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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Edogawa Ranpo est un écrivain japonais né en 1894 et décédé en 1965 à qui on doit de nombreux romans policiers, la plupart mettant en scène le détective Akechi Kogoro. Pour l'anecdote, Edogawa Ranpo est en fait un pseudonyme et correspond à la prononciation en phonétique japonaise d'Edgar Allan Poe !

Ce récit, sorti en 1931 et adapté au cinéma en 1969 par Yasuzō Masumura, met en scène un masseur aveugle perpétrant d'ignobles crimes sur des femmes. En résulte un roman macabre et complètement halluciné, naviguant entre humour très noir et grotesque revendiqué.
Une véritable petite curiosité tout à fait recommandable !
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Les cauchemars macabres d'un esthète monstrueux.

Visitant le musée du parc d'Ueno, Mizuki Ranko, reine des variétés de Tokyo, surprend un aveugle aux lunettes noires qui caresse longuement une sculpture de marbre qui la représente, de façon si insistante et répugnante qu'elle ressent la brûlure de ces caresses jusque dans sa chair.

«Il y avait quelque chose de troublant à vous donner le frisson que de voir un homme, ne disposant que du toucher, admirer la statue nue de la femme qu'il aime. Ses cinq doigts, menaçants comme les pattes d'une araignée, rampaient à la surface du marbre poli. L'homme s'attarda longtemps sur les lèvres semblables à des pétales de fleur. Puis les paumes caressèrent le reste du corps, la poitrine… le ventre… les cuisses…»

Quelques jours plus tard, un aveugle aux doigts arachnéens remplace son masseur habituel, et le contact de ses mains laisse à Mizuki Ranko une sensation visqueuse durable et terriblement déplaisante.

Attirée implacablement dans un guet-apens, elle se retrouve séquestrée dans un lieu obscur, atroce et indescriptible, sous l'emprise de ce psychopathe fasciné par les corps féminins, piégée comme une souris à la merci d'un chat monstrueux.

«Elle venait de parcourir quelques mètres lorsque l'obscurité se fit soudain plus épaisse en même temps qu'elle ressentait un imperceptible souffle d'air. En se retournant, elle constata que le miroir était revenu à sa place et qu'il n'y avait maintenant plus trace de lumière.
Ranko frissonna. Une immense solitude l'envahit, elle se sentit abandonnée de tous et se demanda si elle reverrait un jour le monde des vivants.»

«Point d'inspecteurs, ni de détectives dans cette histoire», «La bête aveugle» n'est pas une enquête policière, contrairement aux célèbres romans de l'auteur tels que «Le lézard noir» ou «Inju : La bête dans l'ombre».
À l'opposé des êtres aux corps difformes du «Démon de l'île solitaire», le héros pervers et psychopathe de «La bête aveugle», esthète de l'horreur, est obsédé par les corps féminins aux formes parfaites.

Publiée initialement en 1931, portée à l'écran en 1969 par Yasuzô Masumura, et traduite en français par Rose-Marie Makino-Fayolle pour les éditions Philippe Picquier en 1992, l'histoire dérangeante de ce monstre qui attire et s'empare des femmes comme des proies, passant des pulsions sexuelles à la cruauté nue dans un irrépressible et extrême mouvement d'attraction - répulsion, semble réunir les obsessions majeures d'Edogawa Ranpo en un un récit macabre, érotique, aussi dérangeant qu'inoubliable.

Une soirée sera consacrée à l'oeuvre d'Edogawa Ranpo à la librairie Charybde le 17 septembre 2015, à l'occasion de la parution du «Démon de l'île solitaire» aux éditions Wombat, en présence de sa traductrice Miyako Slocombe et de Stéphane du Mesnildot, écrivain, critique aux Cahiers du cinéma et spécialiste d'Edogawa Ranpo.

Retrouvez cette note de lecture et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/08/09/note-de-lecture-la-bete-aveugle-edogawa-ranpo/
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C'est un peu comme s'il rapportait un conte qu'Edogawa Ranpo nous livre son récit "La Bête aveugle".
D'une part parce que l'histoire qu'il relate n'est jamais tout à fait crédible : les événements dépeints, sans être tout à fait à caractère surnaturel, n'en sont pas moins extraordinaires. Et d'autre part parce que régulièrement au cours de la narration, il interpelle le lecteur, instaurant ainsi un lien avec lui, comme pourrait le faire un conteur avec son public.

Son personnage principal lui-même est hors du commun. Nous ne connaîtrons jamais son prénom. Désigné comme "l'homme" ou, en raison de son infirmité, comme "l'aveugle", nous savons dans un premier temps qu'il s'agit d'un quadragénaire affligé d'une extrême laideur. Nous faisons sa connaissance en même temps que Mizuki Ranko, une chanteuse et actrice de music-hall dont un artiste vient d'honorer la célèbre beauté en réalisant une sculpture à son effigie.
Alors que Ranko vient admirer l'oeuvre en question dans la galerie où elle est exposée, elle surprend l'aveugle juché sur la statue, la caressant, et visiblement en proie à un intense plaisir dont la manifestation la met mal à l'aise.
A partir de ce moment, l'aveugle n'aura de cesse d'entrer en contact avec Ranko et de la conquérir...

