AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 543 notes
Indispensable pour tous les fanas de l'épopée napoléonienne, ce court et dense roman de Patrick Rambaud s'attache à en raconter un des épisodes les plus incontournable : le Bataille d'Essling (du nom du hameau où s'affrontèrent devant Vienne les troupes françaises et celles autrichiennes). Pourquoi incontournable ? Parce qu'il s'agit de la première défaite – indéniable, écrasante, personnelle – de Napoléon. Essling, c'est le tournant de la guerre, la première étape d'une longue série d'affrontements dont les troupes françaises, à défaut d'être systématiquement défaites, ne se sortiront que grâce à des victoires à la Pyrrhus, accumulant presque autant de cadavres que leurs adversaires. Essling, c'est le premier pas vers Waterloo. Essling, c'est le début de la fin.

Le roman de Rambaud est tout entier imprégné de cette atmosphère funèbre. Si en surface, tout n'est que fracas de sabres s'entrechoquant, rugissements des canons, hurlements des hussards battant la charge, on devine sous cet épique chaos le parfum insidieux de la défaite et du désespoir. C'est qu'elles sont bien lasses, les troupes françaises, des maréchaux aux plus simples soldats ! Las, le petit soldat Vincent Paradis qui s'inquiète de ne pas rentrer en France à temps pour aider son père aux moissons. Las, le cuirassier Fayolle qui voit dans chaque ombre les fantômes des femmes qu'il a violées. Las, le maréchal Lannes, déchiré entre son amour toujours vivace pour l'Empereur et la désillusion qui le pousse à chercher la mort au combat. Las aussi et épuisés, le général Espagne, le maréchal Masséna, le colonel Lejeune… Tous autant qu'ils sont, ils ont cru en Napoléon Bonaparte et en la grandeur de l'Empire français, mais ce temps-là est bien passé : l'homme providentiel n'est plus qu'un monarque rongé par l'orgueil et la paraonia, et le rêve de gloire s'est enfui depuis longtemps, calciné sous les feux cruels de la guerre d'Espagne.

Si l'avalanche de prix dont a été couronné « La Bataille » de Rambaud peut un peu désarçonner, force est de reconnaître qu'il s'agit d'une excellent roman historique : splendidement écrit, immersif – chaque étape de la bataille y est retranscrite avec une fougue et une vivacité admirables – extrêmement bien renseigné et précis sans jamais une once de pédanterie. Un vrai plaisir de lecture que je recommande très chaudement. Personnellement, je ne manquerai pas de me procurer les deux suites écrites par Rambaud et narrant la fin de l'épopée napoléonienne : « Il neigeait » qui se déroule pendant la désastreuse campagne de Russie et « L'Absent » mettant en scène Napoléon sur l'île d'Elbe avant les Cent Jours.
Commenter  J’apprécie          513
On est loin de l'épopée Napoléonienne lyrique et flamboyante présentée par la plupart des livres d'histoire dans ce roman relatant la bataille d'Essling à hauteur des participants, petits ou grands acteurs de l'histoire. Après cinq années de combat pour l'empereur, les soldats et leurs chefs sont au bout du rouleau. Les maréchaux n'y croient plus, le simple fantassin ne pense qu'a rentrer chez lui pour faire les moissons et l'élite de l'armée en a assez des violences au point que certains se suicident pour ne plus en commettre. Et pourtant il faut combattre encore pour satisfaire l'ambition d'un seul homme, cynique, coléreux et complètement paranoïaque. Car Napoléon ici fait penser à l'Hitler de «la chute», même hystérie, même aveuglement, même mépris de la vie humaine. Bien sur l'idéologie n'est pas identique, mais on peut penser devant cette boucherie (45 000 morts en deux jours) que l'hécatombe aurait été bien supérieur avec des armes moderne. En tout cas le lecteur sera choqué par ces charges de cavalerie d'une violence extrême ou par le sort des blessés affreusement mutilés pour la plupart et condamnés à une agonie terrible du fait du manque de soins. Des épisodes forts comme la mort du général Espagne ou celle du maréchal Lannes émaillent ce récit qui pourra paraitre parfois un peu confus. Ce livre est obligatoire pour comprendre au delà des poncifs de la gloire la vraie nature de l'ambition napoléonienne et connaitre l'envers tragique de sa légende...
Commenter  J’apprécie          450
Une belle reconstitution de bataille napoléonienne, celle d'Essling (1809). Cet excellent roman historique ravira tous les amateurs, mais c'est le récit d'une boucherie. L'historien Madelin signale que cette bataille ouvre l'ère des grandes hécatombes qui allaient dès lors marquer les campagnes de l'empereur. Près de 40 000 morts en 30 heures. Cette année, à Rueil Malmaison, ville impériale, un superbe jubilé impérial a commémoré le bicentenaire de la mort de Napoléon, acclamé sous les traits de l'acteur Mark Schneider. Magie de l'imagerie populaire. Ce très bon livre remet un peu les choses en ordre, mais il faut avoir le coeur à ça.
Commenter  J’apprécie          273
Une bataille napoléonienne comme si vous y étiez vous tente, "La Bataille" est pour vous. Patrick Rambaud avec un talent d'orfèvre nous mets au milieu de la bataille d'Essling, première défaite terrifiante de l'empire, qui fut un véritable carnage. Rambaud restitue avec une grande minutie cette défaite en suivant plusieurs grands généraux ou maréchaux de France mais aussi de simples grognards, tout y est méticuleusement raconté, c'est la grande force du roman, le travail historique impressionne par sa précision incroyable, Rambaud montre aussi les doutes qui assaillent les fidèles de Napoléon mais chacun est près au sacrifice pour cet homme qui leur a apporté richesse et gloire. Roman historique brillant et passionnant la "La bataille" reçut le Prix Goncourt 1997.
Archi mérité.
Commenter  J’apprécie          250
Je n'aime pas la guerre et je n'aime pas Napoléon alors "La Bataille" de Patrick Rambaud n'avait rien pour me plaire. C'est parce que je connais ses parodies de Marguerite Duras qu'il a écrites avec beaucoup d'humour et parce que son roman a reçu le Prix Goncourt 1997 que je m'y suis intéressée.
J'ai bien fait car c'est une agréable surprise.

