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Critique de Goudal


Didier Raoult fait l'objet de beaucoup de controverses aujourd'hui. On es pour ou on est contre.Personne n'est indifférent.
Si la plupart de ses défenseurs ne l'ont pas lu, au moins, ils l'ont écouté comme moi-même sur ses vidéos hebdomadaires YouTubées.
Quant à ses détracteurs, personne à ma connaissance ne l'a lu ni essayé de comprendre le personnage et sa démarche.
En fait de controverse, seule sa défense de l'HCQ fait débat. Et c'est dommage.
Je ne suis pas infectiologue et je n'ai pas encore eu le covid.
Je défends l'HCQ parce que j'ai fait un peu de statistique dans ma vie et les chiffres me semblent sans appel (chiffres disponibles sur Santé Publique France, organisme peu enclin à soutenir Raoult.
Mais là n'est pas le propos de ce billet ni celui du livre qui apporte un éclairage très interessant sur son parcours personnel, ses expériences professionnelles, l'état de la science médiale et ses méthodes.

Le bouquin est structuré en grande partie sur les idoles de Francis Bacon, le philosophe du XVIème siècle, pas le peintre.
Bacon est le père de l'empirisme. Il pose les fondements de la science moderne notamment dans Novum Organum (La méthode nouvelle) dans lequel il expose les idoles (les illusions, les chimères) :
- les idoles de la tribu (idola tribus) communes au genre humain qui croit connaître les choses telles qu'elles sont alors qu'il ne les connaît qu'à travers ses organes sensoriels,
- les idoles de la caverne (idola specus) propres à l'éducation et à la culture de chacun.
- les idoles de la place publique ou du forum (idola fori) : celles qui viennent de l'usage public du langage qui structure notre pensée
- les idoles de la scène ou du théâtre (idola theatri) qui viennent de l'abus de l'autorité de la tradition, qui n'est qu'une mise en scène où l'on surestime les vieilles idées rendant ainsi impossible l'ouverture de l'esprit et les idées nouvelles.

Didier Raoult défend ainsi sa méthode fondée sur l'expérience et le doute. Ainsi il écrit : « En effet, le doute est la seule preuve de la pensée scientifique. Sans doute, il n'y a pas de pensée; le scepticisme est intrinsèque à toute forme de science. Les ayatollahs et les inquisiteurs doivent rester dans leur champ, qui est celui de la religion. La science ou la pseudoscience peut devenir aussi arrogante et aussi excessive que les religions. »

Son empirisme est à rapprocher de celui d'un autre réprouvé dans un tout autre domaine qui a écrit cette année « L'éloge de l'empirisme » : Emmanuel Todd. Il y a beaucoup plus de similitudes entre ces deux individus qu'on pourrait le penser. S'il se connaissait, je suis sûr qu'il se détesterait. Trop pareil.

Au fil des pages, Didier Raoult nous raconte quelques morceaux de son parcours. Il ne croit pas au consensus et revendique de pied ferme son empirisme : «  Chacun de nous est modelé par son histoire qui l'amène à avoir une vision différente des autres. [...] Je voudrais expliquer pourquoi nous devrions faire un effort pour ne pas tenter d'homogénéiser la pensée scientifique (et qui est la raison pour laquelle je suis hostile à la spécialisation très précoce des élèves et des étudiants), afin d'avoir des scientifiques venus d'horizons très différents permettant ainsi une contribution à la pensée qui est nécessaire dans ces périodes de révolution scientifique ».

Et Didier Raoult va conforter sa méthode avec … Nietzsche : « Nietzsche est le penseur qui m'a toujours le plus bouleversé. Il m'a, pour dire la vérité, bridé dans mon désir de devenir un jour un philosophe, un écrivain. A quatorze ans, quand j'ai découvert "le gai savoir", j'ai compris que quoi que je fasse, quelle que soit la force et le temps que j'y mettrais, je ne pourrai jamais atteindre ce niveau de clarté dans l'expression, cette volonté délibérée de tout exprimer sans tentative de rationalisation entre les différents aspects de la pensée, et que je n'aurai pas un maniement du verbe d'une telle beauté ».

Comme dans « Dépasser Darwin », il revient sur Deleuze et Guattari et leur image du rhizome pour démonter l'arbre darwinien.

Il termine ainsi son livre dans une conclusion provisoire : « Le XXIe siècle sera le sicle de la complexité. Et en biologie, nous aurons besoin au XXIe siècle […] de vivre une révolution comparable à celle de la mécanique quantique, pour appréhender sa complexité et nous aider à entrer dans un nouveau monde de connaissance. Une perspective enthousiasmante!

Encore la pêche, le Didier.
Passionnant.
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