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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Edogawa Ranpo est un auteur vers qui je reviens régulièrement. Je trouve qu'il parvient, tout en se plaçant dans la continuité de grands auteurs, à créer un univers personnel et à raconter des histoires sur un ton singulier. Un récit d'Edogawa Ranpo se reconnait entre mille. "Le démon de l'île solitaire" ne fait pas exception, on y retrouve avec bonheur le caractère unique d'une oeuvre de l'auteur japonais.

Edogawa Ranpo a un grand talent de conteur. Il sait indéniablement mener une histoire. Il prend son temps pour la raconter, ne se précipite pas, ne déballe pas tout d'un coup. Ce qui commençait comme une classique énigme de chambre close va, au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue, prendre une autre tournure. La mise en place est assez classique et semble de prime abord plutôt lisse, une banale histoire de meurtre. Mais, par petites touches, Edogawa Ranpo va distiller son venin, peu à peu, goutte à goutte. On retrouve alors ce qui fait le sel des romans de cet auteur si particulier. "Le démon de l'île solitaire" se mue peu à peu en une histoire délicieusement tordue où se mêlent poésie et horreur, perversité et raffinement, cruauté et sensualité.
"Le démon de l'île solitaire" est initialement paru sous forme de feuilleton et il en a les qualités et les défauts. La publication en épisodes impose à l'auteur de savoir attraper le lecteur et lui donner envie de connaitre la suite, ce que parvient très bien à faire Edogawa Ranpo. S on histoire est très prenante et de chapitre en chapitre devient addictive. Si on veut pinailler et relever les petites faiblesses du récit on regrettera le dénouement quelque peu expédié et l'usage de deus ex machina vers la fin. Défauts inhérents au feuilleton. Mais qu'importe la fin. Ici ce n'est pas la résolution de l'intrigue qui importe mais le chemin pour y parvenir. Et ce voyage plein de suspense, presque teinté de surnaturel est envoûtant.

Edogawa Ranpo convoque ses maîtres à écrire et leur rend de jolis hommages. Poe, Christie, Conan Doyle hantent les pages. "Le démon de l'ïle solitaire" est aussi un fort bel hommage original à Wells. Tout ça en gardant un ton unique, l'auteur s'étant rendu maître des ambiances tordues et étranges.
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Pourquoi Minoura a-t-il, malgré son âge encore peu avancé, les cheveux tout blancs ? Et pourquoi son épouse porte-t-elle une étrange cicatrice sur la cuisse ? Il doit revenir plusieurs années en arrière et commencer par le moment où il est tombé amoureux d'une de ses collègues de bureau. L'histoire va être longue et compliquée, parsemée de nombreuses morts mystérieuses, et se passer en bonne partie dans une île qui restera sans doute dans ma mémoire comme l'une des pires îles de romans, avec Shutter Island !
L'auteur de ce roman noir japonais est le précurseur de la littérature policière et fantastique japonaise dans les années 1920 à 1960. Son pseudonyme a été choisi par rapport à un maître du genre, un américain qu'il vénérait. Lisez à haute voix ce nom, et vous trouverez sans doute de qui il s'agit, sinon, la réponse est dans la suite du billet !

Voici un roman assez surprenant et terrible, surtout lorsqu'on pense qu'il a été écrit en 1930 ! Il mélange un mystère de « chambre close » à la manière d'Edgar Allan Poe ou Gaston Leroux, avec des révélations beaucoup plus sordides et inimaginables. L'auteur manie de plus l'art de l'analepse et dose soigneusement ses effets d'annonce, il sème des indices en signalant au lecteur de bien s'en souvenir, et même si sur le moment on n'y comprend goutte, on finit par obtenir des éclaircissements, un peu avant le narrateur qui n'est pas toujours le plus rapide à ce petit jeu…
Dans ce roman nous trouvons donc un jeune homme naïf, une fiancée mystérieuse, une mort inexplicable, suivie d'une autre qui l'est tout autant, un détective chevronné, une piste généalogique, un savant déséquilibré, une île démoniaque. Et si parfois, le narrateur met un peu de temps à en venir au fait, si certaines scènes semblent un peu exagérées, le roman ne perd pas de sa force pour autant. C'est plus qu'une curiosité, c'est un classique du genre, méconnu chez nous, et c'est dommage !
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La mystérieuse île nippone d’Edogawa Ranpo.

Employé rêveur et timide d’une société d’import-export à Tokyo depuis quelques années, Minoura tombe amoureux d’une jeune femme, Hatsuyo Kizaki, qui vient d’intégrer la société en ce mois de juin 1925, et dont le tempérament mélancolique semble être le miroir du sien.

