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EAN : 9782847209143
464 pages
Gaïa (30/03/2019)
3.86/5   22 notes
Résumé :
Peter, Jan et Gabriel sont hongrois, slovaque et juif – et amis. Le 1er septembre 1938, ils se retrouvent à la piscine de Levice, dans le sud de la Slovaquie, prêts à en découdre pour l'amour de la belle Maria. Leur "lutte" perdurera trente ans encore, parallèlement à celle de leur pays qui se bat aussi pour trouver sa place au sein de l'Europe. L'histoire intime des trois jeunes garçons, puis des trois hommes, incarne les remous de la grande Histoire de 1938 à 1968... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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L'Histoire et La Bêtise Humaine se répètent à volonté !

Cette histoire commence le 1er septembre 1938 à Levice en Slovaquie, et les protagonistes sont à l'époque trois gamins de 13 ans, l'un hongrois, l'autre slovaque et le troisième juif, trois amis amoureux de Maria leur camarade de classe slovaque qui sera un enjeu entre les trois pendant toute une vie !
Un an plus tard suite à un court conflit du 23 mars au 4avril 1939 entre le royaume de Hongrie et la République slovaque, la ville passe aux mains des hongrois et les donnes changent. Être tchèque ou slovaque devient une tare. L'année suivante , les choses se compliquent davantage avec l'arrivée des allemands, les juifs devenant personnages non-grata, les mariages mixtes et les relations intimes entre juifs et hongrois interdites. Après la guerre , Levice retourne à La Tchécoslovaquie....devenue communiste.

Les trois garçons dont on suivra les destins jusqu'au printemps de Prague 1968, vont traverser la guerre et sa suite enjambant frontières et identités, de la Tchécoslovaquie aux États Unis en passant par Israel, un sujet d'actualité brûlante , vu le retour en scène du nationalisme et des partis fascistes en Europe.
L'auteur slovaque dont c'est ma première rencontre raconte avec douceur et humour les chamboulements politiques et sociales de cette partie de l'Europe de l'Est , où la période abjecte de la Seconde Guerre Mondiale est suivie par une autre encore plus abjecte où les sauveurs deviendront bourreaux à leur tour. Ensuite arrive le pire, l'autre face du fascisme, le communisme, avec ses vagues de répressions en Hongrie en 1956, et en Tchécoslovaquie en 1968 , où les Russes ne feront pas regretter les allemands. Ces nouveaux bourreaux à l'identité douteuse ( à qui faire confiance quand le communiste d'antan sera emprisonné et son surveillant sera justement le fasciste de la même époque ?) fracasseront croyances et idéaux des trois amis, tiraillés entre servir leur patrie ou partir pour sauver le peu qui leur en reste de croyances et de confiance. Et bien sûr il y a aussi ce titre , le 1er septembre, une date symbolique, le fil rouge du récit que je vous laisse découvrir 😊!


Couronné par le Prix du livre européen 2020, un roman magnifique et magistrale sur l'amitié et la quête d'identité qui traverse une période cruciale de l'Histoire européenne, à travers trois identités différentes. Mélangeant les langues des trois garçons, il nous offre la richesse des identités constamment en mutation. Y survivront uniquement ceux qui arriveront à trouver un équilibre entre leurs origines et leur pays d'adoption en restant fidèle à eux-mêmes, à leurs principes et surtout à leurs amis, dans le tourbillon de cette grande mascarade qu'est la politique et leurs idéologies de source qui ne servent finalement qu'à servir l'intérêt de ceux qui détiennent le pouvoir au nom de ces mêmes idéologies ! Une des protagonistes en dira avec amertume, "Voilà où nous en sommes arrivés. Non pas à cause des erreurs que nous avons pu commettre ; à cause de la politique. Nous n'avons pas pu vivre notre propre vie, seulement celle qu'on nous a dictée."
Je n'y crois pas aux prix littéraires mais ce livre est vraiment spécial et vaut amplement son prix , un prix d'ailleurs dont je ne connaissais pas l'existence 😊.

