Emerson , un auteur , un penseur bien trop oublié aujourd'hui . de nos jours ou Pernaut triomphe , il est trés utile de relire Emerson pour garder le contact avec le monde des idées . C'est un opus important que celui - ci . Qu'est on au fond sans la confiance en soi ? Quel outil dans cette vie nous permet de tenir face à la pression de la masse , si ce n'est la confiance en soi ? Sur le coup cela parait étre une évidence , et pourtant .... Combien on oubliés cet aspect pourtant fondamental de la vie ? Emerson dans ce texte place la question au coeur de sa réflexion , apportant une nouvelle perspective sur le sujet grace à la maestria de ces mots . Un grand ouvrage qu'il faut découvrir , ainsi que les autres textes présents dans cette édition remarquable.
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Si nous ne pouvons dans l'immédiat nous élever jusqu'à la sanctification d'un état d'obéissance et de foi, résistons au moins à nos tentations ; entrons en guerre et dans nos coeurs, réveillons Thor et Odin, c'est à dire courage et constance. En ces temps sans relief, cela doit se faire en disant la vérité.
Réprime ton geste d'hospitalité et d'affection mensongères. Ne vis plus selon ce qu'attendent les êtres déçus et décevants avec qui nous conservons. Dis-leur : "Père, mère, épouse, frère, ami, jusqu'ici j'ai vécu avec vous selon les apparences. Désormais j'appartiens à la vérité. Que chacun sache bien que, désormais, je n'obéis à aucune loi si ce n'est la loi éternelle. Je ne veux point de contrats mais des liens de parenté. Je m'efforcerai d'être le soutien de mes parents, de nourrir ma famille, d'être le chaste époux d'une unique épouse_ mais j'assumerai ces relations d'une manière nouvelle et sans précédent. J'en appelle à vos coutumes. Je dois être moi-même. Je ne peux continuer à me briser pour tel ou tel. Si vous pouvez m'aimer pour ce que je suis, nous n'en serons que plus heureux. Si vous ne le pouvez point, j'essaierai pourtant de faire en sorte que vous le puissiez et de le mériter. Je ne cacherai point mes goûts et mes aversions. J'aurai une telle confiance dans le fait que ce qui est profond est saint, que sous le soleil comme sous la lune je ferai avec vigueur ce qui intérieurement me réjouit et ce que le coeur désigne.
Si vous êtes noble, je vous aimerai; si vous ne l'êtes point, je ne vous heurterai point, et ne me heurterai point par des attentions hypocrites. Si vous êtes sincères mais ne partagez point ma vérité, restez avec vos compagnons ; je chercherai les miens.
Cela, je ne le fais point avec égoïsme mais avec humilité et dans la vérité. Quel que soit le temps pendant lequel nous avons vécu dans le mensonge, il en va de votre intérêt comme il en va du mien et de celui de tous les hommes de vivre dans la vérité. Cela parait-il trop dur aujourd'hui? Bientôt vous aimerez ce qui est dicté par votre nature, tout comme pour la mienne, et si nous suivons la vérité, à la fin, cela nous sauvera.
Mais, agissant ainsi, peut être causerez vous du chagrin à vos amis. Certes, mais je ne peux marchander ma liberté et ma puissance contre leur sensibilité. En outre, tous les êtres sont à certains moments doués de raison quand ils scrutent le domaine de l'absolue vérité ; alors ils me rendront justice et feront de même.
La masse des gens pense que rejeter les critères reconnus par la foule équivaut à rejeter tous les critères et que ce n'est qu'une attitude de contradiction ; et le sensualiste audacieux usera du nom de philosophe pour parer ses crimes de poudre d'or. Mais la loi de la conscience demeure.
Il y a deux sortes de confessionnal, dans l'un ou l'autre nous devons être absous. Vous pouvez accomplir la ronde de vos devoirs en vous affranchissant soit par l'action directe, soit par l'action indirecte ou réfléchie. Demandez-vous si vous avez rempli votre devoir dans vos rapports avec les vôtres : père, mère, cousin, voisin, votre cité, votre chat ou votre chien. Demandez vous si l'un d'eux peut vous adresser des reproches. Mais je puis également négliger ce critère d'action indirecte et m'absoudre moi même. J'ai la la rigueur de mes propres exigences et je sais la perfection du cercle qui dénie le nom de devoir à maints services qualifiés comme tels. Mais si je puis m'acquitter de ces dettes, cela me permet de ne pas tenir compte du code de la morale courante. Si quelqu'un imagine que cette loi manque de fermeté, qu'un jour il en observe les commandements.
