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3,27

sur 122 notes
Les Imperfectionnistes m'a été chaudement recommandé par mon libraire qui, une fois de plus, a eu raison de le faire (aussi éclectiques soient-ils, il connaît bien mes goûts... peut-être le signe que j'y vais trop souvent; fermons la parenthèse).

Sous la forme de portraits successifs, Tom Rachman raconte la vie de onze intervenants dans la vie d'un quotidien international de langue anglaise, sis à Rome. Entre, s'intercale le récit du journal proprement dit depuis sa création par l'homme d'affaires américain Cyrus Ott et sa gestion et son maintien en dents de scie par ses successeurs.

Dans la galerie des employés, on trouve un correspondant à Paris au bout du rouleau, le rédacteur de la rubrique nécrologique face à un drame personnel qui le métamorphose du tout au tout, une rédactrice en chef ambitieuse, dynamique et autoritaire, un pigiste néophyte au Caire qui ne connaît rien au journalisme, est diplômé de primatologie, ne parle pas arabe et se retrouve aux prises avec un vieux routard du reportage sans gêne et horripilant au possible. Et d'autres, DRH chargée de faire tomber les têtes par mesure d'économie, une fidèle lectrice qui lit le journal avec tellement de méticulosité que fin 2006, elle en est au 23 avril 1994 et découvre les massacres au Rwanda...
Si l'auteur met une touche d'ironie dans la plupart de ses portraits, c'est surtout l'amertume qui reste en bouche en fin de lecture. Amertume de vies consacrées à faire vivre ce petit journal, parfois au détriment de son couple, désillusion des années défilant, amertume d'ouvrir les yeux sur certains aspects de son existence qu'il aurait mieux valu ne pas voir. Parfois la lucidité, même recherchée, voire exigée, fait plus souffrir qu'autre chose.

Sans tomber dans une sinistrose intégrale - merci le zeste d'ironie et la présence de quelques scènes cocasses - Les Imperfectionnistes n'est pas pour autant un livre qui ravigote un moral en berne. Ce qui n'empêche la qualité de narration et le talent de l'auteur à brosser des portraits crédibles et tous incarnés. C'est également un demi-siècle d'histoire du journalisme à travers ce petit quotidien, avec tous les bouleversements survenus dans le métier. A commencer par les changements technologiques : passage de la machine à écrire à l'ordinateur, concurrence de la télévision et des chaînes d'infos en continu, énorme claque avec l'arrivée d'Internet et la question digne d'Hamlet : être ou ne pas être sur le Net?
C'est aussi la vie au jour le jour du journalisme : rédaction, corrections, bouclage, impression, recherche d'un bon sujet ou - Graal - d'un scoop, les complaintes financières, etc.

En conclusion, ce roman est une réussite, se maintenant un équilibre tout du long. On s'attache aux personnages en observant leur face publique / face cachée, leur mesquinerie, leur pathétique, leurs failles et leur tendresse. Pas toujours très gai mais à l'image de la vie qui est rarement un chemin parsemé de pétales de roses.
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Cela avait pourtant bien démarré!
Le style est plutôt original avec un format à mi chemin entre les nouvelles et le roman choral.
Certains personnages sont extrêmement bien développés constituant des chapitres plutôt drôles et cyniques, un peu à l'image de l'humour british pure souche.

La dynamique de la branche journalistique avec sa concurrence, ses coups bas, ses jeux de pouvoir et d'opportunisme est bien exploitée.
L'auteur aborde le passage au numérique et l'arrivée des infos via les réseaux sociaux, menaçant ainsi la survie de la presse écrite.

J'ai abandonné cette lecture à la moitié, car les histoires mêlées finissent par s'essouffler et devenir très inégales.

L'attrait initial du brassage de personnages dans les histoires communes finit par devenir un tantinet lassant et cela traîne en longueur sans en apporter un intérêt à l'ensemble.
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Passionnante cette chronique sur le journalisme. Quel joli livre tissé de grandeur et de petitesse.

11 petites histoires qui s'entrecroisent et se complètent narrant les vies de 11 personnages. 11 petites briques pour cimenter 50 années d'existence d'un quotidien international basé à Rome.

Tom Rachman, journaliste lui-même et ayant travaillé à "l'International Herald Tribune" à Paris sait de quoi il parle quand il nous conte l'épopée de ce journal.
Et si le début est un peu abscons et laborieux, au fur et à mesure que se déroulent les récits, le lecteur est happé dans un microcosme passionnant où se joue les drames de la comédie humaine.
Et on applaudit des deux mains, et on se réjouit et on en redemande.

