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Citations sur Gargantua et Pantagruel (6)

Gargantua, depuis les troys jusques à cinq ans, feut nourry et institué en toute discipline convenente, par le commandement de son pere et celluy temps passa comme les petits enfans du pays : c’est assavoir à boyre, manger et dormir ; à manger, dormir et boyre ; à dormir, boyre et manger.
Tousjours se vaultroit par les fanges, se mascaroyt le nez, se chauffourroit le visaige, aculoyte ses souliers, baisloit souvent au mousches, et couroit voulentiers après les parpaillons, desquelz son pere tenoit l’empire. Il pissoit sus ses souliers, il chyoit en sa chemise, il se mouschoyt à ses manches, il mourvoit dedans sa souppe.

GARGANTUA : Chapitre XI.
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C'est pourquoi, mon fils, je t'engage à employer ta jeunesse à bien progresser en savoir et en vertu. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon : l'un par un enseignement vivant et oral, l'autre par de louables exemples peuvent te former. J'entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le grec, comme le veut 0uintilien, deuxièmement le latin, puis l'hébreu pour l'Écriture sainte, le chaldéen et l'arabe pour la même raison, et que tu formes ton style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin.
Qu'il n'y ait pas d'étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu t'aideras de l'Encyclopédie universelle des auteurs qui s'en sont occupés.
Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t'en ai donné le goût quand tu étais encore jeune, à cinq ou six ans, continue.
De l'astronomie, apprends toutes les règles, mais laisse-moi l'astrologie et l'art de Lullius comme autant d'abus et de futilités.
Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me les mettes en parallèle avec la philosophie. Et quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t'y donnes avec soin : qu il n'y ait mer, rivière, ni source dont tu ignores les poissons ; tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, arbustes, et les buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l'Orient et du midi, que rien ne te soit inconnu.
Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les Talmudistes et les Cabalistes, et, par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de l'autre monde qu'est l'homme.
Et quelques heures par jour commence à lire l'Écriture sainte : d'abord le Nouveau Testament et les Épîtres des apôtres, écrits en grec, puis l'Ancien Testament, écrit en hébreu.
En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l'étude pour apprendre la chevalerie et les armes afin de défendre ma maison, et de secourir nos amis dans toutes leurs difficultés causées par les assauts des malfaiteurs. Et je veux que, bientôt, tu mesures tes progrès ; cela, tu ne pourras pas mieux le faire qu'en soutenant des discussions publiques, sur tous les sujets, envers et contre tous, et qu'en fréquentant les gens lettrés tant à Paris qu'ailleurs.
Mais – parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n'entre pas en âme malveillante et que Science sans Conscience n'est que ruine de l'âme – tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi nourrie de charité, tu dois être uni à lui, en sorte que tu n'en sois jamais séparé par le péché.
Méfie-toi des abus du monde ; ne prends pas à cour les futilités, car cette vie est transitoire, mais la parole de Dieu demeure éternellement. Sois serviable pour tes prochains, et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis la compagnie de ceux à qui tu ne veux pas ressembler, et ne reçois pas en vain les grâces que Dieu t'a données. Et, quand tu t'apercevras que tu as acquis tout le savoir humain, reviens vers moi, afin que je te voie et que je te donne ma bénédiction avant de mourir.

Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.
D'Utopie, ce dix-sept mars,
Ton père, Gargantua.
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Aux uns il écrabouillait la cervelle, aux autres il rompait les bras et les jambes, aux autres il disloquait les vertèbres du cou, cassait les reins, abattait le nez, pochait les yeux, fendait les mandibules, enfonçait les dents en la gueule, défonçait les omoplates, mettait les jambes en marmelade, déboîtait les hanches, bousillait les avant-bras.
Si quelqu'un voulait se cacher entre les ceps les plus épais, il lui fracassait toute l'arête du dos et lui brisait les reins comme à un chien. Si l'un voulait se sauver en fuyant, il lui faisait voler la tête en morceaux par la commissure lombodoïde. Si quelqu'un grimpait à un arbre, pensant y être en sûreté, il l'empalait de son bâton par le fondement.
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Dans l'abbaye il y avait alors un moine nommé frère Jean des Entommeures, jeune, gaillard, leste, jovial, adroit, hardi, aventureux, grand, maigre, bien fendu de gueule, bien avantagé en nez, beau dépêcheur de prières, beau débrideur de messes : bref, un vrai moine, si jamais il en fut depuis que le monde moinant moina de moinerie. Au reste, savant jusqu'aux dents en matière de bréviaire.
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— L’appétit vient en mangeant, disait Angest on Mans ; la soif s’en va en buvant.
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