Tandis que leur attirance mutuelle s’épanouit comme les fleurs des cerisiers, un célibataire aisé aux activités singulières, Michio Moroto, qui se livre à des expériences chirurgicales bizarres sur les animaux et qui est attiré depuis plusieurs années par le narrateur, demande la même Hatsuyo en mariage, de manière inexplicable étant donné son dégoût des femmes.

Peu de temps après, Hatsuyo est assassinée pour des raisons obscures, et son cadavre est retrouvé dans une chambre inaccessible et hermétiquement fermée de l’intérieur, les meurtres insolubles en apparence étant une des marques de fabrique d’Edogawa Ranpo («Inju : La bête dans l'ombre»), sur les traces de l’inspirateur de son nom de plume, Edgar Allan Poe.

«Ami lecteur, j’étais jeune en ce temps-là. La rancune de m’être fait déposséder de mon amour m’avait mis hors de moi. Je n’imaginais même pas les difficultés, les dangers auxquels j’allais faire face, et cet enfer sur terre comme surgi d’un autre monde qui m’attendait.»

Habité par sa volonté de retrouver ce criminel démoniaque, Minoura fait appel à son ami érudit et friand d’enquêtes criminelles Kôkichi Miyamagi. Celui-ci est bouleversé par les circonstances du crime, ce qui plonge le narrateur, et le lecteur, dans un imbroglio de plus en plus énigmatique et terrifiant. Kôkichi Miyamagi comme le narrateur et tous ceux qui chercheront à résoudre l’énigme de ce livre, convoquent les intrigues des grands auteurs occidentaux du fantastique noir, Edgar Allan Poe, Conan Doyle et bien sûr H. G. Wells.

«Dans les grandes lignes, j’imagine à peu près ce qui s’est passé, mais il reste un point que je n’arrive décidément pas à expliquer. Non que je sache comment l’interpréter – et il me semble que cette interprétation est juste -, mais si tel est le cas, il s’agit de quelque chose de vraiment affreux. Une abomination sans précédent. Rien que d’y penser, j’en ai des haut-le-cœur. Nous avons affaire à un ennemi de l’humanité.»

Le héros finit par découvrir deux carnets, dont l’un révèle l’histoire et l’appel au secours d’un être humain qui semble venir d’un outre-monde. Cette découverte, et la confession ultérieure de Moroto, vont entraîner Minoura dans un voyage et une quête infiniment singulière, vers une île solitaire de la mer du Sud du Japon peuplée d’humains infirmes et monstrueux, hommage appuyé à «L’île du Dr Moreau» (1896).

«Pour un naïf comme moi, qui étais né et avais grandi à la capitale, cette île solitaire des mers du Sud était comme un autre monde, infiniment mystérieux. Une île perdue où les habitations se comptent sur les doigts de la main, une demeure aux allures de vieux château, des jumeaux enfermés dans un grenier, des infirmes séquestrés dans des chambres condamnées, la caverne d’un gouffre du diable qui ingurgite les hommes… tout cela, pour un natif de la ville, semblait surgi d’un conte mystérieux et fantastique.»

Mêlant le registre policier, la sensualité et l’horreur dans un récit fantastique qui chahuta sans doute les normes culturelles et sociales de l’époque, ce roman de 1930, enfin traduit en mai 2015 en français par Miyako Slocombe pour les éditions Wombat, est un sommet de l’œuvre d’Edogawa Ranpo.

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/07/12/note-de-lecture-le-demon-de-lile-solitaire-edogawa-ranpo/
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Je ne suis pas coutumière de la littérature japonaise et c'est peut-être pour cela que j'avoue avoir eu des difficultés à apprécier cet ouvrage. J'ai buté à chaque page, est-ce parce que le narrateur s'adresse en permanence au lecteur, je ne sais pas trop ... Mais toujours est-il que rien n'a été linéaire.

Et pourtant, l'histoire était amusante à mi-chemin entre policier et fantastique. Graduellement, on découvre chaque mystère et l'on est happé par un autre. Évidemment ce roman date de 1930 et qualifier de déviance l'homosexualité n'est plus franchement d'actualité !

Il me fait penser à l'île du docteur moreau de H.G Wells pour les expérimentations ou à la poupée sanglante de Gaston Leroux pour la laideur physique du personnage.
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Edogawa Ranpo. Mes précédentes rencontres avec cet auteur considéré comme l'un des fondateurs de la littérature policière japonaise m'avaient laissé le souvenir d'atmosphères étranges et troubles, et "Le démon de l'île solitaire" ne déroge pas à la règle.

Le narrateur, Minoura, ferre d'emblée notre attention : il va nous relater les événements effroyables qui ont provoqué, en l'espace d'une nuit, le blanchiment de ses cheveux...