D'abord, il y a le fait historique bien documenté, la bataille d'Essling près de Vienne qui a opposé les troupes de Napoléon et celles de l'archiduc Charles d'Autriche en mai 1809, racontée sur le terrain. le terrain est glissant car ils sont sur les bords du Danube et l'île Lobau sépare les deux rives. Il faut donc construire un pont provisoire que les autrichiens s'appliquent à détruire systématiquement. Cela va durer deux jours durant lesquels ont suit les combats meurtriers des troupes dirigés par les maréchaux napoléoniens comme Lannes ou Masséna. Car les personnages sont bien là et malgré les morts ils sont souvent décrits avec une pointe de dérision comme ce Napoléon caractériel et de mauvaise foi, ce dont je ne doutais pas.
Surtout, il y a Henri Beyle, l'ami de Masséna, en charge de l'approvisionnement, qui écrit une partie de l'histoire mais je ne doute pas non plus de son portrait sachant qu'il s'agit du futur Stendhal.

Il faut dire que Balzac avait commencé à faire le récit de cette bataille et que Patrick Rambaud s'en est inspiré avec succès. D'ailleurs, il n'oublie pas de le citer dans sa dédicace. Pour autant, si l'intérêt historique est bien là, les faits semblant avérés, ce que j'ai préféré c'est le ton qui m'a fait penser à Jean Teulé pour son humour, dans un style plus élaboré. On retrouve son habitude des parodies, ma curiosité a donc été récompensée.


Challenge Entre-deux 2024
Challenge Multi-défis 2024
Challenge XXème siècle 2024
Challenge Goncourt illimité
Commenter  J’apprécie          190
Un livre dont je ne ressors pas indemne. Pourtant court, il est dur à digérer car il est dense et âpre. Un récit de bataille diaboliquement précis, entrant dans un incroyable nombre de détails.
Outre le contexte sanglant, une vraie boucherie en fait, on sent du pessimisme voir de la mélancolie d'un temps d'avant, pourtant pas si vieux. L'objectif stratégique de cette bataille volontairement occulté, contraste affreusement avec la proximité que nous vivons avec les différents protagonistes.
Essentiellement des hommes, à l'abnégation incroyable pour un civil du 21ème siècle, aux passions des plus simples, comme la survie, aux plus sophistiqués, comme l'art. le personnage de Massena est celui qui m'a le plus enthousiasmé.
Je n'ai pas d'élément de comparaison littéraire, mais le Napoléon présenté est assez détestable. Hormis son charisme et ses qualités de chef de guerre, on nous livre un personnage irritable, se sentant fragile politiquement et très sang bleu. Comme les soldats, j'ai pris un coup à entendre jouer à la flûte la Marseillaise par des soldats Autrichiens, sacré symbole.
Nos sens sont très sollicités, on sent la fumée, la gangrène, on est assourdit par les canonnades, écoeuré par le bouillon de cheval, aveuglé par le brouillard. Heureusement, il reste quelques élans du coeur et comme une caresse, du Haydn au piano par Haydn lui même...



