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EAN : 9782070403219
156 pages
Gallimard (02/10/1998)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Poète prolixe, António Ramos Rosa (né en 1924) a publié une soixantaine de recueils et cinq essais.
Au cœur de sa création se tient la violente, mais parfois jubilante contradiction d'un homme désespéré qui développe une poésie foncièrement heureuse.
Une vision tragique du monde produit ici des éclairs de bonheur, des cris de souffrance accèdent soudain, par effraction, à la plénitude.
Robert Bréchon, dans sa préface, décrit justement le proj... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai découvert grâce à la collection Poésie/Gallimard
Antonio Ramos Rosa ( 1924-2013,) cet écrivain portugais prolifique « révolté, dissident, marginal » qui consacra une grande partie de sa vie à la poésie « des milliers de vers : une soixantaine de recueils » .
(Son nom ne figure toujours pas dans le Petit Larousse illustré- Edition de 2020 ! )
La préface de Robert Bréchon (1920-2012), lui-même poète, essayiste, critique littéraire, qui fut un acteur déterminant pour faire connaître la littérature portugaise en France, m'a permis de mieux décrypter le sens de son oeuvre : « "retrouver l'ignorance qui est le chemin du retour à l'origine" , redécouvrir la réalité grâce aux cinq sens : les odeurs, les saveurs, le toucher… et se plonger dans le surnaturel, grâce à une écriture métaphorique.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
TERRE


J'ai connu ton visage mélancolique, ton corps majestueux
et tes hanches d'eau. Je suis passé entre tes seins
de basalte et j'ai entendu la clameur de tes cataractes
et le silence profond de tes gorges ténébreuses.
Et à tes pieds la mer magnifique et sur elle une lune rouge.
Je circulais dans tes veines, plongeais dans les chevelures
de ton visage multiple, posais ma bouche sur les feuilles de la nuit.
J'ai aimé, aimé dans la joie juvénile les grandes plages marines
et respiré les nuages lointains qui traversaient la montagne.
Ô lèvres immenses qui ne cessaient de vivre, ô constellations
qui brillaient dans les abysses parmi les poissons farouches !
Ô arbres, merveilleux arbres sous un soleil mélodieux
et ces paupières intactes, ces paupières de velours
qui conservaient sur la terre leurs secrets magiques !
Terre, dans ta gloire fulgurante, je t'ai aimée ébloui,
je me suis rendu à ta lumière et à ton ombre, à ta vie infinie
et j'ai baisé le sable ardent avec une ivresse lucide
comme un corps d'amant lumineux et fragile,
et c'étaient de minuscules bouches de soleil qui scintillaient.
Terre, je te vois comme une grande rose ardente sous la rosée
et j'entends les premiers soupirs amoureux, une rumeur de lèvres,
et je te sens passer dans le cœur de la lumière dorée
comme une barque légère d'allégresse végétale.
Une fois, une fois de plus ta chevelure m'accueille
et tes veines consentent ces paroles rouges
qui sont ivres d'amour, de clarté et de musique.
Je suis immergé dans ta bouche comme dans un nid paisible.
Bonheur inviolable qui est le mien et celui de l'univers !

p.123-124

À toutes et à tous, je souhaite une très bonne année aux bonheurs soloumineux (solaires lourds et lumineux à la fois) et aux soucis d'une légèreté d'hélium.
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L’HORIZON DES MOTS
Sans direction ni chemin,
j’écris cette page dépourvue d’âme.
Si je réussis à parvenir à la substance d’un mur,
j’allumerai la lampe de pierre dans la montagne.
Et sans prise je me glisse dans les interstices
fuyants,
ou j’énonce les simples réitérations de la terre,
les mots qui sont des graviers dans ma bouche ou
sous mes pas.
J’essaierai de construire la matière d’un adagio
de syllabes sylvestres, de ruisseaux vibrants.
Et dans la substance plongent la main, le
balbutiement blanc
d’une langue épaisse, le bois, les abeilles,
un organisme vert donnant sur la mer,
Les touches de l’été les industries de l’eau.
Je suis maintenant ce que le langage montre
dans ses vertes stratégies, dans ses ponts
de musique visuelle : l’équilibre comble les trous
avec ses arches, ses collines, ses arbres.
Une aube est née dans les mots et les collines.
L’imprononçable est l’horizon de ce qui est dit.
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LA CLARTÉ


C'est la clarté qui palpe soudain le corps aveugle,
l'ouvre et le dissout. Et la langue prononce
l'écume et la danse lumineuse. Ce sont les flammes
de la terre,
les gorges d'ombre, les veines vertes.
Toute la vie visible dans le silence qui respire,
et dans les allées les caresses traversées par les
oiseaux.
Quel est celui qui dort parmi les fruits et les fleurs,
qui rit dans une demeure claire et scintillante
et se sent construit et dédoublé,
et rien d'autre que la volupté qui le soulève
dans la blancheur de l'espace où les éléments se
joignent,
et où tout est le caprice d'un seul souffle clair ?

p.109
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CELUI QUI ÉCRIT



Celui qui écrit veut mourir, veut renaître
dans un bateau ivre au calme abandon.
Celui qui écrit veut dormir dans des bras matinaux
et dans la bouche des choses être une larme animale
ou le sourire de l’arbre. Celui qui écrit
veut être terre sur la terre, solitude
adorée, resplendissante, odeur de mort
et rumeur du soleil, la soif du serpent,
le souffle sur le mur, les pierres sans chemin,
le midi obscur tombant sur les yeux.


/Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
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DE LIGNE EN LIGNE


Entends-tu la rumeur des fleuves, ceux du monde
et ceux du sang obscur ? Tes mains habiles à nouer
là où il n'y avait plus de chemins, sans crispation ni
espoir,
n'ont d'autre secret que le fil de la vague,
la lumière du vent, ou la gorge végétale
qui t'accueille. Écrire n'est pas vivre,
mais si nous échouons dans la blancheur silencieuse,
de ligne en ligne, si dans l'inachevé
nous ne savons nommer et, le bleu de l'amnésie
remontant aux lèvres, fidèles et désemparés,
nous réapprenons à flanc de colline à marier
la note la plus claire à l'ombre la plus sombre,
nous pourrons peut-être formuler les signes d'un
commencement,
à la fois île lointaine et lumière immédiate.

p.107
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Video de António Ramos Rosa (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de António Ramos Rosa
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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