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Critique de ODP31


ODP31
15 novembre 2022
De la récup de papyrus !
Ah, si on pouvait effacer toutes les âneries écrites sur le développement personnel et utiliser le papier purifié pour rééditer des auteurs oubliés…
C'est grosso modo la définition d'un palimpseste. Moi qui croyais qu'il s'agissait du nom d'un bouton qui gratte. Et bien non, c'est du parchemin recyclé. A l'époque, ils ne transformaient pas les feuillets en boule de papier à la première rature. Ils optimisaient la ressource les scribes et les moines copié-collistes.
Alexis Ragougneau, dès fois, les pseudos devraient être obligatoires, auteur de l'excellent « Opus 77 », a choisi d'intituler ainsi son nouveau roman car son héros superpose son histoire à celle écrite par son père dans un livre prohibé.
Ce choix formel induit un roman exigeant, concentré en seul bloc, sans chapitre, qui laisse parfois échapper les passages du texte originel et dont les seules respirations qui découpent les différents temps du récit sont des définitions de mots clés. A charge pour le lecteur d'en deviner la pertinence.
Je dois avouer qu'il m'a fallu une bonne centaine de pages pour parvenir à m'introduire dans ce roman un peu froid. J'en suis d'abord resté un spectateur titillé par l'originalité de la construction mais sans parvenir à m'immerger dans l'histoire. Je barbotais dans le pédiluve jusqu'au moment du grand plongeon, où le fond a pris le pas sur la forme. J'ai alors pleinement profité de la baignade jusqu'au bout de la ligne... d'eau.
Puisque on en est aux mots compliqués, l'histoire est une dystopie, un récit pessimiste qui augure un avenir pas folichon et donne surtout des envies nostalgiques de bons vieux temps. Nos oracles n'ont vraiment pas le moral. En cette automne littéraire, il y en a presque autant, de ces promesses d'apocalypse, que de bronchiolites.
Dans un futur proche, Simon Kass est un génie de la fake-news, un troll chargé de faciliter la réélection d'une dictatrice à la tête du Parti « Vox Populi ». Les historiens racontent l'histoire. Simon la réécrit.
Il passe ses journées dans La Grande Bibliothèque où il peut fréquenter les différentes tours et les écrits interdits, dont ceux de son propre père, archéologue qui voulait exhumer les vestiges d'un camp de concentration de tziganes.
A la fois ivre de son pouvoir de nuisance et marqué par son histoire familiale avec ce père dont il a précipité la chute et une mère, actrice célèbre d'une série TV ultra violente, Simon va retrouver le chemin de la vérité dans l'écriture. La revanche de la plume sur les écrans, du réel sur le virtuel.
Ce roman est d'une intelligence rare mais il faut être un peu têtu pour en arriver à bout car il ne se laisse pas effeuiller à l'oeil. Ce n'est pas un roman facile. Il interroge de façon passionnante le rapport à la vérité, la réécriture de l'histoire, la marginalisation des intellectuels, des scientifiques et la manipulation de l'information. Toutes les paroles ne se valent pas.
De quoi alimenter nos peurs du lendemain qui déchante.
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