AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782038701388
Larousse (04/07/2003)
3.76/5   2564 notes
Résumé :
Andromaque
Racine

Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort... Pris dans une chaîne amoureuse sans issue, comment pourraient-ils s'en sortir? De fait, quand le rideau s'ouvre, tous les éléments de l'étau tragique sont déjà prêts à se refermer sur les personnages : prisonniers de leurs passions, leur perte est inéluctable. Racine orchestre avec délectation leurs débats impuissants, leurs actions d... >Voir plus
Que lire après AndromaqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (148) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 2564 notes
(CETTE CRITIQUE CONCERNE RACINE, merci de ne pas la fusionner avec celle d'Euripide comme cela s'est déjà produit deux fois !)
Ô magie du verbe et de la belle langue,
Qu'il est bon, qu'il est suave par moments de
S'adonner à ton jus, doux comme la mangue,
Et un tel délice qu'on en redemande.
Contre les maux, il n'est point de médecine
Meilleure, et donc, merci Monsieur Racine.
L'Andromaque de Jean Racine est bien différente de celle d'Euripide. En effet, il battit une composition parfaitement symétrique : quatre personnages, quatre conseillers ; quatre hommes, quatre femmes ; deux amants refoulés, deux femmes qui brûlent d'amour.
Ah ! c'est là que la symétrie se rompt, car l'une de ces amantes, Hermione, est la légitime, elle est amoureuse de celui qui devrait être son époux et qui, sous ses yeux la place en position d'amante refoulée, elle aussi, ce qu'Andromaque n'est pas, puisque son amour à elle, a connu le trépas sous l'épée d'Achille, le père de Pyrrhus (il est aussi appelé Néoptolème, notamment chez Euripide).
Évidemment, une fois encore, c'est un peu mieux si l'on connaît au préalable un peu L'Iliade d'Homère ou du moins les principaux traits de la Guerre de Troie et de ses suites, dont Andromaque est un « butin » de vainqueur pour Pyrrhus, lui qui a mis à mort le vieux roi de Troie Priam, père d'Hector, le premier mari d'Andromaque.
L'angle d'attaque que choisit Racine, je le rappelle : Oreste aime Hermione qui ne l'aime pas, Hermione aime Pyrrhus qui ne l'aime pas et Pyrrhus aime Andromaque qui ne l'aime pas, place le couple Hermione-Pyrrhus au centre d'un balancement digne d'une grande marée d'équinoxe entre deux points qui eux ne varient guère, Oreste d'une part et Andromaque de l'autre. Ici, c'est donc l'amour et la fulgurance des sentiments qui constituent le fer de lance du drame tandis qu'Euripide mettait le doigt sur le risque de conflit entre les nations que cette histoire d'amour mésamour entraînait.
Andromaque joue un petit rôle, quantitativement, et ce n'est pas sur elle que l'objectif, que l'analyseur de sentiments est braqué.
Pourquoi la pièce s'appelle-t-elle Andromaque, alors ? Parce que c'est elle qui tient tout le jeu dans sa main. de son acceptation ou de son refus de l'amour de Pyrrhus découlera une cascade de conséquences, entraînant le mouvement de va-et-vient de Pyrrhus et d'Hermione, scellant ainsi le destin d'Oreste.
Ce faisant, l'élément de construction de la tragédie qui touche au génie est bien évidemment l'entremise du fils d'Andromaque. C'est sur ce maillon que vont s'exercer toutes les pressions. Tout d'abord c'est lui qui relie Oreste et Andromaque puisqu'au début du drame, Oreste vient réclamer, au nom des tous les Grecs, la vie du fils d'Hector, dernier rameau de la terrible Troie.
Ainsi, ce fils se transforme en moyen de pression fabuleux pour Pyrrhus dans son difficile travail de persuasion d'Andromaque. Faudra-t-il pour elle sauver son fils en aimant Pyrrhus et ainsi trahir son époux défunt Hector ou au contraire rester fidèle à ce héros, quitte à sacrifier son fils ?
Je vous avouerais que ces questions ne sont pas de celles qui me passionnent le plus. Pour moi, l'intérêt d'Andromaque ou de n'importe quelle autre pièce de Racine, l'immencissime intérêt, dis-je, c'est la langue, LA langue, le maniement du français comme on le rêve et qui sonne à merveille et qui touche à la magie. Mais, une fois encore, tout ceci n'est que mon avis, c'est à dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1025
Autant Andromaque est droite dans ses bottes, autant les autres protagonistes de ce drame racinien pourraient mentionner:"C'est compliqué"sur leur statut FB!
Qu'il est doux de lire des vers quand tout s'agite autour de vous...
Andromaque veuve inconsolable d'Hector est aimée de son geôlier Pyrrhus, roi d'Epire. Pyrrhus se damnerait pour obtenir le coeur d' Andromaque alors que sa promise, Hermione lui est tout acquise. Oreste, dépêché en Epire par l'armée grecque arrive comme un chien dans un jeu de quille, amoureux éperdu d'Hermione, il espère ramener sa belle et ne verrait pas d'un mauvais oeil un rapprochement entre Andromaque et Pyrrhus.
Mais bien entendu tout cela va tourner vinaigre, foin de tragédie.
La seule à manifester avec constance son amour pour son défunt époux Hector est Andromaque. Pyrrhus, pris entre son devoir de prince et ses élans amoureux tergiverse en permanence.
Les vers de Racine sont un pur régal, je crois encore entendre la voix de mon professeur de français, Mme Meunier nous faisant la lecture, comme à de jeunes enfants, bonheur à l'état pur...
L'opuscule s'accompagne de précisions fort intéressante sur la genèse de l'oeuvre. Petite anecdote, le dernier acte a été modifié, Racine ayant supprimé l'intervention d'Andromaque qui ne rajoutait aucun effet dramatique.
Une héroïne très discrète puisqu'elle dit fort peu de vers, au service d'une oeuvre intemporelle sur le tourbillon des sentiments!
Chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie.... Enfin presque...
Commenter  J’apprécie          742
Je ne vais pas prétendre proposer un avis analytique et érudit du chef d'oeuvre de Racine, je ne le peux pas, je me contenterai de livrer quelques impressions de lecture.

