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EAN : 9782350020327
Éd. Cloître (23/05/2007)
3.62/5   8 notes
Résumé :
«Regarde Jan, regarde ces fleurs bleues. Ce sont les fleurs de lin. Dieu nous les donne une fois l'an, pour nous apprendre ce qu'est la beauté et combien elle est éphémère. Demain, elles disparaîtront après nous avoir éblouis le temps d'une journée et le lin perdra sa parure de printemps en nous laissant ses parties utiles. Nous sèmerons les meilleures graines et feront de l'huile avec les autres. La plante, elle, nous nourrira toute l'année car ce sont ses fibres q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je n'ai pas fait exprès d'acheter ce livre alors que des manifestants remettaient au goût du jour la révolte de Bonnets Rouges. Ce n'est d'ailleurs que le sujet du dernier tiers de ce roman historique, et pas le plus important à mon avis, mais j'y reviendrai.
Le titre parle de lui-même, ce livre traite de ce qui a fait de la Bretagne une des provinces les plus riches de France au soir du XVIIème siècle. le textile et le commerce. En effet, le lin et le chanvre étaient des cultures importantes qui nourrissaient toute une industrie paysanne de traitement et de tissage des fibres, tandis que le commerce européen de ces toiles comme d'autres produits tels que le beurre salé (eh oui, déjà) faisait naître toute une classe de commerçants et de grands armateurs. Mais le propos va au-delà, et décrit le contexte politique qui accompagne cet essor. D'abord ce que certains appellent la première mondialisation, avec les échanges intra-européens qui s'intensifient et le commerce transocéanique qui s'organise. Une anecdote rapportée par Joël Raguénès mais que je ne saurais vérifier illustre bien cette mondialisation : les voiles qui ont porté les caravelles de Christophe Colomb jusqu'aux Amériques étaient bretonnes ! Ensuite, un contexte français, alors l'avènement de l'absolutisme, et la façon dont Louis XIV et son ministre Colbert prennent le contrôle du territoire, même des Provinces d'Etat, régions récemment rattachées à la couronne et qui avaient gardé, par traités une large autonomie. le traité de 1532 entre la Bretagne et la France sont ainsi foulés au pied de fait par Colbert qui impose des impôts que seuls les Etats de Bretagne pouvaient officiellement décider. Si ce traité n'est officiellement aboli qu'à la Révolution française, l'absolutisme en a été le véritable fossoyeur.

J'ai donc appris beaucoup au cours de cette lecture, et j'ai vraiment apprécié cette lecture facile et instructive. Cependant, je dois bien avouer que je n'ai pas été conquise par le style et l'histoire en tant que telle. de fait, l'histoire est plutôt inexistante, et les péripéties (si tant est que ce mot soit employé ici à juste titre) sont trop clairement au service d'un exposé historique pour que l'on puisse parler d'intrigue. de même, les dialogues sont nombreux mais, au lieu de rendre vivant le texte, ce sont en fait des exposés historiques déguisés sous la forme de dialogues, avec des analyses des décisions de Colbert par les personnages ou bien des exposés sur le fonctionnement du commerce des crées, noyales et autres bretagne (nom des différentes toiles, selon leurs qualités et leur provenance).
Et, si les premières parties ont lieu en 1671 et 1672, la dernière partie se situe en 1675, au moment de la révolte de Bonnet Rouges. Elle apparaît déconnectée du reste, et aussi beaucoup moins travaillée puisque l'on a un mélange de livre d'histoire (avec par exemple un extrait des lettres de Madame de Sévigné qui vient couper la narration alors que les protagonistes n'ont aucune raison de la connaître) et de roman, le tout s'agençant assez mal. Alors certes, ce n'est pas inintéressant, et ici encore j'ai appris pas mal de choses que j'ignorais. Notamment, le fait que c'est peut-être bien plus la taxe sur le tabac que celle sur le papier timbré qui a mis le feu aux poudres, moins glorieux mais plus crédible, même si l'auteur fait dire à l'un de ses protagonistes bourgeois : « L'année précédente, [Colbert] avait instauré également [une taxe] d'un sol sur chaque pièce d'étain et une autre sur les papiers de toutes sortes, dont le papier timbré. Un sol la fleur de lys apposée sur les papiers officiels, c'était se moquer du monde ! » (p. 298, Chapitre 36, Partie 3, “1675, l'année terrible”)... Les peurs étaient telles alors que les révoltés avaient décidé que serait punie toute personne qui hébergerait (sic) la Gabelle ou ses enfants ! Alors les cris étaient très policés, « Vive le roi sans taxe et sans gabelle ! » (p. 347, Chapitre 41, Partie 3, “1675, l'année terrible”), mais la révolte fut violente et sanglante, et marqua le début du déclin de la grande province de Bretagne.
