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EAN : 978B0B46SCNYD
201 pages
Ex Aequo (15/06/2022)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Bikini, atoll perdu dans l'immensité de l'océan Pacifique évoque davantage un Paradis mythique qu'un effroyable désastre environnemental.
Pourtant, en 1954, les Américains y expérimentèrent leur bombe H et irradièrent la population locale ainsi que l'équipage d'un thonier japonais, Le Dragon chanceux.
Ce drame sert de trame à la confrontation entre un Japon vaincu et exsangue mais pétri de traditions et une Amérique victorieuse, sûre de ses valeurs et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le premier mars 1954, un essai nucléaire américain dans l'atoll Bikini, au sein des îles Marshall, dérape. L'explosion de la bombe H la plus puissante jamais testée par les Etats-Unis est trois fois plus violente que prévu, et les vents, inverses aux prévisions météorologiques, emportent les retombées radioactives au-delà de la zone de sécurité. Une grande partie des atolls environnants est contaminée, et leur population irradiée. le temps que les bateaux de pêche présents dans les environs remontent leurs filets pour prendre la fuite, leurs équipages restent exposés de longues heures. Parmi eux, un thonier japonais, le Dragon chanceux, à bord duquel Joseph Ramonéda nous fait vivre la catastrophe.


Le jour où le bateau quitte le port de Yaizu pour disparaître à l'horizon du Pacifique, Tatani est partagée entre le déchirement de la séparation et sa fierté pour son frère, à vingt ans le plus jeune capitaine de navire de la ville, en partance pour sa première campagne de pêche. Alors qu'elle se félicite de l'heureuse tournure que prend enfin leur sort, après une enfance marquée par la guerre et par les terribles années de reconstruction du Japon après la défaite, elle est loin de se douter du cauchemar qui les attend. Quelques semaines plus tard, pendant que le Dragon chanceux pêche tranquillement à proximité de l'atoll Bikini, une curieuse aurore côté ouest, suivie après quelques minutes du bruit d'une explosion et d'une pluie de particules blanches que l'équipage ramasse à mains nues et qui collent au corps et aux cheveux, prélude à la propagation d'un mal étrange, aux symptômes effrayants, qui terrasse les hommes un à un.


C'est un bateau-fantôme qui rentre au port, chargé d'un équipage hagard et incomplet, et d'une cargaison de poissons dont on ignore encore qu'ils sont contaminés. Pourtant, soucieux de minorer les faits pour éviter un scandale en plein apogée de la guerre froide, le gouvernement américain multiplie les démentis quant à une quelconque irradiation des pêcheurs, et, avec la plus grande mauvaise foi, les accuse d'avoir navigué en zone interdite tout en invoquant une opération de discréditation soviétique.


Les faits historiques sont accablants et leur récit, sobrement romancé par Joseph Ramonéda, obsédant. le lecteur s'y sent le témoin médusé et impuissant d'un drame dont, contrairement à lui, les victimes n'ont aucun moyen de pressentir l'implacable issue, alors qu'elles se retrouvent doublement condamnées, d'abord par l'irresponsable organisation d'une expérience d'apprentis-sorciers, puis par la criminelle détermination de se débarrasser de témoins encombrants. Comment le Japon vaincu et exsangue pourrait-il faire le poids dans la lutte pour une nouvelle hégémonie entre les deux nations sorties grandies de la seconde guerre mondiale : l'Amérique d'un côté, son rival soviétique de l'autre ?


Agrémenté du juste nécessaire de fiction pour donner corps à l'Histoire, ce roman restitue les faits et leur contexte dans une narration passionnante, instructive et crédible. Les personnages et leurs dialogues sonnent juste. L'écriture est agréable, malgré quelques petites maladresses et des efforts parfois un peu trop visibles pour étoffer le récit. C'est donc avec intérêt et plaisir que l'on découvre cet épisode effrayant, très clairement exposé, de la guerre froide et de la paranoïa maccarthyste.


Merci à Babelio et aux éditions Ex Aequo pour cette intéressante lecture.

