité était plus présente dans les nouvelles traitant de l'amour (en particuliers le solitaire, l'ombre et la méningite) et étaient bien divertissantes.

L'écriture est assez expérimentale, trois nouvelles étant écrites depuis le point de vue des animaux et dans plusieurs autres, le narrateur s'adresse directement au lecteur, souffre et doute durant le récit.. Je me suis quand même ennuyée dans la plupart des nouvelles et j'ai été déçue car je m'attendais à des nouvelles plus en lien avec la forêt et la fascination qu'elle peut induire chez les hommes. le seul conte qui se passe vraiment dans la forêt et parle des fourmis impitoyables “correction” et du miel hallucinogène mais avec une intrigue très plate qui réduit les élans de l'imagination.

Il y a quinze contes dans ce recueil, tous ne sont pas d'un intérêt égal à mes yeux. Il y en a deux que j'ai vraiment appréciés. Huit qui m'ont assez plu et cinq que je me serais bien passé de lire.

**La poule égorgée : une des mes préférées, où l'on pressent l'horreur de ce qui va advenir.
**le miel sylvestre : un conte très cruel, que j'ai beaucoup aimé.

*le solitaire : où une femme torture psychologiquement un homme ,la fin est assez inattendue.
*l'oreiller de plumes : on tombe dans le fantastique.
*l'insolation : des chiens voient la mort venir et leur vie changer.
*les tâcherons : sur la vie misérable des peons.
*yaguaï : la mort d'un chien.
*les pêcheurs de grumes : sur le courage mais aussi la ruse des indigènes et leur peu de considération pour la valeur de leur vie.
*Notre première cigarette : deux enfants profitent d'une mère inattentive et d'un oncle autoritaire pour faire toutes sortes d'expériences.
*une saison d'amour : un jeune homme s'éprend d'une jeune fille de 14 ans mais il ne peut l'épouser en raison de la réputation de sa mère. Lorsqu'il la revoit beaucoup plus tard, la désillusion est cruelle.
les bateaux suicides : je n'en ai pas saisi l'intérêt.
la mort d'Isolde : j'y suis restée insensible.
les barbelés : discussion de vaches et de chevaux sur les barbelés; je n'ai pas trop aimé.
à la dérive : un homme se fait piquer par un serpent, là non plus je n'ai pas vu l'intérêt.
la méningite et son ombre : je n'ai pas beaucoup aimé cette longue nouvelle, un peu trop complexe à mon goût.

Ce livre comporte une quinzaine de nouvelles plutôt disparates et inégales. Plusieurs sont plutôt durs, quand ce n'est pas carrément atroces; des idiots égorgent leur soeur, un mari exaspéré tue sa femme, un homme se fait dévorer vivant par des fourmis etc. Je n'ai trouvé aucun charme à celles-là, ni poésie, ni morale, ni ironie, un peu d'imagination, certes, mais encore... Lorsqu'ils mettent en scène des animaux comme ce fox-terrier malchanceux ou ces chevaux et vaches qui devisent sur les barbelés, les contes s'animent quelque peu et m'ont plu, encore que le souvenir ne sera pas impérissable. Quant aux histoires d'amour, elles m'ont paru plutôt conventionnelles .
Pourtant, lorsqu'il évoque la vie des paysans , tâcherons et « pêcheurs de grumes » on sent la talent de Quiroga pour refléter avec charme et une certaine compassion la vie des gens ordinaires. Je serais intéressé par un roman de ce genre de sa part, plus développé que les courtes nouvelles qui ne font qu'effleurer le sujet. Mais la lecture de ces contes s'est avéré somme toute plutôt décevante.