Commenter  J’apprécie          182
Livre acheté en 1997 lorsque Patrick Rambaud reçut le prix Goncourt, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
On vit la bataille d'Essling, pas la plus connue des campagnes napoléoniennes, comme si on s'y trouvait.
Une manière réaliste de voir ces batailles, loin des épopées habituelles.
Un très bon roman.
Commenter  J’apprécie          181
Roman instructif nous plaçant au coeur d'une bataille de Napoléon en recréant toute l'ambiance. La plupart des grands maréchaux et généraux sont présents dans les tableaux de cette histoire de France.
Commenter  J’apprécie          170
Les 21 et 22 mai 1809 a lieu la bataille d'Essling, ou d'Aspern, ou d'Aspern-Essling c'est comme vous voulez. Elle est la première défaite de Napoleon Bonaparte depuis dix ans. 
Essling c'est le début des victoires laborieuses (malgré les magnifiques victoires de la campagne de France de 1814 avec la campagne des six-jours), la fin des campagnes victorieuses, Essling c'est le début de la fin.

A travers de roman l'auteur nous propose de revivre cette bataille qui constitue un tournant dans l'épopée napoléonienne. On y suit le colonel Lejeune, officier de l'état-major qui crapahute sur le champ de bataille pour transmettre des ordres, Henri Beyle (alias Stendahl) coincé dans Vienne qui se voit forcer d'observer de loin l'affrontement, Frederic Staps, illuminé qui projette d'assassiner l'empereur (c'est pas du spoil c'es de l'Histoire !) mais aussi Napoleon alors gonflé d'orgueil, ses maréchaux qui doutent de leur maitre, et les simples soldats perdus au milieu d'un tel carnage.

On revit à travers les chapitres les deux jours et deux nuits d'affrontement effroyables ou des dizaines de milliers d'hommes ont fait preuve d'un courage inouï, d'une abnégation admirable alors que le sort semble s'acharner contre eux et tout cela pour…rien. Deux journées de massacre qui laissent présager de la victorieuse boucherie que sera la Moskova. 

Les personnages qu'ils soient historiques ou fictifs sont crédibles, l'ambiance est parfaite et on apprend un millier de choses comme les rivalités entre les maréchaux d'Empire, la loyauté de certains officiers envers leur supérieur ou encore la paranoïa de Napoleon. On y découvre aussi toute l'atrocité des ambulances et du soins réservés aux blessés à qui le seul remède proposé est l'amputation, la vie faite de violence des soldats en campagne et les frasques des officiers.

Loin de l'héroïsme et de la gloire, ce roman nous raconte ce qu'est une bataille dans toute sa beauté et son horreur.
Commenter  J’apprécie          140
Un titre qui était dans ma PAL depuis un bout de temps et c'est en lisant une entrevue qu'a accordée Patrick Rambaud à un magazine littéraire que je m'en suis souvenu. le thème de Napoléon Bonaparte et du premier Empire m'intéresse grandement mais je craignais un ouvrage lourd et ennuyeux. C'est tout le contraire! Rambaud raconte la bataille d'Essling en 1809 comme s'il y était; c'est dur et rigoureusement historique. Les généraux et les grognards apparemment tous unis derrière l'Empereur sur les rives du Danube mais on sent que le doute commence à s'insinuer dans les esprits. Certains sont volontaires, d'autres conscrits mais tous ont la hantise de retourner au plus vite à leur autre vie. Parmi ceux qui ont réellement participé à cette bataille, des personnages imaginés par l'auteur et Henri Beyle, celui qui deviendra Stendhal. Une grande reconstitution qui mérite son prix Goncourt.
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (1254) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}