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EAN : 9782246827344
216 pages
Grasset (26/01/2022)
4.04/5   41 notes
Résumé :
Octobre 2005, aux premiers jours des émeutes en banlieue. Pour les soixante-dix ans de Fatima, ses enfants lui offrent un tour en péniche. En point de mire, la Tour Eiffel. La matriarche ne l'a jamais vue et pourtant, elle en rêve depuis toujours. Si loin, si proche... Comme la France qu'elle a découverte à la fin de la guerre d'Algérie et qu'elle a appris à aimer. Le programme de la journée semblait millimétré mais rien ne va se passer comme prévu...
Fatima ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Mabrouck Rachedi traduit en mots un parcours complexe, celui de sa famille, ballotée entre l'Algérie et la France, et le sien, d'abord inscrit sur les désirs de ses parents, la réussite sociale, sans alternative possible puis le renoncement aux trompettes de la renommée pour tenter d'approcher ses propres rêves, être écrivain.

Souvenirs d'enfance, dont le caractère parfois anodin n'a d'égal que l'impact profond qu'il laisse en héritage. Souvenirs rapportés, de ceux qui nourrissent les récits familiaux, parfois édulcorés, parfois atténués ou magnifiés, pour leur donner un sens moral.

Avec la légende familiale, c'est aussi l'histoire des « rapatriés » qui ont dû fuir le danger pour se retrouver déracinés, accueillis avec suspicion, et plus tard victimes de violences racistes.

Mabrouck Rachedi transmet ce patrimoine avec beaucoup d'humanité, rendant hommage à ceux qui l'ont précédé et qui ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Malgré les inimitiés occasionnelles, la cohésion familiale est forte, symbolisée par l'excursion en péniche pour célébrer les soixante-dix ans de la mère.

La deuxième génération, assurément française, mais reliée par des racines étirées à une autre culture, la quête d'identité est en filigrane tout au long du récit, impliquant des choix, et une importance dictée par des forces incontrôlables :

« Sofiane, Myriam, Kader et moi, avons choisi notre identité, chacun à notre manière, et rien n'assure qu'elle n'évolue pas »

La littérature est un exutoire de choix pour dire les deuils, les secrets, les traumatismes en un partage qui profite autant à l'auteur qu'à son lecteur.

Porté par une écriture simple et authentique, ce roman autobiographique m'a émue.

Merci à Netgalley et aux éditions Grasset.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Mabrouck Rachedi nous raconte avec pudeur et tendresse l'histoire de sa famille, les souvenirs intimes se mêlent à des faits historiques. La journée sur une péniche où tout le monde est rassemblé pour fêter les 70 ans de sa maman est l'occasion pour l'auteur de faire remonter les réminiscences du passé avec toute l'affection qu'il porte aux siens.
Le récit alterne entre la journée d'anniversaire de la maman du narrateur avec l'histoire de cette grande famille, les relations toujours un peu compliquées entre frères et soeurs d'une grande fratrie, les traditions encore bien ancrées, les non-dits, les secrets de famille. Une fresque sociale qui commence par l'arrivée des parents Mohand et Fatima en France, le racisme, la précarité des conditions de vie des immigrés, la solidarité ouvrière, la lutte contre les salauds de patrons, la violente répression du 17 octobre 1961 plus de cent morts algériens en plein Paris. le cancer de l'amiante, la maladie des immigrés. Et puis à travers les portraits de ses frères et soeurs, la recherche permanente de son identité. Les parcours inversés de Malik et de Kader, l'un, qui depuis qu'il a décidé d'écrire, a pris l'ascenseur social à l'envers, l'autre qui veut inverser le rapport de domination qu'il a toujours connu où le bourgeois écrase le pauvre, où le Français dirige le descendant d'immigrés. Et puis le sens du devoir de Dihya qui renonce à sa vie de femme pour s'occuper de sa maman vieillissante.

Mabrouck Rachedi recolle peu à peu les pièces de ce puzzle familial dans un roman touchant et rempli d'émotions porté par une plume dépouillée et très agréable à lire.
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La voix aiguë de Meriem poursuit seule la version arabe :
— Sana helwa ya gamil, sana helwa ya gamil, sana helwa ya gamil jedda, sana helwa ya gamil. "

C'est un fille qu'elle croyait voir sortir de son ventre. Elle devait s'appeler Kahina et puis ce fut un garçon : Idir. Il est née en Algérie, alors que le père avait décidé, croyant rendre tout le monde heureux, revenir vivre en Algérie. Mais ce ne fut pas le cas, Fatima, son épouse et les enfants français voulaient vivre dans leur pays. Ainsi ils ont fait le chemin inverse. Et c'est à ce moment que le dernier né, sans papier a pris l'identité de son jeune cousin décédé. C'est sous le nom, le petit Malik, que ce dernier est arrivé en France.

