Un grand cru… bouchonné par le temps.
Après la première guerre mondiale, un adolescent de 16 ans,
Raymond Radiguet, dope le roman psychologique. Il est comparé à
Rimbaud pour sa précocité littéraire et sa maturité d'analyse, à Belzébuth par les culs-bénits de l'époque.
Raymond Radiguet sèche le lycée pour vivre une liaison amoureuse avec une jeune femme mariée à un « poilu » parti au front. Au front, l'adolescent, imberbe, va préférer le reste du corps. Cette aventure va lui inspirer la trame du roman, paru en 1923.
Dans sa fausse confession, l'auteur pousse les deux amants à brûler les lettres du soldat à sa Marthe de femme et celle-ci finit par tomber enceinte, plus par inadvertance que par l'immaculée conception. Dans le village, cette liaison fait grand bruit et le désespoir des parents.
Près d'un siècle plus tard, difficile d'avoir
les joues en feu (autre titre de l'auteur) ou d'appeler à la censure après cette mièvre lecture. L'adolescent souffle ses 16 bougies et l'épouse dévergondée a 19 ans. Ce n'est même pas sa prof... La plume est chaste, la prose classique, les ébats restent sous les draps et le scandale ne dépasse pas les limites du raisonnable. La liaison n'est pas dangereuse.
Alors que l'auteur décrit avec une belle lucidité les émois adolescents, dont le manque de mesure n'a d'égal que le caractère périssable, le mari trompé ne fait que de la figuration dans le roman. Il n'est pas invité et reste ignorant de l'infidélité de son épouse. le bon bougre ne s'interrogera même pas sur la durée de grossesse de Marthe, incompatible avec ses rares permissions. A la guerre, il comptait les jours, pas les mois. Pas de scène où le mari apprend dans les tranchées par courrier la liaison de sa femme et se jette de désespoir en première ligne, en martyre de la nation. le roman se concentre uniquement sur cette passion amoureuse. En période de rut, le monde n'existe pas.
Après une vie de
bohème,
Radiguet mourra de la typhoïde à l'âge de 20 ans. Un génie adolescent.
Une fois n'est pas coutume et deux plagiat, je peux dire que j'ai préféré le film au roman. Pas la version pourtant réussie de Claude Autant Lara avec Gérard Philippe et Micheline Presle. Ne sois pas hypocrite, ODP, je parle de l'adaptation torride italienne de Marco Bellochio sortie en 1986 avec la prestation de Marushka Detmers qui laissait bouche bée.... J'étais adolescent.