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3,69

sur 81 notes
Le flâneur qui profite des bouquinistes quai de Montebello et quai de la Tournelle passe au dessus des gueux qui vivent entre la ligne RER et l'ex voie sur berge derrière les bouches d'aération et les plaques d'égout. Loin des yeux, loin des coeurs, ces clochards sont les vedettes de « l'évangile » publié par Alexis Ragougneau qui nous mêne aux côtés de Mouss, Stravos, Kristof et leurs disciples, loin des aménités de notre FRANCE en marche et des images touristiques valorisant le coeur de Paris.

Il s'agit plus d'une parabole que d'un polar et j'ai apprécié cette plongée dans les boues de la SEINE avec le père KERN, émouvant pasteur mobilisé avec les bénévoles d'ATD Quart Monde et Claire la juge torturée par des séquelles de son adolescence.

Une belle histoire, avec des héros engagés et l'écriture ciselée d'un romancier qui marche sur les traces de Victor Hugo en ressuscitant Quasimodo.
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A quelques jours de la célébration de Pâques, le corps d'un homme est retrouvé dans la Seine. Il est mort de noyade mais porte étonnamment les stigmates du Christ ainsi qu'une plaie sur le flanc. La police l'identifie rapidement, il s'agit de Mouss, un SDF qui, avec une dizaine d'autres sans abris, avaient occupé Notre-Dame de Paris, deux jours avant Noël, demandant un logement pour les laissés pour compte, après de nombreuses revendications restées lettres mortes. A l'époque la police etait intervenue brutalement pour chasser les occupants sous le regard du père François Kern, demeuré etonnament passif et depuis, se sentant responsable. Cette opération de force avait été très mal vécue par les autorités religieuses et notamment par les Cohors Christi, une organisation catholique rigoriste qui avait gardé dans sa ligne de mire le chef de cette revendication ; d'autres pistes sont évoquées, avec l'entourage des sans abris, un monde de promiscuité où vengeance et jalousie sont souvent exacerbées.

Une deuxième enquête dans laquelle on retrouve quelques uns des personnages de la madone de Notre-Dame, le père François en tête, prêtre officiant à Poissy, suppléant à Notre-Dame de Paris. L'homme est très affecté par la mort de Mouss, un homme qu'il a côtoyé, aidé mais également abandonné et trahi et puis l'on retrouve la jeune juge Claire Kauffmann qui va devoir démêler les fils d'une enquête qui résonne curieusement avec la passion du Christ.
Alexis Ragougneau continue son exploration des grands épisodes de l'évangile, après le 15 août et la fête de la Vierge, c'est Pâques qui sert de contexte à sa deuxième enquête, une intrigue très érudite et savante, dans laquelle il fait preuve d'une grande connaissance des rites religieux et du contexte spirituel autour de Notre-Dame de Paris. Une intrigue christique, pas toujours vraisemblable mais diablement intelligente.
Avec l'incendie de Notre-Dame de Paris, il sera sans doute difficile de continuer ces enquêtes et cette exploration de la Cathédrale comme lieu d'investigation, mais qui sait, Alexis Ragougneau est plein de ressources et trouvera peut-être une solution pour explorer le personnage du prêtre ou se concentrer sur un autre édifice religieux...
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La Cour des Miracles a annexé Notre-Dame de Paris au détour d'un Noël.

Événement fort médiatisé face à la naissance d'un nouveau sauveur des laissés-pour-compte, belle parabole dont l'épilogue est un cadavre, quatre mois plus tard. Celui du jeune meneur, clochard martyrisé, repêché dans la Seine.

Heureuse surprise que cet évangile! le ton ironique et sarcastique est amusant. Les dialogues sont dans leur jus populaire. Cette histoire bourrée de symboles est bien construite et décomplexée ( l'allégorie de la cène autour de pizzas Margherita est savoureuse) et donne la parole aux invisibles avec humour et efficacité. L'enquête est accessoire, menée par un prêtre à l'ascétisme façon Greco, une jolie juge sur talons aiguilles et deux improbables flics du 36 voisin.

Néanmoins, derrière la fable humoristique se cachent des thématiques plus sérieuses et bien actuelles, des relents de corporatisme et fondamentalisme religieux. Les institutions politiques, policières et spirituelles, la bonne bourgeoisie et les actions sociales se font égratigner, stigmatisant l'indifférence et la bonne conscience de notre époque face au problèmes des sans-abris.

