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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le titre est plutôt explicite, mais ajoutons encore que Horacio Quiroga situe ces quinze nouvelles dans une région d'Argentine où il a vécu pendant plusieurs années, près de Misiones, dans la forêt tropicale où la nature et les animaux sont parfois féroces, et les hommes rudes. Précisons aussi que depuis sa naissance, la mort rôde autour de l'auteur, touché par le suicide ou la fin de tragique de plusieurs membres de sa famille proche au fil des ans. Avec tout cela, vous aurez une petite idée de l'ambiance étrange, malsaine, angoissante, parfois glauque ou surréaliste qui plane sur ce recueil. La plupart des histoires commencent banalement, on se demande ce que l'auteur va pouvoir en tirer de remarquable, et c'est à ce moment qu'il distille une touche d'horreur ou de fantastique pour faire basculer son récit dans l'inquiétant ou l'extraordinaire.
Dans un style sobre et clinique, Quiroga nous immerge dans une nature monstrueuse, ou dans les tourments enfouis de l'âme humaine, qui le sont parfois tout autant.
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Si je n'avais pas lu que Horacio Quiroga avait choisi lui-même les contes à mettre dans le recueil, j'aurais sans doute remis en cause le choix et le rapport avec le thème global. A tout le moins, j'aurais largement commenté l'idée que amour, mort et folie, c'est tellement large que beaucoup de nouvelles abordent ces thèmes. Je pense par exemple à Amok de Stefan Zweig, ou à d'autres nouvelles du même auteur.

Cela dit, la plupart des nouvelles du Quiroga de ce volume abordent les trois dimensions à chaque fois.

La mort et la la folie, Horacio Quiroga connaît. En 1879, son père meurt lors d'une fusillade, il a trois mois. En 1896, il a 7 ans quand son beau-père se suicide devant lui ; en 1915 sa premiére femme se suicide ; il tue accidentellement son ami Frederico Ferrando alors qu'il manipule un pistolet ; et il se suicide en 1937, en absorbant du cyanure, alors qu'il souffre d'un cancer de la prostate. Clairement, Quiroga porte la poisse... (je rigole)

Ce recueil se compose de quinze nouvelles dont onze se terminent par une mort, et même lorsque la mort ne frappe pas, on n'en passe pas si loin. La maladie, la folie, le désespoir rôdent à la place.

Quiroga est souvent comparé à Maupassant, comme le maître de la nouvelle latino-américaine. C'est à mon avis plus que des nouvelles. Ce sont bien des contes, avec une dimension morale, sociétale marquée. Quiroga utilise un réalisme à la limite du fantastique dans plusieurs textes. On hésit entre plusieurs acceptions, approches. Et le tout reste plausible et flou à la fois. L'auteur joue sur l'atmosphère pour faire passer son penchant pour le fantastique. C'est parfois glauque, souvent décalé. Malsain. Avec une touche de romantisme, parfois un peu suranné. C'est ce qui m'a fait penser à Zweig (avec l'idée du suicide, de l'Amérique latin, et qu'il existe un havre de paix, un ailleurs quasi inaccessible sauf en payant le prix fort. Et pour brosser le portrait des pauvres, des ouvriers, simples et besogneux, Quiroga n'a pas son pareil. On est souvent à la limite du drame social.

L'écriture, comme il est dit dans la préface, est brut, sèche. Parfois même, la syntaxe ou le vocabulaire sont défaillants.

La poule égorgée: Quelle baffe et quel écoeurement que de débuter avec une telle histoire, où 4 frères désaxés finissent par désosser leur soeur après avoir vu la bonne le faire avec une poule.

Les bateaux suicides: Une de mes préférées, un long dialogue sur les bateaux dont on ne trouvent plus l'équipage, très surréaliste, à la limite du non-sens.

Le solitaire: un bijou qui suscite la convoitise, c'est assez banal, mais quand c'est le bijoutier qui tue, on a toute la puissance de Quiroga qui s'exprime.

L'oreiller de plumes: on est dans du Jean Ray, du Thomas Owen, du Kafka, on hésite entre fantastique et réalisme, en suivant les affres d'une agonie.

La mort d'Isolde: Quiroga s'entend bien à nous montrer une situation banale -un amour perdu de vue- et à la faire dériver en la faisant enfler par la passion, le désir et la désillusion. Amok, disais-je.

À la dérive: à partir d'une morsure de serpent, Quiroga nous peint l'agonie sous forme d'une quête de délivrance.

L'insolation: la mort du maître vue par les yeux d'Old, un chiot. Personnellement je ne suis pas fan des nouvelles animales, mais cela fonctionne plutôt bien.