Et vraiment cela exige quelque chose de divin en celui qui a rejeté les motivations communes de l'humanité et s'est risqué à se prendre pour maître et à se faire confiance comme tel. Que son coeur soit plein d'élévation, sa volonté constante et son regard lucide afin qu'il puisse, avec ardeur, être pour lui même doctrine, loi, société, et qu'un simple objectif soit pour lui aussi fort qu'une nécessité de fer l'est pour les autres.
L'homme est frileux et timoré ; il ne se tient plus droit ; il n'ose pas dire « je pense », « je suis », mais il cite tel ou tel, saint ou sage. Il a honte devant le brin d'herbe ou la rose qui s'ouvre. Ces roses sous ma fenêtre ne font aucune référence à des roses antérieures ou à des roses plus belles ; elles sont pour ce qu'elles sont ; elles existent avec Dieu aujourd'hui. Pour elles le temps n'est point. Il y a simplement la rose ; elle est parfaite à chaque instant de son existence. Avant qu'un bourgeon de feuille ne soit ouvert, toute sa vie est à l'œuvre ; dans la fleur épanouie il n'y a rien de plus ; dans la racine sans feuille il n'y a rien de moins. Sa nature est satisfaite et elle satisfait la nature à chaque instant de la même manière. Mais l'homme renvoie à plus tard ou se souvient ; il ne vit pas dans le présent mais le regard tourné en arrière, regrette le passé ou, sans prêter attention aux richesses qui l'entourent, se dresse sur la pointe des pieds pour apercevoir l'avenir. Il ne pourra pas être heureux et fort tant qu'il ne vivra pas lui aussi, en accord avec la nature, au présent et au-dessus du temps.
p. 106
Le langage :
Les mots sont des signes de faits naturels. L'utilité de l'histoire naturelle est de nous offrir une aide pour comprendre l'histoire surnaturelle ; l'utilité de la création extérieure, de nous offrir le langage qu'il nous faut pour les êtres et les changements de la création intérieure. Si l'on remonte à sa racine, chaque mot utilisé pour exprimer un fait moral ou intellectuel s'avère être emprunté à quelque apparence matérielle. Juste signifie droit ; faux signifie tordu. L'esprit signifie le souffle, transgression signifie le franchissement d'une ligne ; hautain correspond à un haussement du sourcil. Nous disons « cœur » pour exprimer l'émotion, «tête» pour signifier la pensée; pensée et émotion sont des mots empruntés au domaine des choses sensibles et convenant désormais à la nature spirituelle. Une grande partie du procédé par lequel cette transformation s'opère est cachée à nos veux, remontant à l'époque lointaine de la formation du langage ; mais on peut observer la même tendance chez les enfants. Les enfants et les êtres primitifs n'emploient que des noms, ou des noms d'objet, et les convertissent en verbes qu'ils utilisent pour désigner l'acte mental correspondant.
2) Mais cette origine de tous les mots qui expriment une portée spirituelle fait tellement évident dans l'histoire de la langue — est la moindre de nos dettes à l'égard de la nature. Ce ne sont pas seulement les mots qui sont emblématiques ; les choses sont emblématiques. Tout fait naturel est un symbole d'un fait spirituel. Toute apparence dans la nature correspond à un état d'esprit et cet état d'esprit ne peut se décrire qu'en présentant cette apparence naturelle comme son image. Un homme courroucé est un lion, un homme rusé, un renard, quelqu'un de solide est un roc, un savant, un flambeau. Un agneau symbolise l'innocence ; un serpent, la malveillance subtile ; les fleurs expriment à nos yeux les affections délicates. La lumière et les ténèbres sont nos expressions familières pour désigner la connaissance et l'ignorance ; et la chaleur, l'amour. Les distances visibles que nous mesurons derrière nous et devant nous correspondent respectivement à l'image que nous avons de la mémoire et de l'espoir.
Lequel d'entre nous, à l'heure de la méditation, peut regarder un fleuve sans l'associer à l'idée de l'écoulement de toute chose ? Jetez une pierre dans le courant, et les cercles qui sont propagés illustrent avec beauté le type même de toute influence.
P; 36
« Rire souvent et beaucoup ; gagner le respect des gens intelligents et l’affection des enfants: savoir qu’un être a respiré plus aisément parce que vous avez vécu .
C’est cela, réussir sa vie » .
Le plus fort sentiment de délice que les champs et les bois procurent est de suggérer une relation occulte entre l'homme et le règne végétal. Je ne suis pas seul et non reconnu. Ils me font signe, et moi de même.
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Et si nous retrouvions le sens profond de la vie dans la nature ? Savez-vous qu'un philosophe américain vous propose sur le sujet un petit livre très clair ?
« La nature » de Ralph Waldo Emerson, c'est à lire en poche chez Folio.