A peine lues les 8 premières pages, on tombe sur un trait vertical, le début de la lettre Alef, première lettre de la première écriture que l'humanité a su tracer. On est envoûté par cette « ballade » qui mène le narrateur de Kaboul en Inde puis en France, le texte court nous « balade » au grès des mots. La calligraphie est, étymologiquement, la belle écriture, l'art de bien former les caractères d'écriture manuscrite. La callimorphie, mot que l'auteur utilise tout le temps, donne plus de place, d'espace à la liberté. C'est en quelque sorte une écriture des corps féminins. le callimorphe est un papillon migrateur qui vole jour et nuit, aux ailes noires zébrées de lignes blanches, telle une oeuvre callimorphique. Un petit texte dans lequel je me suis laissée emporter sans analyser. YR
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La ballade du calame d'Atiq Rahimi,
(Page blanche – esquisser - revivre)
Pourquoi calligraphier ? Quelle est la quête d'Atiq Rahimi, lorsqu'il ballade son calame sur la feuille blanche ?
Pourquoi chercher l'essence d'une lettre l'Alef, « la première lettre de l'alphabet arabe », « la lettre étalon », « la mesure des autres lettres » ?
« Une lettre divine, certes mais dotée des parties corporelles de l'homme ».
Petit à petit, dans la ballade du calame, la calligraphie fait place à la « callimorphie ».
Petit à petit, on comprend que pour Atiq Rahimi, esquisser une forme vivante par quelques traits sur une page blanche, c'est survivre à la traversée d'une frontière, réussir à avancer dans une étendue de neige vierge, alors que tout à été laissé derrière soi.
J'ai acheté ce livre pour une page par ce qu'elle disait du moment du passage de la frontière lors de l'exil (cf. citation).
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