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Georges Forestier (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070308316
176 pages
Gallimard (23/11/2006)
3.36/5   239 notes
Résumé :
Racine a pris le parti de la farce, non pas de la farce gauloise traditionnelle ni de la farce moliéresque - accusées de préférer les « sales équivoques » et les « malhonnêtes plaisanteries » -, mais d'une forme de farce nouvelle qui ne garde que l'écume de la synthèse comique réalisée par les grandes pièces de Molière. Il s'est agi pour Racine de privilégier le langage et le mouvement, et surtout, le mouvement du langage. Les coups ont beau tomber sur le dos d'un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Quoi, qu'entends-je ?
Il paraît que Racine a écrit des comédies ?
En tout cas au moins une. Je viens de la lire et je ne m'y attendais pas. Elle m'a eu par surprise.
Et il était doué pour ça, le bougre !
De ce que dit la préface, Racine a été incité à cette comédie par ses amis, dont Nicolas Boileau.

J'ai vraiment bien rigolé. L'auteur a laissé là l'antique et la mythologie pour s'amuser de travers de certains de ses contemporains : le goût compulsif du procès.
Son Dandin est un vieux juge prêt à tout pour se rendre au tribunal pour juger. Malgré la vigilance de son fils et ses employés, il glisse entre leurs pattes, passe par le soupirail ou le toit. Juger, il doit !
Quant à son Chicanneau, c'est un partenaire de jeu parfait, puisqu'il est drogué aux attaques et aux appels. Il emploie tous les moyens légaux, pendant des décennies si nécessaire. Et vu son nom, vous aurez compris que ce n'est pas pour débattre de sujets critiques. Il a d'ailleurs une sacrée concurrente en la personne de la Comtesse, aussi addicte des salles de tribunal et pour des sujets aussi sévères. Et quand ces deux-là s'opposent pour des raisons… on va dire loufoques, cela crée plus d'orage que le ciel d'août. de fil en aiguille, on finira par faire le procès d'un chien qui a volé un chapon en cuisine.
Bien sûr, il faut une petite histoire d'amour interdite, entre Léandre le fils de Dandin, et Isabelle la fille de Chicanneau. Ces deux-là ont la tête sur les épaules et ne sont pas les derniers des imbéciles. Ils sont aidés dans leur plan par « l'Intimé » secrétaire et le portier Petit-Jean.

Racine impose un rythme d'enfer à sa pièce qui tient en trois actes. Les vers se succèdent comme des wagons de TGV, un seul souvent réparti sur deux voire trois acteurs. Ça coupe sans cesse la parole et ça moque tous les styles déclamatoires des avocats. Comme chez Molière, la lecture prive du jeu de scène qui est important par moment, et est là pour faire rire. Mais j'en ai trouvé une version sur YouTube. Je vais la tenter.

Dommage que la fin soit un peu expédiée et sans rapport direct avec le procès qui précède. Mais qu'importe ! le plaisir instantané est là.
De ce que je vois sur Babélio, les lecteurs sont très partagés. Moi je me range dans le camps des satisfaits ; et j'ai Louis XIV dans ce camp-là paraît-il.
J'aurais bien voulu que Racine fasse d'autres comédies, quitte à faire la nique à Molière.
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Dans mon adolescence, quand je croisais mon père , la robe noire sous le bras, qui partait dès potron-minet après une rude nuit passée à répéter ses plaidoiries en arpentant son bureau, je lui lançais , comme un rituel:

"Mais où dormirez-vous, mon père?"
"A l'audience!" me répondait-il, invariablement.

Pendant longtemps ce furent les deux seuls vers des Plaideurs que j'eusse (!!) connus... Je devais bien faire à ce rite filial un hommage tardif : chroniquer la seule comédie du sévère Racine, janséniste austère et tragédien tourmenté..

Dans les Plaideurs, Racine se lâche et nous fait du Molière!

Au milieu d'une bande de valets imbéciles, et de fous furieux frappés de manie procédurière- une vraie psychose, si, si, elle existe!- un jeune couple , Léandre et Isabelle, deux jeunes gens raisonnables et néanmoins amoureux, essaient de trouver un truchement pour se marier...

On ne prend pas les mouches avec du vinaigre: pour appâter leurs pères, l'un chicaneur de profession, l'autre juge à la cour , maintenu sous ...séquestre par les siens pour l'empêcher de juger jour et nuit, nos deux amoureux lancent un simulacre de procès- un chien est l'accusé- ....et font signer leur contrat de mariage par la même occasion.

On est dans la grosse farce plus que dans la comédie fine, - un des modèles de Racine est Aristophane qui n'a jamais reculé sur la gaudriole ou la scatologie- et les chiens, même en comparution directe, ignorent tout des lois de bienséance:

"Quels vacarmes! Ils ont pissé partout!"

