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Citations sur Aline (40)

Ils riaient. Une fois, elle se mit à pleurer. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il dit:
- Qu'as-tu?
Elle répondit:
- Je ne sais pas
- Est-ce que je t'ai fait du chagrin.
- Ho! non.
- Alors quoi?
- C'est parce que je t'aime.
Mais l'idée de Julien était qu'on n'avait pas besoin de pleurer parce qu'on aime. On n'a qu'à se prendre et s'embrasser. Les femmes n'ont pas la tête bien solide. Elles pleurent pour le bonheur, elles pleurent pour le malheur. Il voyait qu'Aline n'était pas faite comme lui. Il eut un peu pitié d'elle.
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Bientôt les vents de mars s'élancèrent d'au-delà les montagnes, bondissant par-dessus le lac qu'ils ont remué en passant. Alourdis d'eau, ils vinrent heurter les nuages dans un grand choc qui fendit le ciel; le ciel croula avec un grand bruit. Le soleil éclata, les primevères fleurirent.
Il y a comme une voix qui encourage à vivre à cet endroit de l'année. Elle est dans l'oiseau qui crie, dans le jour, dans les bourgeons qui se gonflent. Le printemps saute sur un pied par les chemins. On voit les vieux qui viennent sur le pas de leur porte, ils hument l'air comme un qui a soif, ils font trois pas dans le jardin.
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Et un jour, ils s'étaient rencontrés, Julien l'avait accompagnée, ensuite il était revenu: au commencement, elle n'y avait pas pris garde; puis, peu à peu, elle avait eu plaisir à le voir, parce que l'amour entre dans le cœur sans qu'on l'entende; mais une fois dedans, il ferme la porte derrière lui.
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Le temps de l'enfance est le beau temps où on ne sait rien de la vie.
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Un dimanche matin, pendant qu'ils étaient ensemble, les cloches se mirent à sonner. Elles sonnaient pour avertir le monde, une heure avant le sermon. Et, comme elles étaient mal accordées, l'une très basse, l'autre très haute, l'une battant vite, l'autre à longs coups sourds, elles avaient l'air, par les champs, d'un ivrogne avec sa femme qui s'en vont se querellant.
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Elle restait la même, mais Julien n’était plus le même. Il était pareil à un homme qui s’est assis à une table servie et se lève quand il n’a plus faim. Il se lève et on voit qu’il va s’en aller et qu’on ne peut plus le retenir, parce que l’amour qu’il avait était une faim qui passe comme la faim passe. 
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Parfois, ils parlaient du passé. Elle regrettait le temps perdu sans Julien. Quand on aime, le temps où on ne s'est pas aimé est comme une belle robe qu'on n'a pas mise.
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Julien Damon rentrait de faucher. Il faisait une grande chaleur. Le ciel était comme de la tôle peinte, l’air ne bougeait pas. On voyait, l’un à côté de l’autre, les carrés blanchissants de l’avoine et les carrés blonds du froment ; plus loin, les vergers entouraient le village avec ses toits rouges et ses toits bruns ; et puis des bourdons passaient.

Il était midi. C’est l’heure où les petites grenouilles souffrent au creux des mottes, à cause du soleil qui a bu la rosée, et leur gorge lisse saute vite. Il y a sur les talus une odeur de corne brûlée.

Lorsque Julien passait près des buissons, les moineaux s’envolaient de dedans tous ensemble, comme une pierre qui éclate. Il allait tranquillement, ayant chaud, et aussi parce que son humeur était de ne pas se presser. Il fumait un bout de cigare et laissait sa tête pendre entre ses épaules carrées. Parfois, il s’arrêtait sous un arbre ; alors l’ombre entrait par sa chemise ouverte ; puis, relevant son chapeau, il s’essuyait le front avec son bras ; et, quand il ressortait au soleil, sa faux brillait tout à coup comme une flamme. Il reprenait son pas égal. Il ne regardait pas autour de lui, connaissant toute chose et jusqu’aux pierres du chemin dans cette campagne où rien ne change, sinon les saisons qui s’y marquent par les foins qui mûrissent ou les feuilles qui tombent. Et il songeait seulement que le dîner devait être prêt et qu’il avait faim.
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Il semble que tout est facile quand on aime. Le soleil est plus clair, les fleurs sont plus belles, les hommes meilleurs. Le monde se découvre à vous, paré comme un champ de fête de ses arbres, de ses prairies et de ses montagnes.
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Julien dit :
— Bonjour.
Elle répondit :
— Bonjour.
C’est de cette façon qu’ils commencèrent. Julien dit ensuite :
— D’où est-ce que tu viens ?
— De chez mon oncle.
— Il fait bien chaud.
— Oh ! oui.
— Et puis c’est loin.
— Trois quarts d’heure.
— C’est que c’est pénible avec ce soleil et cette poussière.
— Oh ! je suis habituée.
Ils se tenaient l’un devant l’autre comme des connaissances qui se font la politesse de causer un peu, s’étant rencontrées. Julien avait une main dans sa poche, l’autre sur le manche de sa faux, et il tournait la tête de côté tout en parlant. Mais les oreilles d’Aline étaient devenues rouges. Et, lui aussi, malgré son air, il avait quelque chose à dire, qui n’était pas facile à dire, c’est pourquoi il ne chercha d’abord qu’à gagner du temps.
Il demanda à Aline :
— Où est-ce que tu vas ?
Elle dit :
— Je rentre.
— Moi aussi. Veux-tu qu’on fasse route ensemble ?

[C.F. RAMUZ, "Aline", Librairie académique Didier, Perrin et Cie (Paris) / Payot éditeur (Lausanne), 1905 - chapitre I]
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