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Critique de caroleV


Histoire d'un couple de trentenaires qui se déchire après 10 années de mariage, le Jardin Noir est avant tout le récit d'une libération intérieure, de la renaissance humaine et spirituelle d'une jeune femme, Véronique. Mariée à Raphaël, ils forment ensemble, en dignes héritiers de mai 68, un couple libre et sans contrainte, essentiellement soucieux de tirer de leur vie un maximum de jouissance. Véronique a pour priorité la quête du plaisir et de tout ce qui peut le lui procurer, en premier lieu son travail dans le monde des affaires auquel elle se livre corps et âme. Prête à tout pour réussir, elle excelle dans l'univers du conseil et ne vit plus, ou presque, qu'à travers le plaisir que lui transmet l'exercice du pouvoir, reléguant au second plan son mariage et Raphaël. Au fil des pages le roman dénonce avec subtilité l'impasse où s'est enfermée, peu à peu, Véronique, comme beaucoup dans nos sociétés occidentales : l'impasse d'un individualisme qui tend à devenir si excessif qu'il fait de nous, presque à notre insu, des êtres narcissiques et superficiels, incapables d'un rapport vrai à l'autre et à soi-même.
La vie de Véronique bascule le jour où son mari lui apprend, brutalement et sans scrupules, qu'il en aime une autre. Par une curieuse alchimie, c'est à travers l'expérience de l'abandon, de l'échec, de l'humiliation d'être "plaquée" pour une jeune et belle chinoise, que Véronique va être amenée à prendre conscience de la vanité et de l'inconsistance de son être, prisonnier d'un ego bouffi d'orgueil et d'égoïsme à force de ne rechercher que son propre plaisir. le voile des apparences trompeuses se déchire, mettant à jour sa part de fragilité et de faiblesse. Enfin Véronique se libère de son rôle de « superwoman » qui entretient l'illusion d'une « toute-puissance » que rien ne peut ébranler.
Ce qui fait, pour moi, la force et la beauté de ce roman, c'est qu'il décrit avec beaucoup de finesse et de profondeur le voyage intérieur qu'entreprend Véronique pour renaître de ses cendres. Cette dernière fait l'expérience, bien malgré elle, d'un véritable « parcours pascal ». Grâce à l'écriture à la fois sobre et poétique de l'auteure, c'est avec ravissement qu'on accompagne la jeune femme dans son cheminement, depuis l'effondrement de tout son être lorsque son mari la quitte, jusqu'à l'avènement d'une possible Résurrection. La renaissance de Véronique se joue en grande partie dans un jardin situé en bas de chez elle. Pour faire face à sa souffrance, elle ressent en effet le besoin d'en arpenter les sentiers et d'affronter la désolation du « jardin noir », qui seul peut la dépouiller et faire jaillir la lumière. C'est là, dans la beauté et le silence de la nature, que Véronique mesure le chemin qu'elle doit parcourir pour redécouvrir la vie comme un don et non comme un dû, comme un mystère à recevoir dans la gratuité...

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