Salma et les saveurs de la Syrie

"Salma et les saveurs de la Syrie" a été offert par la maison Scholastic à la librairie pour laquelle je travaille, je les en remercie.


Depuis qu'elle a immigré au Canada, dans la métropole de Vancouver, la mère de Salma ne sourit plus. Il faut dire qu'elles attendent que "baba" ( papa) puisse les rejoindre. La jeune fille tente différentes façons de la faire rire, mais rien n'y fait. Alors, elle a l'idée de faire un plat typiquement syrien, le "Foul Shami" ( prononcé "Foule-Ch'ami"). Mais, elle multiplie les maladresses, avec les épices, puis avec la bouteille d'huile. Découragée de ne jamais parvenir à élaborer le plat, la jeune syrienne va pouvoir compter sur l'appui et la générosité d'autres immigrants du Centre d'accueil. La mère de Salma éclate de rire quand elle voit le groupe poindre chez elle avec une nouvelle bouteille d'huile pour permettre à la jeune fille de finaliser la recette de Foul Shami. Finalement, en la bordant le soir, la mère de Salma lui confie que c'est son sourire qui est "son chez soi".


C,est génial d'avoir enfin quelque chose d'aussi spécifique à la communauté des réfugiés syriens pour la littérature jeunesse. On remarquera la présence de ses bordures géométriques qui rappelle l'art décoratif des pays du moyen-orient, qui sont en bordure des pages et parfois autours des personnages. Très esthétique comme idée. Aussi, on aura une bonne représentativité ethnique puisque nous sommes dans un Centre d'accueil aux immigrants.

La palette de couleur est variée, il y a peu d'espaces blancs et le trait de contours est brun, beaucoup moins visible qu'un trait noir, ce qui accentue la présence des couleurs. Les expressions faciales sont faciles à reconnaître et les mains sont belles. L'exploitation de l'espace est intelligent: parfois on utilise un fond minimaliste pour mettre l'accent sur les personnages, d'autre fois, le décor foisonne de détails.


On reconnaîtra facilement le thème de la collectivité, car les personnages mettent tous la main à la pâte ( enfin, au bocal de foul Shami plutôt). L'enjeu de ce plat à confectionner est d'ailleurs à deux degré: celui de redonner le sourire à la maman, parce que c'est un petit bout de leur culture qui rappelle le pays d'origine, mais c'est aussi l'idée de la solidarité. Quand on change de pays, il y a l'enjeu de la langue à apprendre, des produits alimentaires qui sont différents, l'éloignement de son cercle social, etc. Donc, le groupe en présence tente de contrebalancer les difficultés en oeuvrant ensemble. Certains sont plus versés en cuisine, d'autre en informatique, d'autres en langues, et c'est ce qui est beau dans cette histoire, ils sont complémentaires.


C,est donc un bel album sur l'entraide, la complémentarité, le besoin de garder des racines de sa terre d'accueil, de la joie de partager et de se côtoyer. Une sympathique incursion dans un centre d'accueil aux parfums du Moyen-Orient ( mais pas que!).


Vous trouverez la recette du "Foul Shami" au https//schol.ca/x/salma


Pour un lectorat du premier cycle primaire, 6-7 ans en montant.