Prendre du recul

Jérôme, professeur presque à la retraite, ressent le besoin de prendre de la distance par rapport à son quotidien et à ses relations. Pour cela, quoi de mieux que d'initier le parcours de Saint-Jacques de Compostelle afin de contempler la nature et de rester seul avec ses pensées au rythme de sa marche ? Soutenu par son neveu, ce dernier se lance dans ce périple qui lui en fera voir de toutes les couleurs, lui qui n'est pas sportif. C'est au cours d'une averse qu'il croise la route de Vincent qui l'oriente vers l'auberge tenue par sa soeur, le temps d'une pause. Pause qui se transformera en séjour de longue durée dans ce petit village de montagne au sein duquel Jérôme retrouve la paix. La paix, seulement ? Et si Vincent y était aussi pour quelque chose, dans cette pause en dehors du temps ?

Avec ce roman, Marielle nous invite à l'introspection, au rythme des pas de Jérôme. Chacun de nous n'a-t-il pas, au moins une fois, ressenti l'envie, le besoin, de prendre du recul, comme le titre le dit, pour faire le point sur sa vie ? Se retrouver avec soi-même peut être bénéfique comme très perturbant pour qui n'a pas l'habitude. Cela va-t-il permettre à Jérôme de ne plus ressentir de coup de mou ?

LES SUJETS ABORDES
Ce roman est aussi l'occasion d'aborder plusieurs thématiques fortes et parfois taboues, comme l'homosexualité – et son malheureux corollaire : l'homophobie –, le regard de l'autre, les drames familiaux ou encore la confiance en soi, en l'autre, au sein d'une relation amoureuse. Tout cela est parfaitement traité et mis en exergue par Marielle qui nous pousse à nous questionner, à nous dépasser, à voir au-delà de nos préjugés.


Ainsi, nous avons là une histoire authentique et remplie d'humanité. Elle nous montre que l'homophobie, surtout si elle a lieu dans le cercle familial, peut faire encore plus mal, et que le regard des autres peut faire office de véritable diktat. Mais ses personnages forts, chacun à leur manière, prouve que l'on peut s'en affranchir.

LES PERSONNAGES
Les personnages apparaissent très bien développés, à la psychologie approfondie et cohérente avec leur vécu. J'ai beaucoup apprécié d'avoir des personnages plus âgés qu'habituellement. Cela apporte une certaine maturité au récit qui me manquait dans ce genre de romances, et permet d'aborder d'autres problématiques que l'on retrouve peu dans cette littérature. Chacun, au contact de l'autre, dévoile sa part d'ombre et ses doutes pour devenir le meilleur de lui-même. On peut facilement s'identifier à eux, même si nous n'avons pas leur âge, et là est la force, selon moi, de ces personnages et des problématiques qu'ils traversent.

LES EMOTIONS
Les émotions qui se dégagent de leur histoire sont omniprésentes et très bien mises en scène. On pleure et on rit, on a peur et on s'émerveille avec Jérôme et Vincent. L'auteure nous met du baume au coeur et nous fait fondre par moments, sans nous faire oublier la dureté de la vie.

LA PLUME DE L'AUTEURE
La plume de Marielle est fidèle à elle-même, fluide et agréable à lire, témoignant d'une très bonne maîtrise de la langue, avec un vocabulaire riche et varié. En parfaite alternance avec des passages plus narratifs, au coeur des pensées de Jérôme ou Vincent, les dialogues apportent une touche de dynamisme supplémentaire au récit et dévoilent la personnalité de nos protagonistes. Ses descriptions – physiques, émotionnelles et des lieux de l'action – me sont apparues très vivantes et m'ont permis de me projeter dans son roman sans difficulté pour imaginer chaque scène.

POUR CONCLURE...
En résumé, j'ai passé un agréable moment de lecture sur la route de Compostelle et dans ce joli village, en compagnie de Vincent et Jérôme. Je ne suis pas prête d'oublier ces deux hommes à la personnalité bien développée et qui nous montrent que l'on peut triompher des diktats du regard de l'autre. Les thématiques abordées dans ce roman m'ont fait réfléchir et sont très bien mises en scène pour donner de la profondeur au récit. le tout est porté par la plume douce et fluide de l'auteure qui nous offre une histoire inoubliable ! Elle nous rappelle l'importance de prendre du recul face à nos problèmes de la vie de tous les jours. Ainsi, je vous recommande vivement ce livre !
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« Prendre du recul », c'est ce qu'envisagent de faire Jérôme et Vincent.
Le premier, prof de langues en fin de carrière, décide de prendre le large, ou plus exactement le chemin de Compostelle, du moins en partie car la marche longue n'est pas dans ses habitudes. Son neveu, Alex, seul de sa famille à ne rien trouver à redire à sa « différence », en d'autres termes plus clairs son homosexualité, n'approuve guère cette résolution sportive qui pourrait mettre en danger cet oncle qu'il aime beaucoup.
Et c'est à une étape difficile de son parcours que Jérôme va rencontrer Vincent, Vincent qui lui aussi a voulu « prendre du recul » en laissant loin derrière lui ces années où il était militaire, puis vigile, puis projectionniste, puis... déprimé. Jusqu'à ce qu'il vienne aider sa soeur, laquelle a créé un gite de chambres d'hôtes... sur la route de Compostelle.
Eh oui, on peut se trouver, se retrouver, sur ce chemin-là semble-t-il, sans qu'il y ait pour autant d'objectif religieux.
Vous l'aurez compris, l'une de ces chambres d'hôtes accueillera Jérôme, égaré et hagard lors de la tempête qui s'abat sur sa « route », recueilli – presque sauvé – par celui qui par hasard ( ?) passait justement par-là : Vincent.
Voilà donc deux hommes qui se rencontrent, tard dans la vie, après des déboires affectifs, ou le calme plat de celui qui se résigne à ne plus aimer ou être aimé.
Et c'est notamment là que le récit est émouvant et original : deux êtres qui avaient renoncé à espérer et s'étaient résolus à finir leur vie... seuls, mais qui s'accompagneront avec bonheur dans cette belle romance, touchante et bien écrite, que j'ai aimée.
Et si l'on pense qu'il s'agit du tout premier roman de Marielle R., c'est vraiment une réussite !

C'est histoire part sur une base que l'on peut tous connaitre, un petit Burn out, un ras le bol, une fatigue, et du coup envie d'un grand bol d'air frais, de quitter la ville et son train train, faire une introspection sur sa vie, ses amours, ses envies…

C'est un peu le cheminement de Jérôme, en prenant son bâton de pèlerin, hors toutes questions religieuses, ils s'agit surtout de se retrouver ! Oui mais premier constat le chemin vers Saint jacques de Compostelle comment vous dire c'est loin, et puis épuisé au milieu du chemin qui sait ce que l'on peut trouver !

Vincent lui a du mal a poser sa vie après avoir retrouvé la vie civile, que faire après des années de carrière militaire, et se retrouver seul au milieu de la campagne à 50 ans, c'est pas sur le bord d'une route que l'on va trouver le compagnon d'une vie.

Entre le rat des villes et le rat des champs, il faudra trouver des compromis, savoir ce que l'on veut et ce que l'on attend de cette dernière partie de vie que l'on a envie de construire.

Une très belle histoire qui est née sous la plume de Marielle, deux cinquantenaires qui doivent décider de la troisième partie de leurs vies, c'est écrits avec justesse, et quelque sois notre âge ça nous parle et nous questionne nous aussi.

Un livre plein de fraicheur à lire à tout âge, et que je conseille.
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