Les barbelés: encore plus étrange... un alezan en quête de liberté rencontre un taureau qui fanfaronne devant les vaches, en forçant les clôtures pour aller pâturer là où l'herbe est toujours plus verte. Je ne suis vraiment pas fan des animaux qui parlent...

Les tâcherons: la triste condition des ouvriers forestiers qui signent au terme d'une nuit de débauche à dépenser l'avance sur leur paie. Drame social très puissant.

Yaguaï: la vie de chien. Un fox-terrier qui ne se fait pas à sa condition et échappe à la canicule pour revenir ensuite, pour son plus grand malheur.

Les pêcheurs de grumes: une nouvelle pleine d'un humour cynique et décalé.

Le miel sylvestre: un bijou, de nouveau, de cynisme et de causticité. Les dangers de la jungle, et de l'entêtement. Une de mes préférées.

Notre première cigarette: très bien vu, la première cigarette, un garçon et une fille et tout ce que cela entraîne.

Une saison d'amour: comme dans la Mort d'Isolde, un amour ancien et déçu, mais on ne peut pas être et avoir été...

La méningite et son ombre: une jeune fille délire et dans sa fièvre; elle déclare sa flamme à un jeune homme quand elle est atteinte, mais ne se souvient de rien une fois rétablie.

Lecture d'un solitaire par Victor Fuenmayor: excellente postface qui vient éclairer Quiroga.

Ayant vécu une partie de sa vie aux abords de la forêt de Misiones, Horacio Quiroga nous expose les dangers de la forêt vierge et sauvage, peuplée de serpents monstrueux et de fourmis mangeuses d'hommes.
Mans ce recueil quelques contes où Horacio Quiroga nous fait connaître la vie paysanne de son époque, le quotidien de la vie. Pour cela, il utilise la personnification d'animaux fréquentant, côtoyant les hommes de près, chiens et chevaux notamment. La morale est implicite à chaque fois, mais très évidente.
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L'absence de virgule, entre les mots du titre, est significative, essentielle. Car c'est bien de l'amour pour la folie et la mort dont il est question, dans les contes d'Horacio Quiroga.

A leur lecture, on se laisse surprendre par leur dimension tantôt surnaturelle, tantôt romanesque, souvent ténébreuse. On se laisse envahir par la présence régulière et très évocatrice d'un environnement naturel à la fois luxuriant et dangereux, les mois de sécheresse qui laissent la terre et les êtres exsangues, auxquels succèdent les pluies salvatrices mais parfois aussi porteuses de maladies. On se laisse gagner par la fascination que suscite le mystère de la forêt.

Et puis, lorsque l'on revient sur le contenu purement fictionnel de ces nouvelles, on réalise qu'il y est presque systématiquement question de mort. Pas tant de la mort en soi ou de sa survenance, que de ses préludes, de la façon dont on en apprivoise l'idée, ou dont elle terrorise. Des réflexes de déni qu'elle provoque, ou de son troublant attrait.

... La mort comme obsession complexe car multiforme, obsession que l'on conçoit aisément de la part d'un homme dont le père, le beau-père puis la femme se sont suicidés, qui a accidentellement tué son meilleur ami, pour finalement mettre fin lui aussi à ses jours...

Horacio Quiroga a su sublimer ce macabre héritage, y trouver un élan créateur, en mettant en scène les diverses manifestations de cette folie qui pousse les êtres à la destruction de l'autre ou de soi-même. Elle se dissimule sous les apprêts du désir, les addictions qui tuent à petit feu, les prises de risques irraisonnées... comme si la démence n'était finalement qu'un moyen de se colleter avec la mort.

Bien que j'ai apprécié ces différents contes avec un plaisir inégal, l'ensemble du recueil reste fascinant, porté par certains textes très forts, dans lesquels l'auteur flirte avec l'horreur, et une écriture qui tantôt confine à la sécheresse, traduisant une volonté de réalisme, tantôt se fait plus lyrique, notamment lors de l'évocation d'une nature vivante et prégnante.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Recueil déroutant et finalement noir et macabre. Pour amateurs.
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Cette femme qui se meurt, nuit après nuit, alors qu'aucun mal ne semble l'atteindre, si ce n'est cette étonnante pâleur. Ces hommes qui disparaissent d'un bateau, en pleine mer... découvrez les contes de l'amour de la folie et de la mort de Horacio Quiroga.

Les mots pour : diversité, étude sociale

Les mots contre : style que m'a paru un peu abrupt sur certains textes

En bref : un recueil étonnant, plus orienté vers la folie des hommes que vers le fantastique, mais qui amène une étude sociale intéressante
Lien : http://lesmotsdenanet.blogsp..
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