Un bon roman policier écossais. On suit les déambulations de l'inspecteur Rebus, entre sa fille tout juste adulte et ses confrères du poste de police, le tout agrémenté de quelques degrés d'alcool. Lors d'une poursuite en voiture pour rattraper deux gamins qui tentent de s'échapper avec le magot issu d'un kidnapping (celui de la fille du maire), ceux-ci acculés, se jettent dans le vide, suicide de mômes qui marquera Rebus. Il voudra comprendre pourquoi et c'est alors qu'un autre suicide survient, un ex taulard s'explose la tête devant un politicard. Pris entre ces deux feux, Rebus cherchent des liens. Il fouille bien profondément jusqu'à ce que des odeurs nauséabondes de magouilles économiques et politiques remontent à la surface.
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Rankin, encore... parce qu'il est le premier auteur à m'avoir fait entrer dans le polar.
Parce que j'adore son style, les pages se tournent toutes seules, il n'y a que le sommeil qui puisse me faire quitter ses livres.
Parce que Rebus m'est extrêmement sympathique. Les personnages torturés peuvent énerver, moi je les adore. J'aime les fous et les dépressifs, je les trouve beaucoup plus intéressants que les gens heureux ou qui font semblant de l'être. Une certaine honnêteté vis-à-vis de la vie qui me touche beaucoup.
Parce que c'est drôle, malgré tout.
Et parce que ça se passe à Edimbourg, mon paradis sur terre, mon Eldorado.
Toutes ces raisons d'aimer cet auteur sont effectivement très personnelles, mais il y a aussi l'histoire.
C'est super compliqué, et il faut en fait tout lire d'une traite si on veut tout comprendre, mais ces histoires de corruption à haut niveau et cet honnête homme qui veut essayer de tout démanteler, c'est très courageux.
Cinq cents pages de faits, de questions posées, de rebondissements... ça n'arrête pas une minute. Les trouvailles, les menaces, les morts suspectes, la totale.
J'aime!
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Autant dire que l'intrigue est assez complexe mais en fait, on s'en fiche. Tout l'intérêt des aventures de Rebus étant de traîner avec lui en Ecosse, et surtout, comme ici, à Edimbourg qu'il connaît comme sa poche. Rappelez-vous aussi que notre inspecteur est un coureur de jupons... Aux dernières nouvelles, il était avec le Docteur Patience, dont il squatait l'appart. Mais déjà, ça sentait le roussi. Eh bien, il est maintenant de nouveau célibataire et a troqué sa nénette contre quelques bouteilles de whisky et tournées de pubs monstrueuses. Sans doute pour oublier, entre autres, qu'on lui colle comme supérieur hiérarchique direct, Gil Templer, une autre de ses ex... le superintendant ("le Pequenot") décide même de lui octroyer des vacances d'office car, à fourrer son nez partout, Rebus met en danger le commissariat lui-même, du moins les boeufs-carottes de tous poils. Seulement Rebus ne fait évidemment jamais ce qu'on lui conseille !
D'autant que les cadavres tombent comme des petits pains dans cet épisode et qu'en plus ce sont des suicides ! Un conseiller de District à l'attitude étrange et c'est tout un réseau de manipulations à grande échelle que démonte Rebus, ou comment la cupidité poussent certains à n'avoir d'yeux que pour le fric, jusqu'à se prendre eux-mêmes les pieds dans les mailles du filet.
"Vous avez une idée de l'échelle des fraudes perpétrées sur le continent européen ? Un plan de formation bidon pour des pilotes de ligne à Naples a rapporté dix-sept millions de livres. Des productions agricoles et des animaux font la navette de part et d'autres des frontières et une taxe est prélevée à chaque passage."
Autant dire que le coeur de cette fiction résonne avec certaines actualités récentes... (Ce roman a pourtant été écrit en 1995).
Avis aux amateurs de bons polars et de répliques qui font mouche, parce que Rankin a le don de l'humour noir grinçant aussi bien que de l'humour tout court ! J'ai juste regretté que les fameuses répliques qu'on n'oublie pas, soient moins présentes dans ce volume.
Mais n'oubliez pas que ce qui déglingue Rebus, "c'est de faire la tournée des bars pendant quarante-huit heures". Donc, voilà, sans doute n'était-t-il pas au mieux de sa forme. Mais une lecture jubilatoire malgré tout !
Conseil aux lecteurs rebusiens novices : mieux vaut lire les aventures dans l'ordre car les personnages évoluent (bien que chaque aventure peut se lire indépendamment les unes des autres).
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L'inspecteur Rebus se retrouve confronté à plusieurs suicides inexpliqués. L'énigme va être difficile à résoudre car Rebus doit établir le lien entre les suicidés, la fille du maire qui a disparu, un conseiller départemental, le chef de la police, différents chefs d'entreprises et la non moindre Scottish office qui permet à l'Ecosse de se développer économiquement. Tout n'est que magouille entre ces multiples personnages (dont il faut retenir les noms et les fonctions...). Chacun s'en met plein les poches mais crée aussi de l'emploi. Alors le dilemme est grand : continuer à enquêter avec des bâtons dans les roues ou tout arrêter pour se mettre à l'abri ?
