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Critique de Thrinecis


C'est en 1907 que Raymond Rallier du Baty, jeune breton de 26 ans, disciple de Jean-Baptiste Charcot, décide à son tour de lancer sa propre expédition vers les îles Kerguelen.

Il achète pour soixante livres sterlings un ketch, petit voilier à 2 mâts, long de 25 mètres, le fait retaper et le rebaptise J.B. Charcot en l'honneur du grand explorateur polaire. Puis, avec un équipage réduit de 5 hommes dont son frère aîné Henri et un jeune cuisinier de 16 ans, il s'embarque pour 4 mois de navigation à travers les océans Atlantique et Indien avec seulement 2 escales, l'une à Rio de Janeiro et l'autre à Tristan da Cunha pour rejoindre l'archipel des Kerguelen. Une telle traversée à bord d'un si petit bateau relève de l'exploit comme le diront à maintes reprises les navigateurs qui rencontreront Rallier du Baty à la fin de son séjour aux Kerguelen et découvriront, incrédules, la taille du J.B. Charcot ! le petit voilier affronte des mers terribles, risque à plusieurs reprises d'être coulé par les tempêtes et manque d'être démembré lorsqu'il s'échoue sur les rochers qui entourent l'île de Roland, au large de la pointe nord-ouest de l'île principale des Kerguelen.

Une fois à terre, pendant plus de quinze mois, seuls sur l'archipel, Raymond Rallier du Baty et ses hommes cartographient les îles. Ils se lancent dans la chasse aux phoques, afin de produire l'huile de phoque qui servira à payer l'équipage. Les massacres d'éléphants de mer sont une véritable boucherie. L'explorateur le reconnait, ne cachant pas son écoeurement quand les rochers sont rouges de sang, après l'affrontement à la massue, à la hache, à la lance, contre les mâles longs de 6 mètres et lourds de 1 à 2 tonnes qui défendent furieusement leur vie.

Quand il rejoint la France en 1910, seuls les Anglais s'intéressent à son expédition et c'est ainsi que Rallier du Baty finit par écrire en anglais son aventure. 15 000 miles in a ketch trouve vite son public mais curieusement il faudra attendre l'année 1991 pour qu'il soit enfin traduit en français et publié.

Son récit est pourtant bien écrit et absolument passionnant. Toujours humble et modeste, craignant d'ennuyer son lecteur, Rallier du Baty ne cache rien de ses doutes, de ses inquiétudes et de toutes les difficultés qu'il rencontre, que ce soit en mer ou à terre lors de ses premiers essais pour construire les barriques de stockage de l'huile de phoque ou pour fondre le lard. Il consacre aussi un chapitre particulièrement intéressant à l'histoire de Tristan da Cunha, cette île de la couronne britannique, une des plus isolées du monde qui ne compte que 85 habitants quand il y fait escale. L'explorateur admire leur mode de vie simple, pastoral, où tous vivent en harmonie et en quasi autarcie, rarement visités par quelques navires de passages, secourant les naufragés dont les bateaux chavirent sur leurs côtes.

Un siècle plus tard, les aventures de Raymond Rallier du Baty aux Kerguelen méritent d'être plus connues.

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