Chacun des 11 chapitres nous laisse entendre une voix des contributeurs dudit quotidien. On regrettera qu'il n'y en ait pas 22 ou 33 pour pouvoir les entendre plus longtemps ces voix tant les personnages, même les plus infects, sont attachants. Tant on veut connaître la suite. Tant on se projette dans certaines tranches de vie.

En filigrane, Rachman nous conte les décennies de création, de grandeur et de décadence de ce quotidien confronté aux évolutions de son époque. Très actuel, tant la presse, notamment la quotidienne, n'a toujours pas trouvé son modèle économique moderne. Et on peut imaginer que les situations décrites dans ce roman résonnent dans de nombreuses salles de rédaction.

Parfois triste, parfois lumineux, un peu sordide, quelquefois amusant, souvent pathétique, ce roman ne laisse pas indifférent tant ses voix sont multiples. Et belles finalement. Des voix qui luttent, des voix qui souffrent, des voix qui blessent, des voix qui hurlent, des voix qui pleurent, des voix qui s'élèvent, des voix qui aiment, des voix qui trahissent...

De l'absurde, de l'humour, de la détresse, de la joie, de l'amour. Bref la vie, la vraie, la belle, la grande, la petite, la perfide, la magnifique. 3,5/5
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Scotché !
J'ai découvert par surprise ce roman déjà un peu ancien (2010) et j'ai été bluffé. Il est très original par son sujet, une vrai réflexion sur la presse écrite et son destin, et par sa forme. Il s'agit en effet non pas d'un roman choral traditionnel comme il s 'en publie tant. Non, il y de longs chapitres consacré à chaque fois à un personnage d'un même journal, le rédacteur en chef, le correcteur, un correspondant permanent...Et ces personnages n'ont le droit qu'à un chapitre, mais on retrouve souvent ces personnages au détour d'un autre chapitre. Et surtout, là où c'est très fort, c'est que chaque chapitre constitue une vraie nouvelle. Et elles sont remarquables, d'une grande force. C'est à chaque fois très profond, et toujours surprenant. On pourrait les lire seules sans problème et ce serait déjà passionnant.
J'ai oublié de dire que le journal,autour duquel se déroule ce roman est une sorte de pendant au International Herald Tribune. L'action se situe à Rome ce roman combine à la fois un certain charme anglo-saxon et un charme romain certain.
Au fond ce à quoi cela peut assez faire penser c'est au cinéma italien et à ces chefs-d'oeuvre des années 1960 comme les Monstres ou les Nouveaux monstres, de courts métrages à l'intérieur d'un même film, unis par une certaine vision de l'humanité, de l'humour et une belle profondeur...
En revanche pour la comparaison avec Tom Wolfe (dixit la 4ème de couverture), le journaliste devait avoir fumé la moquette. Pour moi, rien à voir. Mais dans un tout autre style, voici un livre remarquable.
Etonnant que les éditeurs français n'aient pas publié (sauf un) ses autres ouvrages...
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Ce premier roman retrace l'histoire d'un quotidien international, rédigé en anglais et créé à Rome en 1953, pour les beaux yeux de Betty, l'amour secret du fondateur. L'évolution historique de l'entreprise au cours des cinquante dernières années s'intercale avec le portrait de 11 des acteurs de cette salle de rédaction , de la secrétaire de rédaction parano, d'un candidat pigiste qui se fait tout rafler (poste et matériel) au Caire par un escroc, d'un correspondant bluffeur affublé d'un fils menteur, d'une lectrice compulsive du quotidien (dans l'ordre et exhaustivement, ce qui fait qu'elle a 10 ans de retard), ou d'un correcteur obsessionnel. Ces portraits sont dressés avec une grande virtuosité, les rendant criant de vérité et surtout familiers pour le lecteur qui y reconnaîtra un collègue de bureau, un chef ou un client. Ils sont faits de tout ce qui participe aux particularités d'un individu, dans ses faiblesses, ses craintes ou ses obsessions. L'ironie n'y est jamais blessante, et les failles mises en évidence rendent les personnages plutôt attachants.