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Grâce aux éditions Ex Aequo, que je remercie, j'ai lu : le dragon chanceux de Joseph Ramonéda.
Bikini, atoll perdu dans l'immensité de l'océan Pacifique évoque davantage un Paradis mythique qu'un effroyable désastre environnemental.
Pourtant, en 1954, les Américains y expérimentèrent leur bombe H et irradièrent la population locale ainsi que l'équipage d'un thonier japonais, le Dragon chanceux.
Ce drame sert de trame à la confrontation entre un Japon vaincu et exsangue mais pétri de traditions et une Amérique victorieuse, sûre de ses valeurs et menant une guerre idéologique contre le communisme soviétique.
Le dragon chanceux est un roman historique sur fond de trame véridique.
J'ai aimé cette plongée dans le Japon de l'après guerre. Je connais mal cette période et j'ai trouvé ce roman fascinant.
Tatani est une jeune fille qui tremble pour son frère Hisatachi qui malgré son jeune âge va devenir le capitaine du thonier le dragon chanceux numéro 5.
Nous découvrons Tatani mais aussi son frère Hisatachi. Ce dernier part avec son équipage aux abords de l'atoll Bikini, là où il est censé y avoir de nombreux thons rouges. Ils ignorent que ce premier mars 1954 va se dérouler des essais nucléaires avec l'expérimentation de la bombe H.
J'ai trouvé l'écriture très vivante, en effet j'avais vraiment l'impression d'être avec eux dans ce Japon pas encore moderne. Et également d'être avec eux à bord de ce thonier. J'ai assisté stupéfaite à l'arrivée de ce second soleil, à cette poussière qui les a recouvert.
Les personnages sont très attachants et touchants. Aussi bien Tatani que Hisatachi. Deux personnalités différentes mais complémentaires. Ils sont frères et soeurs, ont perdus leurs deux parents et se soutiennent. C'est un crève coeur pour cette jeune fille de laisser partir son frère même si elle prie pour lui et le confie aux Dieux.
J'ai juste regretté que la fin soit ouverte en qui concerne le personnage de Tatani. On imagine ce qu'elle pourrait devenir sans en avoir une réelle certitude.
Néanmoins, cela fonctionne vu l'épilogue. C'est bien aussi de laisser faire son imagination :)
Le dragon chanceux est un bon roman historique qui revient sur un fait mal connu. Je savais que des essais nucléaires avaient eu lieu à cette période sans vraiment imaginer les conséquences que cela a eu.
Je trouve que l'auteur a vraiment bien décrit ce qui est arrivé, les conséquences y compris dans le monde (notamment aux États-Unis).
J'adore le Japon et j'ai pris plaisir à y retourner, à défaut de pouvoir y aller actuellement.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en démarrant ce roman et je ne fus pas déçue.
Ma note : un très joli quatre étoiles et demie.
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J'étais particulièrement heureux d'obtenir ce roman des éditions Ex Aequo lors d'une opération Masse Critique de Babelio parce que je n'avais rien lu du catalogue de cet éditeur et que cela me permettait de découvrir et éventuellement défendre un titre peu distribué en librairie.

Hisatachi est un jeune marin de vingt ans fraîchement nommé capitaine par son armateur, qui s'apprête à prendre la mer à bord du thonier le Dragon Chanceux où il dirigera un équipage pour la première fois. Ce jeune orphelin qui vit avec sa petite soeur Tatani a prévu d'aller à proximité de l'atoll Bikini en plein coeur du Pacifique pour une pêche qu'il espère abondante.

En cette année 1954, en pleine guerre froide, ce que ce jeune capitaine ignore c'est que l'armée américaine s'apprête à tester un bombe atomique à proximité de cet atoll, une bombe à hydrogène mille fois plus puissante que celles qui décimèrent Hiroshima et Nagasaki en août 1945.

Quand les pêcheurs verront apparaître dans le ciel ce matin là un deuxième soleil, ils ne savent pas qu'ils viennent d'être gravement irradiés, et quand l'Amérique sera confrontée à cette question, c'est le sénateur McCarthy lui-même qui se chargera d'étouffer cette propagande jugée évidemment anti-américaine.

Je ne connaissais pas ces cas d'irradiation et de contamination des populations autochtones, de ces quelques pêcheurs ou des soldats américains de l'opération, aussi la découverte historique fut passionnante. Ce court roman est découpé en petits chapitres qui alternent les points de vue avec beaucoup d'intelligence et j'ai également été séduit par la plume de l'auteur. Une belle découverte passée totalement sous les radars et qui mériterait d'être plus largement lue.

