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Critique de dourvach


1905 : naît une oeuvre merveilleuse par sa concision et la qualité de son chant : une oeuvre qui défie le temps.

Emigré de Lausanne, installé à Paris depuis 1902, Charles Ferdinand RAMUZ (dit "C.F." car il détestait entendre prononcer ou lire son "prénom d'archevêque") fréquentait les milieux littéraires, dont le salon d'Edouard Rod : ce dernier l'aidera à publier son premier roman, "Aline", en 1905, aux éditions Perrin.

"Aline" fut le prototype de tous les "romans-poèmes" qui suivront : on peut apprécier cette dense et touchante "petite histoire" très linéaire (scindée en 17 courts chapitres) comme une tragédie des gens dits "ordinaires" (à l'instar de cette argile humaine des "romans durs" de Simenon).

Et puis ? le labeur acharné que représenta - jour après jour - la rédaction de son "Aline" (Pas moins de cinq moutures successives, de mémoire, et ce sur trois années) fut pour Ramuz un véritable combat "avec ou contre" la Langue française qu'il voulait étreindre puis - sic - la laisser "se coucher à ses pieds" (Cf. son "Journal" de ces années-là). Une mystique. Comme l'Appel d'une véritable vocation... Et la première pierre du grand Orry ramuzien.

Se souvenir, maintenant : c'était il y a 20 ans, et j'avais prêté ce livre à un couple d'amis : leur fille, alors âgée de 14 ans, l'avait lu d'une traite, et beaucoup aimé - à ma grande surprise... (Ainsi, le monde intérieur et le style de Ramuz n'étaient donc pas si "vieillots" ?).

Je me souviens aussi de ce petit mot émouvant reçu de Julien GRACQ, à son sujet. Nous avions correspondu (brièvement) en l'espace de plusieurs années et je n'avais pas encore rencontré alors notre "dernier Romantique" dans son étonnante maison haute des bords de Loire : c'était quelques années avant sa propre disparition et je venais de découvrir l'oeuvre de Ramuz, comme toujours impatient de faire partager mes "Grandes Découvertes" à la terre entière... Monsieur Poirier me répondait avoir bien reçu l'exemplaire d' "Aline" (Cahiers Rouges, Grasset : gravure d'un chêne mort "friedrichien" illustrant la couverture) que je venais de lui adresser, m'en remerciait et disait ne pas connaître encore cette "oeuvre de jeunesse" du grand écrivain vaudois ; il semblait apprécier vraiment toute l'oeuvre de Ramuz qui (et je cite là ses mots) "n'avait pas son pareil pour peindre le destin en marche".

Il nous faut lire et relire, et surtout faire lire - à tous - "Aline" !

Et peut-être même convaincre un artiste authentique (suisse ?) de l'adapter au cinéma : faire revivre pour nous tous ses mystères, son sens aigu du Tragique (c'est-à-dire du "Tragique quotidien")...

Ce qu'a décrit Aristote dans sa "Poétique" : "mimesis" et "catharsis" aux forces conjuguées...

Tel l'Atlantide qu'on croyait perdue, tout un monde ancien resurgit sous nos yeux (ou dans nos coeurs) - et sa résurrection se trouve curieusement en mesure de "purger nos passions" : d'émouvoir son lecteur...

1905 : toujours si loin, si proche...
HOMERE, HESIODE, ESCHYLE, SOPHOCLE, VIRGILE... les alentours du Lac, les hauteurs du Valais...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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