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Critique de berni_29


Je ne vais pas aller par quatre lacets de montagne, j'ai beaucoup aimé cette histoire.
Je ne suis pas forcément très objectif. Tout d'abord, Aline est un récit de Charles-Ferdinand Ramuz, auteur que j'affectionne depuis que je l'ai découvert il y a quelques mois. Ensuite il s'agit du premier roman de Charles-Ferdinand Ramuz. Enfin, c'est une belle et tragique histoire à faire pleurer dans les chaumières. Ça c'est pour le côté subjectif. Maintenant, oubliez ce que je viens de vous dire, approchez un peu que je vous dise d'autres choses encore...
Aline est un roman porté par un texte qui paraît simple à première vue. À bien des égards, il vous rappellera des histoires romanesques déjà lues. Et s'il faut puiser dans le registre classique, j'ai aussitôt pensé à certains récits d'Émile Zola dans l'oeuvre des Rougon-Macquart, notamment La joie de vivre, le rêve ou Une page d'amour, qui n'étaient pourtant pas des volumes majeurs de cette saga. Parfois même on ironisait en disant que Zola avait besoin de se reposer après des histoires fortes comme L'Assommoir ou La Terre ou avant d'aborder Germinal.
Aline, c'est une histoire d'amour qui commence bien et qui finit mal. Aline est belle et pauvre, sans expérience. Lui, il s'appelle Julien, c'est un jeune homme issu d'une famille riche et d'emblée il se présente comme un être médiocre, séducteur, entreprenant, peu respectueux de cette jeune fille naïve et sincère, Aline, qu'il courtise, comme un premier amour.
C'est une histoire secrète, une histoire clandestine, une histoire de jeunesse abîmée... Une histoire ordinaire et triste, hélas, comme tant d'autres dans la vraie vie et celle qui nous est racontée dans les romans.
C'est une histoire comme tant d'autres et on pourrait se dire à l'avance, allez ce n'est pas pour moi ou bien, je ne vais pas me faire avoir par cette romance sans intérêt...
D'une apparente simplicité, ce récit nous invite vers d'autres chemins bien plus vertigineux. J'ai senti déjà dans le style de ces premiers pas, de ces premiers mots, le frémissement d'une promesse accomplie bien plus tard dans les récits merveilleux de Charles-Ferdinand-Ramuz qui suivront et qui m'ont enchanté. Comme c'est magnifique lorsqu'une promesse est tenue !
C'est la beauté tragique des coeurs fragiles, épris d'espérance, ballotés par les désillusions qui viennent si vite, qui viennent trop vite, les rebuffades, la vie d'une jeune fille comme cela au printemps de sa vie, qui se heurte aux forces vitales de la nature, au silence et à la grandeur de la montagne...
Le récit est presque banal, mais la manière de poser les mots l'est moins. Il y a leur justesse, la manière de dire ce qui porte les illusions d'une jeune fille et broie dans l'instant d'après son petit coeur innocent, sans défense.
La manière d'écrire de Charles-Ferdinand Ramuz nous entraîne dans l'empathie de ce personnage d'Aline. le petit monde paysan et montagnard qui enrobe l'histoire a sans doute un rôle à jouer aussi.
Et puis, mine de rien, Aline finalement est un personnage de la transgression à son époque, ou à celle où est écrit le roman. Elle s'éloigne des conventions traditionnelles, elle est happée par cet amour rencontré. Elle est la femme pure qui tente de transgresser, face à la supériorité d'un homme arrogant et superficiel...
J'ai vu dans ce texte un ton moderne avant l'heure, féministe presque, une façon d'éclairer les pas d'une jeune femme qui se sentait libre, mais parce qu'elle l'était de manière innocente, intrinsèquement.
La construction du roman est même très ordinaire, l'argumentation sociale aussi... C'est une tranche de vie banale, une sorte de témoignage. Mais alors...
Alors, j'ai été touché par quelque chose qui déroge presque de manière imperceptible à ce qui aurait pu se limiter à une romance triste. Ce roman possède sous ses mots une force indicible. Je vous invite à y venir.
Et puis Aline est un personnage touchant qui mérite notre lumière et notre compassion... À jamais...
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