Citations sur Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier (10)
On disait qu’un bébé américain, en naissant, devait déjà cinquante-quatre mille dollars à son banquier. Pauvre petit, pauvres de nous, pauvres cons.
Le Prince et la comtesse, au lendemain de Noël, descendirent à Louxor d’un Falcon 900 immatriculé F-HBOL qu’avait prêté un aimable milliardaire, pour que la France fît des économies, disait Sa Majesté, mais un autre aéronef de l’État suivait avec une lourde escorte, et un autre encore, pour attendre sur les pistes en cas d’urgence, et cela coûtait en stationnement cinq mille euros de l’heure ; quiconque le rappelait se voyait traité de médisant.
Notre Maître aimait en tout la splendeur, la magnificence, la profusion, même s’il cousait ensemble le beau et le vilain auxquels il ne voyait pas la moindre différence, pourvu que cela se remarquât, car lui importait d’abord la valeur monétaire des choses et des gens. Il parvenait ainsi à épuiser tout le monde, ne mesurant la vie qu’à cette aune, poussant le luxe en honneur, et il réduisait sa Cour à dépendre entièrement de ses bienfaits pour subsister.
Nicolas Ier n’avait aucune honte à se prosterner devant l’Empereur de Chine puisqu’il régentait un milliard et trois cents millions d’hommes que Notre Prince Commercial imaginait en futurs acheteurs de nos produits manufacturés, ignorant que les neuf dixièmes de cette population n’était que du bétail ou pire, et cela depuis les origines.
– Vous en profiterez, Sire, pour neutraliser par le rire les questions gênantes.
– J'peux mentir ?
– C'est même recommandé, puisque personne ne peut sur l'instant vous contrer. Ce qui est dit est dit, l'effet est produit, le poisson est noyé, les critiques du lendemain ont une moindre portée.
– Ah ah !
– Ah ah, Sire. La politique, c'est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
– Pas con, ça. C'est d'toi ?
– Hélas non, Sire, c'est de Valéry.
– Valérie qui ?
– Paul, Sire.
– Valérie Paul ? Elle a pas l'air sotte, faut que tu l'engages fissa. T'as son numéro ?
L’Empereur de Chine avait magnifiquement réussi à nettoyer sa capitale en la bouleversant, ce que le tyran Ceauşescu n’avait tenté qu’à demi en ne rasant qu’une moitié de Bucarest, ce que le tyran Hitler n’avait qu’esquissé sur des maquettes quand il projetait de remodeler Berlin à l’antique et de l’appeler Germania.
La technique de l’humiliation s’étendait à toutes les catégories de la société. Ces paresseux de chômeurs n’avaient pas intérêt à refuser le travail qu’on leur offrait loin de chez eux et mal rétribué.
Si Notre Prince Persifleur cultivait son fondamental mépris des masses, il fit de l’humiliation l’une de ses armes favorites pour garder en laisse et muselière ses troupes.
Les mensonges de promesse que font les grands se connaissent à cette manière : ils vous mettent la main sur l’épaule, ils vous embrassent, ils vous serrent, ils sourient, ils se plient en vous saluant ; ce sont autant de marques qui doivent vous faire savoir qu’ils vous trompent et qu’ils vous en imposent.
Adresse à Notre Très Émoustillant Souverain
Trésor National Vivant
C'est parce que nous sommes nombreux à souffrir votre règne, Sire, que j'ai entrepris de le raconter depuis son aurore, afin qu'en demeurent les péripéties et, oserais-je le dire, une manière de trace.