Pas de doute qu'après cela, les gueux de nos trottoirs prennent une autre dimension.
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Série noire chez les s.d.f parisiens, règlement de compte sous le pont Neuf, du rififi port de la Tournelle. le droit d'asile à Notre-Dame, Mouss a voulu y croire et il y a quelque mois deux jours avant Noël il fut le porte-parole médiatisé des sans-grades, des sans-noms, des sans-tout-ce-dont-on-a-besoin. Mouss, le Clopin-Trouillefout de la cloche parisienne y a cru. Seulement voilà, ce printemps, Mouss est retrouvé noyé dans la Seine, son corps porte d'étranges stigmates Christiques, quelques jours après les fêtes de Pâques.

Un polar avec pour décors les quais de Seine et ses pauvre résidents est une formidable idée. de la Sainte-Chapelle et la place Dauphine, une guerre se joue entre la République et des intégristes très catholiques ayant séchés les cours de charité chrétienne. Quand Claire Kauffman, la juge d'instruction se plonge dans le dossier elle est loin de se douter que l'affaire implique de gros bonnets et qu'elle devra se méfier du sabre et du goupillon et oui Claire, des idées rances ont survécues en ce début de siècle.

Ta vie privée et tes amours singulières ne vont rien arranger, heureusement, tu as un allié quai des Orfèvres et l'aide de la cour des miracles qui loge à deux pas du Palais de Justice.

Alexis Ragougneau a du coeur et de l'audace, articuler une enquête policière autour des sans-abris qui peuplent les quais de Seine des beaux quartiers était un défi. Pari réussi, son roman donne la parole à des hommes qui ne l'ont jamais. Même le clochard céleste ne doit pas compter sur Dieu, mais sur les hommes pour rester en vie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après Opus 77 je fais davantage connaissance avec Aléxis Ragougneau, cette fois par un écrit bien différent puisqu'il s'agit d'un polar social. Par la belle nuit de Noël, ce n'est pas la neige qui étend son manteau blanc mais les gueux du bord de Seine qui étendent leurs pelures mais surtout leur misère dans le coeur de Notre dame. Très mauvaise pub pour les politiques, imprévu plus que dérangeant pour la police mais peut-être bonne aubaine pour les extrémistes en tout genre. A.Ragougneaux sait nous rendre attachant chacun de ces "sans dents" sans pour autant nous épargner la réalité de la rue avec la déchéance des corps, la puanteur, la maladie, et la violence. Mais il y a aussi l'humanité, l'espoir, la poésie et la révolte. Mouss le porte parole de cette nouvelle cour des miracles ,Catherine la jolie Juge d'Instruction, Kern le petit curé de Notre Dame, Gombrowicz le flic au coeur d'artichaut , Kristoff le polonais et sa flamboyante fille laissent tomber peu à peu l'habit qui ,une fois encore, ne fait pas le moine! et nous découvrons l'intime, les blessures qui font de chacun un être singulier et poignant. A.Ragougneau nous entraîne dans le sillage déroutant et percutant du besoin de croire à tout prix, du besoin de transférer sur une icône tout le poids du monde et d'en attendre la rédemption...J'ai beaucoup aimé ce polar pour son humanisme, son originalité mais aussi pour le style de l'auteur qui sait user de sensibilité, d'érotisme, d'humour aussi bien que de réalisme.
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Je ne connaissais ni Alexis Ragougneau ni son oeuvre. Je me suis intéressé à lui lorsque j'ai consulté la liste des auteurs présents aux Quais des polars de Lyon cette année, et Babelio et les éditions Viviane Hamy, dans leur grande bonté, m'ont permis de découvrir « Evangile pour un gueux » qui est la suite de « La madone de Notre-Dame ». Malgré le fait que ce soit la deuxième aventure, je n'ai pas eu besoin de lire le premier pour apprécier celle-ci.

