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EAN : 9782350212890
467 pages
Naïve (04/04/2012)
3.83/5   64 notes
Résumé :
Un magnifique portrait de femme : Louise l'indépendante dans l'Algérie colonisée, femme libre dans une Algérie devenue indépendante, Louise l'insoumise dans l'Algérie en proie au chaos civil…

Alger sans Mozart est un roman polyphonique composé de plusieurs voix :
- Celle de Louise, d'abord, qui refuse de quitter l'Algérie, et qui, à l'image de sa ville, se dégrade au fil des jours. En opposition avec sa famille française, en rupture avec sa bel... >Voir plus
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En 1954, Louise a 16 ans. Elle passe l'été chez sa soeur à Bougie avec son neveu Paul, d'à peine 2 ans son cadet. La vie est belle et insouciante dans cette Algérie française qui vit ses dernières années de paix. Quatre ans plus tard, tout a changé. Paul est mort et l'Algérie connait les premiers mouvements de contestation. Amoureuse de Kader, un algérien pauvre et membre du FLN, Louise est tiraillée entre sa famille qui milite pour l'Algérie française et son coeur qui désire plus que tout un pays libre et ouvert. Avec l'indépendance de 1962, tous les espoirs sont permis pour cette femme belle et téméraire, désormais mariée à Kader. le pays découvre les joies de l'indépendance et le peuple algérien savoure la liberté de se gouverner lui-même. Séparée de sa famille qui a fui avec la vague pied-noir, Louise est restée dans le pays qui est le sien depuis toujours.
Et puis le temps a fait son oeuvre, Kader s'est éloigné pour finalement partir, Louise a noyé ses chagrins dans l'alcool. Au soir de sa vie, il ne reste plus rien de celle qui avait la beauté de Rita Hayworth. Son neveu Marc, célèbre metteur en scène parisien, sur lequel elle a reporté tout l'amour qu'elle éprouvait pour Paul, ne vient plus en Algérie depuis belle lurette et c'est seule qu'elle passe ses journées dans l'appartement familial. Mais Louise la rebelle n'est pas tout à fait morte, elle continue de s'affirmer en écoutant Mozart, malgré les diktats des intégristes qui voudraient interdire la musique et elle retrouve un peu de joie en en compagnie de Sofiane, son voisin adolescent à qui elle explique l'Algérie qu'elle a connue et celle dont elle rêvait.


