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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres...

Voilà la fin des vacances... Tandis que ses parents quittent leur résidence secondaire du Finistère, Albert y reste seul encore quelques jours avant d'intégrer Saint-Cyr. Ses amis, Francis et Édouard, profitent eux aussi de leur toute nouvelle liberté. Au programme des prochains jours : plage, pinard, repos. Dès le premier soir, ils accompagnent leur repas d'une bouteille piquée dans la cave du père d'Édouard. Et puis une autre qu'ils décident d'aller boire sur la plage. Pensant être seuls, ils sont étonnés de voir débarquer une jolie jeune femme, Odette. Peu farouche, elle leur propose d'aller se baigner nus, chose que les garçons acceptent aussitôt tant ils sont sous son charme. Ils ne savent pas encore qu'elle va les entraîner dans des territoires totalement inconnus pour eux...

Trois adolescents de bonne famille, promis à un brillant avenir (fac de droit, commerce ou Saint-Cyr), une jeune femme, à l'opposé de leurs idéaux, qui n'a pas froid aux yeux et compte, visiblement, profiter du charme qu'elle dégage, et ces quelques jours de liberté vont prendre un drôle de chemin, celui de l'illégalité. En découvrant ainsi les premières pages, l'on est vite surpris par la tournure des événements. Oscillant entre chronique sociale, roman noir, histoire d'amour ou comédie, cet album, au scénario engagé, souffle comme un vent d'émancipation et de liberté revendiquées. Les personnages sont attachants de par leur naïveté et leur prise de conscience, les dialogues savoureux et les rebondissements surprenants. Graphiquement, Pascal Rabaté nous plonge parfaitement dans les années 60 avec ses planches au ton passéiste et au trait épuré.
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Pascal Rabaté nous propose une nouvelle histoire de moeurs sociales se passant dans la France de l'après guerre. On sent monter la contestation d'une nouvelle jeunesse par rapport à ceux qui ont connu la guerre. Cela éclatera d'ailleurs en Mai 1968 avec le fameux slogan « sous les pavé, la plage » d'où le jeu de mot du titre.

J'ai bien aimé ce récit assez fluide mettant en scène trois étudiants et une jeune fille assez charmante mais j'ai un peu moins apprécié la fin qui m'a semblé un peu trop tarabiscoté.

Encore une fois, l'atmosphère de cette station balnéaire en plein milieu des années 60 est très bien décrit. On s'y croirait réellement. Il y a également la patte du dessinateur qui est absolument remarquable dans la précision des traits noirs rehaussés par des couleurs pâles.

La lecture s'est révélée tout de même assez plaisante voire amusante. C'est de la BD divertissement mais avec un message comme un conte moral sait en délivrer entre amour et liberté sur fond d'ordre social et des contraintes familiales. Certains en retireront une lecture assez jubilatoire notamment en raison des dialogues toujours aussi enlevées chez cet auteur qui ne manque pas de talent.

Cela se lit d'une traite avec une ambiance qui reste très sex, drug, and rock'n roll ! Pas de prise de tête ou de jugement, j'aime bien ce genre de lecture. A noter une nomination à la sélection officielle d'Angoulême 2022 qui est fort méritée.
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A la fin de l'été 1963, en Bretagne, trois jeunes gens issus de familles aisées se retrouvent seuls dans les maisons de leurs parents. Ils comptent en profiter pour s'affranchir de leur tutelle pesante et faire la fête ; ils rencontrent opportunément Odette, une jeune fille libérée qui devient vite l'objet de leurs fantasmes et va entraîner l'un d'eux dans des expériences inattendues. ● L'histoire est originale et l'ambiance du début des années soixante assez bien restituée. Les jeunes personnages sont attachants, même si les pères sont un tantinet caricaturaux. ● le titre, qui reprend un slogan de 1968, suggère bien l'intention de l'auteur de montrer dans ce roman graphique les signes annonciateurs de ce qui va se passer quelques années plus tard. ● C'est un album plein de charme source d'un très agréable moment de lecture, je conseille !
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« En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d'ancêtres. »
(André Breton, 4e de couv')
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Nous ne sommes pas en mai 68, mais en septembre 62, quelque part sur la côte bretonne.
Albert a 18 ans, mais n'est pas majeur.* Qu'importe, il se sent liiibre !
Ses parents bourgeois-constipés sont repartis à Paris, il se retrouve seul dans la résidence secondaire familiale. A deux semaines de la rentrée, il se promet d'en profiter, avec deux potes dans son genre : des gosses de riches, également promis à un brillant avenir. Ça commence par des soirées arrosées sur la plage à trois, une belle rencontre, et puis...
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Encore une fois, Rabaté nous régale avec une intrigue pleine de surprises et de suspense. Pas trop d'humour, cette fois, mais une jubilation affirmée face à certains rebondissements.
Je ne suis pas fan du graphisme, en revanche, qui pourrait laisser croire aux naïfs que nos (grands-)parents étaient aussi pâlichons dans la vraie vie que sur les vieilles photos NB ou sépia des années 60. J'ai également eu du mal à distinguer certains visages masculins, trop ressemblants, notamment un père & son fils.
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A lire pour l'ambiance, les idées de l'auteur...
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BD livrée le 31/12 à 8h15 dans un GIGANTESQUE emballage (ohé, les gens ! la pénurie de papier, à cause du carton du e-commerce, plus rentable, menace le secteur de l'édition).
Boulottée le soir-même - l'année 2021 s'est bien terminée !
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* en France, la majorité civile est fixée à 18 ans depuis le 5 juillet 1974 ; elle était auparavant fixée à 21 ans depuis 1792.
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Merci à Apikrus pour ce choix concerté lors de la MC Babelio ! 😘
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Cette B.D. est une jolie découverte où les méchants et les gentils ne sont pas toujours ceux qu'on croit.

