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EAN : 9782366350005
443 pages
Editions de l'Evolution (21/02/2013)
3.4/5   5 notes
Résumé :
En 450 pages captivantes, la vie du grand naturaliste, explorateur et théoricien, qui allait découvrir du fond des îles Moluques le mécanisme de l’évolution ― la sélection naturelle ―, et en envoyer l’exposé à Darwin. Douze années dans les jungles d’Amazonie et de Malaisie à chasser, écorcher, épingler insectes, papillons, oiseaux , à cataloguer, théoriser. Puis à sa vie d’humaniste en Angleterre, consacrée à la science, au droit des faibles, au spiritua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le 18 juin 1858, le biologiste Charles Darwin reçut une lettre qui le laissa sans voix. Un jeune collecteur d'insectes lui écrivait d'Indonésie pour lui soumettre un article dans lequel il émettait une hypothèse originale pour expliquer la variation des espèces. Selon lui, l'évolution était liée à un phénomène de sélection naturelle. Pour en arriver à cette conclusion, il avait observé la distribution des espèces et leur variation au cours de plusieurs années d'expéditions en Amérique latine et en Asie. A l'époque, Darwin affinait sa théorie depuis dix ans et ce qui n'était pour son correspondant qu'une géniale intuition commençait à prendre forme scientifique. Darwin dirait plus tard que c'était comme s'il lisait sa propre théorie. Piqué au vif, il se mit immédiatement au travail, publiant en 1859, ce qui restera son chef d'oeuvre: L'Origine des espèces.

Le jeune naturaliste s'appelait Alfred Wallace. C'était un autodidacte qui avait commencé sa carrière comme géomètre arpenteur puis s'était lancé dans l'aventure, voyageant dans le monde entier pour trouver des insectes et des oiseaux rares qu'il envoyait à un agent pour qu'il les vende aux musées et aux collectionneurs fortunés. Et cet homme là avait compris ce que tant de naturalistes de par le monde cherchaient en vain. Il écrirait au soir de sa vie: " L'idée me vint, comme elle était venue à Darwin, dans une intuition fulgurante; elle fut ensuite longuement mûrie - et transcrite avec les divers développements et applications qui m'apparurent sur le moment - puis recopiée sur papier fin et envoyée à Darwin - tout cela en l'espace d'une semaine. J'étais alors (...) un jeune homme pressé; lui, le chercheur patient et scrupuleux, préférait travailler à la pleine démonstration de la vérité qu'il avait découverte au lieu de s'assurer une reconnaissance immédiate".

A travers la figure un peu oubliée d'Alfred Wallace, Peter Raby ressuscite tout une époque, tout un monde. Extrêmement documenté, l'ouvrage évoque d'abord ce milieu étrange des collecteurs, nécessaires à la science mais méprisés par de nombreux universitaires parce qu'autodidactes. Ces jeunes explorateurs, en cheville avec des marchands londoniens prenaient des risques insensés pour mettre la main sur tel papillon rare ou telle espèce de paradisier au plumage flamboyant. Curieux de tout, il finissaient leurs carrières dans les cercles savants d'entomologistes ou de botanistes dont ils assuraient souvent le secrétariat.

Raby montre aussi que de nombreux scientifiques étaient depuis le début du siècle à la recherche d'une théorie de l'évolution. C'était un des débats les plus chauds dans ce milieu partagé depuis tant d'années entre évolutionnistes et catastrophistes. Au fond, Wallace savait ce qu'il cherchait.

L'ouvrage est passionnant parce qu'il nous montre Wallace dans son épaisseur, dans sa complexité. Un personnage souvent brillant mais volontiers entêté, prêt à défendre les idées les plus en pointe sur le plan politique ou scientifique, socialiste avéré et naturaliste de renom mais capable de se fourvoyer, parfois de manière grotesque comme lorsqu'il soutenait le spiritisme. Raby s'interroge aussi sur les raisons qui ont poussé à maintenir la figure de Wallace dans l'ombre. Il étudie très rigoureusement l'hypothèse d'un complot des amis et descendants de Darwin pour le faire disparaître des mémoires. Cette thèse, défendue par plusieurs historiens, part du principe que Wallace aurait eu l'antériorité de la découverte sur Darwin. En bon historien, Raby fait parler les archives, il confronte les souvenirs des uns et des autres, il convoque la correspondance Darwin - Wallace et analyse leur relation au cours des vingt-trois ans durant lesquels ils se sont côtoyés et sa conclusion est tout empreinte de bon sens. Quoiqu'il en soit, c'est bien Darwin qui a publié les textes fondamentaux et donné au monde une théorie définitive. Quant à l'oubli, n'est-il pas lié aux obsessions de nos sociétés qui aiment les grands hommes et ne partagent pas facilement les honneurs? Au total, ces 400 pages se lisent comme un roman et on plonge dans la communauté scientifique de l'Angleterre victorienne avec beaucoup de bonheur.