Ayant travaillé quelques années dans la cathédrale Notre-Dame et connaissant ses moindres recoins, l'auteur place ce monument au centre de son monde. Il insuffle sur son histoire une atmosphère vraiment particulière qui nous transporte dans les murs et autour de cette entité. Là, il fait interagir tous les catégories de gens qui font la vie du bâtiment. On y croise bien sûr les religieux, mais aussi les forces de l'ordre et plus surprenant, les sans-abris, qui semblent réellement faire partie du décor.
Sous couvert d'un meurtre et ensuite d'une enquête de police, Alexis Ragougneau nous dépeint l'intérieur de ces différents clans. On est plongé alors dans leur quotidien et c'est la nature humaine qui prend le dessus. Dans l'église où la charité devrait être de mise, dans la police où l'intégrité devrait être une règle, ou dans la rue où la survie est censée passer par la solidarité, tout n'est que manigances et profits personnels. Au cours de cette aventure, l'Homme dévoile tous ses défauts et on constate toutes les limites des préceptes que chacun se choisit.

Avec une écriture très soignée et des dialogues extrêmement vivants, l'auteur nous immerge au coeur de toute cette société abimée. On s'entiche de ces acteurs, qui finalement participent plus à une tragédie humaine qu'à un polar.
J'ai fait une belle découverte et je retournerai avec joie dans l'intimité de Notre-Dame de Paris, pour une nouvelle aventure.

Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Un cadavre atrocement mutilé est repêché dans la Seine. Il s'agit du corps de Mouss, un SDF qui avait participé à l'occupation de Notre Dame 3 mois auparavant.
L'enquête est confiée au juge Claire Kaufmann, aidée des policiers Landard et Gombrowitz.
Le Père Kern, qui a vécu l'occupation et connu Mouss, mène également sa propre enquête parmi les SDF des quais de Seine.

Personnages tourmentés, descriptions réalistes, intrigue passionnante, fin bouleversante, Evangile pour un gueux est un formidable roman policier. Et l'histoire déjà excellente à la base est de surcroît servie par une écriture extrêmement soignée. Ce roman particulièrement original est donc une réussite à tous points de vue.

Je ne sais pas si c'est lié aux couvertures si caractéristiques des éditions Viviane Hamy, mais en refermant ce roman, j'ai eu la même impression qu'il y a 14 ans quand j'ai refermé mon premier Fred Vargas, celle d'avoir découvert un grand auteur de polars.

Je remercie donc très sincèrement Babelio et les éditions Viviane Hamy pour cette belle découverte réalisée dans le cadre de la dernière opération Masse Critique.

Et je précise pour ceux qui seraient intéressés par cette lecture que ce roman peut tout à fait être lu sans avoir lu le premier de la série. Par contre, il vous donnera sans nul doute l'envie de le lire!
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Je ne suis pas spécialiste des romans noirs ou policiers et me laisse attirer par ce genre parfois.
C'est autant le titre que la couverture et l'éditeur qui m'ont séduite. Et j'ai trouvé l'entrée en matière fort réussie.

C'est un policier somme toute très classique en apparence : un meurtre à élucider, un tandem de policiers, l'ancien et le plus jeune, une juge d'instruction perspicace. Cependant, l'environnement et les circonstances changent la donne et y mettent de l'originalité. Choisir des SDF et un prêtre comme acteurs principaux ajoute une dimension sociétale au roman qui aborde alors les thèmes de la précarité, du mal-logement, et de la rue, mais aussi ceux de la foi et de l'intégrisme religieux.

Cela fait peut-être un peu trop. On tombe dans quelques travers poussant à caricaturer les personnages et à décrédibiliser certaines scènes .

Il n'en reste que l'histoire est prenante, nous éclairant peu à peu en nous restituant ce qui s'est passé quelques mois auparavant. Et, le lecteur est forcément interpellé sur la question des SDF.
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Sept mois que j'attends d'avoir un coup de coeur littéraire et le voici, mon petit bijou! Quand en 2014, j'avais lu La Madone de Notre-Dame du même auteur, je m'étais dit qu'il manquait un petit quelque chose mais que ce premier roman était prometteur. Après avoir tourné la dernière page d'Evangile pour un gueux, j'espère juste qu'il parviendra à renouveler l'exploit. Oubliez qu'il est dans la collection Chemins nocturnes, et donc associé pour beaucoup au polar. Oubliez parce que ce roman, c'est un roman noir, certes mais c'est tout simplement à la fois un bijou dans l'écriture et dans l'utilisation des symboles et des métaphores. Et peu importe que vous n'ayez pas lu La Madone de Notre-Dame, ça ne gâchera pas du tout votre plaisir.