L'histoire se déroule dans les années 60 alors que la société est encore dominée par une morale bourgeoise, rigide et conformiste, où les enfants font ce que leurs parents décident pour eux. La seconde guerre mondiale n'est pas si loin et certains en portent encore les stigmates.

Sous les Galets la Plage, c'est aussi une belle histoire d'amour même si elle commence de façon un peu douteuse car on peut s'interroger sur les motivations de cette jeune femme aux mauvaises fréquentations et aux moeurs très libres dans une société intransigeante.

J'ai beaucoup aimé le dénouement, un happy-end qui vient bousculer la morale de l'époque alors que l'intrigue avait pris un tour très sombre.

Les illustrations de Pascal Rabaté servent très bien le récit. Les personnages semblent parfois un peu figés dans leurs expressions, mais les dessins décolorés donnent l'impression que les teintes ont fané avec le temps.
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Un Rabaté qui vaut le détour !
Nous sommes au mitant des années 60 ; on cherche par tous les moyens à oublier la guerre et les Français partent en vacances ; les uns et les autres, selon leurs histoires familiales et personnelles, oscillent entre partis de droite et partis de gauche ; entre les bords de Marne et la côte Atlantique, entre Tradition et Modernisme. L'un comme l'autre - tradition & modernisme - étant comme on le sait de fieffés bonimenteurs.
Sous les pavés la plage.
Une société à l'aube de la révolution où le plus malin sera toujours celui qui saura se retrouver et grandir sans reprendre le flambeau laissé par d'autres, intentionnellement ou pas.
Comme le dit André Breton : « En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d'ancêtres. »
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Trois jeunes hommes se font chacun confier par leurs parents, la garde de la résidence secondaire familiale en bord de mer. Ils ne sont pas encore majeurs, et c'est l'occasion pour eux de s'offrir un peu de bon temps, loin de la surveillance parentale, dans l'attente de leur entrée prochaine dans des établissements prestigieux. Ils consomment quelques bouteilles stockées dans les caves de leurs maisons, et ont de quoi voir venir. Il s'agit probablement de bon crus vu le standing des demeures, mais pour eux "qu'importe le flacon, pourvu que l'on ait l'ivresse" (alexandrin d'Alfred de Musset, en 1831).
Une jolie jeune fille délurée croise leur chemin ; voilà une occasion pour ces gosses de riches de découvrir un peu mieux la vie...
Ces découvertes sont bien sûr pleines de surprises que je vous laisse le soin d'aller chercher en lisant cette bande dessinée d'un auteur à l'oeuvre variée, qui déçoit rarement.

Merci à Babelio pour cet envoi dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Pour la préservation des ressources naturelles - et pour faciliter la distribution dans les boîtes aux lettres - il serait cependant pertinent d'exiger des expéditeurs qu'il conditionnent les ouvrages dans des cartons mieux proportionnés aux dimensions de chaque ouvrage.
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Économiser sur le plaisir, tu parles d'un placement !
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2021. Il a été réalisé par Pascal Rabaté pour le scénario, les dessins, les lavis de gris et de brun, le lettrage. Il s'agit d'une bande dessinée de 134 pages. L'édition Canal BD comprend un cahier supplémentaire de 7 pages, avec une interview de l'auteur et des planches à différents stades réalisation.

