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On lit peu Rabelais, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Une des mauvaises, c'est la désaffection dans laquelle est tombée la littérature française, suite au désastre scolaire et aux entourloupes contemporaines autour de la culture (devenue "patrimoine" en certains cas, autrement dit mort et poussière, et en d'autres cas, rap et post-littérature). Une bonne raison de ne pas lire Rabelais, c'est l'état dans lequel la défunte école française l'avait réduit, en tranchant dans le texte pour n'en laisser surnager que la noble prose humaniste et quelques récits "populaires". Une autre bonne raison de ne pas lire cet auteur, c'est sa langue magnifique, mais d'un abord difficile et même pénible quand on n'a pour soi que Virginie Despentes ou Edouard Louis. Le lecteur de Rabelais plonge dans une langue française variée, multiple, "verte", allant du registre le plus bas, le plus grossièrement physique, au pastiche de la rhétorique latine, et inversement, des utopies les plus innovantes aux aventures et voyages de romans de grande consommation. Le tout parodié, retravaillé et fondu dans un ensemble incompréhensible où la règle d'unité de ton est systématiquement transgressée. Aristote surgit en pleine histoire de moutons, les rêves autoritaires, totalitaires, égalitaires de Thomas More s'incarnent en une abbaye aux proportions soigneusement cabalistiques, réservée à une élite qui fera ce qu'elle veut. Le roi, censé être le héros, laisse la place à un Panurge qui parcourt le monde non pour y amasser trésors et connaissance, comme un vulgaire Ulysse ou un conquistador courant, mais pour savoir s'il sera cocu s'il se marie. Tout ceci dépasse largement le lecteur moderne, mais comme une randonnée en montagne, lui accorde les plus grandes joies. Nous aimons que les livres "culturels" reflètent nos préjugés, notre langue informe, notre triste passion du lynchage et de la "dénonciation" : le culturel est fait pour ça, sermonner le lecteur en le flattant comme un miroir magique. Rien de plus familier et normal que la prose de Virginie Despentes ou d'Edouard Louis : ils sont nous-mêmes en pire, ils écrivent et pensent comme nous. Rabelais n'est pas difficile parce qu'il est en français de la Renaissance, il est difficile parce que nous ne sommes pas prêts à l'écouter nous surprendre.
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Troisième lecture (en 60ans) de ce chef d'oeuvre d'imagination, de truculence satyrique et toujours la même intensité de bonheur renouvelé.

Un " OVNI " dans la . littérature du Moyen Age

.. ...." .Et pourquoi Rabelais? Parce ce qu'il est le pionnier, le fondateur, le génie du non sérieux dans l'art du roman " ( Salman Rushdie )

Gargantuesque et pantagruelique
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Incontournable, pour la langue, l'imagination démesurée, la truculence, la joyeuse paillardise, les jeux de mots, les aventures improbables... bon, voilà que je me lance dans un inventaire... à la Rabelais !
Bien sûr, on n'est pas obligé d'apprécier, mais il faut tout de même bien connaître ces figures devenues parties intégrantes de notre culture et de notre vocabulaire : Panurge et ses moutons, Pichrocole et ses guerres, Pantagruel et ses excès alimentaires...
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Rabelais Gargantua et Pantagruel
Dans une première notice j'ai écris:
Mes excuses, au moment cette oeuvre célèbre m'est trop grande pour faire une note au pied levé. Il me faut quelque temps pour réfléchir à ce qui est important de dire. En tout cas, c'est une oeuvre de la littérature mondiale.

Maintenant j'ose ajouter quelques pensées:
Gargantua et Pantagruel (GeP) est paru entre 1532 et 1564. Cette oeuvre est tellement extraordinaire que je suis d'avis il faut mettre en relief quelques aspects:

La maîtrise de langue de Rabelais (R)
GeP est une oeuvre en dehors de la traditionnelle littérature du Moyen Age finissant et du début De La Renaissance, pas seulement à cause de ses histoires de phantaisie des deux géants, père et fils, mais surtout à cause de sa maîtrise de langue. GeP est un trésor de styles de langue, de dialectes, de jargons divers (jargon de droit, de médecine, de philologie), et une mine de nouvelles créations de mots, de mots étrangers, de locutions et de proverbes. Cette maîtrise de langue incomparable a amené des spécialistes de langue et des traducteurs de s'occuper de cette oeuvre à travers les siècles.

Une interpretation
On n'a pas cessé d'essayer d'expliquer GeP comme une oeuvre qui a un message général. Sans success. GeP est divisé en cinq livres et ces livres ont un caractère bien different. Ce qu'on peut dire c'est que GeP est l'expression d'une envie de fabulation sans frein avec de la critique satirique dirigée contre une foule d'avis du temps, tout cela présenté avec une langue magistrale.

Les sources de l'oeuvre
Il y a un livre de la littérature populaire qui raconte d'un géant Gargantua, paru en 1532. Ce livre connecte des éléments du cycle du roi Arthur et la littérature populaire (des contes de géants). Mais l'importance de cette source pour l'oeuvre de R est très petite.