En définitive, en livre intéressant pour ceux qui connaissent peu cette période de l'histoire régionale et qui veulent mieux la comprendre, mais il faut savoir passer au-dessus des défauts narratifs trop criants. Pourtant, je le répète, malgré tous ces travers qui m'ont agacée, j'ai passé un agréable moment de lecture et il m'a été difficile de poser le livre une fois commencé.
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Récemment édité chez Éditions Coop Breizh (Juin 2022) en format poche, ce roman fut une excellent découverte .
Présenté comme une saga familiale, Jan (Yann) rentre d'Espagne comme négociant de lin . Il retrouve son frère , Jacques et sa famille, en Bretagne.
Nous sommes en 1671, années fleurissantes pour cette région où la culture, la production et l'exportation sont en plein essor et feront la richesse de la Bretagne (entre le XVI et XVIII ème siècle).
Des cartes, un lexique et des annexes , aideront le lecteur à mieux s'imprégner et comprendre l'activité autour du lin et du Chanvre qui monopolisa une très grande partie de la population .
Page 237 " Lin et Chanvre constituent la principale richesse de la Bretagne. On les trouve partout, que ce soit dans le Léon, dans le Trégor, le Goël , en Cornouailles, dans les évêchés de Dol, de Saint-Malo,de Rennes, de Vannes, De Nantes...Savez-vous qu'il y a cinquante mille métiers à tisser , dans notre province, dont environ un tiers pour le lin, et le reste pour le chanvre? Regardez autour de vous ! Ces plantes donnent du travail à cent cinquante ou deux cent mille personnes et du pain à toutes leurs familles. "
Un pan de l'Histoire, du textile qui a servi à l'usage domestique, aux voiles de bateaux, à l'habillement . Nous l'utilisons encore .
Partez sur les pas de la famille Kerléo, une famille qui a foi en cette plante , qui veut la transmettre et qui ne manque pas de tact en négoce. Jan, pas très chanceux avec ses épouses et ses enfants, est attachant, et j'ai eu plaisir à le suivre .
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J'ai acheté ce livre au Musée du Lin à Saint-Thélo, lors de mes vacances en Bretagne, la couverture m'ayant conquis. de plus, ayant des origines bretonnes et n'ayant jamais lu d'ouvrage en rapport avec la Bretagne au XVIIème siècle, j'ai décidé de me lancer dans ce livre.

Je ne fus pas le moins du monde déçu par mon aventure, je l'ai bien au contraire suivie avec entrain !
Les descriptions de J. Raguénès sont travaillées au peigne fin, nous permettant de nous imprégner dans le décor du roman, aux beaux paysages de cette terre Armorique que j'aime tant !
Les personnages et les péripéties ne sont quant à eux pas approfondis plus que cela, puisqu'ils servent de cadre pour conter la Révolte Bretonne. Je ne m'attendais pas à ça, mais ce ne fut pas un déplaisir, car vraiment, malgré quelques défauts, je dois reconnaître que ce roman m'a envoûté.
Bémol en plus : certaines actions se déroulent un petit peu vite, ne prenant pas le temps de s'appuyer sur la psychologie des personnages.
L'auteur semble s'être très bien documenté, et les personnages ont des réactions et un cadre réalistes, permettant de les voir évoluer de manière tout à fait naturelle.
J'ai beaucoup apprécié le personnage de Jan, qui m'a paru stratégique et conscencieux, tout en conservant une sagesse et une tendresse profondes, qui lui offrent une authentique humanité.
Même s'il n'était pas toujours en accord avec son oncle, j'ai bien aimé Hervé, qui me paraissait être le personnage le plus humble de ce livre.
En revanche, je ne fus pas enchanté par le personnage de Jacques, qui est le soi-disant "super-fidèle et croyant" et qui ne manque pas de se poser des interogations à propos du Paradis, il ferait bien de redescendre sur Terre pour voir ce qui s'y passe, et trouver en lui un tant soit peu de bienveillance afin de tendre la main aux opprimés. Et il n'est pas si pur que ça...

Eh bien j'achève ici mon avis, tout cela pour dire que Une mer de lin bleu n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais en tout cas un ouvrage qui a percuté ma sensibilité, et que je vous recommande de tout coeur !