Il était alors un jeune homme sans histoire, "un blanc-bec", comme il se définit lui-même, fort surpris de la réciprocité de l'attirance qu'il éprouvait pour Hatsuyo, sa belle et discrète collègue. Leur relation, pudique et sincère, fut brutalement interrompue par l'assassinat de la jeune femme, poignardée en plein coeur alors qu'elle dormait dans son lit, la petite maison qu'elle partageait avec sa mère étant restée hermétiquement fermée, et ne laissant mystérieusement apparaître aucune trace d'effraction. Miyamagi, le très perspicace ami que Minoura, dévasté par ce drame et assoiffé de vengeance, chargea d'enquêter, trouva lui aussi la mort dans des circonstances inexplicables.
Michio Moroto, l'un de ses ex colocataires, qu'il soupçonna dans un premier temps d'être mêlé à ces meurtres, lui apporta alors une aide inattendue pour remonter la piste du ou des coupables. Quelles étaient les motivations de ce chercheur brillant, homosexuel depuis toujours très attiré par Minoura, qui s'était posé en un rival inattendu de ce dernier en demandant Hatsuyo en mariage quelques semaines avant sa mort ?

Individu ordinaire embarqué dans une succession d'événements incroyables et terrifiants, le narrateur, en livrant avec sincérité les émotions qu'ils suscitèrent en lui et en interpellant le lecteur à intervalles réguliers, instaure avec ce dernier une proximité qui rend le récit d'autant plus prégnant. Et en même temps, la dimension cruelle et insolite de l'énigme qu'a à résoudre le duo de détectives en herbe, la perversité et les étranges infirmités des personnages qu'ils rencontrent au cours de leur enquête, la connotation troublante, enfin, de la relation qui les unit, évoquent un conte macabre et fantastique, empreint d'une sensualité provoquant un certain malaise...

"Le démon de l'île solitaire" est ainsi un texte singulier, mêlant habilement les genres, à la fois roman d'aventure -les héros se retrouvant sur une île mystérieuse à la recherche d'un trésor- et polar louvoyant vers l'horreur et le surnaturel. Edogawa Ranpo, en le citant, se place d'ailleurs sous l'égide d'Edgar Allan Poe, dont il s'inspire avec talent...

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L'histoire pendant l'été 1925 au Japon. La première version en feuilleton date de 1929. C'est important de la préciser. J'ai accroché dès le début car il fait références aux romans d'Edgar Allan Poe, Gaston Leroux, Conan Doyle, H.G. Wells… Je me suis demandé dans un premier temps pourquoi une jeune maison d'édition se mets à publier un texte certes inédit en français mais qui date un peu ??? La réponse qui me vient après avoir refermé le roman c'est : « parce qu'il y a des lecteurs qui aiment ce genre littérature… et j'en fais partie ! Merci donc aux passionnés qui dénichent de jolies perles». Je remercie La voie des Indés de mettre en avant des maisons d'éditions tel que Wombat. Même si je ne mets pas la note maximale car il y a des petites choses qui m'ont agacée en tant que lectrice d'aujourd'hui c'est un coup de coeur ! Il y a cependant des hauts et des bas qui sont liés au fait qu'il s'agisse d'un feuilleton publié sur un an.

Le narrateur prend le lecteur à témoin « vous allez voir ce qui m'est arrivé » etc. le lecteur est impliqué, cette façon de raconter nous rapproche de l'oralité. D'entrée il nous annonce deux morts criminelles, la présence d'un médecin très spécial qui fait de drôles d'expériences et qui l'aime. Amour qu'il ne partage pas car Minoura est hétérosexuel mais il y a un je ne sais pas quoi d'ambigu.

On peut diviser le roman en trois parties : résolution de l'énigme criminelle (le comment), découverte du mobile et la quête du trésor, le tout étant lié.

La résolution des « deux morts impossibles » aboutit assez vite. Il y a un côté déjà vu mais c'est bien mené, un classique du genre. Des détectives amateurs avec leurs déductions. Pour les amateurs du genre c'est un plaisir de retrouver les mécanismes classiques. Heureusement des récits viennent étoffer l'intrigue (témoignages, confessions, anecdotes).
L'introduction d'extraits de journal intime dévoilant une histoire très étrange va étoffer le mystère. On imagine bien les lecteurs du feuilleton faire des bonds à chaque rebondissement. Même si le texte a été légèrement retravaillé on sent parfois les coupures et l'enchaînement avec l'épisode suivant.
L'accent est mis sur l'étrangeté des lieux, des gens et des situations que Mochio et Minoura vont explorer et vivre.[...]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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