On retrouve le père Kern qui, dans le premier tome, officiait à Notre-Dame. Ce temps-là est révolu. Il n'est pas au mieux de sa forme, ni physiquement, ni moralement. Quand on repêche le cadavre de Mouss, SDF qui a investi Notre-Dame il y a peu, le juge Claire Kauffman l'oblige à sortir de sa tanière.

Il est toujours difficile de rendre hommage à un roman qu'on sent parfait. Car pour moi, il n'y a pas une fausse note ici. Alexis Ragougneau revisite Victor Hugo à sa manière, parce qu'il y a du Victor Hugo moderne dans la description de sa galerie de personnages peuplée de ceux que la vie a maltraités :
Il voyait les grosses larmes perler sur les pommettes de Kristof puis disparaître dans sa barbe épaisse parfumée à la bière Leader Price. Les gouttelettes, curieusement, ressortaient au niveau du menton après s'être frayé un chemin dans la forêt de poils roux et blonds, au bout duquel elles restaient un instant suspendues.

L'autre grand thème de ce roman, c'est le jeu sur les robes noires : la soutane contre la robe d'avocat, la justice divine contre celles des hommes, la critique de la soutane capable de regarder des enfants s'en prendre à un autre sans lever le petit doigt, l'impuissance de la robe d'avocat. Et ce thème est traité avec brio jusqu'à l'excellente chute, ou plutôt aux excellentes chutes. L'auteur ne se contente pas de revisiter Victor Hugo, il revisite la période de Pâques avec tout autant de talent. L'écriture est finement ciselée, ce n'est pas un roman qu'on engloutit, on le déguste, phrase après phrase. Et cerise sur le gâteau, on peut s'attacher au père Kern ou à Claire Kauffman qui a quelques points communs avec moi, dont celui de boire du chocolat chaud le matin, "comme une fillette". Et parfois, il nous arrive de sourire. Alors une fois ou deux, je me suis dit: "Ben tiens, voyons" comme dans "Ben tiens, voyons, Claire est une femme forte, elle résiste aux avances du jeune policier, donc bien sûr, elle est lesbienne". Mais finalement, comme Alexis Ragougneau n'en fait pas une caricature de lesbienne, pourquoi pas? Alexis Ragougneau utilise les doubles pour mieux les opposer et c'est un jeu qui chez lui, varie à l'infini: la lesbienne qui combat la testostérone à tout prix et celle qui n'a pas besoin de ce combat-là, la soutane des extrémistes et le petit prêtre qui n'a pas besoin de sortir "déguisé", le frère blond et le frère brun, le révolté et le soit-disant sage, Judas et Saint Simon.

Je m'emballe mais je vous assure que ce roman est un très grand roman. Pour moi, il est de la trempe des meilleurs Indridason, un peu un pendant français à Etranges Rivages, mon préféré de cet auteur islandais, non dans le thème mais dans le style. Et deuxième cerise sur le gâteau (c'est un roman avec beaucoup de cerises), la résolution de l'intrigue est du grand art et n'est en rien annexe au propos qui n'est pas novateur, ça je vous l'accorde mais l'intérêt de ce roman est ailleurs.

Lien : http://parenthesedecaractere..
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L'originalité de ce polar c'est qu'il donne la parole à ceux que l'on n'entend pas très souvent et que parfois l'on ne voit plus : les sdf parisiens.
L'histoire commence par la découverte d'un cadavre dans la Seine. Il s'agit d'un jeune clochard appelé Mouss. Celui-ci est connu des services de police car il a participé à un mouvement de sdf venus se mettre à l'abri à Notre-Dame la veille de Noël et refusant d'en sortir.
Plusieurs personnes sont sur l'enquête : deux policiers du 36 quai des orfèvres, une jeune juge et un prêtre malade.
Ces personnages vont collaborer avec les clochards pour faire éclater la vérité.
Ce roman m'a bien plu, par le style très imagé, par l'ambiance et le cadre où il se passe, toutefois il manque un petit quelque chose pour que ce soit génial. Peut-être est-ce un problème de crédibilité ?

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