Il faut souligner l'engagement éditorial des Editions de l'Evolution qui publient cette biographie de Wallace en français. Il s'agit du premier ouvrage qui lui est consacré disponible dans notre langue, nul doute que cela vienne combler un manque.
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Merci à Babelio et les Éditions de l'Évolution pour ce livre de masse critique (même si ma critique arrive très tard, mais comme Wallace, j'ai pas mal voyagé, et le courrier arrive toujours trop tard.)

Voilà une magnifique biographie-aventure à lire ! Un superbe moment de science et d'humanisme.

Je connaissais Alfred Wallace puisque je suis écologue et que l'évolution, c'est mon quotidien. J'ai été très surprise par la qualité de cette biographie. Elle se lit très facilement et est très bien renseignée, beaucoup de références bibliographiques.

On découvre donc l'oublié Alfred Wallace, codécouvreur de la théorie de l'évolution par sélection naturelle. Bon, je ne sais pas si codécouvreur est le meilleur terme, car il l'a formulé bien après que Darwin l'ai découverte, mais pas encore publié (Darwin a été très « peureux » sur la publication de ses travaux sur ce sujet). Je pense aussi qu'on peur porté au crédit de Wallace le début des études de biogéographies.

On découvre donc cet homme, issu d'un milieu très modeste, qui travaillera dès son plus jeune âge et qui se passionnera très tôt pour l'entomologie. Comme quoi les insectes ça même à beaucoup de choses… À 20 ans, il part en Amazonie pour collecter des spécimens afin de se faire de l'argent (il ne faut pas oublier qu'à cette époque, la richesse de la biodiversité n'était pas encore très connue, ni très popularisée). Mais c'est sans compter son âme de scientifique. Je ne vais pas résumer ce voyage ou celui, le plus important de sa vie en Malaisie où il y fera ses plus grandes découvertes. Mais ces deux voyages sont des vraies aventures, aventures scientifiques, aventures humaines et aventures culturelles.

Peu de choses sur sa vie personnelle, on a les informations classiques, amis, famille, etc., mais pas de voyeurisme. L'homme était timide.

Ce que j'ai découvert c'est le côté humaniste de l'homme. Socialiste avant l'heure, écologiste avant l'heure, et aussi anthropologue qui dénonçait la manière de traiter les indigènes. Vraiment une part très intéressante de sa personnalité.

La partie de sa vie qui peut sembler la plus étrange, et son dévouement corps et âme, pour le spiritisme. Une pratique très courante à l'époque, et l'influence du spiritisme était très différente d'aujourd'hui. Arthur Conan Doyle en était aussi adepte, et nous défend cette croyance (?) avec une aventure du Professeur Challenger (qui au passage me fait un peu penser à Wallace quand même… en moins timide…).

Une biographie donc très complète, mais qui je trouve, est peut être un peu compliqué si l'on n'est pas bien informé du monde scientifique et du contexte historique. Certaines personnes sont présentées comme des évidences dans leurs domaines. Oui certes, mais si on n'a pas la culture scientifique qui va avec la lecture de cette biographie… ce n'est pas toujours facile. Un petit regret aussi, des cartes auraient été bien sympathiques pour comprendre les voyages de Wallace. Si la géographie de l'Amazonie m'est un peu familière, je ne situe que difficilement certains lieux en Malaisie…

Pour autant, il ne faut pas hésiter à s'y attaquer ! Bonne lecture…
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Avec cette biographie d'Alfred R. Wallace, Peter Raby nous fait (re)découvrir un homme aux multiples facettes : explorateur en Amazonie ou en Malaisie, adepte du spiritisme, précurseur en matière de protection de l'environnement, défenseur de l'égalité entre les hommes dans la société, etc. ! L'auteur a su concilier avec brio la précision quasi-scientifique nécessaire à un travail biographique de qualité, et une manière fort agréable de narrer les aventures et péripéties de Wallace.

