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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De magnifiques descriptions. On visite Mayence, les îles qui ont constitué Venise, Alexandrie et l'action est bien soutenue du début à la fin avec le tribun Rustico et son complice, Thodoald. L'auteur, Patrick Rambaud a reconnu que le second était le fruit de son imagination mais le premier a bel et bien existé tout comme les principaux personnages historiques évoqués.
Pour bien planter le décor, l'auteur a emprunté son titre : Quand Dieu apprenait le dessin au Decameron de Boccace mais ce titre, à part son rapport à la religion, ne laisse pas transparaître tout ce qui m'a ravi en cours de lecture. Ce n'est pas fréquent d'emmener ses lecteurs au début du IXe siècle avec un réalisme aussi saisissant.
Tout au long du livre, on assiste au commerce de l'époque, commerce que les Vénitiens pratiquaient avec grand talent. Direction Alexandrie, les bateaux sont chargés d'esclaves récupérés dans le nord et l'est de l'Europe, ainsi que des armes. On échangera cela avec des porcelaines chinoises, du poivre de Malabar, de la cannelle fauve de Tourane, des clous de girofle et du papier ! « Un lot de feuilles de papier, une matière nouvelle et pratique qui peut avantageusement remplacer les parchemins hors de prix et faciliter la tâche des copistes. »
Au fait, il faut quand même dire que le vrai but de l'expédition des trois bateaux de Rustico et Marino Bon, était de récupérer les reliques de saint Marc afin de les rapporter à Venise pour contrebalancer l'influence de Rome.
De retour d'Alexandrie, Marino Bon confie le fond de sa pensée à propos des religions, un texte à méditer aujourd'hui : « Les croyances, toutes les espèces de croyances génèrent le désordre. Si tu crois, tu veux persuader ceux qui ne croient pas aux mêmes choses que toi, tu t'imposes, tu légifères, tu ordonnes. Tous nos malheurs viennent de ces conflits lamentables et diaboliques… Les religions sont les manufactures où se fabriquent des monstres. Elles provoquent acharnement, délation, haine, meurtre, mépris, interdictions, rigidité, extermination, hécatombes, perversité, illusion, enfantillages… Quelle confusion ! »
Ce livre de Patrick Rambaud, riche d'informations et de moments savoureux éclaire notre monde d'aujourd'hui et sa lecture est très agréable.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Quand Dieu apprenait le dessin, de Patrick Rambaud, nous raconte comment Venise a volé la dépouille de saint Marc à Alexandrie.
Nous sommes au début du IXe siècle. Un tribun de Rialto, Rustico, commerçant vénitien, négociant en armes, épices et esclaves, rentre de Mayence avec le moine Thodoald, anciennement apothicaire, qu'il a sauvé.
C'est l'occasion pour l'auteur de nous dépeindre la vie des religieux à cette époque. C'est très souvent trivial mais le sacré n'est jamais loin.
De retour à Venise, Rustico et le tribun Marino Bon sont convoqués par le doge de Rialto, Justinien. Il les charge de partir avec leurs bateaux récupérer la relique de saint Marc, à Alexandrie.
Ceci permettrait de conférer à Venise une autorité et une légitimité face à l'hégémonie de Rome. En effet, placer la ville sous la protection d'un évangéliste aussi renommé que Marc serait un moyen pour Venise de devenir l'égale de Rome, d'assurer son indépendance et le pouvoir des doges.
« le 31 janvier 828, à 9 h du matin, Justinien Parteciaco commande aux navires vénitiens d'appareiller pour l'Égypte musulmane. » Et voilà nos deux tribuns sans scrupules partis pour l'aventure. Quelle aventure ! Car, une fois sur place, comment s'emparer de cette relique ?
Et c'est là qu'intervient le talent de Patrick Rambaud, son esprit farceur, ironique et sa truculence. Vont-ils parvenir à leurs fins ? On est happé par le récit et impossible de lâcher la lecture.
Si vous souhaitez embarquer dans cette époque méconnue de la fondation de cette célèbre cité lacustre qu'est Venise, alors, plongez immédiatement dans ce roman satirique et vous ne serez pas déçu !

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La Feuille Volante n° 1282
Quand Dieu apprenait le dessin - Patrick Rambaud – Bernard Grasset.