L'argument est connu, « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort ». Ce qui m'a frappée en premier lieu à la lecture de la pièce c'est la peinture de la passion amoureuse. Les personnages livrent leur ressenti sans fard, sans pudeur et ce qui éclate à la face du lecteur c'est la violence des sentiments. Dans « Andromaque » l'amour, loin de rendre meilleur, rend celui qui l'éprouve cruel et égoïste, même vis-à-vis de l'être aimé. Ainsi peu importe à Pyrrhus qu'Andromaque ne cède à ses désirs que pour sauver son fils. Tout comme les sentiments d'Hermione à l'égard de Pyrrhus oscillent entre amour et haine.

Quand je lis une pièce, j'aime essayer de l'imaginer sur scène. Pour « Andromaque » j'ai imaginé une mise en scène épurée, dépouillée à l'extrême, pas ou peu de décor, pour laisser toute la place au texte. Parce que, bien sûr, il est là le véritable point fort de la pièce. le texte est simplement sublime. Les vers sont d'une beauté étourdissante tout en étant d'une totale fluidité. J'ai été surprise en découvrant combien ça se lisait facilement.

Récemment, j'avais voulu me frotter à du théâtre contemporain et j'avais lu une pièce de Reza. Je n'avais pas aimé ma lecture. J'avais tout particulièrement été gênée par la médiocrité des dialogues. Certes ils sonnaient vrais mais qu'ils étaient déplaisants à lire. Aucune poésie, aucun jeu avec la langue. C'était moche. Je m'étais alors dit que le théâtre contemporain n'était pas pour moi (même si je veux bien croire que certains auteurs proposent des choses intéressantes) et que le théâtre classique correspondait plus à mes attentes. « Andromaque » confirme cette impression. Avec cette langue si belle, j'ai retrouvé ce que j'aime quand je lis du théâtre.

Commenter  J’apprécie          6312
Cette troisième pièce de Racine est le véritable point de départ de sa carrière.
Cette tragédie en vers de cinq actes crée au Théâtre de Bourgogne en 1667 introduit dans le drame une violence alors inconnue dans un Théâtre mené auparavant surtout par Corneille.
Oreste, envoyé des grecs à Buthrote, réclame à Pyrrhus, roi d' Épire, que lui soit livré Astyanax, le fils de la troyenne Andromaque.
Pyrrhus, délaissant Hermione sa fiancée, aime passionnément Andromaque.
Il impose à celle-ci le mariage comme prix de sa liberté.
Oreste déclare alors sa flamme à Hermione qui le repousse, avant de se raviser car Pyrrhus vient, une nouvelle fois, de l'humilier.
Oreste pense à enlever Hermione, avec la complicité de son ami Pylade.
Andromaque, pour sauver son fils, accepte d'épouser Pyrrhus mais se suicide après la cérémonie. Hermione demande à Oreste comme preuve de son amour qu'il tue Pyrrhus et se donne la mort.
Oreste, perdant la raison laisse la conduite du royaume à Andromaque, sa nouvelle reine.
C'est un drame violent et sombre de la passion et de la folie qui se joue sur le tombeau d'Hector. le style de Jean Racine, toujours flamboyant et élégant, fait de cette pièce un morceau classique éternel.
Commenter  J’apprécie          581
Vous qui croyez que la raison l'emporte sur la passion, venez ici lire combien vous vous trompez !