Bien des années plus tard, cette langue berbère, le tamazight qu'il s'est évertué à apprendre, va devenir la langue du malheur.

Le jour de l'anniversaire de sa mère, le narrateur, le petit Malik donc, lors de cette fête en famille sur la péniche, va entendre de la bouche de sa mère, dans cette langue qui est sienne, le poids du secret.

L'auteur Mabrouk Rachedi nous confie une histoire de famille, qui lui semble très intime. C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu ces pages, ces mots décrivant des personnages charmants. Oui Fatima et Mohand, les parents de ces jeunes adultes d'aujourd'hui, qui ont quitté leur Algérie en 1962 afin de trouver le meilleur, se voient vivre des surprises impensables. Des heureuses comme les plus ignobles dans notre France d'hier et d'aujourd'hui.

Merci Mabrouck Rachedi pour ce récit touchant à souhait, depuis de longues années je suis toujours en quête d'histoires, de récits de vie sur cette Algérie que je ne connais pas du tout, mais vraiment pas... mais qui attire tant mon attention... Pourquoi ? Je ne suis pas allée voir un psy pour étudier la question.... qu'importe....

Toujours est-il qu'aujourd'hui, je viens de découvrir un nouvel auteur à mes yeux puisque je n'ai jamais rien lu jusqu'à ce jour de sa plume et j'en suis ravie, complètement !

#Touslesmotsquonnesestpasdits #NetGalleyFrance
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Je ne sais pas si c'est une tendance de l'édition en France ou si c'est un intérêt grandissant de ma part pour ce genre de livre, mais je m'aperçois que ces dernières années, je lis de plus en plus de livres écrits par des auteurs issus de la « 2ème génération », celle née en France de parents immigrés récents, celle des Français nés de parents non Français. Et ils semblent nombreux les écrivains sortis de ces rangs et qui aujourd'hui prennent la parole pour raconter leur enfance. Ces romans semblent souvent courts (mais cela est vrai de beaucoup de romans récents), écrits à la première personne, sans qu'il soit toujours possible de démêler ce qui vient directement de la vie de l'auteur et ce qui est invention romanesque. Les mots qu'on ne s'est pas dits ne déroge pas à cette règle. On ne sait pas bien dans quelle mesure le livre est autobiographique et ce qui est inventé ou romancé.
Dans ce livre, pour les 70 ans de Fatima, ses 10 enfants organisent une journée sur une péniche, afin qu'elle puisse enfin voir la Tour Eiffel, son rêve depuis qu'elle a pris la décision avec son mari d'émigrer, mais un rêve qu'elle n'a toujours pas réalisé plus de 40 ans plus tard. C'est l'occasion pour le « petit Malik », le dernier de la fratrie, d'alterner entre le présent de la journée d'anniversaire et les souvenirs des uns et des autres.
Au fil de ces allers-retours entre le présent et le passé, ce sont des bribes d'une histoire commune entre l'Algérie et la France qui se tissent peu à peu, c'est une identité qui se dessine et, comme le dit le narrateur (et probablement l'auteur), « Sofiane, Myriam, Dihya, Kader et moi, avons choisi notre identité, chacun à notre manière, et rien n'assure qu'elle n'évolue pas encore. Tant que nous vivrons, nous changerons, ainsi vont les êtres humains et les peuples. » (p. 138, “Cimetière de Grigny, 29 octobre 2015”). Ici, les enfants ont pour la plupart réussi à monter dans l'ascenseur social, ce n'est donc pas un livre des banlieues pièges, pas un livre de ressentiment. Même la guerre d'Algérie ou la répression sanglante des manifestations d'octobre semblent des souvenirs apaisés, au moins en partie cicatrisés. En cela, c'est un livre un peu à part dans ce nouveau genre « écrivain issu des banlieues » que je signalais.
En oscillant entre le passé et le présent, en écrivant un épilogue qui se situe 10 ans après l'excursion en péniche qui est le fil conducteur du roman, l'auteur prend quelques chemins faciles, notamment en évitant de décrire et de justifier l'évolution de ses personnages. le ton du livre, aussi, est assez didactique et explicite, il y a peu de place à l'interprétation dans ce roman. Mais malgré ces quelques limites, c'est un roman agréable à lire, un roman qui traite un sujet habituel de façon un peu différente. Une voix à ajouter à d'autres voix, qui forment aussi petit à petit un autre visage de notre identité culturelle nationale. Une belle découverte de cette rentrée littéraire de janvier.

Merci aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire ce livre, via netgalley.
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Dans tous les mots qu'on ne s'est dit, Mabrouk Racheti fait le récit des sentiments pudiques qui entourent les liens familiaux, et peut-être surtout de cette famille Asraoui, jamais dits mais si forts ressentis. de l'exubérance rencontrée dans la vie quotidienne, l'effacement se fait pour parler de l'intime.