"La caravane passait, les chiens n'aboyaient même pas."
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« Quand Maria vit ses camarades de classe s'approcher de la couverture où elle était allongée, elle se contenta de rougir et n'échangea pas un mot avec eux. Monsieur Belaj, en revanche, se proposa lui-même comme arbitre, ce qui donnait aussitôt plus d'importance à la compétition (de natation). L'arbitre, bien entendu, était loin de se douter que, dans le bassin, se jouait peut-être l'avenir de sa propre fille. »

Levice, Slovaquie du Sud, trois jeunes garçons de treize ans, trois grands copains, se retrouvent à la piscine ce premier septembre. Ils sont tous les trois très amoureux de leur amie, la jeune Maria. Seulement voilà, un seul d'entre eux pourra obtenir l'amour de Maria. Pour se départager, il décide d'une compétition de natation : une compétition qui va durer trente ans !

Le Prix du Livre Européen 2020 a couronné, sous la présidence de Carole Bouquet, le livre de Pavol Rankov qui fait le récit des bouleversements successifs qui ont secoué cette partie de l'Europe Centrale que composent La Tchéquie, La Hongrie et la Slovaquie de 1938 à 1968. Ces trois amis fictifs représentent chacun une identité : Peter est Hongrois, Jan est Tchèque, Gabriel est juif. Intelligemment construit, l'auteur s'est appuyé sur ces trois individualités mais aussi sur les souvenirs de son propre père, afin de nous plonger dans les tourbillons dramatiques de la Grande Histoire du XXème siècle sans en rendre la lecture ardue si ce n'est qu'au début de ma lecture, j'ai du me replonger dans la géographie et l'histoire de cette partie de l'Europe afin de mieux me représenter la disposition de ces pays après la dislocation de l'empire Austro-Hongrois. Ce flou m'a gênée dans les premiers temps de ma lecture pour ensuite se dissiper totalement, accaparée par les aventures de ces trois amis dans cette ambiance historique, parfaitement décrite par l'auteur. Quatre personnages de fiction plongés dans un déferlement de calamités historiquement véridiques. C'est une lecture qui m'a passionnée même si l'affect est resté à distance.

Leur amitié tout comme leur rivalité allège le récit qui nous relate tous les errements, les déchirements, les évènements ininterrompus que connaît cette partie de l'Europe. Chacun des acteurs avec sa propre identité, possède sa vision de l'Histoire, ses opinions même si les points de vue évoluent tout au long de leur expérience.

Ainsi chaque premier septembre, c'est un peu le bilan de l'année écoulée que font nos trois amis. Chacun d'eux tente de vivre avec sa propre destinée, choisit ses compromis, résiste aux modes de vie imposés, préserve ses secrets malgré l'hypocrisie, la soumission que génère la peur. Ces trois garçons, ces trois hommes tout comme Maria font front tout en s'adaptant aux évènements extérieurs. Jan et Gabriel iront jusqu' à combattre en Israël et Peter, toujours convaincu qu'une vraie révolution communiste adviendra, ne cesse de chercher des slogans qui pourraient remuer les consciences. le devenir de ces quatre amis est comme un kaléidoscope qui permet de pénétrer de l'intérieur l'histoire de cette région de l'Europe en mesurant l'étendue des dommages et l'impact que cela a eu sur la destinée des individus qui se trouvaient balloter comme fétu de paille, au gré de tous ces changements.

La question qui m'a taraudée tout au long du récit - comment résister à toutes ces épreuves :

Les accords de Munich, la seconde guerre mondiale, l'arrivée des troupes soviétiques, les déplacements de population, les procès politiques, la police secrète et sa présence anxiogène, l'immense espoir de cette année 1956 où Krouchtchev dénonce les méthodes de Staline et qui se termine avec la répression de l'insurrection Hongroise, l'écrasement du Printemps de Prague !


L'écriture est simple, moderne, rapide, elle se prête parfaitement aux dialogues, à l'histoire mais ce n'est pas le style qui retient, c'est plutôt la combinaison entre l'histoire et la fiction qui est excellente et capte l'attention, la manière de relater les évènements au travers de la vision de chacun des personnages, de leur personnalité, permet une compréhension directe des évènements. Merci pour ton billet Idil qui a attiré mon attention sur cet épisode de l'Histoire du XXème siècle.

Dédicace de Pavol Rankov : « Je dédie ce livre à mon père, à ses amis et à toute cette génération perdue qui, nul ne sait pourquoi, a été contrainte de vivre tout cela dans propre chair ».