L'énigme est bien ficelée mais j'avoue que j'ai rencontré bien des difficultés à m'y retrouver et le langage est peu relevé. Ce personnage de Rebus est cependant un exemple d'intégrité intéressant, faisant donc face à des ripoux dominant le monde. Donne à réfléchir...
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Rebus envers et contre tous. Même le lecteur assidu de ses enquêtes, et fans du personnage, a parfois envie qu'il se range, tellement la situation est périlleuse. Et ce n'est pas son penchant pour l'alcool de plus en plus présent, qui va adoucir cette chute vertigineuse vers l'abîme. Mais ici la complexité de l'intrigue gâche un peu le plaisir de la lecture d'un épisode, pourtant des plus sombres. Les longueurs pour expliquer les tenants et aboutissants, les rôles des protagonistes, leurs pouvoirs les uns par rapport aux autres, prennent une trop grande place. du coup, on a moins de temps pour suivre la vie personnelle de Rebus, il est séparé de Patience, retrouve Gil Templer, mais en supérieure hiérarchique qui semble avoir quelques comptes à régler avec lui, on est loin de la fougue de leur passion initiale. La relation avec Sammy, sa fille, occupe la partie sentimentale de cet opus. Siobban Clarke et Brian Holmes sont moins présents, même si Siobban apparaît souvent à son avantage. Rebus consacre son énergie à s'attaquer au sommet de la société, les marionnettistes qui régissent la vie économique d' Édimbourg et au-delà.
On a quand même de quoi passer un bon moment de lecture, les situations sont souvent savoureuses, l'humour toujours présent, un bon Rebus, mais pas celui que je conseillerais en premier.
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Le péquenot lui décocha un regard noir.
- J'espère sincèrement que c'est la vérité, inspecteur.
- Croix de bois, croix de fer, monsieur.
- Vous êtes à un doigt du blâme, à deux de la suspension.
Et à trois du paradis, songea Rebus, qui assura néanmoins au Péquenot qu'il comprenait.
Si Rebus buvait, c'était entre autres choses pour pouvoir dormir.
Le sommeil avait tendance à le fuir quand il faisait abstinence. Il scrutait l'obscurité, souhaitant la voir se matérialiser sous diverses formes afin de mieux la cerner. Il essayait de donner un sens à sa vie - évoquait ses années catastrophiques dans l'armée, le fiasco de son mariage, ses échecs de père, d'ami et d'amant -, et terminait en larmes. Quand il parvenait enfin à glisser dans un sommeil sobre, c'était pour devenir la proie de rêves agités, des rêves sur la vieillesse et la mort, la pourriture et la dégradation. Dans ses songes, des silhouettes surgissaient de l'obscurité, mais il n'osait pas les regarder. Au lieu de quoi, il fonçait à l'aveuglette, les heurtant parfois, sentant les ténèbres l'envelopper.
Ivre, il sombrait dans un sommeil sans rêves, ou du moins était-ce l'impression qu'il avait au réveil. Il se retrouvait parfois en nage, mais ne tremblait pas. Résultat, il ne finissait jamais une soirée sans quelques verres, qu'il vidait en général dans son fauteuil...
-Vous connaissez le mot zugzwang ?
- On dirait de l'allemand, déclara Rebus.
Pour la première fois, Charters le regarda.
-Evidemment que c'est de l'allemand. Il s'agit d'un terme emprunté aux échecs : c'est à votre tour de jouer, mais vous savez qu'à la moindre initiative, vous courez au désastre. Pourtant, vous n"avez pas le choix, vous devez avancer. Il y avait un problème d'échecs dans le journal aujourd'hui, et je ne suis pas foutu de trouver la solution.
-Elle me paraît pourtant simple, répliqua Rebus.
Charters s'immobilisa.
-Pardon ?
-Mettez vous au golf.
- Tout ça, ce n'est que de la politique pour vous, hein ? lança Rebus. Il n'y a ni bien ni mal, ni légalité ni illégalité, ni justice ni corruption, juste de la politique.
- Vous devriez vous entendre, mon vieux, cracha Sir Iain Hunter. Qui êtes-vous pour nous juger, hein ? Un prophète de l'Ancien Testament ? Qu'est-ce qui vous donne le droit de jouer les redresseurs de torts ?
Il allait dire à Davidson tout ce qu'il savait, ce qui ne représentait pas la moitié de ce qu'il soupçonnait. Ce qui, en soi, ne représentait pas la moitié de ce qu'il redoutait.
Dans ce nouvel épisode, nous continuons notre visite des coulisses du genre en compagnie de Fabienne Gondrand, traductrice littéraire, qui nous raconte ses débuts dans le métier et sa passion pour les éditions du Masque, héritage d'un grand-père italien fan des polars d'Agatha Christie et de Simenon. Au fil de la conversation, on évoque sa traduction "jubilatoire" de Meurtres à Kingfisher Hill de Sophie Hannah, l'héritière de la Reine du crime, ainsi que les romans noirs électriques de Joseph Knox, où la ville de Manchester se dresse comme un personnage. Pour finir, Fabienne nous parle en avant-première de la nouvelle aventure de l'inspecteur John Rebus, par l'immense Ian Rankin, auteur phare de la maison.
Bonne écoute !
CRÉDITS : Conversation dans le noir est un podcast des éditions du Masque.
Réalisation : Paul Sanfourche
Générique : Longing - Joachim Karud
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