Qu'est-ce qu'on est loin de Corneille, je trouve ! Chez ce dernier on voit souvent le devoir et la raison combattre à armes égales avec les passions. C'est ce déchirement entre deux forces antagonistes de même niveau qui est intéressant. Ici, le devoir n'est au mieux qu'un prétexte que les acteurs utilisent afin d'assouvir leurs passions. Il compte pour presque rien, comme une sorte d'anti-code bushido.

Oreste, fils d'Agamemnon, est envoyé par les Grecs auprès de Pyrrhus (connu ailleurs sous le nom de Néoptolème, fils d'Achille) afin de l'avertir de ne pas leur faire affront en épousant sa prisonnière, la troyenne Andromaque, veuve d'Hector. Pyrrhus doit assassiner le fils d'Andromaque afin que celui-ci ne vienne pas se venger dans l'avenir. Mais dans le fond il espère que Pyrrhus passera outre, car Pyrrhus est déjà officiellement attaché à Hermione, fille d'Hélène et Ménélas, et Oreste est frapadingue d'Hermione depuis toujours.
Hermione, elle, espère qu'Oreste réussira dans sa mission car elle est frapadingue de Pyrrhus.
Pyrrhus, lui, est foldingue d'Andromaque qui, disons-le, n'en a rien à cirer. Elle essaie seulement de le ramener à son devoir de ne pas toucher à son fils.
Bref que des passions unilatérales. Les enfants des héros de la guerre de Troie ne valent pas mieux que leurs parents.

Racine fait monter tous ces sentiments en mayonnaise. J'ai souvent eu l'impression d'avoir affaire à des ados qui se prennent ces émotions puissantes dans la face pour la première fois. Car dès que l'amoureux (Oreste, Hermione ou Pyrrhus) comprend qu'il n'a aucune chance d'être payé de retour, il change son fusil d'épaule et fait acte de cruauté afin de se faire haïr de l'être aimé. Cela vaut cent fois mieux que l'indifférence, que l'absence de sentiments à son égard. Et puis la force de leur amour les noie à nouveau et ils essaient de défaire ce que leur colère a provoqué.
A ce jeu il faut des perdants et des gagnants… ou alors carrément que des perdants, et c'est là qu'on tombe dans la tragédie. Seuls les Grecs sont satisfaits à la fin, je suppose.

Racine change un peu le mythe d'Oreste. Dans ce dernier les Érinyes – aussi appelées Furies –, ces déesses qui persécutent les parricides, commencent à poursuivre Oreste quand celui-ci tue sa mère Clytemnestre. Ici, ce ne sont que visions de folie qui lui apparaissent lorsque la plupart des acteurs ont passé l'arme à gauche. C'est à cause d'elles qu'il déclame à la fin : « Hé bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ».
De fait la dimension mythologique est complètement oubliée dans cette pièce. Les hommes n'ont pas besoin que des Dieux interviennent pour les faire agir de manière irraisonnée. Ils se suffisent bien à eux-mêmes pour cela.
Commenter  J’apprécie          498

Citations et extraits (203) Voir plus Ajouter une citation
Hermione.
Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?
Le cruel ! de quel oeil il m'a congédiée :
Sans pitié, sans douleur au moins étudiée !
L'ai-je vu s'attendrir, se troubler un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ! Et, pour comble d'ennui,
Mon coeur, mon lâche coeur s'intéresse pour lui !
Je tremble au seul penser du coup qui le menace !
Et, prête à me venger, je lui fais déjà grâce !
Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :
Qu'il périsse ! aussi bien il ne vit plus pour nous.
Le perfide triomphe et se rit de ma rage :
Il pense voir en pleurs dissiper cet orage :
Il croit que, toujours faible, et d'un coeur incertain,
Je parerai d'un bras les coups de l'autre main.
Il juge encor de moi par mes bontés passées.
Triomphant dans le temple, il ne s'informe pas
Si l'on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas.
Il me laisse, l'ingrat, cet embarras funeste.
Non, non, encore un coup, laissons agir Oreste.
Qu'il meure, puisque enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir...
À le vouloir ? Eh quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne ?
Sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione ?
Ce prince, dont mon coeur se faisait autrefois
Avec tant de plaisir redire les exploits,
À qui même en secret je m'étais destinée
Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée ;
Je n'ai donc traversé tant de mers, tant d'États,
Que pour venir si loin préparer son trépas,
L'assassiner, le perdre ? Ah ! devant qu'il expire...
Commenter  J’apprécie          230
Je ne t'ai point aimé, cruel? Qu'ai-je donc fait?
J'ai dédaigné pour toi les voeux de tous nos princes ;
Je t'ai cherché moi-même au fond de tes provinces ;
J'y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes bontés.
Je leur ai commandé de cacher mon injure ;
J'attendais en secret le retour d'un parjure ;
J'ai cru que tôt ou tard, à ton dévoir rendu,
Tu me rapporterais un coeur qui m'étais dû.
Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m'annoncer le trépas,
Ingrat, je doute encor si je ne t'aime pas.
Mais, Seigneur, s'il le faut, si le ciel en colère,
Réserve à d'autres yeux la gloire de vous plaire,
Achevez votre hymen, j'y consens. Mais du moins
Ne forcez pas mes yeux d'en être les témoins.
Pour la dernière fois je vous parle peut-être :
Différez-le d'un jour ; demain vous serez maître.
Vous ne répondez point? Perfide, je le voi,
Tu comptes les moments que tu perds avec moi!
Ton coeur, impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre qu'à regret qu'un autre t'entretienne.
Tu lui parles du coeur, tu la cherches des yeux.
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux :
Va lui jurer la foi que tu m'avais jurée,
Va profaner des Dieux la majesté sacrée.
Ces Dieux, ces justes Dieux n'auront pas oublié
Que les mêmes serments avec moi t'ont lié.
Porte au pied des autels ce coeur qui m'abandonne ;
Va, cours. Mais crains encor d'y trouver Hermione.
Commenter  J’apprécie          250
ORESTE
Et vous le haïssez? Avouez-le, Madame,
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme;
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux,
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.

