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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aline, je l'ai croisée dans la Soustraction des possibles. Comme quoi un roman mène à un autre. Là, c'était une recommandation forte d'un des personnages principaux. Un de ses livres de chevet. Et tout à coup j'ai réalisé qu'il y avait dans ma culture littéraire, un trou dans la raquette : je n'avais jusqu'à Aline, jamais lu de littérature suisse classique. Certes j'ai feuilleté quelques Titeuf de Zep et lu quelques Joël Dicker et même Belle du Seigneur d'Albert Cohen, mais rien de plus.
La lacune est à présent réparée. Et cette rencontre sur le tard fut fort agréable. Un roman qui a la fraicheur d'un bonbon suisse, avec un arrière-très amer. Une histoire banale : une jeune fille sans le sou qui tombe sous le charme du beau jeune homme de bonne famille. Mais la vie est mal faite. Comme la plupart du temps, il y a celle qui aime, confrontée à celui qui pense aimer et finalement aime surtout séduire et se lasse rapidement. Mais le drame couve. Et hélas la balance ne penche pas du côté de la gentille. Alors oui, on a l'impression qu'on lit Heidi au début, avec le petit village mignon, l'herbe bien verte et le ruisseau qui glougloute joyeusement en bas du pré. Mais ensuite l'histoire même, semble s'assombrir, se recroqueviller sur la pauvre Aline. Dans un monde idéal, on l'aurait plainte et consolée d'avoir perdu son amoureux. Là c'est le contraire qui se passe : son malheur devient une tare et Aline, décriée par tous expérimente une solitude insupportable, dons l'issue est tragique.
Bref, c'est pas gai. Mais c'est beau comme une triste symphonie.
Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est un beau roman et une triste histoire. Mais les plus belles oeuvres sont souvent issues de souffrances les plus intenses.
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Un court roman publié en 1905, un auteur qui m'a fait penser à l'écriture de Thomas Hardy pour son époque du XIXe siècle, son lyrisme et son côté tragique où la chute est bien souvent fatale.
Je ne connaissais pas encore Ramuz mais j'avoue que sa plume m'a bien convenu, c'est un petit roman jeunesse pourrait-on dire, où l'amour naît entre 2 jeunes gens mais l'issue va vite dégénérer et le côté tragique est bien exprimé.
Bien entendu rien d'original mais ça s'est lu sans ennui et vite fini.
Un auteur à explorer pour moi...
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La tragédie ordinaire perce sous le poids des conventions. On ne fréquente pas, quand on est une pauvresse, le fils du syndic, on ne se donne pas à lui, on ne laisse pas venir l'enfant. Aline est trop tôt touchée par l'amour. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle se laisse envahir par son coeur et elle meurt d'avoir voulu vivre. Ramuz ne complique rien. Il laisse venir les mots de tous les jours, les paroles toutes faites des gens qui ne pensent que par habitude, la routine de l'air du temps. Aline est condamnée parce que les femmes et les pauvres sont toujours fautifs. Julien se marie en grandes pompes. C'est un homme riche. L'enfant, c'est la faute d'Aline. La vie est injuste mais c'est comme ça. A chacun ses malheurs.
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Le jeu bien connu mais implacable de l'homme et de la femme : la femme ne doit pas céder à l'amour jusqu'à forcer l'homme à la demander en mariage, ou bien elle s'expose à la condamnation sociale et pire encore à l'abandon si elle a un enfant. Cette condition de la femme, qui ne peut se « laisser aller » sans tenir compte des conséquences, qui est piégée par son corps et par ses envies, est typique de l'ancien temps et du peuple.
On pourra penser à l'Histoire d'une fille de ferme ou au plus sombre Odyssée d'une fille, De Maupassant. On retrouve ce même univers paysan où la morale et la tradition assignent une place à la femme, un rôle inférieur, un destin nécessitant de se retenir, de refuser l'amour pour viser à l'intérêt de sa possible progéniture, de son statut social… On y trouve également un regard critique sur la société paysanne, qui en même temps se double d'une compassion pour ces hommes et femmes qui ne sont que les jouets de lois physiques, morales… qui ne peuvent contrôler leur destinée.
Ramuz reprend d'ailleurs en grande partie les mécaniques de la description naturaliste De Maupassant, objective ou bien psychologique. On sent déjà par endroits, dans ce premier roman, la tentation d'un style plus émotif, poétique, sensitif.
Toutefois, ce récit a tout de même encore quelque chose de forcé, d'une démonstration orchestrée pour arriver à l'effet littéraire. On sent peu l'épaisseur des personnages qui ne sont que des représentants de leur classe paysanne.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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J'ai découvert Charles Ferdinand Ramuz pendant le confinement suite à une initiative des services culturels de la ville de Vannes (56).