📖 le dragon chanceux de Joseph Ramonéda a paru le 13 juin 2022 aux éditions Ex Aequo. 188 pages, 16€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur via Babelio.
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Comment trouver les mots pour exprimer le charme profond dans lequel je suis tombée à la lecture de ce récit ? Charme qui m'a pénétrée intensément alors que je n'avais même pas encore entamé le deuxième chapitre ! Une merveille ! Des mots qui coulaient avec fluidité, oscillant entre poésie, pensées profondes, réflexions philosophiques ou religieuses. Des phrases qui m'emportaient inexorablement dans ce Japon d'après-guerre, sa culture ancestrale, sa fierté et sa noblesse.
Alors que notre jeune commandant Hisatashi embarquait pour sa première pêche, abandonnant pour plusieurs semaines sa soeur adorée Tatani, le jour se levait sur le petit port de Yizu, figeant comme sur une carte postale l'effervescence du départ. Et si le jeune homme partait confiant en son destin, moi, pauvre lectrice, je me mis à prier avec ferveur, contaminée par les inquiétudes de Tatani et les signes funestes qui ne trompaient pas. Et j'ai voyagé. Avec l'équipage du thonier, sous les embruns et l'inquiétante pluie de poudre blanche. Avec Tatani, dans les rues pas si paisibles du port et ses habitants pas toujours fréquentables. Et enfin, à Washington où on découvre ce qui se joue en coulisses…
J'ai voyagé et j'ai adoré ce périple ! Cependant, j'ai un immense regret ! Que l'auteur n'ait pas plus approfondi les méandres de cette histoire qui aurait mérité au moins une centaine de pages supplémentaires pour être totalement aboutie. Car il nous manque quand même quelques informations et j'aurais aimé que la lumière soit faite sur un certain nombre de points. Car, je l'avoue, je suis restée sur ma fin et cela a mis un petit bémol sur ce récit qui s'acheminait pourtant vers le coup de coeur…
Il n'en reste pas moins que je me suis régalée et que, une fois n'est pas coutume, j'adore cette couverture ! Elle possède le calme et la douceur de la brise marine, entachée du rouge profond du drame qui va se jouer par-delà les mers… Une vraie réussite et il n'est pas très fréquent que je dise cela de cette ME qui a un peu tendance à négliger l'habillage de ses romans… et c'est tellement dommage quand on connaît les talents qu'elle renferme !
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En 1954, les États Unies testent la bombe H dans les atolls bikini dans l'océan Pacifique.
Le jeune Hisatachi se voit confier le commandement du bateau de pêche, le dragon chanceux, il va ainsi laisser sa jeune soeur, Tatani, seule au Japon.
Malheureusement le bateau va jouer de mal chance et rencontrer les essais des USA.

Un roman court et bien écrit. le style est très descriptif et remplis de mille synonymes qui rendent les textes lyriques. Il se lit avec attention et est un peu plus exigent que ce que j'ai l'habitude de lire .
Je l'ai reçu en participant à une masse critique et j'ai aimé découvrir une lecture qui me sort de ma zone de confort.