Le talent d'écriture de Tom Rachman est indéniable et procure un grand plaisir de lecture. La construction du roman, avec l'alternance de l'histoire proprement dite du journal et des portraits , où s'entrecroisent des personnages secondaires que l'on peut suivre d'un récit à l'autre, participe a cet intérêt : impossible de s'ennuyer. C'est de plus une analyse intéressante de l'évolution de la presse écrite sur ces cinquante dernières années, pointant l'arrivée des nouvelles technologies avec les actuelles menaces avérées de ce secteur, qui risque à terme de disparaitre.
On y trouve aussi de nombreuses allusions à la situation d'expatrié qui modifie la perception du monde environnant et et peut donner lieu à des difficultés d'intégration.
L'auteur sait de quoi il parle puisqu'il a été lui même journaliste et a travaillé dans de nombreux pays

Ce roman qui est passé assez inaperçu en France lors de sa sortie en janvier 2011, à rencontré un grand succès à l'étranger et en particulier aux Etats-unis, ou les droits cinématographiques ont été acquis par Brad Pitt
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Roman polyphonique, Les imperfectionnistes se compose de chapitres, presque des nouvelles indépendantes les unes des autres, retraçant un épisode de la vie d'hommes et des femmes qui se croisent sans se connaître vraiment. Ils travaillent tous pour le même journal international basé à Rome ou sont lecteurs dudit journal. du directeur de la publication incompétent au pigiste débutant, en passant par la rédactrice en chef et la lectrice fidèle, Tom Rachman dresse des portraits variés, souvent drôles, de personnages plus ou moins attachants et raconte la vie d'un journal, de sa fondation à sa chute. Tous ces portraits sont liés les uns aux autres : le personnage principal d'un des chapitres fera par exemple une courte apparition dans un autre chapitre. Entre les portraits, s'insère également un texte différent, présenté en italiques, qui évoque la création du journal en 1953 et explique les motivations du fondateur Cyrus Ott.
Tom Rachman nous plonge dans le monde du journalisme dont il fait une satire assez acide et on se plaît à imaginer à quel point l'auteur s'inspire de sa propre expérience (il a travaillé à la rédaction de l'International Herald Tribune à Paris) et des personnes qu'il a côtoyées. Car ses portraits ne manquent pas de réalisme, même si certains personnages sont assez loufoques, et les situations décrites ne sont pas totalement farfelues. J'ai commencé à lire ce premier roman de Tom Rachman avec des a priori : le journalisme n'était pas un univers qui m'intéressait particulièrement et j'avais peur de retrouver trop de stéréotypes du journaliste. Mais, si la plupart des personnages sont journalistes, ce sont aussi des hommes et des femmes, et l'auteur nous narre leurs déboires affectifs et familiaux, ce que j'ai apprécié au-delà de la vie du journal en elle-même. Bref, j'ai plutôt bien aimé ce tout premier roman de Tom Rachman, qui serait actuellement en train de travail sur un deuxième, à surveiller donc.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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C'est un roman sympathique que ces Imperfectionnistes de Tom Rachman: l'histoire d'un quotidien anonyme de langue anglaise basé à Rome.
Il s'agit d'un roman choral, porté par onze collaborateurs, qui se croisent sans vraiment se connaître.
Chacun des personnages du roman a droit à son propre chapitre, mais il n'est pas rare de les voir faire une apparition dans celui consacré à quelqu'un d'autre.

On y trouve entre autres un correspondant en poste à Paris, en mal de scoops et d'argent; une DRH chargée du licenciement, et qui se retrouve dans un avion avec un de ceux qu'elle a virés; ; un pigiste en poste au Caire qui se fait pigeonner par un journaliste plus expérimenté mais surtout baratineur; un rédacteur de nécrologies, victime d'un horrible drame personnel qui va contre toute attente donner un fulgurant coup de pouce à sa carrière; un directeur de la publication qui répond aux abonnés absents; une lectrice assidue qui, à vouloir lire chaque page en intégralité, a environ quinze ans de retard sur l'actualité...
En bref, ces journalistes sont incompétents, et c'est cela qui les rend attachants. L'auteur nous les montre tels qu'ils sont vraiment: des hommes et des femmes, avec des boires et surtout des déboires professionnels et affectifs.

Entre deux chapitres, Tom Rachman nous raconte une autre histoire: celle de la création du journal par Cyrus Ott, riche industriel. Son entourage croit que ce journal n'est qu'une passade, mais au fond tous ignorent les vraies raisons qui l'ont poussé à le fonder. On suit l'évolution de ce quotidien sur une cinquantaine d'années, de son inauguration à sa fermeture définitive.