Autour de l'anniversaire de Fatima, la mère de soixante-dix ans, la famille se réunit sur une péniche et décide de lui offrir la présence de ses dix enfants avec leurs conjoints et leurs enfants, mais aussi celle de la tour Eiffel qu'elle n'avait jamais vu malgré ses nombreuses années passées en France.

Comme souvent dans les familles, des réserves lient chaque membre ce qui empêche chacun d'exprimer leur affection sauf au travers des remarques sans cesse répétées, de faux-semblant et de mystères que chacun entretient pour se préserver de devoir dire aux autres sa réalité. du coup, chacun, dans sa solitude, affronte sans soutien et aide, les vicissitudes de la vie.

A partir de cette fête, Mabrouk Racheti raconte les liens tissés autour du socle que représentent Mohand et Fatima. Jeune homme, celui-ci quitte son univers pour venir travailler en France. Fatima le rejoint dans un second temps. Ils décident de vivre leur amour et de fonder un territoire au coeur de Paris où leurs enfants sauront s'épanouir.

Le roman est construit autour du voyage de la péniche à travers Paris. Profitant des ponts que la péniche croise, un souvenir ou un événement se racontent révélant secrets et non dits, trop lourds à partager. de plus, l'histoire colle à la vie des premiers émigrés, employés comme ouvriers qui font venir leur femme pour fonder en France une famille. de ce déracinement, ces isolés transmettent à leurs enfants leurs valeurs qui vont les pousser à grimper l'ascenseur social dans cette France qu'ils ont rêvé.

Cette culture hybride dont la seconde génération hérite, Mabrouk Racheti la révèle dans ce roman sensible et émouvant, où l'affection et le respect sont omniprésents. Une fresque sociale et historique s'imbrique aussi. Elle raconte l'Algérie pendant la guerre d'indépendance, le milieu ouvrier et évidemment le racisme en France et la répression du métro Charonne.

Avec beaucoup d'empathie et de justesse, Mabrouk Racheti livre avec Dans tous les mots qu'on ne s'est dit un roman sensible, documenté et émouvant sur la construction d'une famille dont les parents sont immigrés algériens, leurs cheminement pour construire l'identité de chacun à partir de cet héritage particulier.

La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/05/06/mabrouck-rachedi/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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critiques presse (2)
RadioFranceInternationale
18 juillet 2022
Conteur hors pair, Rachedi livre avec Tous les mots qu’on ne s’est pas dits un récit poétique, souvent nostalgique, raconté dans un désordre narratif savamment organisé.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeMonde
30 avril 2022
Une histoire d'immigration toute en poésie entre l'Algérie et la France, en mettant en scène le parcours des Asraoui le temps d'une balade sur la Seine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Il jure à son père qu’il va le sortir de là et pour y parvenir, il prendra désormais le contre-pied de ce que ses parents lui ont enseigné. Il ne faut pas se faire remarquer ? Il ouvre grand et fort sa bouche. Il ne faut pas se mêler des affaires des autres ? Il intervient à chaque litige. Il ne faut pas répondre aux provocations ? Il est impliqué dans la moitié des bagarres du quartier. 
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Lors d’une de ces milliers de lectures sur tout et n’importe quoi que j’ai accumulées dans ma vie, j’ai découvert que le fer utilisé pour la tour Eiffel venait en partie des mines de Zaccar et de Rouïna, en Algérie. Le monument le plus célèbre du monde est comme notre famille, français avec des bouts d’Algérie dedans. 
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Ma mère ne sait rien de la fête qu’on lui prépare. Elle ignore même que c’est son anniversaire. Elle a perdu le décompte des jours, avec l’âge. À soixante-dix ans, on n’est pourtant pas si vieux. Sauf quand on a connu la guerre, dix accouchements, les bidonvilles puis les banlieues. Elle porte autant le poids de l’âge que des vicissitudes.
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« Sofiane, Myriam, Kader et moi, avons choisi notre identité, chacun à notre manière, et rien n’assure qu’elle n’évolue pas »
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La guerre est finie, Français et Algériens sont dans le même bateau. Pendant les combats, le Sidi Mabrouk a transporté des militaires. Aujourd’hui, il convoie des exilés. Dans le paquebot, rapatriés et migrants forment deux groupes distincts, comme pendant cent trente-deux ans de colonisation. Chacun de son côté, même dans la misère. Les survivances du Code de l’indigénat, aboli en 1946, n’en finissent pas de séparer les populations.
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Videos de Mabrouck Rachedi (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mabrouck Rachedi
Mabataï, un adolescent sans histoires, tombe en pleine descente de police et est témoin du meurtre de Samir, dix-sept ans. Un policier est accusé d'avoir tiré sur le dealer désarmé. Roman ado de Mabrouck Rachedi, dès 14 ans. ACTES SUD jeunesse
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