Le récit est poignant et les faits romancés sont appuyés sur des faits réels.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C’est sans aucun doute un grand succès technologique, mais la force de l’explosion a été supérieure à tout ce qui avait été prévu par les experts et elle a fait de considérables dégâts collatéraux. Des centaines d’habitants irradiés, un cratère de deux kilomètres de diamètre et de cent mètres de profondeur, un nuage radioactif de plusieurs milliers de kilomètres de long qui se répand langoureusement sur le Pacifique et contamine tout sur son passage : voilà quelques-uns des résultats les plus tangibles de cet essai nucléaire. C’est une grande réussite pour l’armée américaine. Mais à quel prix !
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La caméra revient vers la jeune femme. Elle sourit. Son visage respire le bonheur, la joie de vivre. (…) Elle ouvre la porte d’un réfrigérateur d’une blancheur virginale. D’un air satisfait et théâtral, elle montre tout ce qu’il contient. Dans l’antre illuminé de l’appareil ménager se trouve de la nourriture à profusion.
Cette vision d’une Amérique, corne d’abondance et de modernité, est la plus efficace des propagandes qui puissent exister, surtout après ces longues années de guerre et de privations. Elle vaut bien plus que les longs discours politiques ou même que les enquêtes musclées du sénateur McCarthy.
Ces scènes de la vie quotidienne entrent dans les foyers et les cerveaux des téléspectateurs sans méfiance. Elles créent dans leurs esprits l’image d’une Amérique opulente et libre où les problèmes de la vie ordinaire ne semblent pas exister. La société capitaliste apparaît dès lors attractive, utopie matérialisée positivement qui s’oppose aux pénuries et aux restrictions du monde soviétique.
Peu importe que cette situation s’explique parce que les Etats-Unis n’ont connu aucune destruction de leur territoire et qu’au contraire, cette guerre les a enrichis outrageusement puisque durant ce conflit, l’Amérique a vendu à tour de bras armes, munitions, navires, avions, denrées alimentaires, automobiles. Tout ce qui pouvait se vendre, l’Amérique l’a vendu cash ou à crédit. L’or que la vieille Europe avait patiemment amassé pendant de longs siècles a franchi en quelques mois l’Atlantique pour remplir les coffres de la banque fédérale américaine.
Qu’importe que dans la réalité, des millions d’Américains puissent vivre dans des conditions sordides, aient des difficultés à se soigner, à s’alimenter ou même à s’instruire.
Qu’importe que les Noirs soient considérés comme des êtres inférieurs, qu’ils soient méprisés, humiliés, agressés ou même lynchés en toute impunité. Il ne s’agit pas de montrer à la télévision un bus avec des places réservées aux Blancs et d’autres aux Noirs ou des écoles et des universités interdites aux gens de couleur ou encore les arbres des Etats du Sud avec leurs étranges fruits qui pendent aux branches et que chante courageusement Billie Holiday. Et que dire des Indiens, dépouillés, parqués, spoliés et alcoolisés : Thanksgiving ?
Non, l’Amérique qu’on nous exhibe à ce moment se veut riche, blanche, moderne, modèle à suivre pour le monde entier. Tout y paraît simple, agréable, souriant et avenant. C’est cette Amérique-là qui fait rêver même si elle n’existe que dans l’imaginaire des scénaristes et celui des téléspectateurs béats. Plaisir de l’illusion efficace : être trompé en pensant ne pas l’être.
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- Bien. Il conviendrait également de minimiser les maladies de ces marins et surtout d'éviter tout lien avec des radiations atomiques.
- Est-ce le cas ?
McCarthy répond d’un ton tranchant qui n’admet pas la contradiction :
- Je me moque éperdument, Monsieur l’Ambassadeur, de savoir si c’est le cas ! Ce qui m’importe, c’est mon pays ! Et pour les Etats-Unis, ces marins ne doivent pas être des irradiés. Ce ne sont en aucun cas des victimes de l’Oncle Sam que les Rouges peuvent utiliser à leur guise pour salir notre patrie. Ces marins sont coupables de ne pas avoir respecté les consignes données et ils sont donc responsables de leur état. Ce sont eux les responsables et les coupables et non l’inverse. Est-ce bien clair ? Les lésions dont souffrent ces marins doivent être minimisées et ne doivent pas être attribuées aux éventuelles radiations. Elles sont l’effet du corail calciné projeté sur leurs corps : ce sont de simples brûlures ! C’est d’ailleurs ce qu’affirment nos médecins experts en la matière.
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Même si, paraît-il, l’histoire ne se répète pas, force est de constater qu’elle bégaye suffisamment pour qu’on puisse retrouver de grandes similitudes dans la succession des événements. Et ces ressemblances tiennent à la constance de la nature humaine, car l’homme change moins rapidement que son environnement. Il est plus rapide de faire pousser un épi de blé que de changer les mentalités.
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Ne dites surtout pas que le hasard est le maître de nos vies. Le hasard n’est qu’un mot. Il n’explique rien en soi. Il est le fruit de notre ignorance, un trou dans notre savoir, une illusion de nos sens. La vie peut-elle n’être qu’un écho d’aléas résignés qui raisonnent pour lui donner un sens ?
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