Mais la charge des milieux de justice est vive: corruption, intrigues, prévarication, et celle des hommes de lois, féroce : juges à enfermer, plaideurs - et plaideuse- à lier, greffiers et huissiers analphabètes, avocats sans mémoire -que le Souffleur du théâtre, sorti de son trou, par une surprenante mise en abyme, vient sortir de LEURS TROUS...de mémoire :

"Dandin: Vous?
Le Souffleur: Je viens secourir leur mémoire troublée.."

La charge est enlevée...mais je dois quand même avouer que malgré ma petite madeleine filiale ce n'est pas un chef d'oeuvre...

Racine n'est ni Molière ni Aristophane: il reste avant tout un tragédien, et, pour moi du moins, le plus grand- avec Shakespeare.
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Retour à l'adolescence par le biais d'un rangement de bibliothèque et quelques lectures imposées au collège : « Les plaideurs », Racine, 1668…

Dandin, un juge un peu fou (pour le moins) ne conçoit sa vie que pour juger. En manque de procès à se mettre sous la dent, il en viendra à juger un chien qui a volé un chapon. Ajoutons à cela un contrat de mariage : Léandre aime Isabelle…

La seule comédie de Racine… Comme toutes ces pièces lues trop tôt, et relues à l'âge adulte, je redécouvre une portée insoupçonnée. Malgré tout, cette relecture « des Plaideurs » m'a laissé un peu perplexe, comme une sensation d'avancer en dehors du texte ; une relecture nettement moins enrichissante que celle de Molière ; une pièce qui m'a parue moins dense, la langue moins accrocheuse…

Quelques répliques passées dans le langage courant, malgré tout :
« Sans argent l'honneur n'est qu'une maladie. »
« Qui veut voyager loin ménage sa monture. »
« Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. »
« On apprend à hurler ... avec les loups. »
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J'aime Racine. J'admire Racine, j'admire son vers tellement beau, tellement poétique, l'humanité de ses personnages, la beauté de ses tragédies. Mais… Mais Les Plaideurs est une comédie… C'est même la seule comédie dans toute l'oeuvre de Racine.
Si le problème n'était que celui-là, ce ne serait pas bien grave. Après tout, les comédies, c'est intéressant, non ? Mais Racine comique… Ce n'est pas totalement dépourvu d'intérêt, mais enfin… Quand même… Cette comédie aurait pu être légère, enlevée et distrayante, une façon-comme je l'ai dit-légère et distrayante, de moquer élégamment les moeurs des juges de son temps. Hors, cette comédie est caractérisée ( à mes yeux ) par sa lourdeur. Les personnages sont loin d'être fins. Ce n'est pas parce qu'on fait de la comédie, que les personnages doivent forcément souffrir d'une absence totale de psychologie et de finesse. Ensuite, l'intrigue n'est pas si originale que ça. Les rebondissements sont plutôt attendus. Racine s'inspire des Guêpes, d'Aristophane, j'ose espérer qu'Aristophane écrit mieux.
Pourtant, il y a parfois des passages plaisants ; tout n'est pas affreux. Mais, franchement, de là à considérer cette pièce comme une grande comédie… Il y a de la marge ! Et si cette pièce est parfois distrayante, plaisante, elle a tout de même ces défauts ! Fans de Racine, retournez aux tragédies, la comédie de Racine est certes pas mal, mais contrairement aux tragédies raciniennes, rien, dans tout cela ne traversera ls siècles !
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La seule comédie écrite par Racine souffre un peu d'être comparée aux onze autres pièces de cet auteur, qui sont toutes des tragédies, et dont la majorité sont des chefs-d'oeuvre du patrimoine classique. Et c'est bien dommage, car c'est une pièce qui tient la comparaison haut la main avec la plupart de celles de Corneille, qui a eu en son temps un très grand succès, et qui au fil du temps, s'est effacée devant ses consoeurs tragiques que sont « Phèdre », « Andromaque » ou « Britannicus ».
« Les Plaideurs » d'ailleurs ressemble assez à une comédie de Molière : d'une part, c'est la description d'une manie, et même une monomanie qui, sans être un vice, est de nature à perturber quelque peu celui qui en est atteint et son entourage. Et justement, c'est son entourage (son fils, et ses valets) qui vont profiter de ce dérangement à des fins personnelles et sentimentales. Et d'autre part, c'est l'attaque d'une institution – la justice – qui, comme la médecine, trouve dans ses excès la source même de son ridicule.
L'histoire, tirée toute droite des « Guêpes », d'Aristophane, est celle de Dandin, atteint de tribunalite aiguë. Pas méchant bougre, mais que voulez-vous, il faut qu'il juge et prononce une sentence, en frappant avec son petit marteau. Et ça tombe bien, voici deux plaideurs qui eux ont la manie de chicaner, vu qu'ils sont procéduriers en l'âme : ce sont Chicaneau (le bien nommé) et la Comtesse de Pimbesche. Or il se trouve que Léandre, le fils de Dandin, est amoureux d'Isabelle, la fille de Chicaneau. Les tourtereaux, aidés par Petit-Jean, le portier, et l'Intimé, le secrétaire, vont monter un faux procès autour d'un chien qui aurait mangé un chapon, et par la ruse, obtenir le consentement du juge à leur mariage.
C'est donc une farce, dans la plus belle tradition, servie, on s'en doute, par une langue admirable, et truffée de vers immortels qui sont passés à la postérité :
Certains sont inscrits dans la pièce elle-même :
« Point d'argent, point de suisse, et ma porte était close ».

