Toujours aussi désopilant, plein d'esprit et très bien écrit. le point fort : les tirades attribuées à sa seigneurie. Rambaud arrive à rendre toute l'arrogance, la vulgarité et l'inculture de Sarko dans ces (fausses ?) citations. Ce tome va jusqu'à l'été 2008, relate notamment l'arrivée de Carla B. au château, les six mois de présidence européenne et une fois arrivé à la fin je me suis demandé comment on avait pu supporter tant d'incompétence masquée en activisme forcené.
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Le Prince et la comtesse, au lendemain de Noël, descendirent à Louxor d’un Falcon 900 immatriculé F-HBOL qu’avait prêté un aimable milliardaire, pour que la France fît des économies, disait Sa Majesté, mais un autre aéronef de l’État suivait avec une lourde escorte, et un autre encore, pour attendre sur les pistes en cas d’urgence, et cela coûtait en stationnement cinq mille euros de l’heure ; quiconque le rappelait se voyait traité de médisant.
Notre Maître aimait en tout la splendeur, la magnificence, la profusion, même s’il cousait ensemble le beau et le vilain auxquels il ne voyait pas la moindre différence, pourvu que cela se remarquât, car lui importait d’abord la valeur monétaire des choses et des gens. Il parvenait ainsi à épuiser tout le monde, ne mesurant la vie qu’à cette aune, poussant le luxe en honneur, et il réduisait sa Cour à dépendre entièrement de ses bienfaits pour subsister.
– Vous en profiterez, Sire, pour neutraliser par le rire les questions gênantes.
– J'peux mentir ?
– C'est même recommandé, puisque personne ne peut sur l'instant vous contrer. Ce qui est dit est dit, l'effet est produit, le poisson est noyé, les critiques du lendemain ont une moindre portée.
– Ah ah !
– Ah ah, Sire. La politique, c'est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
– Pas con, ça. C'est d'toi ?
– Hélas non, Sire, c'est de Valéry.
– Valérie qui ?
– Paul, Sire.
– Valérie Paul ? Elle a pas l'air sotte, faut que tu l'engages fissa. T'as son numéro ?
On disait qu’un bébé américain, en naissant, devait déjà cinquante-quatre mille dollars à son banquier. Pauvre petit, pauvres de nous, pauvres cons.
Nicolas Ier n’avait aucune honte à se prosterner devant l’Empereur de Chine puisqu’il régentait un milliard et trois cents millions d’hommes que Notre Prince Commercial imaginait en futurs acheteurs de nos produits manufacturés, ignorant que les neuf dixièmes de cette population n’était que du bétail ou pire, et cela depuis les origines.
"Emmanuel le Magnifique" (Grasset, 2019)
Un soleil nouveau s?est levé sur la France. Est-ce Austerlitz ? Ou bien le sacre ? Au printemps de l?an de grâce 2017, Emmanuel le Magnifique est entré dans l?histoire, costume de banquier et sceptre à la main : jeune prince à la voix grêle, aux régiments start-up, annonçant un monde rénové. Fini, les rois fainéants ! Adieu, les rois chevelus ! Aux oubliettes, François le Petit, gaffeur, trempé, roi de la parlotte à l?embonpoint d?employé modèle. Aux barbaresques, Nicolas le Flambard, et son cortège d?embrouilles à talonnettes !
Après le dernier règne socialiste, voici la nouvelle saison du Royaume made in France : inattendue, pleine d?espoirs, impérieuse. Make France great again ! Dans le temps nouveau, Arcole est sur le câble, et les ennemis se nomment Plenel et Bourdin, non Mélenchon et Olivier Faure...Entre House of cards et Game of thrones, voici la chronique facétieuse, attendue, hilarante, d?un règne si neuf qu?il ressemble au précédent. Petit guépard deviendra peluche ?
Patrick Rambaud est l?auteur d?une ?uvre romanesque importante. On lui doit entre autres, une célèbre série sur Napoléon. Derniers livres publiés : Quand Dieu apprenait le dessin (2018) et Chronique d?une fin de règne (2017).
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