Je l'ai retrouvé quelques mois après, présent dans un roman "La soustraction des possibles", dans lequel un des personnages lisait ses livres et qui de mémoire avait une préférence pour "Aline".
Il s'est donc retrouvé dans ma PAL !
Les descriptions y sont très belles avec une langue maîtrisée qui met en valeur les êtres, leurs sentiments, leur environnement.
Mais que de tristesse ! D'autant plus que l'on imagine rapidement une fin avec peu d'espoir.
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Je découvre Ramuz avec ce texte, son premier roman, et c'est dès cette première lecture une belle rencontre. Je craignais un peu d'en rester au niveau un peu cucu de l'histoire, celle déjà lue maintes fois d'une pauvre fille séduite par un jeune homme beau mais inconséquent. Mais quand bien même le thème n'est pas nouveau, l'amour reste une question qui turlupine l'humanité, et les écrivains n'épuiseront peut-être jamais le sujet. Et les personnages de Ramuz m'ont pleinement convaincu. Aline est émouvante, elle n'est pas du tout naïve, et comprend parfaitement ce qui est en train de se passer. Julien lui est un sale petit con prétentieux et arrogant comme on en croise parfois. Tous les ingrédients nous parlent. Tant que l'amour sera pour les êtres humains une source de bonheur et une source de souffrance, ce texte méritera d'être lu. Je lirai très probablement d'autres romans de Ramuz.
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« Aline » (1905) est le titre du premier roman (1905) de C.F. Ramuz (2002, Grasset, 144 p.). C'est une « petite histoire » dense et touchante, très linéaire, découpée en 17 courts chapitres. Ce sera le prototype de tous les « romans-poèmes » qui vont suivre de cet auteur. Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) est un explorateur suisse des registres et des ressources de la langue, même si c'est spécifiquement de la littérature romande. C'est un essayiste en décalage, et un auteur de nouvelles hors pair. « Raison d'être » qui inaugure la série des « Cahiers Vaudois ». (1914) est une longue série de variations sur l'amour et la mort, seuls sujets vraiment dignes d'être traités, de son propre aveu. Ses « Oeuvres complètes » comprennent 29 volumes et ont eu l'honneur de la Pléiade en deux volumes réunis en un coffret (2005, La Pléiade, 3896 p.).
Ecrivain redécouvert après la lecture du récent « Matlosa » (2023, Editions Zoé, 140 p.), roman de l'écrivain du Vaudois suisse, Daniel Maggetti. Né dans le Tessin en 1961, Il termine ses études de lettres à l'Université de Lausanne par une thèse de doctorat consacrée à « L'invention de la littérature romande 1830-1910 » (1995, Payot, 1995). Il est professeur ordinaire de littérature romande à l'Université de Lausanne et directeur du Centre de recherches des Lettres Romandes. Il s'occupe également aux Editions Zoé de la « Petite Bibliothèque » de C.F. Ramuz, avec presque une vingtaine de titres publiés. Regain d'intérêt donc pour Charles-Ferdinand Ramuz, dont j'ai décidé de (presque) tout lire. Il faut dire qu'il y a de quoi, avec les presque 4000 pages qui regroupent la vingtaine de romans. Les premières lectures ne semblent pas trop fastidieuses, même si je m'attendais à découvrir un monde rural des folles années trente, mais on reste en Suisse.
« Aline » donc. C'est une histoire d'amour, qui comme la plupart des histoires d'amour, finissent mal. « L'obscurité était quelque chose de profond et d'épais comme une fourrure à poils noirs ». C'est le genre qui veut ça, surtout dans une région, très rurale, du début du siècle. Aline est une jeune paysanne qui découvre et est attirée comme par un aimant par Julien Damon, le bellâtre du village. de nos jours, elle aurait été abusée par un prêtre, forcément libidineux, confondant petits garçonnets en culottes courtes et jeunes filles en bouton(s). Mais en Suisse, à cette époque, on en était encore à la jouvencelle, un peu niaise, ignorante de la lubricité des Suisses, qui préféraient assouvir leurs poussées hormonales en s'enrôlant comme gardes au Vatican. Bref, pour Aline, son amour se développe alors qu'il s'éteint vite chez Julien. « Julien Damon rentrait de faucher. Il faisait une grande chaleur. le ciel était comme de la tôle peinte, l'air ne bougeait pas. On voyait, l'un à côté de l'autre, les carrés blanchissants de l'avoine et les carrés blonds du froment ; plus loin, les vergers entouraient le village avec ses toits rouges et ses toits bruns ; et puis des bourdons passaient ». Tout se passe dans un monde très rural, on est au début du siècle. « Il était midi. C'est l'heure où les petites grenouilles souffrent au creux des mottes, à cause du soleil qui a bu la rosée, et leur gorge lisse saute vite. Il y a sur les talus une odeur de corne brûlée ». Comme quoi, la description de la nature vieillit mal. Quid du réchauffement climatique, de la biodiversité des batraciens.