Wallace était un homme très discret, mais d'une puissance de travail phénoménale et d'une volonté de fer : comment peut-il en être autrement vues les difficultés rencontrées lors de ses expéditions en Amazonie ou en Malaisie ? Autodidacte, il a su conserver un émerveillement presque enfantin lors de la découverte d'un nouvel oiseau ou papillon, tout en arrivant à mettre en place une profonde réflexion scientifique sur l'évolution des espèces. Laissons de côté les polémiques stériles, souvent infondées comme l'auteur a su le montrer, preuves à l'appui, et donnons lui la place qu'il mérite : non seulement celui de co-découvreur de la théorie de l'évolution avec Darwin, mais aussi de naturaliste et scientifique de renom !

Certains de ses engagements (spiritisme, campagne anti-vaccination) lui ont probablement fait du tord, mais Wallace aimait avant tout les hommes (au sens large !) et souhaitait tout faire pour tenter d'améliorer l'humanité dans son ensemble. Peut-on lui reprocher ces quelques égarements, somme toute mineurs, et le renier totalement au point de l'oublier ou de le réduire à un homme aux idées fantaisistes ? Newton a-t-il été banni de la science pour avoir pratiqué l'alchimie ? Non ! Wallace est un grand scientifique, un grand homme même, mais aussi un être humain avec ses paradoxes, peut être d'autant plus nombreux que sa vie fût longue et bien remplie.

Peter Raby, avec les éditions de l'évolution et la traductrice Florianne Vidal, ont produit un travail remarquable qui intéressera les spécialistes qui parlent déjà de théorie de l'évolution de Darwin-Wallace (l'ouvrage contient moult notes et références bibliographiques), mais aussi les curieux qui découvriront la vie trépidante de Wallace sous la forme d'un récit parfois proche du roman d'aventure !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En tant que voyageur, Wallace possédait une qualité qui faisait aussi sa force: il avait conscience du caractère déplacé, absurde, de sa présence à l'étranger; il se voyait systématiquement à travers le regard des autre, que ce soit les Indiens du Vaupé, les insulaire d'Aru ou les âniers d'Alexandrie. Son autre grande qualité résidait dans son enthousiasme indéfectible pour les modes de vie différents du sien. Il adorait assister à des scènes qu'il ne connaissait que par la littérature. Relisez le "Voyage au Caire" de Thackeray, conseilla-t-il à George Silk et "vous comprendrez comment je pense et ce que je ressens". Tout l'intéressait - remonter le Nil sur une barge "avec pour panorama des villages en torchis, des palmiers, des chameaux et des norias actionnées par des buffles - un pays parfaitement plat, merveilleusement verdoyant, couvert de céréales et de lentilles; des bateaux sans fin aux immenses voiles triangulaires".
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La première touche au destin singulier d'un homme qui n'a pas reçu une éducation solide, qui a dû travailler dès sa prime adolescence en famille (arpentage, construction de maisons), qui a collecté des animaux rares en Amazonie et en Indonésie dans le but d'amasser un pécule, qui en cours de route a été pris de la passion d'écrire, a été d'abord traité comme un amateur, et est devenu à la fin du dix-neuvième siècle le savant britannique le plus célébré de son temps, sans avoir jamais eu de position académique ou institutionnelle officielle.
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La lettre de Wallace et le manuscrit joint arrivèrent chez Darwin, à Down, le 18 juin 1858; ils furent accueillis avec stupeur et consternation. Comme Wallace le déclarerait plus tard, l'article eut sur Darwin "un effet presque paralysant". C'était comme s'il lisait sa propre théorie, ou un extrait du "grand" livre sur lequel il travaillait, La Sélection naturelle".
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Comme William Mitten etait pharmacien, son commerce l'empecherait de s'eloigner de son village jusqu'au jour ou sa fille cadette, Flora, premiere Anglaise a obtenir son diplome de pharmacie, serai en mesure de lui succeder.
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Pendant qu'il végétait dans la moiteur et la promiscuité du Jordeson, il s'était juré ne plus jamais prendre la mer. Ces bonnes résolutions s'envolèrent très vite.
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