Ecrit à quatre mains par un français et un algérien, Alger sans Mozart a le mérite premier de laisser la parole à tous les protagonistes de la guerre d'Algérie. Grâce à cela, l'on peut, avec Kader, prendre faits et causes pour les algériens réduits à la pauvreté et quasiment à l'esclavage par les colons français. Mais l'on peut aussi, avec Gérard, le beau-frère affilié à l'OAS, avoir le point de vue des pieds noirs qui voulaient à tout prix garder un pays qu'ils considéraient comme le leurs. On se rend bien compte que tout n'était pas noir ou blanc. Certains français étaient arrogants, d'autres ouverts à la culture algérienne. Certains algériens voulaient l'indépendance mais avec les pieds-noirs, d'autres voulaient chasser tous les français.
Oui mais voilà, au milieu de tout cela, il y a Louise...un personnage que je n'ai pas réussi à aimer. de son adolescence avec ses amours à la limite de l'inceste à sa vieillesse aigrie, je l'ai trouvée mauvaise, fantasque, malsaine même, dans ses rapports aux autres.
Par ailleurs, le personnage de Marc, réalisateur homosexuel, qui revient en Algérie surtout pour se refaire une image, ne m'a pas intéressée. Un peu too much pour être crédible, évidemment pas attachant et carrément imbuvable par moment.
Reste Sofiane dont j'ai aimé l'Islam modéré, la qualité d'écoute et de réflexion mais qui tombe dans le cliché du jeune algérien qui ne rêve que d'Europe.
Cela aurait pu être fort et bouleversant mais ce n'est pas mon ressenti. J'en garde tout de même la vision modérée de la guerre d'Algérie et de belles descriptions d'Alger la blanche, toujours debout malgré les cicatrices du passé.
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Un livre coup de coeur, en effet, que ce roman à quatre mains dont les auteurs sont l'un Français et l'autre Algérien. J'y retrouve un peu de l'ambiance de deux livres que j'ai adorés, « Harraga » de Boualem Sansal, avec sa vieille femme claquemurée dans sa vieille maison confortable, au milieu d'un Alger dévasté et « La vie devant soi » d'Emile Ajar, avec l'infinie tendresse du jeune Momo pour cette Madame Rosa éléphantesque et impotente qui lui sert de mère. Ici, dans ce roman à trois voix ou chaque personnage à son tour raconte (ou ressasse) son histoire, c'est bien sûr Louise, la vieille pied noir pleurnicharde qui joue les Madame Rosa. Louise, la belle jeune fille des années 50 devenue obèse, qui a tout raté, son premier amour avec son cousin Paul, son deuxième amour avec Kader, l'homme pour qui elle est restée à Alger, son troisième amour pour l'Algérie indépendante qui, à ses yeux, se clochardise de plus en plus dans sa bondieuserie. En face d'elle, Sofiane (Momo), le jeune voisin algérien qui vient frapper à sa porte le jour où meurt sa mère. Un garçon frais, droit, affectueux, qui veut s'en sortir et trace son chemin sans compromission. le roman s'allège du moment où il entre en scène, grâce à son affection sincère pour Louise et l'ouverture sur le monde que Louise lui apporte. Mais, hors de ces réminiscences littéraires, il y a Marc, le neveu de Louise, qui ne veut pas retourner en Algérie, un grand metteur en scène homosexuel, qui se détourne des siens. C'est, je crois, en lui que j'ai trouvé la part la plus émouvante du roman, cet homme qui, comme Louise, ne parvient pas à aimer et qui, malgré sa gloire, vit dans les tourments, la solitude, et les troubles psychosomatiques. A mon avis s'il n'est pas le personnage le plus sympathique du livre, il en est la plus grande figure, troublant, complexe et au final attachant.
Et puis il y a Alger, l'Alger colonial avec ses pâtisseries, ses décors de Noël, son prof de math et son hôtel Saint Georges, souvenirs que retrouvent avec émotion ceux de mes amis qui y ont vécu et l'Alger moderne, grouillant, délabré, mais vivant, si vivant.
Roman sur l'Alger d'hier et d'aujourd'hui ? Roman sur le temps passé ? Sur l'impossibilité d'aimer, sur les choses et les êtres qui s'éloignent et nous échappent ? Roman « choral », comme dit la quatrième de couverture, ou Mozart s'entrelace à la voix des muezzins ?
Ou serait-ce plutôt une fable, avec d'un côte l'Europe décadente et dépravée, si séduisante pourtant, de l'autre la jeune Algérie sans illusion mais généreuse et combative et entre eux, sur la touche, les vieux pieds noirs laissés pour compte, avec leur boule de désespoir coincée dans la gorge.
(Merci à Jamil Rahmani, co-auteur de cet ouvrage)
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« La tragédie de ma vie s'est jouée dans un décor somptueux. Une ville si blanche qu'elle éblouit dans le soleil, si blanche qu'elle brûle les yeux de ses murs immaculés en procession immobiles vers la mer si blanche qu'elle boit, les jours de pluie, tout le ciel et sa lumière. »