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Je suis enfin arrivée au bout de ma lecture.
Un roman dans la sélection de printemps de mon club de lecture..... et que je me suis poussée à finir uniquement parce qu'il me permet de le prendre en compte dans le challenge des romans historiques.
Le roman est composé de deux parties : une première où il est question de la culture du lin surtout (et un peu du chanvre) et de la transformation en toiles aux différents noms, ou en corde.
la seconde partie parle de la révolte des bonnets bleus et rouges.
Certes les deux sujets sont très intéressants, mais j'ai trouvé le style d'écriture très maladroit,ce qui m'a beaucoup gêné, voire totalement empêché d'apprécier pleinement ma lecture.
Et surtout, j'ai un peu de mal à comprendre ce que fait le personnage principal, là au milieu.. alors certes, il fallait un lien entre les multiples sujets abordés, mais à aucun moment je ne suis entrée en empathie avec cet homme et sa famille.
Finalement, je pense que la lecture d'une documentaire, m'en aurait autant appris, et aurait été plus facile à aborder que ce Roman.
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La Bretagne au 17ème siècle.
Louis XIV est au pouvoir.
Yan Kerléo revient au pays après avoir vécu une intense histoire d'amour avec Dolorès, sa seconde épouse, qui vient de décéder en même temps que leur fils Juanito en lui laissant une petite fille, Blanca.
Dolorès était espagnole, et Yan, grâce à son beau-père, s'est initié au commerce des toiles. Il s'est constitué un réseau en Bretagne et en Espagne, il avait d'abord fait fortune en Amérique du sud où il s'était fondu dans la société locale.
Il revient en Bretagne, dans le Léon où il est né, où il avait épousé Jacquette, sa première épouse tendrement aimée, morte en couche en lui laissant une fillette, Anne, qu'il avait refusé de revoir.
Il revient pour développer ses affaires : la Bretagne est riche de ses toiles de lin et de chanvre. La marine en a grand besoin, en France et à l'étranger.
Mais Louis XIV a nommé Colbert au poste d'Intendant des Finances, et les choses vont aller de mal en pis, entre réglementations iniques et guerres catastrophiques.
C'est donc avec pour décor l'apogée puis le déclin du commerce des toiles bretonnes que l'on suit trois ans de la vie de Yan et de ses proches. Trois années mouvementées, denses.
Grâce à ce roman, j'ai appris beaucoup sur la culture du lin, sur ces riches heures bretonnes. J'ai aussi découvert l'histoire de la première révolte des Bonnets Rouges, des Bonnets bleus.
Entre fiction et documentaire, ce long roman se lit facilement : pas de longueurs inutiles, un style précis et efficace, des personnages qui ont de l'épaisseur, et des informations savantes mais pas indigestes. En refermant ce livre, je me sens un peu moins bête, et j'ai passé de bons moments avec Yan.
Si vous êtes intéressé par la Bretagne, son histoire, ses paysages, sa culture, je vous le recommande sans aucun doute.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’année précédente, [Colbert] avait instauré également [une taxe] d’un sol sur chaque pièce d’étain et une autre sur les papiers de toutes sortes, dont le papier timbré. Un sol la fleur de lys apposée sur les papiers officiels, c’était se moquer du monde ! (p. 298, Chapitre 36, Partie 3, “1675, l’année terrible”)
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Vous êtes comme Père ! Pour vous, le lin, c’est la toile, les crées, et ça s’arrête là. D’ailleurs, c’est certainement pour cela que, d’année en année, Père diminue les surfaces qu’il en cultive. Il ne s’intéresse qu’au fil et à la toile, pas à la plante, pas au lin lui-même. Vous, c’est pareil. Lorsque vous parlez de céréales, vous pensez prix de vente du setier d’orge ou de froment. Moi, je vois le blé en herbe, des épis que dorent le soleil de juillet et qui ploient vers le sol. Et quand je pense au lin, je vois des centaines, des milliers de ces jolies petites fleurs bleues qui éclosent toutes en même temps, au mois de juin. (p. 251-252, Chapitre 31, Partie 2, “Printemps 1672, entre toiles et voiles”).
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Vive le roi sans taxe et sans gabelle ! (p. 347, Chapitre 41, Partie 3, “1675, l’année terrible”)
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Video de Joël Raguénès (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joël Raguénès
5 questions posées à Joël Raguénès, à l'occasion de la sortie de son livre Une mer de lin bleu (Yago) Source : Librairie Dialogues
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