« Liberté, Égalité, Fraternité », une belle devise, certes, mais une belle utopie encore plus sûrement. Il n’y avait que les saints et les sots pour croire que les hommes pouvaient naître et vivre égaux en droits et en devoirs. Dans toute société se dégageait toujours une oligarchie d’hommes regroupant les individus les plus forts et les plus intelligents, mais aussi et surtout ceux qui avaient le plus grand appétit, la plus grande soif de pouvoir et d’argent.
Ah ! les méfaits de l’âge… C’était terrible de se sentir vieillir, d’en percevoir chaque matin de nouveaux stigmates ! Les premiers signes, on n’y prenait pas garde – ou si peu – puisque c’est parfois dès vingt ans qu’apparaissent les premiers cheveux blancs. Mais ce flétrissement de la peau, cet affaissement des chairs, ces premières tâches brunes sur les mains, c’était l’annonce de la décrépitude, le commencement de la fin.
Le piratage informatique, le hacking, était pour l’un ce que les affaires étaient pour l’autre : de l’hébreu ou du chinois. Et encore, Jacques reconnaissait n’être lui-même qu’un amateur comparé à certains autres hackers, déjà capables de ruiner une société, voire un pays. Ces hommes constitueraient bientôt une menace bien plus grave pour l’humanité que la pire des bombes nucléaires.
Le principal malheur de l’Afrique, c’est que les pères de l’Indépendance ont rarement eu des héritiers dignes d’eux. Pour ne pas avoir à justifier un bilan désastreux souvent injustifiable, leurs successeurs jettent l’opprobre sur ces « pelés, ces galeux de colonisateurs d’où leur vient tout le mal » plutôt que de reconnaître leurs propres insuffisances, voire incompétences.
En réalité, ce dont l’Afrique a besoin, c’est de temps, et, ce temps, il faut qu’elle le prenne pour grandir, pour se construire. Si les États-Unis se sont faits en un siècle et demi, ils se sont construits sur un continent peu peuplé alors qu’il a fallu mille ans à la Gaule pour devenir la France, et six cents de plus à l’Europe pour faire son unité.
5 questions posées à Joël Raguénès, à l'occasion de la sortie de son livre Une mer de lin bleu (Yago)
Source : Librairie Dialogues