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Tout commence un premier septembre par une compétition de natation entre trois copains d'enfance, Peter le hongrois, Jan le tchèque et Gabriel le juif, 13 ans, pour savoir lequel gagnera le droit de courtiser la belle Maria dont ils sont amoureux. Compétition avortée lorsque Gabriel manque de se noyer, et reportée chaque année à la même date, chaque fois que cela sera possible, mais chaque fois empêchée.
Nous sommes en 1938 dans le sud de la Tchécoslovaquie, à la veille de la seconde guerre mondiale et de l'annexion de cette région par la Hongrie. Les événements vont s'enchainer.
En 31 chapitres, un par année, de 1938 à 1968, à travers le destin de ces trois personnages, Pavol Rankov nous brosse dans les grandes lignes les événements marquants de l'Histoire de l'Europe de l'Est : seconde guerre mondiale, communisme d'Etat, procès de Prague, purges staliniennes, insurrection de Budapest, mur de Berlin, ainsi que des épisodes plus lointains comme les débuts du sionisme et la guerre du Vietnam. Au coeur du rideau de fer, on voit bien se faire la propagande, la folie de la suspicion généralisée d'anticommunisme, le poids de la police secrète, l'antisémitisme qui perdure après la guerre, la désinformation, la censure, les pseudo-procès expéditifs, la pénurie. L'auteur se moque des slogans, de l'aveuglement doctrinal, des situations ubuesques.
C'est très bien amené, fluide, très instructif sans être ennuyeux. le fil rouge du premier septembre est intéressant (il se passera toujours quelque chose un premier septembre pour au moins un de nos héros), on l'attend, on s'y accroche.
J'ai regretté au début que l'écriture ne soit pas plus recherchée, mais finalement je me suis laissée emportée par l'histoire, et il y a de forts bons moments (comme l'excellente scène de la crise de paranoïa du premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque en 1967, tellement drôle…).
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Premier épisode – 1er septembre 1938 : trois adolescents de 14 ans Gabriel, Peter et Jan veulent épater Maria et organisent une course de natation. Gabriel Rosenberg manque de se noyer.
L'action se passe à Levice en Tchécoslovaquie.

Deuxième épisode – 1er septembre 1939, l'action se passe toujours à Levice mais cette fois en Hongrie. Par le jeu d'accords internationaux, Levice (rebaptisée Léva) fait désormais en partie intégrante de la Hongrie.
Gabriel lui aussi a changé de prénom il s'appelle Gabor. Jan dans le premier épisode, maintenant s'appelle Hans et a été obligé de fuir avec ses parents, il habite dans le Reich à Brno.
Un an à peine a passé et les amis sont séparés, ils pensent toujours à Maria….

Chaque chapitre retrace une année dans la vie de ses quatre personnes : Gabriel est juif et échappe de peu aux camps de concentration, Jan perd ses parents dans un bombardement, le père de Maria sauvent Peter et Gabriel en les cachant dans sa cave…

Ce roman met en scène l'évolution dans Europe de l'est d'un quatuor de jeunes gens, d'origines différentes qui parviendront à survivre et à rester amis.
L'histoire de ces 4 personnages s'intègre parfaitement à L Histoire : création de l'état d'Israel où Gabriel et Jan séjournent quelques mois, répression en Hongrie en 1956, épisode du communisme à visage humain…et toujours l'espoir de pouvoir choisir sa destinée dans un système politique qui broie les individus…

Le dernier chapitre est racontée par Maria et se déroule en 1968 : 30 ans plus tard c'est l'heure du choix : rester en Tchécoslovaquie ou « passer » à l'ouest ?

En conclusion : Un roman où le contexte historique est prenant et les personnages passionnants.

A l'heure du choix de mettre entre 4 et 5 étoiles sur Babelio, finalement j'ai mis 4.5 : j'aurais aimé que Maria ait plus de place ….coup de coeur frôlé…
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire. D'abord, le titre. C'est arrivé un premier septembre, nous donne un aperçu de ce qu'on va trouver dans le livre : des épisodes. de l'année 1938 à l'année 1969, un épisode par an, on se retrouve autour du premier septembre, on retrouve nos trois personnages, Gabriel, Honza (Jan), et Peter. Ce qui est intéressant c'est qu'on a pas un résumé de l'année qui vient de s'écouler, on reprend en cours de route, on regarde où ils en sont, parfois on a un résumé plus ou moins sommaire, parfois non. Ces jeunes, très différents, mais qui forment au début du roman un trio inséparable vivent à Levice en 1938, une ville située en Tchécoslovaquie. D'ailleurs je recommande fortement d'être au point au niveau historique sur la guerre froide, le communisme en Europe pendant cette période, l'histoire de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie à cette période. Si on ignore tout de ces périodes historiques, je pense qu'on ne peut pas bien suivre l'histoire et comprendre/deviner tout ce qui n'est pas dit explicitement.