Face à sa fenêtre, Louise se souvient de la jeune cassandre qui dévoile, à sa soeur, la mort de son fils et à elle, sa vie inexorablement liée à cette terre algérienne « Toi, grâce à Dieu, tu vas rester là, tu vas te marier ici, tu seras heureuse et puis tu seras malheureuse, très malheureuse, plus que tout le monde, mais tu ne pourras jamais partir, sauf pour mourir. Cette terre, ta vie lui appartient ! » Nous sommes en 1954, « dernier été de paix »
Louise épouse Kader, algérien, ancien combattant du FLN. Elle connaîtra un grand bonheur, les plaisirs de l'ascension sociale de Kader. « J'ai traversé les premières années de l'Algérie indépendante en voiture décapotable, à deux cents à ‘heure. Kader travaillait le matin à l'hôpital et l'après-midi dans son cabinet rue Diduche Mourad, ex-Michelet. Il gagnait beaucoup d'argent… Il me comblait : bijoux, fourrures, restaurants, voyages ». Petit à petit la dégradation, sociale et physique, arrive, surtout après sa séparation d'avec Kader. Elle est entière, insoumise….. mais écartelée entre sa famille française et sa belle-famille algérienne. Jamais à sa place, jamais totalement acceptée voire rejeter. « Je parle Kabyle et arabe, j'ai la nationalité algérienne, mais je me sens étrangère. Je n'ai rien de commun avec les autres habitants de la ville. »
Marc, jeune cinéaste cynique. Au début je ne le situe pas, mais petit à petit, il entre dans le cercle de la vie de Louise ; C'est le frère de Paul, son cousin tant aimé, mort accidentellement ainsi que l'avait prédit une jeune voyante algérienne et qui porte le poids de cette mort. « C'est fou comme tu as grandi, un vrai petit homme…. C'est fou comme tu lui ressembles ! Ainsi pensai-je la mort dans l'âme, lors de mon dernier séjour, je ressemble à un mort ! »

Sofiane, petit voisin de Louise prends la place de Marc et la suite de Paul dans la vie de la vieille femme. Son souhait, partir en Europe l'Eldorado pour de nombreux algériens. Louise va lui parler de son Algérie et il la questionne sans cesse « Des français, on en voit plus qu'à la télé depuis qu'on les a mis dehors. Tu dois être la seule qui reste avec Madame Paule, la concierge du 99.
Je suis algérienne comme toi, Sofiane.
Mais non t'es pas arabe !
Ça ne veut rien dire, on peut être européen et algérien. Ce pays est autant à moi qu'à toi, j'y suis née et je compte bien y mourir. »

« Tu comprends, ces arriérés voudraient me faire sortir dans la rue en pingouin et m'empêcher d'écouter Mozart… Tu imagines Alger sans Mozart ! La vie, c'est la liberté : la liberté de croire, de voir, d'entendre et d'aimer sans contraintes, des le respect de soi et des autres. Pas cet ersatz de religion qui veut fixer un cadre à tout et rythmer la vie avec des règles du Moyen-âge. L'islam de ton cousin est un islam d'interdit, d'abêtissement et d'anéantissement qui privilégie l'étiquette et jette à la poubelle le spirituel »

Dans ce livre, les 3 garçons sont les 3 phases importantes de ce pays. Paul représente l'insouciance et la colonisation ; Marc, le deuil et celui qui se trouve entre deux rives ; Sofiane, le renouveau de l'Algérie qui regarde outre-méditerranée.

Les vies de Louise, Marc, Sofiane s'entrecroisent comme les fils d'une tresse, s'emmêlent, se défont, se recroisent. Louise aimera, de façon différente, ces 3 garçons. Marc vampirisera Louise et Sofiane pour son film et se retrouver. Sofiane se nourrit de Louise et Marc pour avancer.

Au milieu de ces 3 vies ; l'Algérie depuis la colonisation jusqu'à nos jours. Quelle leçon d'histoire que ce livre. Je suis d'une époque où on ne parlait pas de ces « évènements » et j'étais beaucoup trop jeune pour comprendre, alors j'ai apprécié cette découverte où les auteurs relatent sans concession l'histoire des 50 dernières années de l'Algérie. L'histoire se nourrit de l'Histoire.

Ce Roman polyphonique coécrit pas deux auteurs est un véritable hymne à l'Algérie. Un livre superbe, d'amour – haine, fascination – rejet, et comme les rapports entre la France et l'Algérie, indubitablement lié. Comme dit Louise : « je suis à l'image d'Alger, ruinée ».