"La Bête aveugle" est un roman qui regorge de sensualité, mais d'une sensualité qui se teinte souvent de perversité. La frontière entre érotisme et déviance y est difficile à définir. Et l'auteur joue de cette incertitude, instaurant entre l'aveugle avide de beauté et ses "conquêtes" des relations troubles. Ces dernières, une fois leur sentiment de répulsion face à la laideur de l'homme passé, semblent étrangement fascinées par la ferveur avec laquelle il "goûte" leur corps, et finissent par être elles-mêmes demandeuses de plaisirs pervers...
Quant à l'aveugle, sa soif de possession des objets de son désir est irrépressible, sa quête du corps parfait à toucher une obsession... Il se comporte avec les femmes qu'il désire à la manière d'un artiste qui cherche à s'approprier un modèle pour le sublimer.

Le principal intérêt de "La Bête aveugle" réside dans cette ambivalence qu'entretient Edogawa Ranpo entre le dégoût que peut susciter le comportement de son protagoniste, et l'admiration que semblent faire naître chez l'auteur sa poursuite de la beauté absolue, son intransigeance d'esthète.
Le procédé est d'ailleurs assez original, puisque qu'il aborde ainsi ce qui aurait pu être une simple histoire de serial killer sous un angle insolite, même s'il peut sembler dérangeant.
Et en dépit de son sujet glauque, j'ai tout de même passé à lire ce récit un bon moment dans la mesure où il est servi par une écriture limpide et un ton subtilement absurde. J'en reviens à ce que je mentionne plus haut : le fait d'avoir l'impression de lire une sorte de conte se teintant par moment d'invraisemblance permet finalement de garder une certaine distance vis-à-vis des personnages et des événements décrits.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le roman semble à première vue un polar, (kidnapping et meurtre) mais on n'y trouve ni enquête, ni policier. Tout le récit nous conte la vie de ce meurtrier aveugle. le narrateur est soit une beauté éphémère soit un aveugle abjecte. le récit se mélange entre des célébrations de la beauté puis des scènes dérangeante à la limite de l'écoeurement. Il me semble me trouver dans une sorte de récit d'un style surréaliste.

L'écrivain nous fournit une intrigue efficace, le lecteur en est déstabilisé, car il nous faut faire travailler notre imagination pour suivre ou se mettre à la place de cet aveugle psychopathe. La plus grande partie nous conte l'histoire de Ranko, puis ensuite le rythme s'accélère avec Mme Pearl. On retrouve tout au long de ces pages un humour macabre mélangé à des plaisirs sensuels. le tout pour finalement aboutir à un chef d'oeuvre tactile qui célèbre la beauté, mais dont cette esthétique ne peut-être perçue que par les aveugles.

La lecture m'a fait pensé à un autre roman qui met en avant un sens : "Le Parfum" de Patrick Süskin.
Lien : http://nounours36.wordpress...
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Cher Vous,
Roman japonais sorti la première fois en 1931, hier donc, qui a été réédité, avec deux autres oeuvres de l'auteur dans un coffret chez Picquier.
Un masseur aveugle est passionné par les courbes du corps féminin. Pour lui, pas de vue... il remplace donc par le toucher pour se faire une idée de la beauté. Mais l'homme est manipulateur et pervers, il réussit ainsi à créer des mises en scènes cruelles où ses victimes seront torturées.
Un roman très court qui permet de découvrir une écriture du polar très éloignées de la nôtre dans la narration. En effet l'atmosphère du livre est pesante, souvent glauque, et l'on a envie de rire. Simplement parce que parfois l'auteur coupe son texte, et afin de ne pas entrer dans un long descriptif, il note : « il suffira au lecteur de se représenter un aveugle pleurant sur le corps de sa maîtresse… »
Bien sûr nous avons aussi des auteurs qui interpellent, jouent avec leurs lecteurs, mais pas de cette façon.
Il est toujours intéressant de lire des polars, romans noirs, de diverses origines et époques, premièrement parce que ces genres littéraires sont souvent des témoignages de leurs époques, et surtout, on s'ouvre à de nouveaux horizons.
En conclusion, malgré une narration bien différente de ce que l'on lit habituellement, on a avec Edogawa un univers bien sombre qui flirte avec l'horrifique et la science-fiction.

Stanislas Petrosky


Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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Un livre atypique, en forme de fable morbide...
Un livre qui fait frissonner d'effroi.
L'écriture est élégante, le tout est prenant, mais peut-être pas à mettre entre toutes les mains car si l'auteur épargne le véritable gore, le livre donne tout de même au lecteur des images gravées assez glauques.
J'étais pour ma part assez fasciné par cette histoire perverse, cruelle et glauque.
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Un roman incroyable, dans tous les sens de ce mot. Une bête aveugle que l'on a du mal à imaginer pour une histoire extraordinaire qui choque, surprend, mais, étonnemment, qui m'a procuré un plaisir certain…
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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