Néron est encore un jeune souverain frais émoulu sorti de l'école des Césars, une école probablement pas trop éloignée de Poudlard l'école des Sorciers chère à Potter, car ce brave jeune homme bien sous tous rapports va se faire contaminer par la mégalomanie paranoïaque de Voldemort.
Il gère donc son principat sans faire de vagues jusqu'au jour où il apprend que son demi-frérot
Britannicus a craqué pour Junie, descendante d'
Auguste en personne. Parano : cette situation risque de trop favoriser le frérot qui pourrait menacer son pouvoir. Donc il fait arrêter la jeune femme pour l'éloigner du frérot. Ironie du destin, il en tombe amoureux à son tour.
Là-dessus voilà que la mamma de Néron, Agrippine, s'en mêle. Si Junie approche trop prêt du fiston, elle risque fort de le libérer de son emprise de boa constrictor. Ni une ni deux elle se rapproche de
Britannicus et lui promet de l'aider à retrouver Junie, façon de faire passer un message au fiston : « tu vois je t'ai fait roi, je peux te défaire aussi sec ».
La parano de Voldemort titille Néron. Il a tous les pouvoirs, il peut balayer large s'il veut. Mais il hésite car suivre les bons préceptes de Poudlard, honneur, dignité, compassion, etc. lui assurerait une place héroïque dans l'Histoire. Donc : place d'Infâme ou place de traitre. Il est conseillé dans un sens puis dans l'autre, change d'avis comme une girouette. Mais à la fin ce sera l'Infâme.
Britannicus est empoisonné et Agrippine doit se tenir au garde-à-vous si elle veut sauver sa peau.
Bon j'ai résumé la pièce sur un ton badin mais c'est pour cacher mon admiration du style de Racine. Les vers sont pure musique sous l'oeil et l'auteur capte et restitue à merveille les affres, angoisses ou doutes des coeurs amoureux.
Même s'il connaît son Tacite, Racine s'accorde quelques licences poétiques. Selon Tacite (on pourra lire aussi le Néron de
Roger Caratini) ce n'est pas Junie dont le jeune Néron tombe amoureux mais d'une affranchie nommée Actée.
Britannicus prend deux ans de plus afin que son amour pour Junie soit vraisemblable. Narcisse, qui joue le rôle d'un agent double travaillant pour
Britannicus mais en fait pour Néron, n'a rien à faire dans cette histoire selon l'historien romain. Bah ! du moment que l'on est averti dans les commentaires du livre (et dans les préfaces mêmes de l'auteur) il n'y a pas de mal.
Malgré tout, je ressens moins d'attrait pour cette pièce que pour
Horace de
Corneille. J'ai pour l'instant lu deux
tragédies de chaque auteur et je préfère
Corneille. Pourquoi ? Je pense que c'est parce que la romance (le style galant en vogue à son époque) de Racine prend trop le pas sur sa politique. L'équilibre passion-politique est mieux conservé chez
Corneille, aboutissant aux situations qualifiées de cornéliennes. Chez Racine j'ai parfois l'impression de tomber dans le mélo.
Cela se joue sur un fil cependant.