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Critique de Elouarn


On suit les "aventures" d'une famille dans un petit village. La grand-mère (grenouille de bénitier de retour de Lourdes) et le grand-père (léniniste ronchon) se cherchent des poux, et on commence l'histoire à un moment où le fossé entre eux est bien creusé, bien étayé. Ils habitent chez leur fille, son mari et leurs 2 enfants. Leur fils n'habite pas bien loin avec sa famille. Tout ce petit monde se côtoie sur fond de dispute, au moment de la communion des 2 cousines.

Rabaté réalise une chronique sur les gens simples, leurs gestes de tous les jours, leurs mots qui sous la banalité et les lieux communs dissimulent des sentiments plus ou moins profond, une sensibilité... Il prend du temps pour nous rendre ses personnages réels, pour qu'on apprenne à les aimer. L'histoire est surtout centrée sur le beau-fils, on connaît peu les petits-enfants et la belle-fille. Mais tous les autres personnages ont un caractère bien trempé. On connait tous des gens qui leur ressemblent. C'est sensible, émouvant, juste et drôle. C'est une respiration au milieu de la surproduction actuelle.

Un coup de théâtre se produit à la fin : on plonge dans le surnaturel. On attend, haletant, le 2ème chapitre. On retrouve notre bon vieux Rabaté, lassé de la BD après son adaptation fleuve d'Ibicus de Tolstoï débutée en 98 (magnifique du point de vue graphique, jamais égalé, mais si loin de son univers...). Futuro a sorti le mois dernier Les petits ruisseaux, dans la même veine, mais au style plus épuré, proche de celui de Prudhomme dans La Marie en plastique, mais aux couleurs à l'ordinateur pas très belles.

Prudhomme est étonnant et magnifique. Cet album ne ressemble à rien de ce qu'il a fait. Port Nawak est en noir & blanc, beaucoup moins réaliste, avec des dessins aux contours aléatoires. Ninon sécrète (de la saga des 7 vies de l'épervier avec Cothias) est surprenant chez Glénat, dans la collection Vécu, où le dessin doit être réaliste, propre et net. Comme si les auteurs avaient piégé leur éditeur en faisant glisser le style d'un réalisme approximatif et impersonnel vers un style propre à Prudhomme, plein de poésie. Avec l'adaptation du roman de Brassens, en compagnie de Davodeau, il s'ancre dans cette poésie, avec de belles couleurs, une mise en page libre, voila, c'est ça, on sent plein de liberté dans ce livre (merci Georges). Dans La Marie, le dessin est sobre, les couleurs proches des à-plats, la mise en page en gaufrier (de 8 parfois 9 cases) s'éclatant rarement en 2 grandes cases ou une case unique (comme les hors-texte dans Tintin). Les attitudes des personnages sont si proches de la réalité, que je suis surpris d'être surpris : comment les autres dessinateurs dessinent-ils ?? le grand-père est génial, sa tronche, ses attitudes, sa bougonnerie... le dessin est le miroir de l'histoire : on est dans la simplicité, la justesse.
Ben moi, j'aime Prudhomme et j'espère qu'il saura être reconnu un jour.
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