Ma source pour cette notice a éte Kindlers Literatur Lexikon (allemand, 25 volumes), l'article sur GeP dans volume 9, page 3776. Je ne sais pas si ce dictionnaire existe en français.
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On n'entre pas facilement dans une oeuvre comme celle-là, écrite en une langue que nous comprenons mal, et selon une esthétique et des thèmes que nous croyons comprendre. Il faut, comme pour d'autres, une clé, un passeur, qui nous fasse pénétrer dans l'univers de Rabelais, si foisonnant et si déroutant. Ces géants qui cessent de l'être d'une page à l'autre, ces pages scatologiques succédant ou précédant des morceaux de grande éloquence à la latine, ces constantes allusions à une actualité du temps, comment s'y retrouver ? Peut-être vaut-il mieux éviter de se lancer seul dans le Pléiade, et prendre la température, humer le vent et se tester au contact de modestes éditions scolaires de morceaux choisis en "bilingue", grâce auxquels on trouvera la passerelle nécessaire pour entrer dans les romans complets. le bonheur de lecture échu en récompense sera inégalable.
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C'est complet !
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"C'est rabelaisien". Qui n'a pas déjà lu cette expression?
A force d'être intrigué, j'ai voulu connaitre l'origine de cet adjectif qui signifie gaulois, grivois, truculent... Et j'ai tenté de lire François Rabelais.
Considéré comme un précurseur du roman moderne, il publie d'abord Pantagruel en 1532 (librement inspiré voire parodié de deux humanistes italiens) puis Gargantua en 1534. Cela a donné naissance aux adjectifs pantagruélique et gargantuesque. de nombreuses versions ont existés en vieux français amélioré pour rendre plus facile la compréhension. Mais cela reste quand même difficile avec ces tournures et vocabulaire éculés. Il y'a souvent de nombreuses notes en bas de page qui fournissent des explications (parfois plus longues que l'histoire en elle même). Il ya souvent de longues énumérations loufoques qui ne sont pas sans rappeler San Antonio..
Après avoir ramé un peu j'avoue, avec cette prose venue tout droit des débuts des temps modernes, j'ai eu la surprise de trouver une version entièrement "traduite" en français moderne, un recueil de quasi 1000 pages paru en 2019: Rabelais, les cinq livres par Claude Pinganaud.

Pantagruel et Gargantua tiennent à la fois du conte parodique et chevaleresque moyenâgeux avec une bonne touche de paillardise ,de goinfrerie et d'ode au bien boire.
Comme le suggère l'auteur "il ne faut point s'arrêter au sens littéral mais d'interpréter le texte au-delà de son apparence frivole, et de chercher la « substantifique moelle » de ses écrits ".
Derrière ces histoires de géants se cache une critique de son époque, de l'impérialisme de Charles Quint, des pseudos savants de la Sorbonne, de la vie monastique. Ce sont pour moi les deux livres qui méritent vraiment le détour.



Dès le Thiers Livre (1546), on oublie un peu les géants et bien que Pantagruel soit toujours au centre de l'histoire, Panurge y prend une place conséquente. Cet ami de Pantagruel explique avec une belle mauvaise fois les avantages et inconvénients de l'endettement. le reste du livre sera une longue quête de contradictions de ce dernier pour savoir s'il doit ou non se marier. Pour motiver sa décision, il va demander conseil à un sage, un savant, un fou.. le récit un peu déstructuré va terminer sur une éloge du pantagruélion (sorte de mix entre chanvre et lin) et ce qui va amorcer le Quart Livre: un voyage en mer mystérieux.

Le Quart Livre (1548) relate les péripéties de Pantagruel, Panurge et son équipe en mer. Ils vont poser l'ancre sur diverses îles où vivent des peuples aux moeurs étranges. Il s'agit souvent d'une satire des moines et leur vie stricte, des guerres des religions avec toujours ce rapport à la nourriture et la boisson.
Une tempête et la rencontre d'un cachalot va mettre à rude épreuve les nerfs de l'équipage.
Les nombreuses références relatives à la mythologie grecque et romaine et la bible rendent la compréhension difficile voire indigeste
Après une trame décousue, le livre se termine sur Panurge, le poltron qui se conchie.

L'isle sonnante / Cinquième livre (1564) parut de manière posthume dont il existe plusieurs versions, sonne le glas de l'épopée de Pantagruel et Panurge. Il s'agit d'une suite de plus en plus ésotérique du voyage et de la quête quasi alchimique de la dive bouteille.
La "pantagruéline pronostication " paru en 1533 après Pantagruel puis remanié, termine de manière plus légère ce gros recueil sous forme d'un almanach perpétuel, moqueur à l'égard des superstitions.
Rabelais fut condamné pour hérésie, ses romans censurés mais s'en sors grâce à un privilège royal de François Ier. Critique envers les ordres monastiques, et malgré une pensée qui pourrait se rapprocher de la réforme protestante, il s'attire les foudres de Calvin. Médecin, humaniste, il est considéré comme libre penseur et partisan d'une fois évangélique avec une très grande érudition.
Son style erratique est rempli de calembours et autres figures de style, de verve, d'allégories et mots régionaux.

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Un Maître alchimiste, grand spécialiste de la langue des oiseaux.
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