« Aline » toujours. le gogo y verra une réminiscence au rythme langoureux sur lequel il a cru emballer une bimbo, non suisse, et qui s'est ensuivi d'une tôle monumentale.
Heureusement, il reste la langue et l'écriture de C F Ramuz, bien que ce soit son premier roman. Roman de jeunesse, donc, mais dans lequel tout est déjà là, le style, la force implacable du destin, et les jeunes filles au coeur d'artichaut. « Les femmes n'ont pas la tête bien solide. Elles pleurent pour le bonheur, elles pleurent pour le malheur ». Et derrière tout cela, en cadre grandiose, la nature et la montagne. « le ciel avait des nuages blancs tout ronds qui se touchaient comme les pavés devant les écuries. Les vaches dans les champs branlaient leurs sonnailles de tous les côtés ». Nature bien entendu, idéalisée. « Les escargots sortaient leurs cornes noires et tiraient leurs coquilles qui branlaient sur leur dos collant ; quand la terre est humide, les champignons poussaient en une seule nuit dans les feuilles pourries. Les noisettes étaient à peine formées encore et molles dans leur peau verte qui fait cracher, mais on trouvait quelquefois une fraise oubliée, qui vous tombait entre les doigts ».
Que retenir, une fois terminée la lecture. C'est un roman, écrit en Suisse romande au début du siècle. Donc, il y a un siècle. Une époque heureuse ( ??) où les jeunes filles rêvaient au prince charmant, avant d'aller sous le pommier voisin avec son bébé et sa ceinture. Dur retour à la réalité. On pourrait penser que la diffusion des moyens de contraception, et les mises en garde des pratiques sexuelles, ont modifié les paramètres qui régissent les rapports entre sexes. Il a fallu cent ans. Quand on pense aux réactions de rejet qui existent encore dans certains milieux traditionnalistes, ou simplement réactionnaires, comme aux USA, on constate qu'il y a encore du chemin à faire. Cent ans de retard. le pire est que ce roman a sûrement fait pleurer et s'apitoyer dans les chaumières bien-pensantes. le tout sous couvert d'une, ou de plusieurs, églises confites de préceptes déjà rances. On ne dira jamais assez de bien de la laïcité, séparation de la morale et de la religion. J'espère au moins que le pommier a été béni par la suite.de toutes façons, pour la jeune fille, c'était son exclusion de l'église et la perte sèche de la quête pour l'officiant. On ne peut pas tout vouloir et avoir.
Il faudra attendre un peu pour voir CF Ramuz s'intéresser aussi aux problèmes de l'émigration dans « La Garçon Savoyard » écrit en 1936 et publié ensuite dans « Les Cahiers Rouges » (1997, Grasset, 199 p.), et à la condition ouvrière dans « Taille de l'Homme » (2019, Editions Zoe, 140 p.). Christianisme, bourgeoisie, communisme, matérialisme, tout y passe, dans un mouvement néo-rousseauiste, avec une pensée proche de la nature, à taille humaine. « Qui sommes-nous encore dans notre taille, nous autres hommes ? Quelle est encore notre mesure, alors que l'univers est chaque jour et en tous sens plus minutieusement mesuré ? ». Ecologiste avant l'heure, tout comme Madame de Staël (1766-1817) était européenne, dans son château vaudois de Coppet. Donc, on ne doit pas désespérer de voir une évolution se profiler sur le sujet dans une dizaine ou vingtaine d'années. Mêmes idées rances, sans tomber dans un angélisme béat. Décidément, les églises ne sont pas à la pointe sur les sujets sociétaux. Tout comme sur les conditions de fin de vie. Mais il est vrai que cela perturbe profondément les statistiques des élus et des rejetés au moment de la grande comptabilité. Une mentalité d'épiciers.
Retour à Ramuz pour finir « Les mauvaises herbes viennent bien toutes seules, mais rien de ce qu'on sème et de ce que l'on plante, au contraire ».
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Une remarquable approche et description de l'amour, de ses attentes, de sa complexité... le tout marié à une vision sociologique de nos anciens...

Il n'est pas si loin le temps où les préceptes moraux et religieux réglaient la vie quotidienne des gens... Cela s'est atténué, mais perdure de temps à autres...

Une autre époque, pourtant pas si lointaine...
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