J'ai beaucoup aimé le roman car les trois garçons étaient touchants. Et puis cette façon de survoler trente ans d'histoire européenne, c'était très intéressant et cela m'a rappelé mon voyage à Prague et tout ce que j'y avais appris à ce sujet. Au fil des années on s'installe toujours plus confortablement dans le roman, on se met à vivre les événements via les personnages, à s'attacher à eux, etc. Ce qui fait que devoir lâcher nos personnages à la fin du roman m'a fait de la peine, tellement je me sentais bien en leur compagnie ! Je recommande vraiment cette lecture !!
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- Episode 1956

De toute façon, les choses avaient mal commencé. La veille, à la réunion du Politburo, il avait été décidé que Koniev commanderait l'offensive contre Budapest. On lui avait donné jusqu'au lendemain matin pour trouver un nom à l'opération. Sans nom, elle ne pouvait avoir lieu.

Mais peine perdue. Aucun nom ne lui était venu à l'esprit. Lorsqu'il en avait fait l'aveu à la session du matin, Nikita Khrouchtchev était entré dans une telle rage qu'il avait ôté une de ses chaussures pour en donner de violents coups sur la table. Koniev avait encore devant les yeux le visage cramoisi de Khrouchtchev et, sur son uniforme, les taches laissées par les jets furibonds de sa salive.

Lorsque Khrouchtchev se fut enfin calmé et qu'il se pencha pour remettre sa chaussure, un vent retentissant s'échappa de ses entrailles. Les membres du Politburo se sentirent glacés d'effroi à l'idée qu'ils avaient été témoins d'une défaillance du secrétaire général, chose pour laquelle ils pouvaient être punis plus tard, et ils se mirent donc immédiatement à lâcher eux aussi des vents. C'était un vrai cyclone. Ce ne fut que le soir que Koniev comprit que ce moment avait été un signe du destin. L'offensive contre Budapest avait désormais un nom. Opération Cyclone!

page 303
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Les garçons traversèrent la foule en titubant. Ils bousculaient les gens, les gens les bousculaient.

"Eh vous, qu'est-ce que vous faites là ? s'effraya Monsieur Belaj en les voyant devant lui,
- On s'amuse, répondit Janos,
- On fait la fête, ajouta Gabor,
- Ca se voit, pouffa Maria.

- Honza, tu es tchèque, toi, tu n'as rien à fêter. Et toi, Gabriel, tu es juif. Tu l'as oublié ? fit monsieur Belaj en secouant la tête.
- Allons Monsieur Belaj, tenta d'objecter Peter, tout est gratuit pour tout le monde aujourd'hui ! Si c'est pas du communisme, ça ! .... Vous devriez être content!-
- Du communisme ? éclata Belaj. Aujourd'hui, c'est le premier jour du fascisme à Levice. Demande à ton père, c'est un vieux social-démocrate, il t'expliquera. Ah s'ils avaient voulu former un front populaire avec nous, on n'en serait pas là. Et en Espagne non plus".

page 28 - invasion des Sudètes par Hitler
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« À vos marques, prêts, partez ! »
Ils*sautèrent dans le bassin et commencèrent à nager. C’était un style qui pouvait rappeler le crawl, mais leur tête se tenait raide au-dessus de l’eau. Les bras faisaient des battements courts et peu profonds ; les jambes tentaient tant bien que mal de suivre les ondulations du corps. Les gens de Levice appelaient cela : kutyakölyök, « petit chien ».
( *Trois gamins de treize ans qui font la compétition pour les beaux yeux d’une jeune file de leur classe).
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Ils étaient convaincus que, si le Parti communiste mettait un peu plus d’érotisme et de sexe dans la révolution, on assisterait dans une dizaine d’années, et dans le monde entier, à l’avènement d’une société libérée de la famille, de la propriété privée et de l’État.
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Une idée n’est pas responsable de ce qu’en font les hommes,.....
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