Car c'est là l'autre aspect du roman: le récit de la chute d'un journal. En effet, comment pourrait-il résister quand il refuse totalement la modernité? Textes en noir et blanc (car mettre de la couleur serait faire une entorse à la version d'origine), refus d'avoir un site internet, font que les ventes chutent et que le journal agonise lentement, passant des restrictions budgétaires aux licenciements, pour finir par la fermeture.

La critique du monde du journalisme est assez acide, et c'est aussi ce qui m'a plu. Je craignais de m'ennuyer, car c'est un univers qui ne m'attire pas particulièrement, mais les situations sont loufoques et bien décrites. Il y a de l'humour, de la tendresse, de l'humanisme, et du cynisme aussi... Bref c'est toute une palette de sentiments qui se déploie ici, au milieu de cette vision pas forcément tendre du monde du travail.
Lien : http://pinklychee-millepages..
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Avec une tonalité tragi-comique aboutie, les imperfectionnistes raconte l'histoire d'un journal, de sa création dans les années 1950 à la fin de son histoire, en 2007, en s'attardant sur le portrait de onze membres de la dernière rédaction.
Roman choral qui réussit à être harmonieusement polyphonique, le récit ne tombe pas non plus dans l'écueil des romans sur le monde du travail qui laissent par trop leurs personnages désincarnés ; au contraire, il manie habilement les contrastes entre l'image professionnelle projetée par chacun, vu à travers les récits de ses collègues, et ses déboires personnels, lorsqu'on aborde son chapitre.
Chacun des portraits est une petite nouvelle, dont certaines chutes sont soignées (j'ai aimé, particulièrement, la rencontre inopinée d'Abbey la DRH et d'un homme qu'elle a fait licencier, les tribulations de Winston le pigiste débutant qui n'a pas la moindre idée de ce qu'il fait, et pas même qu'il n'a pas décroché le poste, et la douce absurdité de la lectrice compulsive égarée dans les anciens numéros), qui s'entremêlent jusqu'à la chute du roman, annoncée par celle des ventes et du brillant choix d'Hermann, le rigoriste dont l'erreur majeure de jugement n'est peut-être pas celle que conte son récit personnel, mais son opposition persistante à l'évolution du journal et à sa présence en ligne.
Une décennie après les événements qu'il raconte, le roman garde aussi une contemporéanité intéressante sur les difficultés de la presse écrite.
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Voici un livre avec des personnages bien vivants, délicieusement décrits dans leurs faiblesses, leurs manies, leurs peurs, leurs lâchetés... Ils sont onze qui se côtoient sans se connaître, onze et leurs proches : conjoints, famille, amis...
J'ai vibré avec certains, souffert avec d'autres et finalement préféré deux personnages "satellites" : Betty la muse à l'origine du Journal et Pickle la fillette...
Il y a Arthur chargé de la rubrique nécrologie dont "le but ultime au journal est de ne rien faire, de publier le moins possible, et de partir en douce quand tout le monde a les yeux rivés ailleurs".
Herman est un correcteur cinglant qui ne laisse passer aucune faute au Journal mais découvre son coeur d'or pour aider sa femme ou son meilleur ami.
Kathleen, rédactrice en chef, impitoyable au Journal , est malheureuse dans sa vie privée.
Winston apprenti pigiste, trop naïf, se fait rouler dans la farine, par un reporter sans foi ni loi.
Ruby Zaga, rédactrice, souffre-douleur, vieille fille vit dans la hantise de se faire virer... J'ai adoré sa façon de s'imposer sur des photos prises par des amoureux, en tendant une main pour s'insérer dans la vie des autres, et je me suis demandée si les personnes qui passent juste au moment où vous prenez une photo le font dans la même intention...
Craig Menzies rédacteur en chef-adjoint passe sa vie au Journal et est inventeur à temps perdu...
Ornella, lectrice, veuve, pédante, lit le Journal de la 1ère à la dernière ligne avec les conséquences qui s'en suivent...
Abbey Pinola DRH ambitieuse et sans pitié, seule dans la vie.
Oliver Ott, petit-fils du fondateur, directeur de la publication, a peur de tout, ne s'intéresse à rien sauf à son chien , Shoppenhauer.
Et puis il y a le Journal, au centre de tout. J'ai découvert cet univers exaltant et impitoyable.
La forme est un peu déroutante au début : les onze chapitres présentant chaque "Imperfectionniste" alternent avec des passages en italique retraçant les débuts et la vie du Journal.
Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Publié aux USA en 2010 et traduit en français l'année dernière, "Les Imperfectionnistes" est le premier roman de l'écrivain anglo-canadien Tom Rachman.

