Si, comme moi, vous aimez les romans policiers hors-norme, alors ce livre est fait pour vous. Nous trouvons bien un commissaire de police - disons qu'il n'est pas très vigoureux. Il pourrait presque passer pour un enquêteur dilettante. Il a connu, dans sa jeunesse, un restaurateur de meubles Metzger : ils étaient en quelque sorte des condisciples. qui est tombé sur le cadavre de son ennemi d'adolescence. Problème : le cadavre a disparu. Pourtant, Metzger est sûr de lui, de son fait : Dobermann a bien été assassiné. Par qui ? Pourquoi ? le voilà obligé de replonger dans son passé, lui qui a plutôt été l'éternelle victime des autres lycéens.
Victime, oui, mais la tête haute : Willibald a subi ce qui lui arrivait presque avec indifférence, lui qui ne voulait pas que sa mère, divorcée, s'en fasse encore plus pour lui. Son métier ne ravissait pas son père. Qu'importe ! Lui est heureux de ce qu'il fait, même si, parfois, une, deux, trois bouteilles accompagnent sa soirée.
Renouer avec le passé, c'est remuer ce que d'autres n'auraient pas voulu qui le soient. Revoir leur ancienne victime ne leur fait pas forcément plaisir - et s'il cherchait à se venger ? La mesquinerie ne vieillit pas, finalement. Metzger en apprend surtout beaucoup sur l'actuelle victime ignorée : Dobermann. Violeur, meurtrier, il est sorti de prison à cause d'une attaque cérébrale. Certains diront que la justice divine existe. Un autre (Metzger) voudra, vingt ans plus tard, avoir le coeur net sur ce qui s'est passé vingt ans plus tôt. Il va mener l'enquête, et au fur et à mesure des pages, il montera en puissance, disant quelques vérités au passage. Certains sont prêts à les entendre, un(e) autre est plutôt prêt(e) à le faire taire.
Au milieu de toutes ses rencontres, il en est une qui marquera Metzger : celle de Danjela, femme du concierge à son époque, veuve du concierge désormais - ils s'étaiet unis pour permettre à la jeune femme de rester en Autriche. Elle n'a pas changé en vingt ans, et elle est une des rares personnes en qui Willibald puisse avoir totalement confiance.
Un polar hors norme pour un enquêteur hors-norme.
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Un restaurateur de meubles mène l'enquête tranquillement. Il va retrouver l'histoire de ses camarades de terminale (camarades n'est pas le bon terme ...) puis doucement tisser les liens entre eux bien aidé par un mystérieux informateur. Quelques bouteille de vin plus tard, il découvrira la clé de l'énigme. le rythme est lent mais l'histoire se tient et le roman se laisse lire... calmement.
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Un artisan restaurateur de meubles se retrouve impliqué dans une enquête sur des meurtres impliquant ses anciens camarades de Terminale. Intrigue bien tournée, personnages attachants, retour sur les souvenirs d'école (on en a tous !). le vécu d'aujourd'hui se rapproche du vécu d'hier.
Polar autrichien, original, ça nous change des scandinaves ou des serial killers US. J'ai passé un bon moment !
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« Pourtant nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin de l’encouragement et du rejet, de la haine et de l’amour. Tous seuls, nous sommes des pièces de puzzle égarées. Seuls, nous sommes insignifiants. Certes, chacun doit faire seul le dernier bout de chemin, mais si notre départ n’a aucune importance, si la grange où nous avons emmagasiné la moisson de notre existence reste verrouillée pour empêcher qui que ce soit d’aller fouiner, c’est que nous étions seuls avant même d’effectuer le dernier voyage. Et c’est ça qui fait la différence. Savoir qu’on doit partir et savoir aussi que les empreintes de pas qu’on laisse sont des traces qui serviront à d’autres. » (p. 170)
Pour Willibald, que son métier met souvent en contact avec le monde de l'art et de la culture, les relations avec les homosexuels ont toujours été empruntes d'une grande cordialité. L'hostilité manifestée à leur encontre est peut-être le fruit de l'envie. Ils sont en effet beaucoup plus sensibles et respectueux à l'égard de ceux qui pensent autrement et, surtout, ils sont plus chaleureux/
« Ceux qui conçoivent la vie commune comme un entrelacement perpétuel sont des plantes parasites qui s’approchent de leur hôte sans se soucier de ses besoins, qui se servent de lui et prennent le contrôle jusqu’à ce qu’il soit complètement envahi. On peut comprendre que la victime développe alors ses propres pesticides sous la forme d’une passion pour les trains électriques, les sports d’endurance, le bricolage, les chiens ou les abeilles. » (p. 292-293)
« Après quelques tasses de café label Pospischill, Eduard regarde Willibald Adrian droit dans les yeux et dit: « On ne rajeunit pas. Le temps nous attelle à sa carriole et il nous fait tourner en bourrique, on tire, on tire… Et pendant que les années filent, le chariot reste enfoncé dans la gadoue. » Cette fois, Metzger ne se sent pas trop dans son assiette parce que, si un simple rire en commun se transforme en une épreuve émotionnelle, qu’est-ce que ce sera quand on devient profond ? » (p. 31)
Il arrivera un temps où plus personne ne voudra devenir enseignant et il ne restera plus à tous ces bavards ineptes qu'à s'occuper eux-mêmes de leurs enfants auxquels, dans le fond, ils ne s'intéressent pas du tout.