Au Moyen-Age, Venise est déjà une puissance maritime, commerciale et politique qui s'affirme face au pape et à l'empereur d'Occident. Pourtant le duché est gouverné par Justinien, un doge vieillissant dont la vie est menacée. Il lui faut donc affirmer sa puissance par le rapatriement de la momie de l'évangéliste Saint Marc qui aurait jadis séjourné sur la lagune avant de terminer ses jours comme évêque d'Alexandrie où il est enterré. Mais Alexandrie est aux mains des Ottomans et selon la légende, le doge charge de cette mission deux marchands vénitiens rusés, voyageurs aguerris et tribuns, c'est à dire proches du doge, Rustico da Torcello et Buono da Malamocco qui s'en acquitteront avec succès et d'une manière rocambolesque, face à un Islam tout puissant qui menaçait la dépouille de profanation. Ils n'en tireront cependant aucune gloire et on oubliera jusqu'à leur nom .
Avec ce texte, l'auteur nous transporte dans un temps où les cités médiévales dominées par le pouvoir de l'Église, tiraient leur prestige de la possession de saintes reliques et Venise n'échappait pas à cette tradition, ne serait-ce que pour concurrencer Rome et le tombeau De Saint Pierre. Peu importe d'ailleurs l'authenticité de ces restes qui, à cette époque, faisaient l'objet non seulement d'une vénération un peu surréaliste mais surtout d'un négoce florissant. Nous sommes dans un Moyen-Age boursouflé d'obscurantisme et de superstition , gouverné par des prélats et des prêtres ignares, manipulateurs et dogmatiques qui ne juraient que par un dieu lointain, oublieux du message de l'Évangile dont ils étaient pourtant porteurs et exécutaient leurs semblables au moyen de ridicules ordalies. On se prosternait devant n'importe quoi pourvu que cela soit censé avoir appartenu à un saint ou mieux au Christ lui-même. Quant aux miracles qui leur sont attribués l'imagination était sans borne. Il n'y a que la foi qui sauve !
Si la dépouille du saint apôtre était effectivement en pays musulman, elle était entre les mains de l'église copte, donc concurrente des catholiques. Pour légitimer ce voyage on a un peu maquillé la réalité, les communautés chrétienne et musulmane vivant en bonne intelligence, ce qui est peut-être un signe de tolérance mais assurément la marque d'un autre monde, une autre culture où le commerce fait aussi sa loi avec palabres et profits, esclaves contre denrées. Pourtant, les religieux locaux s'avèrent tout aussi vénales que leurs collègues occidentaux, tout aussi hypocrites aussi, les miracles supposés ainsi que les dons des pèlerins étant une ressource importante de cette communauté..
Il y a une dimension épique dans ce récit qui prête vie à ces marchands intrépides, rusés et avides d'argent qui parcouraient l'Europe et l'Asie pour faire fortune en risquant leur vie. Sur des routes peu sûres du nord ils croisaient des brigands, des loups, des moines paillards et des religieuses lubriques protégés par la religion, l'hypocrisie et leur robe de bure. L'auteur s'approprie avec bonheur cette légende, adjoint à Rustico les services de Thodoalt, un aventurier pragmatique et instruit, un peu moine un peu médecin devenu son mentor. C'est l'occasion pour l'auteur de promener son lecteur dans cette cité médiévale vénète, d'en retracer l'histoire difficile et mouvementée, un duché florissant où le commerce prend la place des combats et où la paix doit être préservée parce qu'elle favorise le négoce quand tant d'autres villes s'appauvrissent dans la guerre.
Le dépaysement dans le temps comme dans l'espace est prenant dans cette fiction. L'auteur,balade son lecteur des brumes du nord de l'Europe à la touffeur d'Alexandrie en passant par les canaux humides de Venise. Par son style et la façon ironique et originale qu'il a de conter cette histoire autant que par la qualité et la précision de sa documentation historique et anecdotique, il fait revivre une époque méconnue et un peu oubliée, s'approprie l 'attention de son lecteur jusqu'à la fin et instille des remarques pertinentes sur les religions, l'hypocrisie, la superstition, les interdits, les batailles et les morts qu'elles suscitent.
J'ai lu ce roman avec délectation, pratiquement sans désemparer, et j'ai particulièrement apprécié la dédicace, notamment à tous ces anonymes vénitiens contemporains
© Hervé Gautier – Octobre 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Dans notre médiathèque, et à notre club, les romans historiques ont toujours beaucoup de succès, je pense que la moyenne d'âge doit-y être pour quelque chose. Je ne suis pas une fan absolue du genre, non pas que je sois plus jeune que les autres, mais souvent je trouve que les romans historiques sont trop didactiques et ne m'embarquent pas toujours dans la petite histoire à force de vouloir servir la grande (Histoire). Pour ce roman, on doit d'abord remarquer que Patrick Rambaud est un excellent écrivain, on sent son plaisir à nous raconter cette épopée et je suis partie avec lui sur la terre de tous les dangers : brigands, barbares, comme sur la mer de l'Adriatique sur laquelle régnaient de terribles pirates . Les riches marchands de Venise, ne veulent plus dépendre de Rome et en 823, ils embarquent pour Alexandrie, voler la relique de Saint Marc afin d'asseoir leur autorité face aux papes. Parce que c'est à ce détail que se joue l'autorité d'un lieu , l'importance de la relique qui la protège.

Le Vatican possède et vénère le corps De Saint Pierre, Venise aura celui de Saint Marc. On sent que l'auteur s'amuse beaucoup (et nous avec lui !) avec ces histoires de reliques, nous suivrons donc le coude de Werentrude qui a été remplacé par un fémur de cochon.., nous apprendrons qu'une église possède le nombril du Christ – il a dû l'oublier avant de monter au ciel ! Les marchands doivent d'abord se rendre à Mayence pour faire le plein d'esclaves, puis se confronter aux luttes de pouvoir à Venise et enfin partir à Alexandrie et revenir. Inutile que je vous raconte la fin, nous la connaissons tous puisque de Venise nous connaissons la place Saint Marc, nos marchands ont donc réussi leur mission : ils ont ramené le corps de l'évangéliste sur leur bateau. Venise pourra donc se développer sans autre tutelle que les doges vénitiens.
Lien : http://luocine.fr/?p=9513
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Ce récit habile et amusant aux allures de légendes et d'excursions dans les vieux mondes du Moyen Age, explique rétrospectivement les enjeux de pouvoirs, les questionnements et les ruses politiques qui ont contribué à créer des institutions et de monopoles pérennes à travers les âges.
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Très bon thriller du moyen age sur la montée en puissance de Venise. Une dose de données historiques, une dose d'aventure, quelques pincées d'humour noir, des descriptions crues de la vie quotidienne. On en reprendrait bien une part.
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Un roman jubilatoire qui met en scène des personnages truculents au temps de la jeunesse de Venise. Que du plaisir de lecture !
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