Albert et son père flânent dans la grande rue de la cité balnéaire Kertudy, en regardant ce que proposent les différents étals de la brocante. le père s'arrête pour examiner une petite statuette d'un dieu crocodile, mais la repose quand le brocanteur lui indique qu'il s'agit d'un souvenir des colonies. Un peu plus loin, ils s'arrêtent devant un joli meuble. Marius, un type avec un béret, en train de fumer la pipe, leur en propose mille francs. le père commence à marchander : le vendeur se justifie de quatre francs par année, pour un meuble qui date du dix-huitième siècle. le père continue de négocier et ils se mettent d'accord sur cinq cents francs. Ils repartent avec le meuble et le père fait observer à son fils qu'il faut toujours marchander : c'est comme ça qu'on économise et qu'on peut épargner. Ils rentrent jusqu'à la résidence secondaire de la famille et installent le meuble. Les deux enfants plus jeunes finissent d'installer la bâche sur la remorque et la fixer avec des tendeurs. le père et la mère font leur au revoir à Albert, en lui remettant les clés de la maison : il reste encore quelques jours alors que le reste de la famille rentre. Peu de temps après, Édouard passe à vélo pour saluer son ami et s'assurer du départ de ses vieux. Ceux de Francis sont également partis. Les trois amis se retrouvent sur la plage. Édouard propose que le soir ils fassent un sort à la cave de son père. Dans la mesure du raisonnable, ils peuvent lui tirer quatre bouteilles au max, plus, il verrait. Édouard et Francis se mettent à faire une partie de badminton.

Le soir venu, les trois amis viennent de finir leur plat de pâtes et ils terminent la deuxième bouteille. La première était un Morgon la deuxième un Juliénas. Édouard indique qu'il n'a pas fait la différence entre les deux. Albert cherche dans la collection de disque : il en sort un peu déçu car il n'y a que du classique. Francis indique que le lendemain ils pourront aller chez ses parents qui ont des disques de jazz. Ils décident d'aller descendre la troisième bouteille, sur la plage. Ils s'y installent et font un petit feu, avec la mer devant eux, et leur héritage derrière. Ils commencent à faire tourner la bouteille, et ils entendent un bruit derrière eux : des gens qui se tiennent à l'entrée d'une villa, sûrement des résidents. Albert trouve ça bizarre, et il décide d'aller voir. Il se lève et avance vers la villa mais une personne allume sa lampe torche braquée sur lui, puis l'éteint. C'est une jeune femme qui leur demande si elle peut se joindre à eux. Ils acceptent. Elle boit un coup. Ils se présentent. Odette se déshabille pour aller prendre un bain de minuit. Les garçons la rejoignent.

Dès la première page, le lecteur est conquis par la narration visuelle. Une vue en plongée sur la rue principale de Kertudy où se tient la brocante. le dessin est de nature réaliste et descriptif, avec un degré de simplification pour le rendre plus rapidement lisible par l'oeil, et des détails marqueurs du lieu et de l'époque. le lecteur peut voir une affiche avec une graphie des années 1960, et des vespasiennes dans le coin en bas à droite de la première case. L'allure d'Albert et son père est étonnante de maintien et d'une forme d'assurance donnant une impression de supériorité, avec leur polo Lacoste immaculé et boutonné jusqu'en haut. Dès le départ, le lecteur ressent visuellement le décalage temporel. Il fait connaissance de Marius, avec sa veste à rayures horizontales et verticales, un béret sur la tête, une pipe et un chandail à col montant : une sorte de beatnik à la française. Les tenues vestimentaires sont encore assez strictes. de temps à autre, le lecteur voit passer un figurant : une femme avec un beau chapeau, un scout de France avec son uniforme caractéristique. Une jeune femme avec une belle robe aux motifs imprimés. Un homme bedonnant se promenant sur la plage avec sa chemise et son pull sans manche. Il en devient presque difficile de croire que Francis ou Edmond puissent porter des teeshirts sans col. L'artiste sait insuffler de la vie et de la personnalité à chaque protagoniste, avec des traits de contour pas forcément jointifs, parfois comme tracés sur le vif. le lecteur ressent leur état d'esprit : l'assurance militaire du père d'Albert, l'assurance très différente de Marius qui donne l'impression d'une étonnante liberté par rapport aux contraintes de la société, les expressions vives d'Albert et de ses amis qui découvrent la vie sans être blasés, les expressions plus ambigües d'Odette dont il n'est pas possible de deviner le fond de sa pensée ou la réalité de ses émotions, etc. Rien qu'à regarder chaque personnage, le lecteur perçoit une partie de son caractère, voit les différences entre l'un et l'autre.