Tout est dit dans cet extrait :
« C'est l'histoire d'une jeune femme aux prises avec l'histoire, qui est broyée par elle. Louise, ma tante, va jusqu'au bout de ses convictions. Par amour, elle renie ses racines puis se rend compte qu'on ne peut le faire impunément…
Patricia lâche ma main et prend la parole :
-C'est plus que ça, c'est une histoire d'amour trahi… une histoire d'amour et de haine entre un homme et une femme, entre une femme et sa terre, entre l'Algérie et la France… l'histoire de la colonisation et de la décolonisation au travers de plusieurs destins, l'Histoire avec un grand H écrite avec le sang des personnages. »

Merci messieurs pour ce magnifique livre. J'ai lu ce livre dans le cadre du Salon du livre historique de Levallois-Perret. C'est un livre-voyageur que je vais devoir le rendre, je pense l'acheter pour l'avoir sur mes étagères et le relire.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Voilà donc un roman, un vrai, à l'écriture assez originale. Deux auteurs, plusieurs voix.

Au centre du récit et au départ, l'amour, en pleine guerre de libération nationale, de Louise, la «pied-noir» de «bonne famille» (mère raciste et Oas, mais père intellectuel libéral) pour Kader, un étudiant en médecine (à Alger), militant actif du Fln. La fille, influencée par les idées et les réflexions libérales et humanistes du papa et, aussi, révoltée par la condition inhumaine faite aux «indigènes», et par les attitudes et comportements racistes de son environnement immédiat, ne tarde pas à rejoindre le mouvement national. Rien de plus facile pour elle, belle et rebelle et parlant, grâce à son père, l'arabe et le kabyle. Algérienne jusqu'au bout des ongles! Possédée par l'Algérie, elle s'implique à fond.

L'indépendance ! Espoirs, jouissances, jouisseurs, dérives, nuits folles, journées pleines... tout y passe.

Louise habite les hauteurs d'Alger. Elle observe, évalue, juge et tranche…sans peur car sans reproches, si ce n'est que de trop aimer son pays…l'Algérie…et son époux devenu un médecin réputé, mais déjà oublieux des combats passés et des promesses. Au bout de 35 années de mariage, c'est le divorce…et elle est découvre qu'elle est une «étrangère», avec une peau qui «ressemble aux façades des immeubles d'Alger»… «à l'image d'Alger, ruinée», à l'exception de certains lieux qui ne vieillissent pas, donnant l'illusion de l'éternelle jeunesse. Comme le Saint Georges, «un douloureux mirage».

Autour d'elle, plusieurs personnages hérités d'hier, se trouvant pour la plupart en France, partis en 62...et des amis, nouveaux, jeunes ou vieux : l'homosexuel, un réalisateur, le jeune à la recherche de son identité, de son histoire et d'un autre avenir, les racistes, l'acteur raté,…