"Les Imperfectionnistes" n'est pas moins le récit de l'évolution, étalée sur 50 ans, d'un quotidien international basé à Rome que celui de 11 protagonistes qui assisteront, voire même participeront, à son déclin.
Grattes-papier, correcteur, pigiste, secrétaire de rédaction, directrice des ressources humaines, forment une équipe chapeautée d'une main de fer par une impitoyable rédactrice en chef et son adjoint et dirigée par un directeur de publication complètement incompétent.

Nous faisons ainsi connaissance avec Lloyd, un journaliste fauché et en fin de carrière qui cherche désespérément à se remettre en selle pendant que sa femme fricote en toute liberté avec leur voisin.
Arthur Gopal, assigné à la rubrique nécrologique, fait en sorte d'en faire le moins possible jusqu'à ce qu'un événement tragique déclenche en lui un regain d'ambition.
Journaliste économique, Hardy Benjamin ne compte pourtant pas ses sous lorsqu'il s'agit d'entretenir le nouvel homme de sa vie.
Correcteur infaillible, il s'est donné la crédibilité pour maître-mot et pourtant Herman Cohen s'est laissé aller à une erreur de jugement.
Kathleen Solson a beau ne rien laisser passer chez ses employés, à la maison, elle fait plutôt profil bas, tout comme son adjoint Craig Menzies.
Briguant un poste de pigiste au Caire, Winston Cheung fera les frais de sa naïveté et de son manque d'expérience dans le milieu.
Persuadée qu'une remarque acerbe lui fera prendre la porte le lendemain, Ruby Zaga, secrétaire de rédaction célibataire, se réfugie dans la solitude d'une chambre d'hôtel en attendant son heure.
Pendant ce temps, une fidèle lectrice découvre l'actualité avec plusieurs années de retard tandis que l'héritier du groupe Ott, abandonne momentanément son chien et ses Agatha Christie pour annoncer à tout ce petit monde que le journal vit ses dernières heures.

Les personnages autour duquel s'articule le récit sont tout sauf heureux. Occupant pour la plupart des postes à responsabilité, ils jouent les grandes gueules, pestent sans arrêt sur leurs collègues et n'aspirent qu'à quitter au plus vite l'enfer de la salle de rédaction.
Les masques tombent lorsque le lecteur les retrouve en conjoints, pères de famille, éternels célibataires, autant de rôles dans lesquels ils se révèlent être de piètres acteurs (de vraies loques en fait), coupables de petites lâchetés qui laissent entrevoir leur faiblesse.
A croire que trop absorbés par leur travail, ils n'ont plus d'énergie à consacrer à leur vie privée, à ses relations dysfonctionnelles auxquelles ils se raccrochent vaille que vaille par peur de la solitude.

Ce qui pourrait faire penser à un recueil de nouvelles s'avère être un roman polyphonique, récit d'existences solitaires et de relations superficielles entre collègues, mais lequel semble toutefois dénoncer d'une même voix l'incompétence et le manque d'ambition d'une équipe dont on se demande comment elle arrive à faire tourner un journal durant aussi longtemps.
Adieu le journalisme d'investigation. Ici on traîne des pieds lorsqu'il faut se déplacer pour une interview, on utilise des mots qu'on ne comprend pas, on multiplie les bourdes façon "Sadisme Hussein", on reporte ses erreurs sur les autres, on cherche le scoop et pour le reste, on se contente des dépêches.
Aucune ambition, aucune décision, aucune prise de risque. Tous semblent avoir perdu le feu sacré qui, comme nous le rappellent les chapitres intermédiaires, animait autrefois Cyrus Ott, fondateur du journal.

S'agissant des coulisses de la presse écrite, je m'attendais à ce que ce roman aborde davantage les aspects de chacun des métiers évoqués. En ce sens, j'ai donc tout d'abord été déconcertée par ce choix de l'auteur de privilégier la vie privée de ses personnages.
Mais il faut bien admettre que les aspects professionnel et personnel sont ici fortement liés - l'un rejaillissant forcément sur l'autre - et permettent de cerner au mieux les personnalités de chacun, au gré de l'écriture tonique de cet ancien journaliste qui connaît fort bien son sujet.
Des portraits férocement cyniques de personnages en phase descendante, si pitoyables qu'ils en deviennent attachants, annonciateurs de la fin d'une glorieuse époque.
Le milieu de la presse n'en ressort pas grandi, c'est le moins qu'on puisse dire.
Un roman désespérant de vérités.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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