Le lecteur remarque rapidement la qualité de la mise en scène, en particulier au travers des scènes de dialogue où le bédéiste ne se contente pas d'alterner des champs et contrechamps, mais montre l'activité à laquelle se livrent les personnages en même temps, ou comment ils changent de posture en fonction de l'évolution de leur état d'esprit, ou encore la façon dont ils prennent une mimique étudiée quand ils se livrent à une forme de séduction, de manipulation plus ou moins consciente. Dans un premier temps, le lecteur éprouve l'impression qu'il y a même régulièrement des pages muettes, sans aucun mot ni de dialogue, ni dans un cartouche. En réalité, il n'y en a que douze, mais l'auteur laisse souvent parler des cases uniquement par le dessin. En fonction de sa sensibilité, le lecteur le remarque plus ou moins rapidement. Cela peut être en page 27, quand Odette se déshabille devant les trois garçons sur la plage de nuit, pour aller prendre un bain de minuit, dans une bande de trois cases, où à l'évidence Albert, Francis et Édouard ne disposent pas des mots nécessaires pour exprimer l'intensité de ce qu'ils ressentent. Cela peut survenir plus loin quand Albert connaît sa première expérience sexuelle en pages 67 & 68. Page 100, il découvre une autre planche sans mot, Albert allongé sur le dos profitant du moment présent, de la sensation de bien-être et même de bonheur. le lecteur ressent cette sensation et se retrouve à sourire doucement de contentement. Page 80, un monsieur bedonnant promène son chien sur la plage : sympathique, évident de naturel, mais qu'est-ce que ça vient faire là ?

C'est un peu la question que le lecteur finit par se poser. La narration visuelle est douce empathique, les personnages sont sympathiques et complexes. La narration visuelle lui permet de se promener : sur une plage sans personne, dans des intérieurs de résidence secondaire, dans un magasin d'alimentation général, à vélo au beau milieu d'une route de campagne déserte, dans une vieille grange immense servant d'entrepôt à des meubles, etc. le lecteur apprécie ce moment hors du temps, de jeunes hommes tout juste adultes, livrés à eux-mêmes dans une station balnéaire en arrière-saison, les rues étant vides, les habitants très peu nombreux et comme inexistants, car les jeunes gens ne les croisent jamais. le récit devient à la fois une histoire alternant les environnements, et presque un huis-clos entre une demi-douzaine d'individus, car il n'y a pas de petits rôles et très peu de figurants. Dans un premier temps, le lecteur est donc séduit par ce supplément de vacances hors du temps et de l'agitation du monde, puis par le mystère d'Odette, cette jeune femme qui n'a pas froid aux yeux, tout en en ne semblant pas fréquentable. Puis il se retrouve happé par le chantage que subissent les trois jeunes gens. Il se prend au jeu de l'intrigue, pour savoir si les trois jeunes hommes s'en sortiront. Il apprécie l'approche naturaliste de l'auteur : le récit ne verse pas dans le roman d'aventure, ni dans le mélodrame. Il n'y a que l'histoire personnelle d'Odette et celle d'Edmond qui sont un peu appuyées, tout en restant plausible, et peut-être que celui qui les évoque n'est pas forcément entièrement fiable.

Au fur et à mesure des séquences, l'auteur oppose donc la jeunesse tranquille et assurée d'Albert, Édouard et Francis à celle d'Edmond et d'Odette, la vie bien rangée des parents des trois jeunes gens, à celle bohème de l'autre trio. D'un côté des vies qui semblent bien tracées dans la société, de l'autre des vies en marge de la société, du mauvais côté de la loi. Dans la dernière case, apparaît le A de l'anarchisme, seule échappatoire possible pour des individus refusant le carcan de la norme sociale, ou dont l'histoire personnelle ne leur permet pas de s'y conformer, en tout n'ayant aucune intention de l'entretenir, de la perpétrer. La situation échappe à une dichotomie simpliste, grâce au personnage d'Albert. À travers une scène terrifiante, l'auteur fait apparaître le prix que le jeune homme a à payer pour faire partie de la bonne société, la réalité des leçons à recevoir, à subir, à endurer, auxquelles se plier pour rentrer dans le moule. le lecteur peut supposer qu'il en coûte autant, d'une autre manière, à Édouard et à Francis. le récit sort alors d'une vague virée plus ou moins romanesque dans l'illégalité, pour une représentation plus nuancée et plus sombre des dessous de l'humanité, chaque personnage étant tout aussi façonné par les lois systémiques de la société, par les traumatismes historiques (par exemple seconde guerre mondiale) dont les séquelles sont encore des plaies ouvertes faisant souffrir les individus.