HERMIONE
Seigneur, je le vois bien, votre âme prévenue
Répand sur mes discours le venin qui la tue,
Toujours dans mes raisons cherche quelque détour,
Et croit qu'en moi la haine est un effort d'amour.
Il faut donc m'expliquer; vous agirez en suite.
Vous savez qu'en ces lieux mon devoir m'a conduite;
Mon devoir m'y retient; et je n'en puis partir
Que mon père ou Pyrrhus ne m'en fasse sortir.
De la part de mon père allez lui faire entendre
Que l'ennemi des Grecs ne peut être son gendre.
Du Troyen ou de moi faites-le décider :
Qu'il songe qui des deux il veut rendre, ou garder;
Enfin qu'il me renvoie, ou bien qu'il vous le livre.
Adieu. S'il y consent, je suis prête à vous suivre.
Commenter  J’apprécie          270
Oreste

Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle;
Et déjà son courroux semble s'être adouci
Depuis qu'elle a pris soin de vous rejoindre ici.
Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes voeux si funeste
Présenterait d'abord Pylade aux yeux d'Oreste?
Qu'après plus de six mois que je t'avais perdu,
A la cour de Pyrrhus tu me serais rendu?

Pylade

J'en rends grâces au ciel qui, m'arrêtant sans cesse,
Semblait m'avoir fermé le chemin de la Grèce,
Depuis le jour fatal que la fureur des eaux
Presque aux yeux de l'Epire écarta nos vaisseaux.
Combien, dans cet exil, ai-je souffert d'alarmes!
Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes,
Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger
Que ma triste amitié ne pouvait partager!
(...)
Commenter  J’apprécie          210
Pour la dernière fois, sauvez-le, sauvez-vous.
Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,
Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,
Au lieu de ma couronne, un éternel affront.
Je vous conduis au temple où son hymen s’apprête ;
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n’est plus, Madame, une offre à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.
Mon cœur, désespéré d’un an d’ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l’incertitude.
C’est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends.

Acte III, Scène VII (v. 960-972)
Commenter  J’apprécie          230

Videos de Jean Racine (37) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Racine
Rencontre proposée par Yves le Pestipon. Jean Racine, Lettre à La Fontaine, 11novembre 1661, de «De Lyon» à la fin.
On lit, on joue, on voit, on étudie beaucoup les tragédies de Racine. On a raison, mais on oublie parfois qu'il eut une vie, des amis, et qu'il écrivit des lettres. Ce qui nous reste de sa correspondance occupe presque tout un volume de la Pléiade. C'est passionnant, et c'est admirablement écrit. Parmi ces lettres, celle qu'il écrivit d'Uzès, le 11novembre1661, vaut par son ton, son humour, ses anecdotes, et son destinataire, le célèbre fabuliste qui ne l'était pas encore. On y découvre des complicités, presque de «loup» à «loup», une pratique de la langue, des styles, et du voyage, qui nous en apprend beaucoup sur le xviiesiècle français, et fait rêver. Très petite bibliographie Racine, Oeuvres complètes, II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. Georges Forestier, Jean Racine, Gallimard, 2006.
--
04/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (12611) Voir plus



Quiz Voir plus

Phedre

quelle est la relation entre Phedre et Ariane?

Mere/fille
soeur
confidente

10 questions
1176 lecteurs ont répondu
Thème : Phèdre de Jean RacineCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..