Les souvenirs, les commentaires, les observations, les analyses, les événements se croisent et s'entrecroisent parfois, se mêlant harmonieusement ou amoureusement, parfois s'entrechoquant. le tout dans une Algérie qui a beaucoup changé (évolué ?), tout particulièrement en raison d'une religiosité exacerbée et d'un arabo-nationalisme borné...et avec, en face, une France qui a beaucoup évolué, tout particulièrment en raison du bouleversement des moeurs et d'un universalisme mondialisé...Mais qui laisse une foultitude de questionnements sur les rapports ambigus jusqu'à l'équivoque entre les deux pays dont celle-ci : «Comment aimer une nation tortionnaire ? Comment haïr le pays des Lumières ?»
Avis : Au départ, l'apparence d'un sujet-bâteau. La suite vous entraîne dans un voyage au long cours, mouvementé comme on le devine, à travers le temps présent de l'Algérie et à travers une mémoire originale… Celle d'une «pied-noir» algérienne plus que les Algériens, mortellement patriote.
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Attention coup de coeur !
Tout commence dans un décor somptueux, dans une ville enchanteresse qui va être le théâtre d'une tragédie humaine irrévocable… Alger la Blanche, dans les années 50, est pour Louise, tout juste âgée de 16 ans, un havre de paix dans lequel elle s'épanouit aux côtés de Paul, son neveu qu'elle aime tendrement. Malgré ses origines Pied-Noir, la jeune fille a grandi bercée par les histoires kabyles des femmes de ménage et maîtrise parfaitement la langue des indigènes. Mais la mort de Paul dans un accident en 1958 va bouleverser la vie de Louise. Sa rencontre et son mariage avec Kader, un militant algérien, vont l'aider à légitimer sa place sur cette terre qui l'a vue naître, à une époque où les français et les juifs sont contraints de fuir l'Algérie pour sauver leur vie…
C'est de ce passé à la fois enchanté et tumultueux que Louise, devenue vieille femme, témoigne avec une douleur palpable. Elle nous décrit une époque pas si éloignée de la nôtre, qu'elle a connu, qu'elle a aimé puis qu'elle a vu disparaître au profit d'un radicalisme opprimant et intransigeant. Elle nous conte la déchéance d'une ville qui n'avait rien à envier aux grandes métropoles européennes, d'une ville qui a perdu sa richesse en même temps que son multiculturalisme. Louise représente le passé révolu, tandis qu'à ses côtés, Sofiane, son protégé, est tourné vers l'avenir et vers l'Europe et ne rêve que de richesses et d'aventures. Lui aussi fait entendre sa voix et témoigne de la déchéance dans laquelle est tombée Louise, ainsi que de l'affection qu'il lui porte. Entre eux, il y a Marc, le troisième narrateur de ce roman aux multiples facettes. Il est le second neveu de Louise et se tient éloigné de l'Algérie depuis dix ans. Ce brillant réalisateur français, effrayé à l'idée de renouer avec ses racines, sera lui aussi contraint d'affronter ses démons…
« Alger sans Mozart » est un magnifique roman choral écrit à quatre mains par Canesi et Rahmani. La petite histoire n'a de cesse d'être entremêlée à la grande Histoire, dans un récit passionnant et bouleversant mené avec une extrême habileté. On voyage ainsi dans le passé et dans le présent avec la plus grande facilité, entraîné par l'énergie et la puissance que dégagent les différents narrateurs. le regard nostalgique et plein de rancoeur de Louise n'a de cesse de se heurter à celui plein d'espoir et de candeur de Sofiane. Chaque destin apporte au récit une nouvelle épaisseur qui l'enrichit et l'alimente. le lecteur ne peut qu'être captivé fasse aux différents témoignages d'une extrême justesse qui contrastent les uns avec les autres. La haine et l'admiration, l'attirance et le rejet sont autant de sentiments ambivalents qui ont construit l'Algérie indépendante et qui s'affrontent dans un récit à couper le souffle ! le personnage de Louise est réellement passionnant dans son évolution et offre une magnifique personnification d'Alger. Cette femme à l'enveloppe ruinée par des années de solitude reflète avec horreur la déperdition d'une ville étouffée par la répression. Un pur bonheur de lecture qui donnera peut-être à certains l'envie de découvrir Mozart…
Un énorme merci aux éditions Naïve et à Libfly pour ce partenariat qui m'a permis de faire cette superbe découverte!
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Les morts et le passé sont en nous, il faut les écouter si on veut continuer à vivre, à sentir, à vibrer. Je les ai retrouvés là-bas. L'Algérie m'a rendu la douleur, celle des nouveau-nés au sortir de leur mère. Les parfums de nos vies sont les mots d'amour de nos morts.