Pascal Rabaté propose un récit naturaliste entre thriller, polar et chronique sociale. Il installe très élégamment les circonstances : l'année, le lieu, l'époque, la classe sociale des personnages, tout cela façonnant l'intrigue de manière organique, à l'opposé d'un mécanisme d'intrigue artificiellement plaqué sur un contexte sans incidence. le lecteur est touché par la jeunesse des personnages, leurs choix, leur conformisme ou leur esprit de rébellion, de refus, le rôle et la place dans la société qui leur ont été attribués d'autorité, les cantonnant d'office à une vie ou à une autre. La narration visuelle est d'une rare élégance, évidente de bout en bout en bout, douce et consistante. L'histoire révèle progressivement ses saveurs sociales, peut-être pas assez affirmées, un peu en retrait de l'intrigue, empreintes d'une fatalité qui semble attribuer un monolithisme à la société française établie de l'époque, une société de plomb figée, plus une exagération qu'une réalité.
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Dans les années 60, Albert, Edouard et Francis, âgés de 18 ans, sont autorisés à rester seuls quelques jours dans la villa de leurs parents aisés dans uns station balnéaire de Bretagne.
Pour chacun de jeunes issus de la bourgeoisie, le parcours et l'avenir sont tracés : magistrat pour l'un, chef d'entreprise pour le second et officier dans l'armée pour le dernier.
Une nuit sur la plage, ils vont faire la connaissance d'Odette, une jeune femme vive et espiègle.
Cette rencontre va chambouler leurs vies respectives, leur amitié et leurs projets d'avenir.
Belle rencontre ou rencontre dévastatrice ?

Très belle BD sur la bourgeoisie et la reproduction sociale. le dessin est soigné mais les couleurs sont trop pâles à mon goût.
La fin laisse envisager la possibilité d'une suite. A Voir ?
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Sous les galets, la plage... Voilà un titre sacrément évocateur faisant écho au fameux slogan de Mai 68 "Sous les pavés, la plage !"
Et par ce titre, Pascal Rabaté pose magistralement le cadre du récit, dans cette époque juste avant Mai 68 où les moeurs sont encore très orientées patriarcat vieille école.
L'exemple de la famille d'Albert en est flagrant, avec ce père officier militaire paressant autoritaire et qui a déjà planifié l'avenir de son fils ainé dans le même domaine que lui...
Seulement Albert fera la rencontre de la charmante Odette, qui finalement va lui faire chambouler ses projets tracés et le faire rentrer dans l'âge adulte et de responsabilité.
Ainsi, Albert ira, à sa manière, à l'encontre du destin choisi par son géniteur par une révolte insouciante et l'expression d'un besoin de liberté (peut être annonciatrices de la tension sociale globale qui monte).
Au-delà de cette chronique historico-sociétale, l'auteur mêle dans son récit un soupçon de polar et une histoire d'amour peu commune.
Et l'alchimie prend parfaitement, le suspens fonctionne et le doute quant aux sentiments véritables d'Odette est permanent.
Le lecteur sera partagé jusqu'à la fin (ou presque) sur le véritable dessein de la jolie protagoniste.
Coté dessin, le trait souple de l'auteur apporte une belle vivacité sur les situations et les mises en scène.
Les cadrages dynamiques sont superbement choisis, alternant ainsi une belle variété de plans pour notre bonheur visuel.
Les grandes cases aérées apportent une sensation de liberté, malgré tout contenue par les bordures des cases, pour rappeler ainsi au lectorat qu'il existe quand même des limites à ne pas franchir, ce que les protagonistes comprendront aussi (ou pas...) à leur insu.
Les couleurs assez ternes sur des dominantes semblant grises, sépia, noires, bleutées font écho a une morosité ambiante d'un monde trop parfait.
Elles s'accordent, de plus, parfaitement avec l'histoire pour intensifier la légère angoisse des larcins commis.
Les scènes nocturnes sont particulièrement bien réussies avec de très beaux aplats.
En refermant cette BD, il vous restera probablement une certaine amertume qui vous rappellera à la situation contemporaine et vous interrogera.
Ne sommes-nous pas encore dans un schéma patriarcal gouvernemental ?
N'y a-t-il pas une certaine exaspération communautaire prête à exploser ?
Lien : https://www.7bd.fr/2022/01/s..
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