Dans toutes les nouvelles de ce recueil, la bière et le thé coulent à flots, et Edimbourg, (sa géographie, sa culture, ses habitants) est plus ou moins au coeur de tous les récits : on est bien dans l'univers de Rébus. Les nouvelles s'enchainent, dans l'ordre chronologique de création et le personnage de Rébus prend petit à petit de l'épaisseur, en même temps qu'il prend de l'âge, et que l'écriture de Rankin gagne en maîtrise ; les figures récurrentes des constable Holmes et Siobhan Clarke, du superintendant Watson apparaissent et vont et viennent entre les différentes nouvelles. Les clins d'oeil aux figures tutélaires de Rankin ( Stevenson, Conan Doyle, Muriel Spark) sont distillés ça et là. Les nouvelles de Noël ( une grande tradition anglo-saxonne) sont particulièrement savoureuses , car elles sont l'occasion d'un running gag entre Clarke et Rébus. Le format de la nouvelle est vraiment intéressant, car il permet le bouclage relativement rapide de chaque enquête, et permet d'éviter les longueurs qu'on peut déplorer dans certains romans policiers. Il est aussi très appréciable en voyage. Un vrai plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie         30
Pour les inconditionnels de Ian Rankin et de John Rebus (j'en suis) et les amoureux d'Édimbourg (j'en suis aussi), 32 nouvelles mettant en scène l'inspecteur écossais et les personnages qui l'entourent. L'histoire de sa vie en quelque sorte.
Livre précieux, ces textes ayant été publiés dans des revues ou des magazines au fil de l'inspiration et des commandes et donc difficilement trouvables. La production est inégale, inévitablement. J'y reviendrai.
Commenter  J’apprécie         31
Les policiers des autres villes, des gens que rebus rencontrait de temps à autre, lui faisaient remarquer combien il l'avait facile à Edimbourg. Un si bel endroit, et prospère en plus. Si peu de criminalité. Ils pensaient que pour être dangereuse, une ville devait en avoir l'air. Londres, Manchester, Liverpool - à leurs yeux, c'était tous des endroits dangereux. mais pas Edimbourg, pas ce site touristique somnolent qui si visitait à pied, avec ses monuments et ses musées. Tourisme mis à part, les forces vives de la cité étaient ses activités commerciales, et le commerce d'Edimbourg - banques, assurances et autres- était discret. La cité cachait bien ses secrets, et ses vices également. Les éléments susceptibles de devenir fauteurs de troubles avaient été déplacés vers les cités tentaculaires de logements sociaux qui entouraient la capitale, et les crimes qui se commettaient derrière les murailles de pierre épaisses des tenements et des maisons du centre-ville se voyaient souvent étouffés par ces mêmes murailles.
Quatrième de couverture de l'édition de Poche de février 2019
La vie de l'inspecteur Rebus en nouvelles
Pareil au romancier, Rebus cherche le sens et l'ordre dans un monde qui semble de plus en plus chaotique et gagné par la folie.
Le détective Rebus ne ressemble à aucun autre. Brillant, irascible, excessif et alcoolique, il arpente Edimbourg depuis plus de vingt ans, obsédé par ses affaires en cours et par cette ville qu'il aime. Sa vie entière est contenue dans ces nouvelles. De sa jeunesse dans le "Mort et enterré", où il apprend les ficelles du métier de policier, jusqu'à "La toute dernière goutte", juste après sa retraite, quand pointe le désoeuvrement d'un homme qui n'a rien résolu, malgré son incomparable talent pour les enquêtes. Une introduction parfaite à la série culte, et une lecture incontournable pour les fans.
Rebus lui aussi est composé de mots - des millions - et donc vous pourriez penser qu'à ce stade, je serais parvenu au cœur de ses motivations profondes, sauf qu'il continue encore à me surprendre, ce qui en soi ne saurait que convenir à un homme dont le nom signifie "puzzle". Il y a maintenant vingt ans qu'il vit dans ma tête, mais j'ai parfois l'impression que c'est moi qui vit dans la sienne.
Rankin sur Rebus
Il regarderait probablement les Who et Pink Floyd - en particulier les Floyd. Il devait voir ça de ses propres yeux. Si Dave Gilmour laissait Roger Waters revenir sur scène avec lui , tout était possible...peut-être même la paix sur la Terre, la disparition de la faim dans le monde et un remède au réchauffement de la planète.
Rebus ne s'était jamais vu comme le genre de mec à s'attarder des soirées entières sur l'album de famille, en s'en servant comme d'une béquille pour sa mémoire et toujours avec la crainte que le souvenir n'entraîne avec lui le sentiment.
Si je mourais ce soir, songea-t-il, qu'est-ce que je laisserais au monde ? Il regarda alentour et la réponse était : rien. Une pensée qui l'effraya mais, pis que tout, qui lui donna envie de boire. Pas un verre, mais une douzaine.
Dans ce nouvel épisode, nous continuons notre visite des coulisses du genre en compagnie de Fabienne Gondrand, traductrice littéraire, qui nous raconte ses débuts dans le métier et sa passion pour les éditions du Masque, héritage d'un grand-père italien fan des polars d'Agatha Christie et de Simenon. Au fil de la conversation, on évoque sa traduction "jubilatoire" de Meurtres à Kingfisher Hill de Sophie Hannah, l'héritière de la Reine du crime, ainsi que les romans noirs électriques de Joseph Knox, où la ville de Manchester se dresse comme un personnage. Pour finir, Fabienne nous parle en avant-première de la nouvelle aventure de l'inspecteur John Rebus, par l'immense Ian Rankin, auteur phare de la maison.
Bonne écoute !
CRÉDITS : Conversation dans le noir est un podcast des éditions du Masque.
Réalisation : Paul Sanfourche
Générique : Longing - Joachim Karud
+ Lire la suite