- Votre film n'est pas politiquement correct. - Vous trouvez?
- À aucun moment vous ne stigmatisez la colonisation, on en arrive même à penser qu'elle a été bénéfique...
- Je ne suis pas manichéen, je ne suis pas historien. Pourquoi faut-il un vainqueur et un vaincu, quand la vie et la mort se partagent équitablement le territoire ? Je montre des images sans juger, je décris des vies. Les politiques ont une fâcheuse tendance à caricaturer, à simplifier. La loi sur les bienfaits de la colonisation était stupide... Allez donc vanter la présence française aux Algériens qui ont perdu des membres de leur famille avant ou pendant la guerre de libération. Par ailleurs, peut-on dire que tout dans le fait colonial est à rejeter? Des hommes, des femmes sont venus d'Europe, ils ont travaillé, aimé, remodelé une terre, ils ont semé les idées du siècle des Lumières, tracé des routes, ouvert des universités... doit-on nier leur apport ? Dans Nord d'Afrique, j'ai voulu montrer à quel point il est difficile de juger, de trancher et de prendre parti. Le bon droit est partout et ce n'est sûrement pas en légiférant qu'on fait jaillir la lumière... comme toujours, une part de la vérité viendra des artistes, certainement pas des politiques, englués dans leur langue de bois.
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Rue Michelet, sur la faïence bleue de La Princière - ma pâtisserie préférée - le saint-bernard des chocolats Suchard, son tonnelet de rhum autour du cou, guettait les rescapés. Je tirais maman par la manche et la suppliait d’acheter un roulé au citron, génoise fourrée d’une onctueuse crème acidulée ; du sucre glace l’enrobait, j’aspirais le poudre blanche les yeux fermés et toussais comme une tuberculeuse, ravie d’inquiéter mes parents.
La Princière a cédé la place à un magasin de fripes et le saint-bernard de la façade bleu azur fracassée par les barbares ne sauvera plus personne. D’horribles pancartes de plexiglas aux couleurs criardes ont remplacé la porcelaine.
Les statues de Jeanne d’Arc, du maréchal Bugeaud, du duc d’Orléans qui ponctuaient nos promenades dominicales, le monument aux morts du plateau des Glières, les noms des places et des rues : Michelet, Burdeau, Clauzel, Dumont d’Urville, les terrasses de café où filles et garçons se mêlaient, les magasins opulents et parfumés, tout a disparu.
Mort.
La nuit, les bruits du port parviennent toujours, lourdes masses tombant sur les quais, chaînes d’acier raclant le béton, sirènes de navires, cris de dockers. Leur écho s’estompe dans l’air humide des collines. Sur le balcon, dans les bras de mon père, je regardais les lumières tremblées de l’été, sa peau était moite, légèrement citronnée. Le phare du cap Matifou tournait dans le noir. « Compte jusqu’à cinq, il reviendra », disait papa, et s’il ne revenait pas, il fallait aller jusqu’à vingt.
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La tragédie de ma vie s'est jouée dans un décor somptueux.
Une ville si blanche qu'elle s'éblouit dans le soleil, si blanche qu'elle brûle les yeux de ses murs immaculés en procession immobile vers la mer, si blanche qu'elle boit, les jours de pluie, tout le ciel et sa lumière.
Des montagnes au loin encerclent la baie et ses collines, bleu sombre au printemps, enneigées l'hiver, obscurcie par les incendies d'été, elles sont frontières ; au delà, le bled : terres arabes ou berbères, étendues hostiles et meurtrières. La mer, sans frontière, enchâssée dans une baie au cercle parfait, s'évanouit loin vers le nord. Tous les jours, je guette les bateaux qui nous lient à Marseille, à cette France étrangère et lointaine, à ce pays qui s'éloigne chaque jour un peu plus, oubliant qu'autrefois, son coeur battait ici.
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Les souvenirs sont des tableaux accrochés sans ordre ni raison sur les murs lézardés de la mémoire. Ils surgissent juxtaposés et peuplent le vide de nos vies presque achevées.
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Tu comprends, ces arriérés voudraient me faire sortir dans la rue en pingouin et m’empêcher d’écouter Mozart… Tu imagines Alger sans Mozart ! La vie, c’est la liberté : la liberté de croire, de voir, d’entendre et d’aimer sans contraintes, des le respect de soi et des autres. Pas cet ersatz de religion qui veut fixer un cadre à tout et rythmer la vie avec des règles du Moyen-âge. L’islam de ton cousin est un islam d’interdit, d’abêtissement et d’anéantissement qui privilégie l’étiquette et jette à la poubelle le spirituel
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Vidéo de Michel Canési
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