Citations sur Alexandre le Grand (26)
ÉPHESTION:
Avant que le combat qui menace vos têtes
Mette tous vos États au rang de nos conquêtes,
Alexandre veut bien différer ses exploits,
Et vous offrir la paix pour la dernière fois.
Vos peuples, prévenus de l'espoir qui vous flatte,
Prétendaient arrêter le vainqueur de l'Euphrate ;
Mais l'Hydaspe, malgré tant d'escadrons épars,
Voit enfin sur ses bords flotter nos étendards.
Vous les verriez plantés jusque sur vos tranchées,
Et de sang et de morts vos campagnes jonchées,
Si ce héros, couvert de tant d'autres lauriers,
N'eût lui-même arrêté l'ardeur de nos guerriers.
(Acte II, scène 2)
CLÉOFILE : Ah ! quittez cette ingrate princesse,
Dont la haine a juré de nous troubler sans cesse,
Qui met tout son plaisir à vous désespérer.
Oubliez...
TAXILE : Non, ma sœur, je la veux adorer.
Je l'aime ; et quand les vœux que je pousse pour elle
N'en obtiendraient jamais qu'une haine immortelle,
Malgré tous ses mépris, malgré tous vos discours,
Malgré moi-même, il faut que je l'aime toujours.
Sa colère après tout n'a rien qui me surprenne :
C'est à vous, c'est à moi qu'il faut que je m'en prenne.
Sans vous, sans vos conseils, ma sœur, qui m'ont trahi,
Si je n'étais aimé, je serais moins haï.
Acte IV, Scène 4, (v. 1221-1232).
CLEOFILE
Le temps vous presse. Adieu. C'est à vous de vous rendre
L'esclave de Porus ou l'ami d'Alexandre.
TAXILE
Le peuple aime les rois qui savent l'épargner.
PORUS
Il estime encor plus ceux qui savent régner.
CLÉOFILE.
Tant d'États, tant de mers qui vont nous désunir,
M'effaceront bientôt de votre souvenir.
Quand l'Océan troublé vous verra sur son onde,
Achever quelque jour la conquête du monde ;
Quand vous verrez les rois tomber à vos genoux,
Et la terre en tremblant se taire devant vous,
Songerez-vous, Seigneur, qu'une jeune princesse,
Au fond de ses États vous regrette sans cesse,
Et rappelle en son coeur les moments bienheureux
Où ce grand conquérant l'assurait de ses feux ?
AXILE
Vous pouvez, sans rougir du pouvoir de vos charmes,
Forcer ce grand guerrier à vous rendre les armes ;
Et sans que votre cœur doive s’en alarmer,
Le vainqueur de l’Euphrate a pu vous désarmer ;
Mais l’Etat aujourd’hui suivra ma destinée :
Je tiens avec mon sort sa fortune enchaînée ;
Et quoique vos conseils tâchent de me fléchir,
Je dois demeurer libre afin de l’affranchir.
Je sais l’inquiétude où ce dessein vous livre ;
Mais comme vous, ma sœur, j’ai mon amour à suivre.
Les beaux yeux d’Axiane, ennemis de la paix,
Contre votre Alexandre arment tous leurs attraits.
Reine de tous les cœurs, elle met tout en armes
Pour cette liberté que détruisent ses charmes :
Elle rougit des fers qu’on apporte en ces lieux,
Et n’y saurait souffrir de tyrans que ses yeux.
Il faut servir, ma sœur, son illustre colère ; Il faut aller...
Son courage, sensible à vos justes douleurs,
Ne veut point de lauriers arrosés de vos pleurs.
Comment haïr un homme admiré ? p. 142 :
Pensez-vous que ma haine en soit moins violente,
Pour voir baiser partout la main qui me tourmente ?
Tant de rois par vos soins vengés et secourus,
Tant de peuples contents me rendent-ils Porus ?
Non, seigneur : je vous hais d'autant plus qu'on vous aime,
D'autant plus qu'il me faut vous admirer moi-même,
Que l'univers entier m'en impose la loi,
Et que personne enfin ne vous hait avec moi.
PORUS.
Ah ! Madame, arrêtez, et connaissez ma flamme,
Ordonnez de mes jours, disposez de mon âme,
La gloire y peut beaucoup, je ne m'en cache pas,
Mais que n'y peuvent point tant de divins appas !
Lassé de voir des rois vaincus sans résistance,
J'appris avec plaisir le bruit de sa vaillance .
Un ennemi si noble a su m'encourager.