« Mais j'aperçois venir madame la comtesse
De Pimbesche ; elle vient pour affaire qui presse ».

« Hé! Monsieur,peut-on voir souffrir des malheureux ?
- Bon! cela fait toujours passer une heure ou deux ! »

« Si vous parlez toujours, il faut que je me taise ».

« Qu'est-ce qu'un gentilhomme? Un pilier d'antichambre ».

« …il s'agit d'un Chapon,
Et non point d'Aristote et de sa Politique ».

Et parfois ce sont de vrais adages ou proverbes qui voient le jour
« Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fira :
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. »
« Qui veut voyager loin ménage sa monture ».
« Sans argent l'honneur n'est qu'une maladie. »
« On apprend à hurler ... avec les loups »
Un des joyaux du patrimoine théâtral, un peu oublié, mais qui mériterait, par la qualité de sa composition et l'excellence de son texte,
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
PETIT-JEAN :
Hé ! faut-il tant tourner autour du pot ?
Ils me font dire aussi des mots longs d'une toise,
De grands mots qui tiendraient d'ici jusqu'à Pontoise.
Pour moi, je ne sais point tant faire de façon
Pour dire qu'un mâtin vient de prendre un chapon.
Tant y a qu'il n'est rien que votre chien ne prenne,
Qu'il a mangé là-bas un bon chapon du Maine,
Que la première fois que je l'y trouverai,
Son procès est tout fait, et je l'assommerai.
(Acte III, scène 3)
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Léandre
Que de sacs! Il en a jusques aux jarretières!
Dandin
Je ne veux de trois mois rentrer dans la maison.
De sacs et de procès j'ai fait provision.
Léandre
Et qui vous nourrira?
Dandin
Le buvetier, je pense.
Léandre
Mais où dormirez-vous, mon père?
Dandin
A l'audience.
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(Acte III, scène III)

L’INTIME :
Voici le fait. Un chien vient dans une cuisine;
Il y trouve un chapon, lequel a bonne mine.
Or, celui pour lequel je parle est affamé,
Celui contre lequel je parle autem plumé;
Et celui pour lequel je suis prend en cachette
Celui contre lequel je parle. L’on décrète:
On le prend. Avocat pour et contre appelé;
Jour pris. Je dois parler, je parle, j’ai parlé.
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Chicanneau:

J'écris sur nouveaux frais. Je produis, je fournis
Des dits, de contredits, enquêtes, compulsoirs,
Rapports d'experts, transports, trois interlocutoires
Griefs et faits nouveaux, baux et procès-verbaux.
J'obtiens lettres royaux, et je m'inscris en faux.
Quatorze appointements, trente exploits, six instances,
Six-vingts productions, vingt arrêts de défenses,
Arrêt enfin. Je perds ma cause avec dépens,
Estimés environ cinq à six mille francs.
Est-ce là faire droit ? Est-ce là comme on juge ?
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LEANDRE
Cà, mon père, il faut faire un exemple authentique ;
Juger sévèrement ce voleur domestique.
DANDIN
Mais je veux faire au moins la chose avec éclat.
Il faut de part et d'autre avoir un avocat.
Nous n'en avons pas un.
LEANDRE
Hé bien ! il en faut faire.
Voilà votre portier et votre secrétaire.
Vous en ferez, je coirs, d'escellents avocats ;
Ils sont fort ignorants.
L'INTIME
Non pas, monsieur, non pas.
J'endormirais Monsieur tout aussi bien qu'un autre.
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Quelle pièce, livrée voilà plus de trois siècles, est sans doute la plus belle, la plus brûlante tragédie du théâtre français ? Elle met en scène l'épouse d'un roi éprise malgré elle de son beau-fils…
« Phèdre », de Jean Racine, c'est à lire en poche chez Etonnants Classiques.
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